Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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mercredi, février 28, 2007

Presse 2007: Chronologue

Versac me fait remarquer l'émergence tout à fait étonnante du mot chiffrage sur BlogPulse, qui recense le nombre de citations sur les blogs. Cela m'a rappelé que j'avais l'intention depuis un temps beaucoup trop long d'ajouter une fonction "chronologue" dynamique sur Presse 2007. Jusqu'ici, les courbes qui s'affichaient dans la colonne de droite reflétaient les citations des quatre principaux candidats (en pourcentage du nombre total d'articles). Ce graphique ne changeait pas en fonction des requêtes.

Donc, voilà, c'est fait, le nouveau Chronologue de Presse 2007 vous permet d'afficher le graphique correspondant à un mot particulier. Par exemple, pour chiffrage :



Un autre exemple :



Les courbes sont exactement analogues à celle de BlogPulse. Comme quoi les blogs et la presse parlent (parfois) de la même chose. Mais peut-être pas toujours. A vous de chercher !




Vous pouvez aussi obtenir la courbe d'un seul candidat (ou personnalité, puisque certains des prétendants que je liste ne sont finalement pas ou plus candidats) :





Dans Presse 2007, pour avoir l'image en grand, cliquez dessus...

Libellés :


3 Commentaires:

Blogger Fabien a écrit...

Interressant, cet outil devient vraiment complet. Il faudra trouver comment l'utiliser après les elections, ca serait dommage de le fermer...

Pour le Chronologue, ça serait bien de pouvoir choisir la durée de visualisation. Par exemple, voir l'évolution sur quelques jours, pour étudier un buzz médiatique.
Merci pour ce travail en tout cas !

28 février, 2007 18:16  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ces outils sont vraiment de très bons indicateurs de tendance, je trouve. je les utilise aussi, notamment blogpulse, mais c'est marrant car je me rends compte qu'à l'usage, j'utilise ces outils uniquement a posteriori pour confirmer ou objectiver des phénomènes dont j'ai déjà conscience. Il est vrai par exemple, que l'on pouvait se douter que le mot "bravitude" allait exploser au mois de janvier. Donc le plus souvent ces outils n'ont qu'une Valeur ajoutée relative.
D'autre part, pouvoir mesurer l'évolution de l'association de 2 termes distincts représenterait, pour le coup une énorme VA. Associer par exemple : chiffrage et dette, puis chiffrage et chômage, etc... et voir combien de fois ils sont associés dans les articles !!
Quoi qu'il en soit merci Jean pour tes articles toujours aussi passionant !!

28 février, 2007 21:43  
Anonymous Anonyme a écrit...

très bel outil, le graphique global des 4 principaux candidats confirme ce qui se ressent depuis quelques jours, Bayrou a la cote, et Royal semble oubliée...

07 mars, 2007 09:59  

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lundi, février 26, 2007

2007: Bayrou sur un nuage

François Bayrou a de bonnes raisons d'y être, sur un nuage, vu sa progression spectaculaire de ses derniers jours. J'attendais, pour parler de son vocabulaire qu'il ait fait un grand discours programmatique comme Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal. C'est fait depuis vendredi, où il a présenté en détail son programme autour du thème de la «social-économie».

Voici le nuage de son discours :




On voit que son discours est centré sur l'économie, la réduction de la dette. Il est le seul candidat à mettre la recherche au centre de son programme...

Je me suis livré à un exercice de comparaison tripartite, comme je l'avais fait entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy (ici).

Voici tout d'abord le nuage des mots communs (c'est-à-dire qui apparaissent dans des proportions comparables chez les trois) :


Mots clés communs

On voit que le travail est au centre des préoccupations communes.

Voici maintenant les mots spécifiques (c'est-à-dire qui apparaissent de façon notablement plus fréquente dans le discours de chacun) :


Mots clés de François Bayrou


Mots-clés de Ségolène Royal


Mots-clés de Nicolas Sarkozy

Je vous laisse comparer, soupeser, commenter... En cliquant sur les mots vous pouvez accéder aux extraits des discours.

Bonne promenade linguistique.



PS


1. Ce soir François Bayrou passe dans l'émission J'ai une question à vous poser sur TF1. J'en ferai une analyse demain matin de 10h30 à 11h dans l'émission J'ai mes sources sur France Inter (l'émission sera animée exceptionnellement par Nicolas Stoufflet, qui remplace Colombe Schneck en vacances). Fiche de l'émission et podcast (ici).

2. François Bayrou (27%) talonne Ségolène Royal (31%) dans les intentions de vote des enseignants au premier tour de la présidentielle, selon un sondage Ifop pour Le Monde de l'Education et LCP-AN rendu public mardi 27/02 (et réalisé bien avant l'émission sur TF1, du 6 au 9 février).

Libellés :


10 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

"j'attendai (...) qu'il a fait" ? c'est une règle de grammaire qui m'est obscure ou simplement une coquille ? (question sincère, j'ai trop de respect pour vous pour jouer l'ironie de style)

sinon, encore merci pour ce billet, très pratique pour décoder un long discours...
M. Bayrou aurait donc clairement abandonné l'Europe dans ces préoccupations principales ?

Je commence a être tellement habitué à vos nuages, que j'en viens à me demander si les service de communications des camps respectives ne partent pas de ce genre de représentation avant d'élaborer leurs discours ; Le reste n'étant que forme. Peut-être que ce reste est ce qui est le plus travaillé par les directeurs de campagne, toujours est-il que grâce à vous, le citoyen dispose du décodeur gratuit.

merci

26 février, 2007 13:26  
Anonymous Anonyme a écrit...

je suis un amateur de ton blog mais je ne comprends pas bien ce billet. Les nuages de tags sont en général des outils intelligibles à condition de les utiliser correctement. j'ai toujours entendu qu'il ne fallait jamais comparer des tomates et des choux..
Tu compares dans ce billet un discours sur l'économie de Bayrou et des discours de programme général des autres candidats, il n'est donc pas surprenant dans le discours de Bayrou soit mis en valeur de manière relative des notions et des mots-clés relatifs à l'économie... (dette, économie, recherche)
De la même manière si on n'analyse le discours sur l'Europe de Sarko ou le discours sur l'éducation de Ségo, les mots qui apparaitront le plus seront par exemple etrespectivement : europe, france, communauté, traité et éduction, savoir, république, recherche, etc...
non ?
Devra t-on dire pour autant que Sarko est plus européen ou Ségo plus sur l'éducation ?
C'est le principe même des dicours thématiques... forcément le thème va ressortir...

26 février, 2007 16:13  
Blogger Jean-Marie Le Ray a écrit...

Bonjour,

De deux candidats on est en train de passer à trois, y aura-t-il de la place pour un quatrième candida ?

Jean-Marie :-)

26 février, 2007 18:42  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Romain> Oui, tu as tout à fait raison. C'est extrêmement compliqué de comparer des discours. C'est un problème qui est discuté par mes collègues et moi même depuis des années. Pas le même moment, pas le même but...

J'ai attendu longtempsa vant de comparer Bayrou avec les autres, car iln'avait jusqu'ici que des discours thématiques. Si j'ai comparé celui-ci avec les deux autres, c'est que (sauf erreur de ma part), c'est la prmière fois qu'il dévoile la totalité de son programme. En tous cas ça a été présenté comme ça. Ce n'est pas un discours thématique sur l'économie : il a plutôt fait de l'économie de centre de son programme.

Chacun des 3 a décidé de faire son grand discours programmatique avec un angle différent : la France pour Sarkozy, le social pour Royal, l'économie pour Bayrou...

Tous ces outils sont à utiliser avec l'esprit critique et le recul nécessaire ! (merci mille fois d'avoir aidé à la chose!)

26 février, 2007 18:59  
Anonymous Anonyme a écrit...

"tout d'accord" est joli et assez de circonstances mais n'est-ce pas "tout d'abord" ? Et comme Cedric j'attendais plutôt qu'il ait (voire qu'il eut) fait.

26 février, 2007 23:24  
Anonymous Anonyme a écrit...

Commentaire hors-sujet du présent post, pour dire mon étonnement face à l'usage récent du mot "communautarisme" par N.Sarkozy.

Souvent critiqué pour son "communautarisme", il a utilisé plusieurs fois le mot, récemment, à Perpignan. Il a dit notamment :
« Quand la République s’effrite, c’est le communautarisme, c’est l’enfermement dans ses origines, ce sont les règlements de compte entre les communautés, c’est la violence qui s’installe »
ou encore :
« je n’accepterai jamais le communautarisme, la loi des bandes et la loi des voyous ».

Ce qui m'a choqué, c'est la déviation de sens.

Ce terme est peu courant et probablement mal compris par une majorité de citoyens, et j'ai l'impression que c'est précisément ce sur quoi Sarkozy et son équipe de com' a voulu jouer.

Concrètement : critiqué pour sa façon de faire le lit des communautés auxquelles il appartient, il a, me semble-t-il, transformé le terme "communautarisme" en "guerre des gangs façon racaille mafieuse"...

Façon de se libérer des critiques sur ce point ?

J'ignore si mon questionnement est pertinent sur ce blog - j'ai pensé que oui, s'agissant d'une question lexicale...

27 février, 2007 00:29  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Cedric, Gavilan> Merci pour les coquilles. Voilà ce que sait de publier avant d'aller prendre son train et de ne pas avoir le temps de le relire !

27 février, 2007 12:27  
Anonymous Anonyme a écrit...

Jean je suis comme souvent d'accord avec votre analyse de ce matin sur France inter. Merci. Mais quel dommage que l'émission ait été coupée sur la fin :-(

27 février, 2007 12:53  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Sarak> Ah, c'est ça la radio. Il y a trente minutes et pas une de plus !

27 février, 2007 17:08  
Anonymous Anonyme a écrit...

Cette analyse est passionnante et je serai curieux de voir les resultats en ce qui concerne les articles consacrés a ces 3 candidats. Notamment en ce qui concerne Francois Bayrou .... que ressortirait du puissant robot tagger ?

Centre ? Gauche ? ou DROITE ?
Gerard

05 mars, 2007 00:48  

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Livre: Verte gourmande

Le livre (Les politiques mis au Net) avance... 200 pages déjà. Entretiens avec Jean-Marie Le Pen, François Bayrou, Corinne Lepage, Nicolas Dupont-Aignan et Dominique Voynet, dont la vidéo est aujourd'hui en ligne sur le site du PoliTIC'Show. En amuse-bouche ci-dessous, le début du chapitre qui retranscrit les moments fort de l'entretien.



On a également recuilli les paroles de prétendants qui ont ont été exclus ou qui ont abandonné comme Clémentine Autain ou Nicolas Hulot. Plein de témoignages de «petits» candidats aussi, dont Rachid Nekkaz, Christian Chevrier, Roland Castro, etc. Un chapitre sur la Netcampagne avec les interviews de nombreux «acteurs» : Guy Birenbaum, Francesco Casabaldi, Etienne Chouard, Thierry Crouzet, Quitterie Delmas, José Ferré, Grabuge, Christophe Grébert, Agnès Mailliard, Carlo Revelli, Daniel Schneidermann, Thierry Solère, Versac. Un chapitre sur le regard des médias avec des interviews de journalistes. Des chapitres avec les coulisses, les ratés, etc. Un beau document, j'espère.

Mais le livre verra-t-il le jour ? La Madonne nous a déjà planté une fois, et le rendez-vous est sans cesse repoussé... Contrôle de son image, peur de l’inattendu, des questions pièges, ça devient de plus en plus clair — et la presse se fait largement l’écho ces derniers temps de son rapport particulier avec les journalistes, qu’elle semble craindre et fuir. Il faut dire qu’elle a été soumise à dure épreuve, avec des semaines de chasse à la boulette et au faux-pas. Et en plus Internet sent le soufre… Mais à mon avis, elle a tort. Il va lui manquer quelques pourcents du côté des classes moyennes, éduquées, qui justement sont celles qui surfent le plus sur Internet. François Bayrou l'a très bien compris, et il est de plus en plus haut dans le coeur des internautes (voir analyse ici).

Du côté Sarkozy, son équipe croit très fort à cette interview, et ça va se faire, mais l'emploi du temps est démentiel. Cinq rendez-vous sont pris pour trois confirmés et un finalement honoré. On ne compte plus les équipes de journalistes à qui l’on a posé des lapins. Dans notre cas, ils savent que l’on court après le matériel et que l’on vient des quatre coins de la France sans moyens, et ils essaient de nous malmener le moins possible. A suivre, ça va se débloquer dans les tout prochains jours.

Et sinon, le livre se sortira pas. Il y a des délais d'impression, de diffusion... L'éditeur nous explique que sans Sarko et/ou Ségo, ce n'est pas vendable. Je n'en suis pas sûr, car leur absence, à l'un ou à l'autre, ou aux deux, serait un soi un formidable message, qui intéresserait beaucoup de monde !

Ah oui, j'oubliais. A part Clémentine, qui a été éjectée de la course, les anti-libéraux, la gauche de la gauche, ne repondent à aucun appel. Bové, Besancenot et les autres, qui se plaignent d'être muselés par les médias, ne semblent pas avoir envie de saisir la tribune qu'on leur offre. Intéressant, non ? A vous de réfléchir aux raisons possibles... Mais en tous cas, le pluralisme ne peut pas se faire sans le consentement des principaux concernés.






Dominique Voynet
Candidate hédoniste






12 février 2007

Etrange coïncidence. La sénatrice Dominique Voynet reçoit le PoliTIC’Show le jour même où s’ouvre le procès de l’Erika, pétrolier de sinistre mémoire. En décembre 1999, le navire affrété par la société Total-Fina-Elf sous pavillon maltais s’était brisé en déversant 37 000 tonnes de fioul lourd sur les côtes bretonnes. Dominique Voynet occupait alors le poste de ministre de l’Environnement dans le gouvernement Jospin, et l’on se souvient qu’elle avait eu une phrase malheureuse… Ce sera un thème à aborder !

Justement, elle témoignait au procès en début d’après-midi, et elle arrive en retard et essoufflée à son siège de campagne, où se déroule l’entretien. Pendant ce temps, l’équipe a quelque peu chamboulé son bureau, histoire de regrouper dans le champ de la caméra une table, une chaise, et une lampe qu’on est allé chercher dans le bureau voisin. Assez austère, ce bureau de campagne. Juste un meuble dans un coin avec quelques documents. Pas d’ordinateur. Dominique Voynet explique qu’elle travaille sur son ordinateur portable, même dans les transports en commun. Elle s’amuse pendant les derniers préparatifs : « Même mes lettres d’amour, je les écris d’abord sur mon portable, avant de les recopier à la main ». Sur papier recyclé ? La question ne lui a pas été posée, mais comme on le voit, l’ambiance est détendue. Dominique Voynet est souriante. Voilà l’équipe partie pour un entretien-marathon de deux heures et demie :

Nicolas Voisin — Vous êtes née, et j’espère que je ne commence pas par une erreur, le 4 novembre 1958, à Montbéliard dans le Doubs…
Dominique Voynet — C’est juste.


Ouf. Cette fois, pas de bug dans Wikipedia. Un père ouvrier chez Peugeot puis élu socialiste, proche de Jean-Pierre Chevènement. Une mère institutrice, syndicaliste à la CFDT. Bac à l’âge de 16 ans, championne de Franche-Comté de natation, médecin anesthésiste à 23 ans.

Nicolas Voisin — Est-ce que vous étiez très laborieuse, une grande travailleuse ? On dit de vous que vous n’aimez pas perdre, et de vos propres aveux que nous n’aimez rien tant que d’être la première…
Dominique Voynet — Je suis née dans une famille d’enseignants, où le fait de bien travailler à l’école était extrêmement valorisé. Pas dans une logique de concurrence avec les autres, mais dans une logique d’épanouissement personnel. L’idée d’aller jusqu’au bout de ce qu’on voulait faire, de donner le meilleur de soi-même c’était vraiment quelque chose de très positif pour mes parents. Mais en même temps, je ne peux pas dire qu’ils m’aient mis la pression. J’étais l’aînée de la famille, je me sentais chef de bande, chef de tribu…
Nicolas Voisin — Combien de frères et sœurs ?
Dominique Voynet — Deux frères, deux sœurs, plus jeunes que moi, puisque j’étais l’aînée. J’ai grandi à la campagne dans un tout petit village, où j’ai vécu de manière extrêmement chaleureuse le collectif. Nos parents nous laissaient cavaler dans les bois, faire de la luge, traîner dans le village, en sachant très bien que s’il se passait quelque chose, les adultes allaient s’en occuper. La rue, ce n’était pas dangereux ; les autres, c’étaient des proches avec qui on se sentait en confiance… J’ai le souvenir d’avoir fait des cabanes dans les arbres, d’être tombée et de m’être ouvert le genou, d’avoir été terrorisée en faisant du bobsleigh sur des pentes gelées, mais globalement, la vie de village avec la nature autour, c’était l’aventure, c’était excitant.
Nicolas Voisin — Alors vous étiez une grosse bosseuse ? Comment est-ce qu’on a son bac à seize ans ?

Elle proteste :

Dominique Voynet — Non ! non ! Il m’est arrivé ce que décrit Marcel Pagnol. Ma mère était institutrice. Je devais être assez éveillée et j’étais assise au fond de sa classe en train de colorier des dessins. Un jour, elle s’est rendu compte que je savais lire. Je suis passée au Cours préparatoire à quatre ans et demi. C’était peut-être plus facile à l’époque parce qu’il n’y avait pas de coupure à l’école entre les années de primaire et de maternelle : c’était une classe unique, dans laquelle tout le monde était mélangé. Je n’ai jamais été une grosse bosseuse, parce que j’aime trop la vie. Je suis assez gourmande de tout ce qui peut arriver…
Nicolas Voisin — Vous êtes plus épicurienne que laborieuse ou ambitieuse ?
Dominique Voynet — Hédoniste !


...

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dimanche, février 25, 2007

Télé: David Abiker a ses sources

J'aime bien David Abiker, ses chroniques toujours pleines d'esprit dans Arrêt sur Images et ses billets sur Big Bang Blog. David lit aussi mon blog, comme beaucoup de journalistes et j'en suis très heureux. Et il écoute aussi sans doute la radio, comme France Inter mardi dernier, qui diffusait ce montage de Ségolène Royal dans l'émission J'ai mes sources à laquelle j'ai participé.


C'est un montage très marrant, qui met bout à bout les multiples remerciements et encouragements de Ségolène Royal à ses interlocuteurs, j'allais dire ses élèves : «Merci ! Je vous remercie d'avoir une si bonne question ! Vous avez raison ! Vous avez tellement raison !», etc. etc.

J'avais eu l'idée de ce montage le lundi soir et j'avais envoyé un mail à 23:35 avec les minutages des séquences à monter à Adèle, la réalisatrice de l'émission, qui a fait un joli travail.

J'ai été très heureux d'entendre à peu près le même montage sur Arrêt sur images aujourd'hui, avec l'image en plus évidemment, dans la chronique de David. Je suis toujours ravi de voir que la «Calveronisation des esprits» gagne du terrain chez nos amis journalistes !

PS: David, je fais Bayrou mardi matin.



Mise à jour


David me fait la gentillesse de répondre ci-dessous. Il est vrai que les connexions qu'il mentionne m'avaient troublé. Trop sans doute puisque j'avais complètement tort. Dont acte. Et toutes mes excuses à David. Comme je le dis dans ma réponse, je continue à lire son blog (et écouter ses chroniques) avec plaisir !

21 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

C'est David Abiker, pas Abidker ;-)

25 février, 2007 14:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ayant écouté "J'ai mes sources" ce jour là, je me suis effectivement demandé tout à l'heure si D Abiker avait copié l'idée du montage "comique de répétition" ou s'il l'avait eue tout seul.
Votre billet suggère fortement qu'il a copié et est d'autant plus vachard que vous feignez de ne pas vous offusquer qu'Abiker n'ait pas cité ses sources. Vous n'avez pu cependant résister aux doux plaisirs de l'autosatisfaction, ce qui rend le billet moins fort.

Mais vous n'évoquez pas l'hypothèsse qu'Abiker ait eu la même idée que vous au même moment, et qu'il ne se soit donc pas senti obligé de vous citer. Hypothèse aussi vraisemblable que celle du plagiat, dans la mesure où les trucs ou tics de communication (du moins ceux là, le "vous avez raison" et le "dans mon pacte présidentiel") de S Royal étaient vraiment très visibles ce soir là. Par tout un chacun, et donc a fortori par un spécialiste du décryptage médiatique.

25 février, 2007 15:54  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonyme> Où avais-je les doigts ? Merci.

25 février, 2007 16:06  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Jean-Louis> On n'en saura jamais rien... La coïncidence est seulement troublante : France Inter, ce n'est quand même pas une petite radio locale, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas bien grave...

25 février, 2007 17:23  
Blogger romainlucazeau a écrit...

bonjour je me permet de mettre un lien vers chez vous dans mon blog pédagogique

http://decrypterlepolitique.over-blog.com/

25 février, 2007 18:04  
Anonymous Anonyme a écrit...

D. Abiker est un méchant qui reprend vos idées sans vous citer ? Il est vraiment méchant. Depuis que vous avez sorti votre livre (excellent par ailleurs) et que vous passez (semble-t-il) plus de temps dans les médias qu'à vos travaux et études (toujours passionnants) je trouve que votre site devient de moins en moins intéressant. Y voyez-vous une causalité ? Ou bien c'est moi ?

25 février, 2007 19:05  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anne Hekdotte> Et pourtant, le site n'a jamais eu autant de lecteurs... Disons que la différence est que je consacre la plupart des analyses aux discours de la présidentielle, et je conçois que ça n'intéresse pas tout le monde. Il y a des lecteurs qui préféraient mes recherches sur les moteurs etc. Mais, rassurez-vous, dans deux mois c'est fini...

25 février, 2007 19:39  
Blogger Gabrouze a écrit...

Bonsoir, rien a voir mais avez-vous des discours de de Villiers ?
je suis en train de programmer le Themologue : Les themes des candidats mais il me manque de Villiers ! et oui ... je me veronise un peu ;o)

25 février, 2007 19:53  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Gabrouze> Non, j'ai du mal à trouver ses discours. Le site MPF n'est pas à jour... Si des lecteurs ont des pistes, je suis preneur. Et j'ai du mal aussi avec toues les petits candidats. Je pense qu'ils n'ont pas les moyens d'investir beaucoup sur leurs sites (encore que mettre un discours en ligne de temps à autre ne leur coûterait vraiment pas beaucoup!).

25 février, 2007 20:04  
Anonymous Anonyme a écrit...

Salut Jean,
Très troublé ce soir à l'écoute (sur France Inter) du dernier discours de Le Pen et de sa clôture : "Dieu des fourmis dieu des étoiles" dit-il.
Bigre ... de quoi s'agit-il donc là ??
Il nous avait déjà fait le coup papal du "Entrez dans l'espérance" mais là je suis largué :-(
Un petit coup de google/wikipedia me renvoie vers Rémy Chauvin, scientifique (?) apparemment assez sulfureux. J'attends donc impatiemment ton analyse là-dessus pour éclairer ma faiblissante lanterne :-)

25 février, 2007 23:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

Pour De Villiers, voyez donc ici : http://www.dailymotion.com/tag/villiers
et là : http://www.youtube.com/results?search_query=de+villiers&search=Search

26 février, 2007 00:45  
Anonymous Anonyme a écrit...

mieux encore : http://www.dailymotion.com/Philippe_de_Villiers/1

26 février, 2007 00:53  
Blogger Gabrouze a écrit...

Al-Kanz > Ya un imitateur qui pourrait m'entrainer un outils de reconnaissance vocale avec sa voix :o)

26 février, 2007 08:12  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Olivier> Oui, c'est le titre d'un livre de Rémy Chauvin. Antidarwinien, parapsychologue, ufologue... Ca en dit long. Il y avait pas mal de citations illuminées dans le discours de Le Pen (dont Alice au Pays des Merveilles).

26 février, 2007 09:40  
Anonymous Anonyme a écrit...

Jean> Je m'étonne de votre remarque sur "Alice au pays des Merveilles". C'est une référence appréciée notamment chez ceux qui travaillent sur le langage dans son rapport au monde (les philosophes par exemple).

26 février, 2007 10:24  
Blogger Loran a écrit...

Bonjour Jean,

Il est dommage que vous passiez autant de temps sur ce jeu de dupes...

Cette grande mascarade qui fait perdre la boule a tout le monde est ridicule de petitesse, de nombrilisme médiatique et de non prise en compte des problèmes graves qui se posent toujours plus nombreux.


La politique Française, a moins a apporter que la recherche...

Ce sont les politiques qui devraient s'intéresser à vos travaux, pas l'inverse!!

Quand au nombre de lecteurs...
Je crois que Bataille et Fontaine font beaucoup plus d'audience que vous!! ;o)

tout ca c'est Pschiiiitttt....

26 février, 2007 11:38  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Loran> Ce sont les politiques qui devraient s'intéresser à vos travaux -- Justement, ils s'y interessent ;-)

Vous avez le droit de ne pas aimer la politique, aucun problème (et je vous comprends un peu), mais juste une remarque : j'ai fait de l'analyse des discours un champ de recherche, justement, où j'essaie d'appliquer mes méthodes, de développer de nouveaux outils.

D'une certaine manière j'aurais pu utiliser les dialogues de la Star'Ac. Ce qui compte pour moi c'est la méthodologie. Je n'ai pas à me prendre d'affection ou pas pour l'objet étudié...

26 février, 2007 11:44  
Anonymous Anonyme a écrit...

La critique est facile, l'art est plus difficile!

Il est évident que les discours politiques offrent une sacrée matière à étudier pour les linguistes et ce serait un sacrilège de ne pas en tenir compte! La politique n'est pas forcément un domaine qui passionne tout le monde, et justement bravo de la rendre plus intéressante par le biais d'analyses de qualité...

S'il y a autant de visiteurs, c'est que beaucoup partagent très certainement mon avis!

26 février, 2007 12:01  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'aurais tant aimé rencontré plus de profs positifs comme cela...
J'aimerais qu'il y en ait plus de profs comme ça...
Commencer par donner confiance, quitte à faire évoluer et à recadrer pour faire progresser, ce devrait être déjà le premier objectif....
Combien de personnes démolies par un système scolaire qui appuie là où ça fait mal au lieu d'encourager là où ça marche mieux...
Allez, bonne continuation, les bons élèves :-))

27 février, 2007 01:09  
Anonymous Anonyme a écrit...

1203365

Bonjour Jean.

Je trouve votre message sur ce blog. Je le trouve aigre et suspicieux. Mais je le comprends.

Je vais vous faire « mal à l'orgueil », Jean, je ne vous ai pas copié. Je n'ai pas écouté le montage de Colombe et d’Adèle ce jour là ni le vôtre du reste. J'ai monté la chronique avec des membres d'arrêt sur Images deux jours après ! On a relevé les merci, les vous avez raisons et plein d'autres choses pour finalement faire une chronique enregistrée le vendredi et diffusée le dimanche. Il paraît même qu’à la même heure Canal diffusait un montage assez proche du mien, donc du vôtre, du nôtre !

J’ai bien une explication, mais elle ne convaincra personne. Nous étions ce lundi soir un peu plus de 8 millions à regarder écouter S. Royal crever l’écran avec ses propos démagogiques. Il se peut, je dis bien il se peut, que statiquement, nous soyons 3 génie du décryptage à nous déchirer sur la trouvaille ! J’ajoute que votre post ne rends pas justice au travail que j’ai fait sur la gestuelle, le positionnement par rapport à la tribune et bien sûr la transgression du dispositif quand elle va vers le Monsieur en fauteuil. Vous n’avez vu que ce qui vous « arrangeait-dérangeait » dans ma chronique.

Je vous avoue que moi non plus, je n'aime partager les bonnes idées et les trouvailles et que lorsqu'elles se ressemblent, je pense toujours avoir été pillé ! Ca m’est d’ailleurs arrivé avec un de mes livres. Des journalistes en mal de titres et de formules y puisaient allègrement quelques titres ou anecdotes.

Ceci dit, je comprends votre trouble : Colombe, Inter, Arrêt sur images, Abiker les connexions sont multiples d’autant que j’interviens parfois dans J’ai mes sources et que je connais bien Colombe. Malgré ça, rien ne vous autorisait et ne vous autorise aujourd’hui à faire courir sur la toile l’idée selon laquelle je suis un plagiaire, pas même la défiance généralisée dont les médias parisiens sont aujourd’hui l’objet à tort ou à raison. A moins qu’un petit péché d’orgueil ne vous conduise à penser que vous êtes le seul sur plus de 8 millions de spectateurs à identifier les ficelles démagogiques du discours des candidats. Je suis sûr que vous ne le pensez pas.

Il vous reste la satisfaction d'avoir été le premier à formaliser votre observation. Bravo. Je vous l’accorde volontiers sur la foi des 23 h35 de votre mail à Colombe Schneck ! Voici le mien, Jean, d.abiker@wanadoo.fr, la prochaine fois que vous me ferez un procès en "Calveronisation" prévenez moi à l'avance de l'horaire de l'audience.

David ABIKER

27 février, 2007 18:38  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Toutes mes excuses, donc, David ! J'avoue avoir été troublé. Ca aurait été une autre radio, une autre émission... Mais de toutes façons tout ça n'est pas bien grave.

Et merci d'être passé. Je continue à lire vos billets (et d'écouter vos chroniques avec le plus grand plaisir).

27 février, 2007 19:03  

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2007: Observatoire de la Netcampagne

On parle beaucoup de sondages ces temps-ci, mais il en est un qui est passé pratiquement sous silence. L'IFOP a réalisé les 16 et 17 février une étude très intéressante [télécharger pdf] sur l’impact d’Internet dans l’élection présidentielle. Le Web apparaît en nette progression comme moyen d'information sur l’actualité politique : 47% des internautes interrogés affirment en effet y rechercher des informations sur l’actualité politique « souvent » (14%) ou « de temps en temps » (33%), soit une progression de 7 points par rapport à novembre 2006.

Certains chiffres vont à l'encontre des idées reçues. Ainsi on pourrait penser que c'est surtout un public d'internautes assez jeunes, disons autour de la trentaine, qui est fortement intéressé par la politique sur Internet (un peu à l'image de ce qu'on observe à la République des blogs par exemple). Cette image est fausse. L'interêt des internautes pour la politique sur le Web croît avec l'âge, les plus de 65 ans étant les plus concernés :



Le sondage n'analyse pas l'impact d'Internet sur les intentions de vote. Ce serait intéressant à connaître un jour. Je suis convaincu, sans preuves évidemment, que la montée spectaculaire de Bayrou est largement due au Web, et aux relais extrêmement importants qu'il a obtenus dans la blogosphère. L'UMP et le PS sont certes présents sur le Web, mais avec des stratégies qui me paraissent moins efficaces. Du côté de l'UMP on a une machine Internet un peu à l'image du parti : très pyramidale. On nous délivre des informations du haut vers le bas. Pour aller les chercher il faut déjà plus ou moins être convaincu. Cette structure descendante ne me semble pas bien adaptée à la «culture» Internet. Il semble d'ailleurs que le site Sarkozy.fr n'ait pas eu le succès escompté, et que la «pépinière» de blogs sympathisants soit un flop. Du côté du PS, la stratégie est plus habile : un site Désirs d'avenir «participatif» à l'image de la campagne de Royal, une «Ségosphère» extrêmement active. La base s'implique. Mais je me demande si l'activité bourdonnante qu'on observe n'est pas une illusion quant à l'impact réel sur le vote des indécis. Le problème de la Ségosphère, comme toute «sphère» finalement, n'est-il pas de faire parler entre eux et de connecter essentiellement les sympathisants et les convaincus ? Là aussi, on a en tous cas, une «machine» organisée par le parti.

La stratégie de Bayrou me paraît beaucoup plus habile : il a su suciter l'intéret de nombreux blogueurs, qui n'étaient pas spécialement sympathisants UDF, et encore moins militants. Il s'est montré en personne à la République des Blogs, il a des pris des positions appréciées sur le logiciel libre et le droit d'auteur (souvenez vous de la loi DADVSI), il est allé parler directement aux blogueurs, par exemple dans le cadre du PoliTIC'Show, à qui il a accordé une interview de près de trois heures. Il est filmé systématiquement (par exemple sur son site) avec son ordinateur devant lui... Nicolas Sarkozy avoue publiquement qu'il n'a jamais utilisé un ordinateur. Ségolène Royal, je ne sais pas, mais elle ne donne pas franchement une image d'«addict» aux nouvelles technologies.



Pas, ou peu, de machine institutionnelle (et d'ailleurs l'UDF a peu de moyens). Il a bénéficié peu à peu d'une armée de blogueurs non encartés qui se sont mis à parler de lui, et le plus souvent à en dire du bien. Mille fois plus efficace que toutes les machines institutionnelles, toujours suspectes. Ca a marché de façon spectaculaire pour certains produits. C'est comme ça que Google a explosé, par exemple : pas un dollar dépensé en pub. Ce sont les «geeks» qui en ont fait la pub eux-même, de façon virale. Et quand la recommandation vous a été faite par un ami, un proche, elle a infiniment plus de poids que toutes les pubs du monde. Il suffit pour s'en convaincre d'observer l'attachement quasi émotionnel des Internautes à Google pour jauger cet effet. Vous avez beau démontrer par A + B (comme je l'ai fait sur ce blog à plusieurs reprises, par exemple ici) que Google n'est pas nécessairement le meilleur moteur, que Yahoo a une pertinence de résultats identique, que d'autres (comme Exalead) ont une interface et des fonctionnalités bien meilleures, rien n'y fait. La relation nouée avec Google est affective, viscérale et indéfectible. C'est ce que Bayrou a réussi avec le Net. Bravo.

Royal et Sarkozy ont eu tort à mon avis de négliger la blogosphère, ou plutôt de croire qu'il avait rempli leur contrat parce qu'il avaient monté une lourde machinerie institutionnelle. L'accession au deuxième tour se jouera dans un mouchoir de poche. Il leur manquera peut-être, à l'un ou à l'autre, quelques pourcents des Français cultivés et connectés.

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12 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

« Je suis convaincu, sans preuves évidemment, que la montée spectaculaire de Bayrou est largement due au Web, et aux relais extrêmement importants qu'il a obtenus dans la blogosphère. »
Cette phrase, même énoncée avec toutes les précautions d’usage, me semble un peu péremptoire. Personnellement, « sans preuves évidemment », je pense que la montée de Bayrou est plutôt due au pilonnage médiatique intensif des snypers de l’UMP à partir du 14 janvier exploitant d’une manière extravagante les « bourdes » (pour employer l’expression consacrée). Résultat, inattendu et collatéral, des apprentis sorciers qui n’ont certainement pas lu Clausewitz (« ne jamais mépriser et/ou sous-estimer l’adversaire »), Bayrou a « pompe des voix à la droite » comme vient de le déclarer le directeur de campagne de NS qui vient de mettre en place une cellule pour étudier le phénomène Bayrou.
On ajoutera aussi que Bayrou a su intelligemment utiliser la force du rejet des médias dominants (rejet déjà observé lors du référendum de 2005).Pour ce qui est d’Internet, je me permets de vous signaler une étude très intéressante (quoique publiée le 31 janvier ») du laboratoire « Actualités de la recherche en histoire visuelle » (EHESS) (http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2007/01/31/304-les-videos-de-segolene) qui montre que ce qui compte c’est plutôt l’utilisation d’Internet par les internautes.
En voici un petit extrait : « On se souvient de la vidéo d'Angers, consultée plus d'un million de fois en l'espace d'une semaine en novembre dernier. Si l'on compare le résultat des requêtes "Sarkozy" et "Royal" au 31 janvier sur Dailymotion, on observe d'abord une sensible différence de matériau. Dans le premier cas, peu de déclarations ou d'interviews, mais beaucoup de parodies ou de films de dénonciation ("Le vrai Sarkozy", envoyé le 5 juillet 2006 par reso69, vu 1.439.662 fois). Dans le second, nettement plus d'interviews et de reportages, moins de satires. Si l'on se concentre sur les prises de parole proprement dites, pour Sarkozy, les trois vidéos les plus vues ("Voeux 2007", "Nouveaux adhérents", "SarkoSégo débat") totalisent 443.188 consultations. Dans le cas de Royal, l'échantillon équivalent ("Débat participatif Alsace", "Voeux 2007", "Pacte de Bondy") atteint 2.273.321 consultations, soit cinq fois plus. On peut multiplier les tests, limiter la période, modifier les critères, l'impression demeure que les vidéos présentant un contenu informatif sur la candidate socialiste sont plébiscitées sur la plate-forme. On se gardera de traduire mécaniquement ce résultat en termes de côte d'amour ou de bulletins de vote. Mais l'analyse de ces chiffres peut fournir d'autres indications. En premier lieu, on constate que le public de Dailymotion n'est pas constitué que d'amateurs de lourdes blagues: les 41.737 vues totalisées par les différentes versions du canular de Gérald Dahan font pâle figure face aux 270.483 vues du très sérieux reportage militant "Ségolène - Face au logement" à Roubaix, pour la même période. Il semble peu probant d'expliquer ces bons scores par le seul public des sympathisants socialistes – auquel cas on aboutirait à la conclusion qu'ils sont nettement plus nombreux que ceux du camp adverse! »
J’espère que l’on bientôt une étude prenant en compte FB.

25 février, 2007 12:10  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je me permets de reprendre un passage de mon post précédent (pas facile d'écrire dans le cadre.
… Résultat, inattendu et collatéral, pour les apprentis sorciers qui n’ont certainement pas lu Clausewitz (« ne jamais mépriser et/ou sous-estimer l’adversaire »), ont fait « monter Bayrou dans les sondages » en affaiblissant SR et… en prenant des voix à NS. Bayrou « pompe des voix à la droite »…

25 février, 2007 12:16  
Blogger all a écrit...

Selon la carte de l'Observatoire Présidentielle 2007 nous voyons que l'UDF occupe une place bien plus importante dans la blogosphère que dans la représentation nationale, ce qui confirme ce que vous écrivez (sur un plan quantitatif tout au moins). Pas trop d'accord sur l'UMP qui propose une grande diversité de sites - Loïc Le Meur se trouve en coulisse, un pro - notamment Débat Sarkozy dans la plus pure veine Web 2.0 de social bookmarking.
Pour le PS je trouve la blogosphère foisonnante mais trop brouillonne, quiconque parle au nom du PS ce qui donne l'impression de désordre qu'a cherché à éviter l'UMP.
La seule conclusion objective est la différence entre Ségo et Sarko de niveau de contrôle de leurs partis.

25 février, 2007 12:34  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,
Sur le fond, je suis plutôt d'accord avec tout ce qui vient d'être dit. Je me demande tout de même si les études citées sont tout à fait fiables.

Je me souviens de cette étude sur Dailymotion. Les conclusions sont intéressantes, particulièrement l'idée qu'il faut analyser l'usage des vidéos et pas seulement le nombre de clics. Cependant, on en reste à comparer le nombre de clics sur des vidéos gagesques et des vidéos "sérieuses". Et il est très facile de manipuler ce genre de choses, comme l'a montré le PC il y a peu de temps. Faire monter le nombre de clics permet d'arriver en premier dans les résultats de recherche, c'est donc considéré comme une action stratégique par les militants. En réalité, il faudrait aussi pouvoir compter le nombre de commentaires et de mises en favoris, et le nombre de fois où les vidéos son reprises sur les sites ou les blogs, avec un commentaire.

Concernant l'IFOP, j'ai quelques doutes également : Les premiers graphiques portent sur l'ensemble du panel, soit 1001 personnes. On peut donc y accorder a priori la même confiance qu'aux sondages d'intentions de vote, c'est à dire, je crois, qu'il y a 3% de marge d'erreur. Une remarque importante cependant : On lit à la fin du message que "Lors du terrain d’enquête, afin de pouvoir affiner l’analyse, les « internautes actifs », c’est-à-dire  les personnes se connectant plusieurs fois par jour à Internet, et ceux âgés de plus de 65 ans ont été sur-représentés puis ramenés à leur poids réel lors du traitement informatique. L’enquête a été réalisée par questionnaire auto-administré sur Internet." Autrement dit, cette enquête a porté sur la population des internautes, et des internautes qui s'intéressent suffisamment à internet pour répondre à des enquêtes. Les résultats ont été lissés. J'accorderais donc un indice de confiance très réduit aux chiffres de cette enquête.
Mais allons plus loin : les premiers graphes établissent des groupes à l'intérieur de la population d'ensemble : parmi ces internautes, quels sont ceux qui ont recours à internet pour s'informer que la politique. Ce qui permet de faire un première conclusion en soi tout à fait intéressante, même si elle est formulée de manière étrange ; "la proportion d’internautes utilisant la toile progresse de 7 points."
 Le problème, c'est qu'ensuite, on prend ce groupe de 470 personnes (!) pour affiner la réflexion, et créer des sous groupes : par âge, et par affinité politique. Rappelons que les données sur l'âge ont été lissées. Ca commence à faire un marge d'erreur importante... D'ailleurs, on ne connaît pas le nombre de personnes appartenant à chaque groupe. On peut essayer de faire une approximation : l'enquête identifie 6 familles politiques. 470/6=78,3. On a forcément fait des pourcentages sur des populations de moins de 100 personnes!!! Pareil pour les groupes par âge, puisqu'il y a 5 familles.

C'est dommage de ne pas disposer de données plus fiables. Pour le moment, le must, c'est quand même les outils que vous, Jean, mettez à notre disposition... Cependant, c'est un domaine de réflexion assez nouveau, et pour lequel j'imagine qu'il est difficile d'établir des protocoles. Je suis sûre qu'on y reviendra plus tard, une fois la campagne passée. On pourra utiliser le matériel archivé par la BNF, par exemple.

25 février, 2007 13:13  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je peux juste témoigner sur la blogosphère locale (moselle) et l'analyse ne correspond pas vraiment à votre description
L'UDF est présente mais sans plus et est assez institutionnelle et le PS beaucoup plus divers (et très présent). Pour l'UMP, assez d'accord, sauf pour les Jeunes UMP présents et moins institutionnels.

Votre analyse reflète celui du débat interne au PS, où DSK avait une blogosphère très riche .. mais un peu coupée du quotidien, des aspirations des gens (en particulier des 50% qui n'ont pas le net !!).

Et encore une fois, sauf le très grand respect que j''ai pour votre travail, il serait intéressant de passer des opinions à l'analyse pour ce qui concerne F.Bayrou..à l'instar de ce que vous faites pour Sarko et Ségo

25 février, 2007 13:33  
Blogger Unknown a écrit...

Bonjour,

Au sujet de la popularite de F.Bayrou dans la blogosphere regardez ce sondage ou Bayrou est en tete avec 60% de votes.(Ce sondage demande quel interview de PoliTIC Show les gens veulent-ils voire editer en DVD en premier)

25 février, 2007 16:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'attends avec intérêt celui qui me dira avec quelle stratégie Mr Chirac a été, contre toute attente, élu 2 fois Président de la République !

25 février, 2007 18:18  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Armor> Oui, le pompage peut-être, en période récente, mais la montée de Bayrou sur internet a commencé avant (sondages sur internet favorables, etc.).

25 février, 2007 18:56  
Blogger Jean Véronis a écrit...

All> Oui, la présence des blogs étiquetés favorables à Bayrou est très forte sur la carte de l'Observatoire, ce qui semble aller dans mon sens, car il y a peu de blogs UDF institutionnels. En ce sens l'étiquetage "UDF" est un peu faux. Ce sont souvent plus des individus qui se rallient à Bayrou qu'au parti UDF (me semble-t-il).

25 février, 2007 18:59  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Lisette> Oui, c'est le problème des sondages, comme toujours... Comme ils reposent sur la méthode des quotas, on ne peut même pas fixer scientifiquement une marge d'erreur. Le flou complet, qui repose sur la qualité du "redressement" effectué, que nul ne connaît. C'est une sorte d'artisanat, et surtout une boîte noire.

25 février, 2007 19:02  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Lds> Sur l'élection de Chirac en 2002, il y a peut-être un élément de réponse ici.

25 février, 2007 19:03  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour, sur le sujet je vous recommande de jeter un coup d'oeil a l'evolution de Bayrou sur le site http://www.votez2007.com/tour2vote.asp

Sa progression est tout a fait fulgurante et etonnante. Bien sur Comme toujours avec le net il faut faire attention aux manipulations, mais c'est quand meme assez parlant.

02 mars, 2007 12:19  

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samedi, février 24, 2007

Sarko: J'ai encore changé ?

J'expliquais dans le billet précédent qu'il y avait eu un Sarkozy I (délinquance, immigration, sécurité) puis un Sarkozy II (celui qui parlait de sentiment(s), d'émotion, d'amitié, d'amour, qui citait Blum et Jaurès, en appellait aux travailleurs et à la classe ouvrière). «J'ai changé !» disait-il. Verrions-nous ces jours-ci apparaître un Sarkozy III ? En déplacement à Perpignan, il a prononcé un discours où il parle d'école et d'enfants, mais pour en appeler vigoureusement à l'autorité (75 fois !), à l'ordre (14) et à la morale (14) :


Cliquez sur les mots pour voir les extraits

Vous me direz que ce ne sont pas des notions incompatibles avec les sentiments, l'amour et la culture ouvrière. Certes, et c'est d'ailleurs ce que disait Ségolène Royal quand on l'accusait d'être droitière. Mais les mots sont ce qu'ils sont et ils ont des connotations : ils servent à faire passer des messages... Et là, le message est clair : barre à droite, toute. Sans doute histoire de rassurer son électorat classique qui devait être quelque peu perturbé par son changement récent. Mais ne sera-t-il pas autant perturbé par ses zigzags ? «Le prince ne doit pas être changeant» disait Machiavel.

On assiste à d'intéressants chassés-croisés linguistiques, ne trouvez-vous pas ? Ségolène Royal glissait à droite (l'ordre, l'encadrement militaire, la remise en cause des 35 heures, etc.). Nicolas Sarkozy chassait à gauche. Et puis depuis quelques jours, inversion des tendances. Royal tire son discours à gauche à Villepinte, puis appelle les gardiens de l'orthodoxie socialiste à la rescousse. Sarkozy revient à ses fondamentaux. Rapport de cause à effet ? En tous cas, chacun a l'air de retourner sur ses terres linguistiques. Ils se sont sans doute aperçus que les classes moyennes du centre gauche ou droit qu'ils visaient ne mordaient pas à l'hameçon. Car il faut être naïf pour croire que les citations de Jaurès et Blum visaient les classes défavorisées et les habitants des banlieues.

La voie est ouverte pour Bayrou.

9 Commentaires:

Blogger Sophia a écrit...

Bonjour,
Je suis une Libano-française installée au Canada. Je viens de dé.couvrir votre blog qui est superbe. vous allez être une de mes principales références pour les élections. J'ai mis des liens sur mon blog vers les quatre derniers de vos posts. Et je vais vous ajouter sur mon blogroll.

24 février, 2007 18:32  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ca donne surtout, pour Sarko comme Ségo, une impression de "navigation à vue" (dans le brouillard). Coup de barre à gauche, coup de barre à droite, en fonction des sondages. Navigation imprévisible, et déroutante.

Il leur manque sans doute d'avoir passé leur permis mer. La première chose qu'on apprend, pour éviter "les abordages en mer", c'est de manoeuvrer franchement. A gauche ou à droite, tout droit, qu'importe, la mer est large, mais manoeuvrer franchement. (Ce qu'on observe parfois en essayant de croiser quelqu'un maladroitement dans un couloir, chacun changeant sans arrêt de direction pour finalement se rentrer dedans).

Celui qui va tout droit, fût-ce toujours au centre, s'en sortira toujours mieux que ceux qui donnent désespérément des coups de barre à droite puis à droite. Bayrou a le plus de chance de mener sa barque à bon port, parole de marin.

24 février, 2007 19:25  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je crois que Sarkozy ne sait plus vraiment où il en est comme en témoignent ses propos d’hier soir.
Comme toujours dans ce cas-là, il éprouve, en bon mégalomane qu’il est, de livrer ses états d’âme en public. Il a besoin qu’on l’aime autant qu’il s’aime !
« Une campagne présidentielle, c’est une épreuve, il faut y être préparé. C’est une épreuve de sincérité, de vérité, on ne peut pas dissimuler ce que l’on est. On ne peut pas mentir sur ce qu’on le pense. Une campagne présidentielle, c’est dur, dur pour sa famille, dur pour soi-même parce qu’il faut aller chercher au fond de soi la sérénité, le calme, la tranquillité qui permettent de faire face à tous les emballements. (…) car la victoire n’est acquise qu’à la dernière seconde de la dernière minute de la dernière heure de la compétition présidentielle. »
Propos tenus à Perpignan hier soir devant une assistance muette...Du moins, d’après la retransmission par France-Culture.
Il me semble aussi que vous faîtes fausse route quant aux conséquences du « virage à gauche » de SR. SR a une grande qualité, c’est qu’elle connaît bien le « terrain », comme on dit, elle l’a d’ailleurs montré lundi soir. A l’instar de nombreux élus locaux de gauche, elle sait bien qu’il y a une demande de fermeté, mais aussi une demande de prise en charge et pas seulement dans le cadre de la primo-délinquance. Et c’est peut-être ce qui fait la différence avec Jospin, car elle apparaît comme pouvant tenir les deux pôles et ne peut ainsi se faire taxer d’angélisme par la droite. Souvenez-vous comment Chirac avait exploité le malheureux aveu de naïveté de Jospin (selon ses propres termes) avouant qu’il avait cru qu’il suffisait de faire baisser le chômage pour lutter contre l’« insécurité » ?
Le sondage du jour semble confirmer –pour l’instant- ce choix stratégique : 50,5 pour NS, 49,5 pour SR. Elle gagnerait 6 points chez les ouvriers et employés.

24 février, 2007 19:30  
Anonymous Anonyme a écrit...

"L'UMP a mis en place un cellule d"'observation et d'analyse stratégique" sur François Bayrou, le candidat UDF qui monte dans les sondages et qui commence à causer une certaine inquiétude dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, ont indiqué des membres de cette cellule. "Le phénomène Bayrou pompe sur Sarkozy ces derniers jours. Avant, il pompait à gauche", a expliqué Claude Guéant, directeur de campagne de Sarkozy." (Le Figaro.fr, avec AFP).

Bayrou, ou le grand retour du Shadok ;-)

24 février, 2007 21:18  
Anonymous Anonyme a écrit...

Mais l'analyse n'est pas si simple.
Il y a le dicours d'investiture, et il y a les discours thématiques.

Quand il fera un discours sur la recherche, la politique étrangères, etc... ce seront d'autres mots clé mis en valeur.

C'est là la limite de l'analyse purement syntaxique. On ne peut pas dire qu'il zigzag, mais plutôt qu'il insister plus particulièrement sur des mots (il ne m'a jamais paru s'éloigner de l'autorité, en tout cas). Vous devriez analyser tous ses "petits" discours distinctement de celui du 14.

24 février, 2007 22:15  
Anonymous Anonyme a écrit...

A mon sens, tous les glissements sémantiques des candidats UMP PS, vers la droite où vers la gauche ne manquent pas de faire glisser une partie de l'opinion au centre. Exercice hautement périlleux donc, mais incontournables en raison du contexte politique. 2007 n'est pas 1981 (désolé si certaines portes ouvertes méritent encore d'être enfoncées).

D'où ces ajustements savamment millimétrés (qui ne sont pas des errements mais de la réthorique électorale conjoncturelle).

Je partage la conclusion de Jean Veronis.

Justement propos de sémantique… François Bayrou n'est-il pas professeur de lettres ? Hasard ??? :-)

24 février, 2007 23:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

Il n'y a peut etre qu'un seul Sarkozy, qui rattisse large car il veut absolument le pouvoir.

25 février, 2007 02:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'ai un peu de mal à suivre votre obstination à penser que Ségolène Royal change de cap, alors qu'une des raisons qui me pousse à la soutenir est sa grande constance et depuis fort longtemps.
Ses principales prises de positions s'inscrivent dans la droite ligne de ses livres écrits il y a environ 10 ans, et sur le fond elle n'a pas bouger d'un iota depuis un an (c'est mon horizon, celui sur lequel je peux argumenter).
C'est notre obstination à parler de droite et de gauche sans définir les termes qui brouille notre analyse.
Le cas Bayrou relève à mes yeux pour le moment du "wishful thinking" et nullement de l'analyse ... analyse du discours bayrouiste qui manque toujours sur votre excellent site

25 février, 2007 13:15  
Anonymous Anonyme a écrit...

Il me semble que ça a un même un nom : la triangulation, j'ai entendu plusieurs sujet à ce propos notamment Hélène Jouan sur Inter : http://www.radiofrance.fr/franceinter/chro/edito/index.php?id=47387

05 mars, 2007 21:17  

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vendredi, février 23, 2007

Ségo: Ca change fort

Il y avait eu Sarkozy I et Sarkozy II. Comme je l'ai déjà expliqué la rupture avec lui-même s'est faite le 16 novembre, jour de l'élection de Ségolène Royal à la primaire du PS. De façon assez déconcertante, la communication de l'UMP a flotté pendant une bonne semaine, on a essayé de tranquilliser la rupture (pour finalement la mettre complètement à la poubelle). J'avais dit à l'époque (sur France Inter) que Sarkozy s'était fait «ségoliniser». On le voyait reprendre les mots fétiches de son adversaire : pacte, respect, confiance, débat... Et ça n'a pas arrêté : dans son grand discours du 14 janvier il parlait de sentiment(s) (7 fois), d'émotion (5 fois), d'amitié, d'amour, de sincérité. «Longtemps ce sont des sentiments que j'ai gardés pour moi, comme un trésor caché au fond de mon coeur», disait-il. Il citait Jaurès, Blum... «J'ai changé», affirmait-il (10 fois). Son image avait changé aussi : plus de tics, de gestes agressifs, main tranchante ou index tendu vers le public. Calmé, le Sarko.

Dans le même temps, il fallait reconnaître une grande constance dans le discours et l'image de Ségolène Royal. Comme je l'explique dans une interview au Temps (Suisse) parue ce matin, elle s'est bâti une image de virginité politique qui a manifestement plu à l'opinion. On a beaucoup parlé de ses tailleurs blancs, mais c'est tout une forêt de symboles qu'elle a mis en place dans son image et dans ses mots. Avec un grand soin à éviter les symboles qui peuvent rappeler une gauche dans laquelle de moins en moins de Français se reconnaissent. Jamais à la tribune avec les éléphants, jamais la rose du Parti à côté d'elle (avez-vous vu comme on l'a habilement escamotée entre le discours de François Hollande et le sien à Villepinte?), et ainsi de suite. Et ses mots étaient soigneusement choisis pour se démarquer du «système» (avez-vous remarqué que le mot «socialiste» était totalement absent à Villepinte ?). Elle avait réussi à implanter une image de fraîcheur, de renouveau politique.

Seulement voilà : les éléphants n'étaient pas contents. Et le faisaient savoir. Elle a résisté courageusement la petite gazelle, mais la charge du troupeau a été plus forte que tout. Hier, elle a cédé. Les revoici. Tous ceux que les Français qui avaient été séduits par sa «virginité» n'avaient plus envie de voir sont de retour. Laurent Fabius, Dominique Strauss-Khan, Martine Aubry, Pierre Mauroy... On ressort même Lionel Jospin du placard.

Ca change fort.

Entre-t-on dans la période Ségo II ? Je guette l'image de famille avec tout ce monde rassemblé, quand DSK sera revenu du Canada et Fabius du Darfour. Je guette ses nouveaux mots : saura-elle résister à la langue de bois rose ?

Ca n'a pas loupé : «On prend les mêmes et on recommence» a aussitôt déclaré l'UMP. C'est probablement le sentiment d'une bonne partie de ceux qui avait été séduits par Ségo I.

Je me demande si ce 22 février 2007 n'est pas le jour où elle a perdu l'élection.

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16 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Donc si l'on suit les différents raisonnements avancés ici et dans les posts précédents, Bayrou a peut-être gagné les élections ce 22 février 2007...

23 février, 2007 10:17  
Blogger Jean Véronis a écrit...

En tous cas, il ne pouvait pas rêver d'un plus beau cadeau !

23 février, 2007 10:22  
Anonymous Anonyme a écrit...

Sa "famille" lui a fait une proposition qu'elle ne pouvait pas refuser... Et lorsqu'il reviendra de l'ïle de Ré, le Don lui fera le baiser de la mort !
Une devinette: qui sera Luca Brazzi d'après vous ?

23 février, 2007 10:54  
Blogger all a écrit...

A propos des "éléphants", pourquoi à votre avis utilise-t-on cette expression ?
*Des poids lourds, qui ont de l'influence - mais alors Jospin qui est 'out' n'en est pas un.
*D'anciens caciques proche du cimetière (pas le cas de DSK et Fabius)
Pour la droite on parle des "barons" (du gaullisme) pas d'éléphants, ou bien de "grandes figures" de ceci ou cela. Aux states on dirait dinosaurs

23 février, 2007 12:35  
Anonymous Anonyme a écrit...

Le message est évidemment violent pour tous ceux qui, en dehors de l'appareil, ont pu croire que c'était arrivé. Il peut se résumer ainsi : "la politique c'est trop sérieux pour la laisser à des amateurs".

Et en plus, Ségolène Royale en est fière ! (France-info ce matin)

Alors oui, si elle dévisse à nouveau dans les sondages (grande volatilité de l'électorat) et que François Bayrou vient à flirter avec les 20 % d'intention de vote au début de la campagne officielle, ça va devenir très très chaud pour Nicolas Sarkozy.

23 février, 2007 12:38  
Blogger Jean Véronis a écrit...

All> Lourds, pesants sans doute. Je crois que dinosaure est en plus associé à l'idée de très vieux, en voie d'extinction. Jospin est peut-être un éléphant-dinosaure !

23 février, 2007 12:41  
Blogger Mikado a écrit...

Un mammouth, quoi! mais c'est déjà pris, et pour un sujet qui fache!
mais pourquoi personne ici n'imagine que Sego puisse battre Nico au second tour?

23 février, 2007 13:19  
Blogger Mikado a écrit...

Azouz, on vous a reconnu! fais gaffe, avec les adresses IP, on peut remonter à votre ministère! Vous faites exactement ce que vous disiez: vous soutenez Villepin, même s'il n'est pas candidat!
Bon, j'arrête d'accaparer les commentaires avec mes blagues à deux sous, promis!
Juste une remarque: quand on regarde l'évolution des intentions de votes en février selon CSA, la baisse de Nico est symetrique à la montée de Bayrou... il ne prend donc pas que des voix à gauche, ce qui expliquerait le revirement de stratégie à l'UMP, non?

23 février, 2007 14:35  
Anonymous Anonyme a écrit...

Merci de préciser que le Temps est celui de Suisse, il n'a en effet pas le même rythme là-bas.
Trêve de blagues idiotes moi aussi.
Ce qui me surprend, c'est l'aspect "surprise" de chacun de ces revirements, ou de chacune de ces réadaptations de stratégie. J'ai du mal à pense que la candidate issue du PS a pu à ce point s'imaginer pouvoir s'affanchir du PS ancien. Que Sarkozy ait pu à ce point être désarçonné par un adversaire nouveau. Il y aurait 1000 autres exemple, à chaque fois je suis bluffée par la surprise que semblent leur causer des éléments assez prévisibles.
La foi en eux-mêmes d'accord, elle est évidemment nécesssaire, mais entraîne-t-elle, ou vient-elle, d'un degré d'orgueil qui les aveugle complètement ?

23 février, 2007 14:59  
Anonymous Anonyme a écrit...

Hé ben.. j'ai écrit un billet un peu dans le même registre... comme quoi ;-)

Pour moi ce dispositif de campagne est une véritable double faute (Technique mais aussi tactique)...

23 février, 2007 15:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

Souvent les décisions politiques sont celles du moindre mal.
Le choix de SR ne pouvait finalement être que celui-là, si elle voulait apparaître comme la candidate du rassemblement et d’abord de celui de son camp (ne pas oublier que DSK et LF représentent tout de même près 40 % des suffrages des primaires). Que n’aurait-on pas entendu de la part de la droite si certains étaient restés à la porte. Par exemple : « comment voulez-vous qu’elle rassemble les Français si elle n’est pas capable de rassembler son camp, etc.
Intégrer DSK et Kouchner permet d’éviter les éventuels fuites ou débauchages par Bayrou dès avant le 1er Tour. Cela diminue fortement l’impact hypermédiatisé du départ de Besson et du ralliement de Spartacus (sic).
Vous évacuez aussi un élément très important : SR a commencé ses meetings, de nombreuses réunions PS ont lieu. L’assistance y est très forte (beaucoup plus qu’en 2002), je peux moi-même en témoigner, ayant vécu le meeting de Rennes. Des vieux renards comme LF et DSK l’ont bien compris, s’ils ne veulent pas se couper définitivement de la base du PS, ils ont tout intérêt à être là.
Une chose m’a d’ailleurs frappé à la fin du meeting, et j’en parle d’autant plus aisément que je ne suis pas au PS, c’est la force, le magnétisme qu’incarne SR. Je garderai longtemps le souvenir de l’image de fin sur un des grands écrans : SR se détachant avec sa petite veste blanche au milieu d’un écrin de notables locaux, le regard radieux et irradiant. L’assistance était scotchée.
Enfin, comme le dit Yann-Artus Bertrand « les troupeaux d’éléphants sont conduits par une femelle ».

23 février, 2007 17:00  
Anonymous Anonyme a écrit...

Signature du précédent post : armor

23 février, 2007 17:01  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je pense que Ségolène Royal a bien retrouvé son assise populaire (cf le commentaire sur les meeting ... je confirme pour l'autre bout de la France).
La campagne est longue et les priorités actuelles sont sans doute:
- éviter toute discordance interne (cf Besson)
- populariser les mesures du plan et les éléphants restent d'excellents débatteurs et techniciens
- priver Bayrou de "ses premiers ministres" et décrédibiliser son positionement.
Cela me semble y répondre, et
je pense que Ségolène Royal ne changera pas sur le fond le flottement d'avant le 19 février a sans doute achevé de la convaincre du bien fondé de son positionnement.

24 février, 2007 10:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je trouve (comme toujours) votre note intéressante. On verra en effet très rapidement, à travers une "forêt de signes" (je m'appelle Charles) si elle réussit à instrumentaliser les éléphants ou si, au contraire, ils en font leur marionette. http://www.charlesgancel.com/?p=319
Il est clair que le positionnement et le vocabulaire de Bayrou est un pari sur cette alternative. Et Sarkozy retrouve son positionnement originel.
La loi du positionnement, chère au marketing, est respectée: lorsque l'un des acteurs change de position, les autres changent aussi.

24 février, 2007 13:59  
Blogger Jean-Marie Le Ray a écrit...

Ça change fort ou ça charge fort (comme un éléphant :-) ?
Jean-Marie

P.S. Je profite de mon commentaire pour vous poser une question totalement hors sujet : avez-vous déja réagi sur cette info ? J'aimerais connaître votre opinion.

24 février, 2007 14:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,

Je lis toujours avec intérêt vos articles, même si je ne laisse pas toujours de commentaire. Concernant celui-ci il est amusant de noter que vous vous interrogez sur le fait de savoir si ce n'est pas en réintegrant les autres leaders du PS qu'elle a perdu la bataille alors qu'au moins deux commentateurs (armor et erasme)se demandent si, au contraire, ce n'est pas en les réintégrant qu'elle vient de la gagner! Personnellement je serais plutôt sur cette ligne là et je trouve, de toutes les façons, qu'il est impossible 2 mois avant le 1er tour de savoir sur quoi se sera jouée une élection dont la campagne officielle n'a même pas encore débuté.

Bon week-end.

24 février, 2007 16:20  

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mercredi, février 21, 2007

Dicos: Bayrou dans le Larousse

Lu dans la lettre d'information du Monde du 21 février :

Le Larousse ajoute Bayrou

Les éditions Larousse, qui préparent l'édition 2008 du dictionnaire, ne sont pas restées insensibles à l'évolution de l'opinion traduite par les sondages. Deux planches avaient été commandées sur le président de la République : l'une pour Nicolas Sarkozy et l'autre pour Ségolène Royal. Le comité éditorial a décidé, en début de semaine, de commander une planche François Bayrou.
Je n'avais pas encore vu ça quand je vous disais que quelque chose se passe...

12 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

C'est une impression, ou vous avez une certaine tendresse pour le personnage ? Depuis plusieurs articles, il y en a que pour le Pyrénéen. Et autant l'analyse des discours est intéressante, autant le commentaire des sondages (qui disent tout et n'importe quoi) n'apporte rien de plus qu'un éternel brassage d'air. Tant qu'à parler de Bayrou, qui fait le grand écart entre son soutien de fait à l'actuelle majorité et ses discours libéralo-humanistes, autant s'intéresser au fond, si tant est qu'il y en ai un...

22 février, 2007 08:55  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Bah, on m'a déjà accusé d'être Ségoliste... Si je me mets à parler de Sarkozy, je serai Sarkozyste ! Mais j'avoue que le Béarnais m'intrgique. C'est tout sauf la marionette des guignols.

Je ne partage pas votre avis sur les sondages. C'est complexe, parfois erroné, souvent opaque, mais ce n'est pas tout et n'importe quoi. Le commentaire qu'en font les médias, assez souvent oui, par contre !

22 février, 2007 09:03  
Anonymous Anonyme a écrit...

"Mais j'avoue que le Béarnais m'intrigue. C'est tout sauf la marionnette des guignols."

Je ne sais pas ce qu'en disent les Guignols, je ne regarde pas la télé. Mais justement, là où je trouve que vous apportez quelque chose en plus, c'est quand vous cherchez ce qui se cache derrière le discours. Le commentaire des sondages ou du "buzz" médiatique (qui a tendance à tourner en rond, puisqu'on fait du bruit sur ce qui fait du bruit) me semble beaucoup moins utile.

Par exemple, quel est l'intérêt de spéculer sur le second tour alors même :
- que l'on ne connaît pas tous les candidat-e-s
- et que le premier tour n'a pas eu lieu ?

Un des facteurs de démobilisation et de désintérêt pour la campagne, tel que je le perçois autour de moi, tient justement à cette impression que tout est joué d'avance et que le premier tour ne sert à rien. 2002 est-il si loin derrière nous ?

22 février, 2007 11:12  
Blogger Jean Véronis a écrit...

quel est l'intérêt de spéculer sur le second tour ? : en ce qui me concerne j'azi trouvé ce sondage très intéressant, parce qu'il révèle un réseau de "préférences" assez compliquées chez les Français, bien plus intéressant que la bipolarisation (un peu pipolisée) habituelle. Et il montre tout l'enjeu de la compétition Royal/Bayrou, qui va se jouer à un cheveu. Les sondages sont-ils autre chose que de la matière à penser ?

Dans votre dernière phrase, il me semble qu'il y a une contradiction. Ce sondage montre justement que rien n'est joué, non ?

22 février, 2007 11:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je ne crois pas que le premier tour ne serve à rien : la preuve, il prépare le second.

Sinon, j'ai hâte moi aussi que Jean V. puisse analyser la prestation de Bayrou, ses mots, sa façon de parler (et sa faconde ? encore qu'il ne soit pas intarissable ni bonimenteur).

On n'a plus rien à se mettre sous la dent ces derniers jours !

22 février, 2007 11:22  
Anonymous Anonyme a écrit...

bcolo a écrit: "autant s'intéresser au fond, si tant est qu'il y en ai un..."

Vous trouvez que son programme est vide??? Je dirais plutôt qu'on nous le rabache pas à longueur de journée et qu'il ne tiens justement pas en une phrase. Enfin moi j'dis ça... Je lis ses propositions sur son blog c'est tout. Il y a tous les sujets je trouve.
:)
Nicolas

22 février, 2007 11:30  
Anonymous Anonyme a écrit...

Dans votre dernière phrase, il me semble qu'il y a une contradiction. Ce sondage montre justement que rien n'est joué, non ?

Pas vraiment. Il montre surtout que les médias (et ceux qui les commentent ?) ne s'intéressent pas au premier tour, ce qui est inquiétant car en 2002, on a vu que 64% de ceux qui se sont exprimés n'ont pas voté pour les deux premiers candidats.

Ceci dit, il serait amusant que le dindon de la farce soit Sarkozy. Comme Jospin en 2002, Balladur en 1995 ou Barre en 1988, il semble n'avoir jamais douté d'être au second tour (sans même parler d'être élu).

Est-il stupide d'imaginer que s'il y a beaucoup de candidats, l'éparpillement des votes conduira à ce que les trois premiers se tiennent à 3 ou 4 points autour de 20% des voix ? Auquel cas, n'importe lequel des trois peut être battu...

22 février, 2007 11:35  
Blogger Jean Véronis a écrit...

bcolo> Le premier tour va se jouer à la marge, dans un mouchoir de poche comme en 2002. On voit qu'un tout petit effet peut faire passer Bayrou devant Royal, et alors tout bascule.

Tout va se jouer dans les fameuses signatures. Si la LCR, Bosé et les autres les ont, il y aura grignotage de Royal à gauche, et elle risque bien de passer juste au-dessous de Bayrou. D'où les efforts conjugués du PS et de l'UMP (qui a besoin de Royal au second tour) pour bloquer les signatures aux petits candidats.

Mais en même temps, le PS (cf. déclarations de Hollande) appelle Le Pen au secours. Car lui seul peut faire suffisamment peur et amener un vote sur Royal par peur de l'effet 2002. Si vous voulez mon avis, lui, on va les lui donner ses signatures...

Ce ne serait pas la première fois que la gauche utilise Le Pen. Mitterand n'a-t-il pas fait entrer le FN dans l'hémicycle pour de bas calculs politiciens ?

22 février, 2007 11:56  
Anonymous Anonyme a écrit...

de quelles déclarations de Hollande parlez-vous ?

22 février, 2007 12:38  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bon, a priori, vous ne retenez pas mon hypothèse de Sarkozy troisième au premier tour. Pourtant, plus j'y pense, et plus ça me paraît possible. Une sorte de vengeance à froid de Chirac, et de préparation de l'avenir pour Villepin. Bayrou passant devant Sarkozy au premier tour et l'avenir s'ouvre en grand pour les chiraquiens :
- soit Bayrou l'emporte, et il fera de toute façon un gouvernement de droite (ça m'amuse quand il parle de premier ministre de gauche, sachant que pour lui la gauche va de Strauss-Kahn à Borloo) avec ceux que Sarkozy aura humilié, et il y en a beaucoup.
- soit Royal l'emporte, et du coup Sarkozy et Bayrou sont éliminés, et les chiraquiens prennent la tête de l'opposition (comme en 81 après avoir fait battre Giscard).

Mais voilà que je me suis laissé entraîner dans de la spéculation post-22 avril...

22 février, 2007 12:52  
Anonymous Anonyme a écrit...

Cette spéculation ne me paraît pas inintéressante... On ne sait toujours rien des intentions ni de Chirac, ni de Villepin... Et je reste persuadé que Chirac ne laissera pas Sarkozy tranquille.
Cela dit tout cela reste très serré, à moins que le phénomène d'empathie de S. Royal ne donne des résultats surprenants...

22 février, 2007 17:13  
Anonymous Anonyme a écrit...

on prétend que tf1 est sarkozyste,que les éditions larousse seraient bayroniens.,
chaque voix de candidat est entourée d'un "halo" idéologique,en tous les cas,de compagnons, d'appareils qui imposent parfois au candidat des modifications visibles,dans ses discours progressifs.
il ya un perpetuel match de tennis qui se joue entre l'opinion (morcelée) et les prétendants

27 février, 2007 01:03  

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2007: Troisième homme

La presse a commenté la phrase de François Hollande : «Le seul troisième homme possible, hélas! c'est Jean-Marie Le Pen».

Évidemment on pense tout de suite à Le Pen en 3e position, comme en 2002.

Mais on m'a fait remarquer qu'effectivement, le seul troisième HOMME possible était Le Pen, après Sarkozy et Bayrou (qui monte très fort dans les sondages...)

Sans doute pas voulu, mais rigolo !

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2007: Condorcet est de retour

François Bayrou est en train de monter de façon spectaculaire ces temps-ci. Pour la première fois, un sondage le donne gagnant au second tour dans les deux cas de figure : contre Sarkozy (52%) et contre Royal (54%). Un autre sondage indique que 55% des Français souhaitent que François Bayrou soit présent au second tour.



La presse commence à faire caisse de résonance :



Citations dans la presse nationale (% des articles de politique française)
Source: Presse 2007


Quelque chose se passe. On est en train d'assister en direct à la mise en place d'une variante du paradoxe de Condorcet, comme je le dis depuis un certain temps. Notre système électoral est ainsi fait que si les préférences majoritaires sont :

Sarkozy > Bayrou > Royal

on aboutit à un second tour où la préférence est :

Bayrou > Sarkozy

L'UMP le sait très bien. J'avais prédit dès janvier qu'il y aurait un infléchissement de leur stratégie et que leur «cellule de guerre» allait arrêter de dégainer l'arme atomique à chaque fois qu'elle ouvrirait la bouche. Et on a vu, effectivement que les attaques se sont espacées et adoucies. Il faut affaiblir Ségo, mais pas trop, sinon, c'est le scénario catastrophe décrit ci-dessus.

Mieux encore, un troisième sondage nous dit aujourd'hui que Royal repasse devant Sarkozy au premier tour (29% contre 28%). Résultat de sa prestation chez Jean-Luc Delarue Patrick Poivre d'Arvor, sans doute, mais le paradoxe reste inchangé. Avec un premier tour (un peu improbable, certes) :

Royal > Bayrou > Sarkozy

on aboutit à un second tour où la préférence est :

Bayrou > Royal

L'UMP et le PS ont besoin l'un de l'autre pour gagner l'un ou l'autre. Dingue, non ? Je prédis donc qu'ils vont s'épauler mutuellement pour être présents au second tour. Les médias les aideront, s'il est vrai qu'ils préfèrent la bipolarisation, comme le soutient Bayrou.

L'UMP et le PS vont donc continuer de s'attaquer, mais de façon modérée, et ils ne vont pas tarder à sortir les boules puantes contre Bayrou. Mais il est bien possible que recevoir les attaques concertées des deux grands partis le renforce justement, en lui donnant finalement un brevet de candidat anti-système. Santini et quelques autres barons de l'UDF à l'ancienne lui ont déjà bien rendu service en allant voir ailleurs.

Alors, il ne restera plus guère qu'à convoquer Le Pen (et peut-être à l'aider un peu à avoir ses signatures), pour qu'il serve d'épouvantail et incite les Français au «vote utile».

Quand je dis que la politique c'est du billard à trois bandes...


Post scriptum

  • Je ferai une analyse de sa prestation télévisée de lundi prochain sur TF1, le lendemain matin dans l'émission J'ai mes sources sur France Inter, de 10h30 à 11h.
  • Larousse ajoute Bayrou in extremis dans son édition 2008 (lu dans la lettre du Monde d'aujourd'hui).
  • Et Laurent Gloaguen signale ce petit bijou dans la même lettre du Monde :
A l'UMP et à la LCR, on a croisé les doigts pour la candidate socialiste
Lundi soir, Mme Royal a eu des téléspectateurs attentifs et attentionnés, mais non dénués d'arrière-pensées. Proche de Nicolas Sarkozy, le publicitaire Jean-Michel Goudard avoue avoir assisté "pour la première fois de sa vie" à la prestation télévisée d'un candidat de gauche en se disant : "pourvu qu'[elle] tienne". La raison : éviter un second tour Sarkozy-Bayrou. A l'autre bout du spectre politique, Alain Krivine de la LCR a croisé les doigts pour qu'"elle ne soit pas nulle". Explication : si l'électorat de gauche se met à douter d'une qualification de la candidate socialiste au second tour, il jouera le vote utile au détriment de candidats tels Olivier Besancenot.

Libellés :


28 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

L'axe de campagne de François Bayrou est donc tout trouvé: Pourquoi voter pour un autre que moi au premier tour, au risque de voir, à terme, élu un candidat qui vous déplaît. Je représente pour vous un compromis acceptable, votez donc utile dès maintenant!

21 février, 2007 17:38  
Blogger Unknown a écrit...

Il me semble qu'il y a une erreur dans l'écriture du deuxième cas :
Royal>Sarkozy>Bayrou fait que Bayrou n'est pas au second tour et ne gagne pas.

Il s'agissait peut-être de Royal>Bayrou>Sarkozy donne Bayrou>Royal

Me trompe-je ?

21 février, 2007 18:03  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Sébastien> Oui! mauvais copier-coller, merci

21 février, 2007 18:49  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bsr,

Intéresante analyse mais qui ne prend pas en compte 3 points :
l. Il semblerait que les instituts de sondages continuent, comme en 2002, à sous évaluer Le Pen (comme en 2002.
2. Il semblerait également que l'extrème gauche ne puisse pas avoir - pour cause de signatures défaillantes - l'ensemble des 5 candidats actuellement dans les startings blocks (Laguiller, Besancenot, Bové, le candidat du Parti des Travailleurs et l'architecte Castro).
3. Corine Lepage, l'écologiste centriste, ex ministre de Juppé et chef du mouvement CAP 21 serait, elle, toute proche d'obtenir ses signatures.
Je pense que ces points sont à prendre en compte.
Bonne soirée.

21 février, 2007 19:35  
Anonymous Anonyme a écrit...

BAYROU.fr > BAYROU.com > BAYROU.de >

... BAYROU !

21 février, 2007 19:50  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Krissolo> J'ai réfléchi à ces différents points. Voici mon avis...

1. Les instituts ont intégré pour Le Pen de nouveaux modèles de "redressement" comm on dit dans le jargon. Ils ont même énormément planché sur la question car il en allait de leur crédibilité après d'aussi magistrales erreurs. On ne sait jamais ce qui se passe exactement, car les modèles sont de véritables "boîtes noires" auxquelles nul n'a accès. Mais à mon sens la soudaine montée de Le Pen qu'on a eue à l'automne dans les sondages était très probablement un artefact dû au nouveau redressement (certains instituts l'ont avoué à demi-mots). Le problème actuel est la modélisation de Bayrou, qui est probablement totalement erronée, car il n'y a aucun historique sur lequel s'appuyer : qui vote Bayrou ? Certainement pas l'électorat classique UDF, comme on le voit avec la blogosphère, très bayrouliste, ou avec les profs transfuges du PS... Je fais le pari que c'est Bayrou qui est sous-estimé.

2. Effectivement. L'intérêt du PS est qu'ils n'aient pas leur signature, car s'il grignotent juste quelques pourcents, Royal passe sous Bayrou. Le danger est très grand. Royal/Bayrou pour le second tour, ça va se jouer à très peu.

3. Corinne Lepage n'est pas créditée d'un très gros score, mais ça peut gêner Bayrou. Mais elle est tellement proche de ses positions qu'elle pourrait le rejoindre. N'attend-elle pas ses signatures pour avoir une monnaie d'échange ?

21 février, 2007 20:04  
Anonymous Anonyme a écrit...

oui enfin on peut aussi ironiser sur la petite phrase de Hollande : "le troisième homme c'est Le Pen"
oui, il sait compter :
- il n'y aura donc uniquement Bayrou et Sarkozy ?
- ou alors, galanterie oblige, il n'a pas compté sa compagne parmi les 3 hommes?

En tout cas on ne peut pas lui donner tort : il n'y a que 3 hommes dans le quatuor de tête, et le troisième c'est bien Le Pen... il aurait préféré olivier besancenot? c'est vrai que l'extrème gauche ferait plus peur que l'extrême droite... enfin, a ce que les médias en disent, allez savoir!
mais moi ça m'aura bien fait rire...

21 février, 2007 22:51  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Bien vu!

21 février, 2007 22:58  
Anonymous Anonyme a écrit...

j'ai un sentiment bizarre ... les courbes de sondage sur les votes ont un profil qui ressemble furieusement à celles du Chronologue .....

l'opinion moyenne (celle mesurée par les sondages) ne serait-il que le résultat du bruit fait autour des candidats ?...

22 février, 2007 09:03  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Lenaif> J'ai un peu l'impression que la presse s'est réveillée quand elle a vu que Bayrou montait dans les sondages. Ensuite ça fait caisse de résonance. La presse en parle, donc les gens écoutent le personnage, etc.

22 février, 2007 09:08  
Anonymous Anonyme a écrit...

Si on se fixe sur le paradoxe de Condorcet, Bayrou est parti pour nous faire "une Jospin".
Champion en final mais éliminé dans les poules.

22 février, 2007 09:37  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,

Et si l'on prenait enfin en considération que dans chaque individu une préférence pour l'un n'est pas une adhésion totale ?

Si l'on sondait voire même si l'on votait voter selon un mode pondéré ?

Une expérience de vote pondéré pour un premier tour d'élection présidentielle est en ligne ici.

22 février, 2007 10:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

Très interessant! Bravo pour cette analyse mêlant mathématiques et histoire électorale.

Contrairement aux temps des candidatures "Condorcet" de Chaban-Delmas (1974) et Raymond Barre (1988), il ya 2 données essentielles dans l'environnement qui peuvent radicalement changer la donne en faveur de François BAYROU:

- 25 ans d'alternances PS-RPR/UMP dont 3 cohabitation, pour quels résultats... D'ailleurs 65% des Français ne croient plus (enquête CEVIPOF) que les partis traditionnels puissent être en mesure de procéder aux changements auxquels ils aspirent. Le clivage gauche-droite (hérité sous sa forme contemporaine du partage, opéré dans la 2nde moitié du XIXème Siècle entre marxistes et non marxistes)est de plus en plus flou pour eux et ne correspond plus à leur réalité de ce début du XXIème Siècle

- 71% des Français, enfin au moins 2 Français sur 3 sont aujourd'hui favorables à un Gouvernement gauche - centre - droite, d'union nationale
http://www.jrsergent.com/article-5653803.html

Ainsi les Français sont majoritairement d'accord avec la position politique de François BAYROU qui a ainsi une réelle chance d'être qualifié pour le 2nd tour...

22 février, 2007 10:09  
Anonymous Anonyme a écrit...

A voir les sondages, j'ai le sentiment que l'électorat est beaucoup plus mûr que la classe politique ; que lui, au moins, a "tiré les leçons du 21 avril", contrairement à la demi-douzaine de candidats unitaires de la gauche. A mon avis c'est la seule raison qui peut expliquer le score ridicule de tous les petits candidats (je pense notamment aux 2% pour les Verts : clairement l'électorat vert, "raisonnable", préfère voter utile). Bref, on a une bonne partie de l'électorat qui a compris que le premier tour était un jeu à risques.

Je pense que les 29% de Royal sont constitués pour moitié d'électeurs socialistes convaincus, et pour moitié de gens - comme tous mes collègues (mon couloir est-il un panel représentatif ?) - qui veulent avant tout éviter un duel Sarkozy-Le Pen, et qui croisent les doigts pour qu'un Royal-Sarkozy soit en faveur de Royal. (Mais qui n'y croient plus du tout du tout du tout).

Bayrou se sent porté par une vague, alors filons la métaphore : les bulletins de météo marine indiquent toujours l'avertissement : "les vagues maximales peuvent atteindre deux fois la hauteur significative". Je crois que de la même façon, dès qu'il apparaîtra que Bayrou a de bonnes chances d'être au second tour, et surtout d'y battre Sarkozy, il récupèrera très vite les "royalistes par défaut". Je suis persuadé que Royal perdra cette "prime au 2nd mieux placé".

La pire des situations, pour ceux-là, étant d'avoir au moment du vote une 2ème place indécise : avec un Bayrou et une Royal donnés à 20% tous les deux, le "voteur utile" aurait l'air con.

22 février, 2007 10:24  
Anonymous Anonyme a écrit...

Excellente analyse... Mais faut il vraiement se réjouir que cette vague orange commence plus tôt que prévu quand on sait que la mémoire électorale est génétiquement programmée qu'à 40 jours maxi (rires) ;-)

Mais ne boudons pas notre plaisir surtout qu'on assiste après la primaire à gauche à une vraie primaire... au centre et à ce jeu là Bayrou est favori !

22 février, 2007 12:36  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bayrou, combien de divisions ?
FB a incontestablement bénéficié des nombreux couacs de la gauche et du pilonnage anti-SR effectué par les snypers de NS, à un point tel que ceux-ci –en toute méconnaissance de Clausewitz qui a pourtant enseigné qu’il ne fallait jamais mésestimer l’adversaire- s’en mordent les doigts aujourd’hui d’avoir ouvert bêtement un 2ème front.
Cela étant, il reste un gros problème à FB, c’est qu’il n’a pas de majorité parlementaire (il n’arrive même pas à mettre sur pieds une liste de 577 candidats à la députation, comme le relève le Canard d’hier), ses députés n’ont été élus en 2002 que grâce au soutien de l’UMP.
Or s’il y a une chose que les Français ne souhaitent pas voir renouveler, c’est une expérience de cohabitation. Souvenons-nous qu’en 2002, c’est la crainte d’une nouvelle cohabitation qui a motivé une large part des votes en faveur des candidats UMP.
Enfin, élément nouveau par rapport à la semaine dernière : SR peut bénéficier d’une très forte mobilisation des militants de gauche. Je l’ai constaté au meeting de Rennes où la foule était bien plus nombreuse que lors du meeting de Jospin en 2002 à quelques jours du funeste 21 avril. Le Monde vient de le constater à Mondeville.

22 février, 2007 17:10  
Anonymous Anonyme a écrit...

Les expériences passées n'auraient-elles pas suffit ? Jean-Marie Le Pen est un peu vite enterré. Au regard de cette campagne je trouve que c'est reparti comme en 2002 !
La question ne serait-elle pas plutôt : "Qui sera au deuxième tour contre Le Pen ?" (voir Elections présidentielles 2007 - "Voilà voilà qu'ça r'commence" sur http://pierreboiteau.spaces.live.com/Blog/cns!E1A3A715B4C02CE9!164.entry)
Alors, qui ? Pourquoi pas un 2ème tour entre Jean-Marie Le Pen et François Bayrou ?

22 février, 2007 20:40  
Blogger Jean Véronis a écrit...

PierreB> Je ne crois pas à une présence très forte de Le Pen. Les instituts de sondage ont vérouillé leurs modèles de "redressement" comme on dit dans le jargon pour ne plus être surpris comme en 2002. Or, on ne voit pas vraiment un décolage.

Du point de vue linguistique, la campagne de 2002 a été marquée très fortement par le thème de l'insécurité. Jacques Chirac qui n'avait jamais prononcé le mot, l'utilise 156 fois dans le semestre qui précéde l'élection (voir billet ici). Pas un JT sans images de violence. Vous vous souvenez du papy cramé la veille du premier tour.

Cette fois-ci, les politiques ont bétonné : le thème de l'insécurité, pourtant cher à Sarkozy I a presque complètement disparu dans Sarkozy II. Les médias jouent le jeu: il y a autant de violence qu'avant, mais voyez-vous des voitures brûlées, des mamies agressées aux JT ?

Evidemment, la montée de Bayrou va inciter le PS (et l'UMP comme je dis ci-dessus) à faire monter Le Pen. Il n'est pas alors impossible qu'on revoie des images de violence à la télé.

Et effectivement, comme vous dites, le jeu pourrait alors leur échapper. Mais je n'y crois quand même pas trop.

22 février, 2007 20:55  
Anonymous Anonyme a écrit...

Merci pour cette réponse aussi rapide.
Je me suis permis de la rapporter sur mon blog : http://pierreboiteau.spaces.live.com/blog/cns!E1A3A715B4C02CE9!164.entry
Très intéressante cette analyse linguistique, et l'analyse qui suit.
Par contre je ne suis pas convaincu du tout que les instituts de sondage estiment correctement le vote Le Pen.

22 février, 2007 21:25  
Blogger Unknown a écrit...

Alors maintenant, c'est Bayrou d'un côté, et Ségo-Sarko de l'autre? On saute dans le vide, on tente quelque chose d'inédit, ou on continue comme si on aimait ça?

Montrez nous ça, chers citoyens français, cette élection devient intéressante...

22 février, 2007 22:25  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour, encore Bravo Jean Véronis pour votre blog!
Moi qui ne suis pas trop la politique, j'ai pourtant lui avec attention, car je suis quand même très concerné, et j'ai envoyé un lien à ma mail-list. Dans mes contact, il y a un ami Américain.
Il m'a parlé d'un cas similaire: Les élections aux USA de1912.
Le lien wikipedia: http://en.wikipedia.org/wiki/United_States_presidential_election%2C_1912
La réponse de mon ami américain:
http://www.box.net/index.php?rm=box_v2_download_shared_file&file_id=f_44950377

22 février, 2007 23:31  
Anonymous Anonyme a écrit...

Il manque le fait que Bayrou roulait en solitaire, sans attaques.
Sur Royal, elle a une marge de l'opinion qui peut la faire sortir des médias et être attaqué mais revenir, là c'est intéressant.
L'UMP a eu une mauvaise lecture et a fait sa série de bruit pour se relever comme vous le dites, prévisible, mais ils se sont trompés, car c'est maintenant que campagne est partie, ça sent la crispation dans quelques temps..?

23 février, 2007 00:14  
Anonymous Anonyme a écrit...

Condorcet est de retour? Il ne nous a jamais quitté (et ne nous quittera jamais…).

Merci pour cette analyse éclairante et ce blog que je découvre à l’instant. Tout cela découle en réalité du Théorème d’impossibilité d’Arrow qui démontre (dans un cadre mathématique bien défini) qu’il n’existe pas de système de vote « démocratique ». Concrètement, cela veut dire que tout système électoral (en France, dans le monde, depuis la naissance de la démocratie et tout ceux qui restent encore à imaginer) est sujet aux cycles de Condorcet et incite certains électeurs à voter contre leur préférence (je préfère SEGO>BAYROU>SARKO, mais je vote BAYROU alors que SEGO>BAYROU – ceci est un exemple et ne reflète pas une opinion personnelle, bien entendu :-)).

Bref, il est bien dommage que cet élégant résultat soit si peu connu du grand public, il éviterait bien des étonnements.

Bonjour des US !

23 février, 2007 03:01  
Anonymous Anonyme a écrit...

http://michel.louis.levy.free.fr/blog/index.php?2007/02/21/385-pour-des-sondages-triangulaires

"Pour des sondages triangulaires"

Le plus simple est de demander aux électeurs de classer les trois candidats. Il n'y a qu'à choisir entre six bulletins différents

23 février, 2007 17:26  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'ai un soucis (je viens de découvrir avec grand plaisir ce site), et j'ai choisi de répondre à ce sujet pour développer mon opinion sur ce sujet "condorcet"

Le soucis est le suivant :
Bayrou comme vous l'avez justement dit, passera(it) au second tour, s'il passait le premier, car dans nu sens comme dans l'autre on a Gauche+centre > droite et Droite + centre > gauche, ce qui est du à la stratification electorale en France.

Cependant pour faire moi aussi beaucoup d'analyse de sondages depuis 1970 (enfin j'étais pas né mais j'ai beaucoup d'archives!) je constate que l'évolution "finale" se fait vers le 15 mars, et je vous rappelle qu'au 23 février 2002, Chevènement était à 12-13% dans les sondages....et balladur à 24% en 95.
Les média sont un peu comme la roue du sort qui tournent ( Ségo , puis Sarko, puis bayrou maintenant, mais on est encore loin..), je pense que le fait que bayrou soit "dans le vent" MAINTENANT ne signifie pas que dans 2 mois il sera devant la gauche ou la droite.
En l'occurence Bayrou joue un jeu très dangereux

Prenons les 3 cas de figure :
-si il est élu contre la gauche et qu'il passe alliance avec la droite (le plus probable "historiquement" au vu des 30 dernières années et du passé même de bayrou qui s'est toujours prononcé contre les socialistes et en alliance avec la droite, à l'heure actuelle au niveau régional, départemental ou communal), il devra en parler publiquement pour le 2nd tour, et va affronter une immense deception de la part des électeurs "de gauche" qui du coup vont se rendre compte qu'ils votent " à droite ".
Avez vous analysé le report des voix d'extreme droite dans ce cas de figure ?
Car Extreme droite + gauche > droite + centre
Je doute que les electeurs de jean marie lepen se reportent sur Bayrou qui sur une échelle de proximité est à l'opposé de l'échiquier politique de bayrou mais finalement pas "plus" loin de la gauche (Voir analyses de Cybergeo à ce sujet ou analyse simple du fait que le FN est plus qu'un parti à la droite de la droite).
Avec un score de ce type,
les voix de Sarko (qui racle un électorat FN) ne se reportera pas forcément sur l'UDF puisque certains sont des déçus de la gauche qui ne sont pas forcément de type "gauche DSK" qui eux sont sensibles à bayrou, mais plutot une gauche profonde "Ouvrier" qui eux sont complètement ignorés par le phénomène internet et les milieux parisiens.
Cet electorat sous estimé, qui a voté lepen en 2002 choisira t'il Bayrou contre Royal ? Rien n'est moins sur.
Bref faire l'analyse Bayrou> Royal me parait risqué dans la mesure ou celà implique que Lepen+sarko+Bayrou+"petits candidats de droite" >Ségo+ extreme gauche.
C'est sans compter sur les reports de lepen . Affaire à suivre...

Enfin pour ce qui est de parler du phénomène internet il ne faut pas oublier que les gens qui utilisent internet pour se renseigner sur la politique sont une minorité en France...et quand on regarde les "sondages" sur internet ils sont tous faux et surtout complètement faussé, car internet c'est une population petite mais passionnée, et qu'il élimine d'entrée de jeu la moitié des français , voire les 3/4, et qui surreprésente des CSP favorisées et éduquées disons du genre "Bourgeoisie éclairée" (qui est le vivier électoral de l'UDF depuis toujours) au détriment des personnes agées (plutot pro sarko), et des gens qui n'ont pas beaucoup de moyens (qui votent plus à gauche et moins au centre)
Bref..Méfiance



Quoiqu'il en soit ce qui est sur c'est que Sarko / Bayrou se terminera très probablement en victoire de Bayrou car les voix de gauche iront plus facilement à l'UDF qu'à l'UMP et que là les voix d'extrême gauche n'interviendront pas en faveur de sarkozy d'aucune manière.

Pour en arriver à ma 2nde partie, (si l'UDF ne gagne pas), je suis plutot pessimiste au sujet de l'emergence de l'UDF comme "3ème voix" de la politique.
En effet, l'UMP qui est son principal allié electoral jusque là, ne lui pardonnera jamais cette trahison (de même qu'en 93 Chirac n'a jamais digéré la trahison de Balladur, qu'il l'a tué politiquement, lui et son parti...un certain UDF). Si l'UMP décide simplement de présenter un candidat UMP contre les candidats UDF présents dans leur circonscription, il est fort à douter que l'UDF puisse constituer un groupe en 2007 (ils sont 29 actuellement), en dehors des députés très très bien installés. Même chose pour la plupart des élections. L'udf a survécu grâce à la passivité complaisante de l'ump, et s'il décide de s'en libérer il en payera le prix.
S'il décide de "s'allier" avec la gauche, que se passera t'il ?
L'electorat traditionnel de l'UDF, celui qui lui rapporte son 5-6% pourrait très bien s'éparpiller, et au final je ne suis pas sur qu'il y gagnerait en lisibilité
la sympathie des gens, c'est une chose, la crédibilité politique s'en est une autre.

Quant au gouvernement qu'il va devoir créer après les législatives, réflechissons un peu

l'UDF même gonflé à bloc par sa victoire en 2007 n'aura pas les moyens d'avoir un groupe politique d'envergure. Sa présence politique dans les circonscriptions est un peu comme celle des communistes. Très implantée, et assez discrète. Comprendre : peu de candidat dans peu de circonscription, mais implantés depuis longtemps.
Peu de chance donc d'un raz de marée UDF ...tout au plus peut être 60 ou 70 députés.
Qui voudra siéger avec lui ? La droite à qui il a volé la victoire ? Peu de chance...d'autant plus que il a cherché à s'en démarquer et que ses electeurs ne le comprendront jamais.
La gauche alors, dans une sorte de "cohabition" ? Mais dans ce cas, quel sera le pouvoir de bayrou, si la gauche remporte les élections législatives ? Si elle a la majorité absolue, elle aura le gouvernement, et dans ce cas bayrou sera impuissant. si elle a la majorité relative ( ce qu'espère Bayrou ), il faudra faire ou gouvernement gauche+ centre + une partie de la droite.
L'udf va il pouvoir gouverner avec la gauche qui a toujours refusé et une partie de la droite qui l'a toujours considéré comme traitre ?
Rien n'est moins sur...

26 février, 2007 10:44  
Anonymous Anonyme a écrit...

Une petite note tout de même : M. Balladur a été soutenu par une bonne partie de l'UDF en 1995, mais il appartenait au RPR, comme d'ailleurs un nombre pas négligeable de ses soutiens ; le plus important des soutiens de Balladur au RPR dans la scène politique de 2007 est probablement M. Sarkozy, dont on a assez commenté la "trahison".

26 février, 2007 12:31  
Anonymous Anonyme a écrit...

Oui tout à fait

Cependant il a été "investi" par l'UDF pour sa campagne, notamment par l'UDF-PR qui représentait alors la plus grosse partie de l'udf, contre l'UDF-FD (bayrou) et l'UDF-DL (madelin)

26 février, 2007 16:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'ignorais que le Lycée condorcet à Paris se nommait anciennement Bonaparte, tiens... Pauvre Verlaine, tu ne pourras plus conduire bourré après ta chimère.

29 juin, 2007 10:13  

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lundi, février 19, 2007

Radio: J'ai mes sources sur Ségo

Ce soir Ségo affronte les «vraies gens» dans «J'ai une question à vous poser» sur TF1. Je commenterai sa prestation à chaud chez Colombe Schneck demain matin avec le philosophe Yves Michaud (mardi 20 février, 10h30 à 11h France Inter, Emission J'ai mes sources).







PS

  • Et quelques mots aussi sur RMC
  • Je me livrerai au même exercice après le passage de François Bayrou sur TF1 la semaine prochaine. A suivre...
.

Pour réécouter l'émission

  • L'émission passera en direct mardi de 10h30 à 11h sur France Inter. Elle sera ensuite diffusée sur le Web et en podcast (ici).

8 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Je serais curieux d'entendre ce que pense Ségolène Royal de la dernière trouvaille de François Bayrou qui a annoncé chez Christine Ockrent hier qu'il choisirait un premier ministre de gauche...

On aurait dit qu'il cherche à enfoncer le clou depuis Villepinte ou lui couper l'herbe sous les pieds depuis l'annoncé son programme qui la fait redescendre de ses nues vers le plancher des vaches...

Elle ne risque pas de sauter de joie au plafond à cette idée.

A mon avis elle a remis sur terre et y restera scotché. La madone n'est plus en sustentation !

19 février, 2007 12:06  
Anonymous Anonyme a écrit...

elle a remis "les pieds" sur terre...

19 février, 2007 12:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

«depuis l'annoncé son programme qui la fait redescendre de ses nues vers le plancher des vaches...»

Il ne faut pas oublier qu'un autre sondage dit grosso-modo que 80% des sondés ne savent toujours pas de manière définitives pour qui ils voteront... et que les sondages donnant NS à tel pourcentage ou SR pour tel autre ne valent sans doute pas grand chose.

19 février, 2007 14:34  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je reviens sur ce que j'ai dit : le sondage ne dit pas exactement ça, mais plutôt que 80% des sondés pensent que l'élection n'est pas jouée. Autrement dit, ils pensent que les autres peuvent encore changer d'avis.
Bon, j'admets qu'un sondage qui demande "que pensez vous que pensent les autres", ce n'est pas ce qui se fait de mieux.
Ceci dit, je reste persuadé qu'un 2002 est toujours possible et que les sondages ne veulent pas dire grand chose..

19 février, 2007 14:51  
Blogger Mikado a écrit...

Vous avez un faible pour Colombe Schneck, ça va finir par se voir! ;)
à demain à la radio alors!

19 février, 2007 18:37  
Anonymous Anonyme a écrit...

Très intéressant ! Dommage que l'émission ne dure qu'une demi-heure.
Bonjour à Colombe... et gros bisous à EVveryanonymoustoo ;-)

20 février, 2007 11:46  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Mikado> C'est elle qui m'invite, pas le contraire ;-)

20 février, 2007 17:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

>Jean Véronis
Je vous ai écouté en différé ce matin et j'ai encore apprécié la clarté de vos observations et analyses. Mais je partage moins que jamais votre sentiment sur le rapport de l'UMP à l'égard de M. Bayrou.
Vous me semblez négliger la virulente réactivité de la cellule UMP chargée de communiquer négativement à chaque intervention de Mme Royal. Je prétends que le seul adversaire de l'UMP est là : quel que soit le plaisir fourni par les hypothèses mathématiques, l'élection présidentielle se joue sur le premier tour ; il faut distancer l'adversaire par tous les moyens pour créer une dynamique de second tour. Et le candidat Bayrou fait actuellement partie de l'équation pour une victoire de l'UMP : Bayrou est réputé prendre des voix à la candidate soutenue par le PS en attirant le centre gauche et la frange modérée encore hésitante qui pourrait la rejoindre. Le mot d'ordre est simple : tirer à tout va sur Mme Royal - car M. Sarkozy est certain qu'elle sera son adversaire de second tour - et laisser croître raisonnablement la bulle Bayrou qui ne peut que nuire à la croissance de la candidate de gauche.
M. Sarkozy a déjà annoncé l'ouverture à laquelle il est prêt au second tour. Jeu sur du velours : les législatives qui suivront les présidentielles mettront à l"épreuve les candidats de l'UDF qui n'ont pas d'alliance de rechange pour assurer leur (ré)élection…
Le rôle des médias n'a pas été négligeable dans cette démarche : la batterie de sondages commandés avant le discours-programme de Villepinte et destinés à être publiés à sa suite permet d'entretenir l'illusion et de casser l'image de l'adversaire. Car le sondage, à l'heure actuelle, est d'abord une arme de la guerre électorale. Bonne tactique politicienne qui transforme en FAIT, en EVENEMENT, ce qui est sensé n'être qu'une interprétation de l'opinion. Et chacun à l'UMP de discourir sur la vacuité d'un programme et sur son rejet par une opinion qui ne le connaît pas encore… Mais, avec l'émission de TF1, ce ne sont plus quelques dizaines de milliers de spectateurs intéressées à des titres divers sur une chaîne parlementaire mais près de 9 millions de Français sur une chaîne populaire qui prennent connaissance directement de qui est et de ce que veut Mme Royal.
L'UMP reviendra donc à des fondamentaux dans ses attaques : d'abord l'équipe de campagne de Mme Royal, ensuite le chiffrage de son programme lorsqu'il sera officiellement publié, sans compter tous les coups insanes visant à décridibiliser, à déligitimer, à disqualifier l'adversaire tout en occupant la scène médiatique. Le clan Sarkozy n'attaquera donc pas M. Bayrou aussi longtemps qu'il lui sera utile pour contenir l'influence de Mme Royal, laquelle a des atouts pour se faire entendre de l'électorat centriste. D'ailleurs l'émission de TF1 la montrait déjà, à travers son discours, fermement installée dans son rôle présidentiel, en mère de la Nation sollicitée de toutes parts. Cela va redonner de l'énergie à M. Sarkozy qui adore le rôle de challenger, lui dont le programme se trouve contenu dans ce leitmotiv de son intervention à la Mutualité : "Je veux être président"…
Certes, je ne prise pas assez les jeux mathématiques, mes réflexions étant plutôt inspirées par l'histoire. Alors, comme le glissait malicieusement le regretté Jean Paulhan à la fin des Fleurs de Tarbes, "mettons que je n'ai rien dit".

20 février, 2007 19:34  

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dimanche, février 18, 2007

2007: Le temps des propositions...

Grâce à mon outil Presse 2007, j'avais noté que le mot débat, à part quelques accidents très ponctuels, avait été le mot le plus employé dans la presse pendant de long mois : il y avait eu les débats à l'Assemblée (EDF-Suez en particulier), celui du PS, puis celui de l'UMP... Aucun mot n'arrivait à détrôner durablement ce mot-star jusqu'à ces derniers jours.

C'est maintenant le mot propositions qui occupe le devant de la scène :


Le mot émerge le 11 février, très exactement, c'est à dire le jour du discours de Ségolène Royal à Villepinte.



Quel sera le mot suivant ?


Post Scriptum


Et Bayrou monte encore :


Libellés :


3 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Voilà qui est (pour moi) un peu "rassurant"... surtout après avoir entendu Christine Ockrent faire le "teasing" de FEE de ce soir disant (je cite de mémoire)"alors, ce soir, petites phrases attaques... mais aussi programme....."

c'est à désesperer du journalisme...

18 février, 2007 20:04  
Blogger Vicnent a écrit...

Le mot suivant, c'est pour dans 61 jours : ça sera gamelle (et éventuellement surprise).

Plus sérieusement, comment as tu choisi ces deux mots ? il y a moyen de savoir quel sont les substantifs les plus utilisés depuis quelques mois ? (passer à la moulinette tous les articles de presse, tous les discours...)

19 février, 2007 11:09  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Le choix : "Débat" était le mot le plus employé jusqu'ici, "propositions" le remplace mainenant au somment de la liste (mots trivaux mis à part, bien sûr: mots grammaticaux, etc.)

Je pourrais effectivment sortir des listes détaillées dès que j'ai un peu de temps. Mais le deuxième "nuage" en haut à droite donne par défaut les mots les plus importants de la semaine, et en réglant adquatement le formulaire de recherche, 15 jours, 30 jours ou depuis le 31/7...

19 février, 2007 11:22  

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vendredi, février 16, 2007

Lexique: Double cens

Je vais peut-être vous surprendre, mais pour une fois je suis d’accord avec Jean-Marie Le Pen.



Le président du Front National fustige régulièrement le système des 500 signatures nécessaires pour la validation d’une candidature à l’élection présidentielle, en le qualifiant de suffrage censitaire. Peu de gens, à part les spécialistes, connaissent sans doute le sens de ce mot, et sa consonance le fait peut-être rapprocher de censure : les maires et autres élus peuvent en quelque sorte censurer les candidats. Pourtant s’il a un lien avec la censure, ce n’est que de façon très lointaine.

L’expression suffrage censitaire dérive directement du cens, la redevance que devait payer le roturier au seigneur propriétaire des terres, et qui a désigné plus tard le montant de l’impôt minimal qu’il fallait payer pour pouvoir être électeur ou éligible (ce système, de mauvaise réputation, a été aboli en 1848). La censure n’est que cousine : le verbe censere voulait dire en latin « évaluer la fortune, les biens » (d’où le recensement), puis a pris le sens péjoratif d’« évaluer, juger ».

Jean-Marie Le Pen se tromperait-il de mot, veut-il simplement dire suffrage indirect ? Fin lettré, il connaît bien l’usage de l’expression suffrage censitaire. Il l’a démontré dans un des ses artifices rhétoriques savoureux : « Nicolas Sarkozy se dit favorable au droit de vote des immigrés aux municipales parce que "celui qui paye ses impôts a le droit de donner son avis sur la façon dont la ville ou il paie ses impôts est gérée". Le corollaire logique est que celui qui ne paie pas d'impôts n'a pas le droit de vote. Cela s'appelle le suffrage censitaire. » (Communiqué de Presse, 2 avril 2006).

L’expression suffrage censitaire renvoie en fait au chantage aux subventions que subissent les maires lors de la « chasse aux signatures ». Le Pen s’en était expliqué dans le Figaro : « Certains maires ont justifié leur retournement par le fait que leur " hiérarchie " s’opposait à ce qu’ils me donnent leur signature. Il y a des mots d’ordre passés par les sénateurs à travers les conseils généraux. Ceux-ci donnent les subventions, donc les maires sont coincés. » (7 mars 2002).

C’est tout l’art de la double lecture de Le Pen : le militant de base comprend censure, le sympathisant averti comprend, lui, le cens caché.

*

Mais Le Pen n’a-t-il pas raison pour une fois ? N’est-ce pas une forme de censure ? Est-il normal dans une démocratie avancée que des candidats de tous bords (Besancenot, Bové, Dupont-Aignan, Fillias, Laguiller, Lepage, Le Pen, Nihous, de Villiers, Voynet, et j’en oublie sans doute), qui ne sont pas des « farfelus » dont on comprendrait l’éviction, ne puissent participer au débat démocratique majeur qu’est l’élection présidentielle dans la Ve République ? Ces candidats à eux tous réunis ont recueilli le tiers des suffrages en 2002… Est-il normal, quoi qu’on pense des idées de chacun, qu’ils ne puissent les exprimer en 2007, et que de nouvelles voix viennent éventuellement s'y mêler ?

Est-il normal que ce soient justement des élus, à qui on peut peut-être reprocher le mauvais traitement d’un certain nombre de problèmes, qui aient leur pouvoir d’interdire à leurs adversaires d’exprimer de leurs opinion set de proposer leurs solutions ?

Si vous pensez qu’il y a quelque chose d’anormal dans ce système de parrainage, vous pouvez signer la pétition qui vient d’être lancée par un certain nombre de citoyens « lambda », hors de toute démarche partisane, avec pour seul but le bon fonctionnement de la démocratie.


25 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Je vais avoir l'air expert, mais le jeu de mots "cens caché" renvoie à l'ouvrage de Daniel Gaxie, "Le cens caché", qui traite également d'une autre forme moderne du "cens" dans les élections, au détriment des classes populaires cette fois. Je crois me souvenir que ça a d'ailleurs à voir avec le langage politique mais je confonds peut-être.

16 février, 2007 15:04  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je ne suis pas convaincu que plus de candidats = plus de démocratie.

Si on avait pas un deuxième tour où seul les 2 meilleurs candidats étaient représentés, cela vaudrait peut-être la peine.

Ce qui pourrait être plus clair c'est que les hommes politiques aient le courage de leurs opinions et indiquent clairement pourquoi ils soutiennent tel ou tel candidat. Dans ce cas, il pourra sans doute être possible de baisser le nombre de signatures nécessaire.

16 février, 2007 15:34  
Anonymous Anonyme a écrit...

Parfait!
Je m'interrogeais également sur la signification de cette expression et j'avais imaginé la seule connotation arriérée du terme (le suffrage censitaire est une expression du passé, non?). Je n'avais pas perçu à quel point J.-M. Le Pen pouvait manier le langage avec autant d'habileté.

16 février, 2007 16:11  
Anonymous Anonyme a écrit...

A propos... Quelqu'un a-t-il déjà calculé le nombre maximal de cantidats possible à une élection présidentielle en France ?

Cela permettrait peut-être de mettre en lumière non pas l'absurdité du système de sélection (démocratie oblige) mais celle du système de vote actuel.

'Système de vote' sur Wikipédia

16 février, 2007 16:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

Paradoxe du sens des mots, en nos terres coincées entre Picardie et Flandre, le censier (prononcer cinsié en patois) désigne, encore aujourd'hui, le fermier ou plus péjorativement le paysan, donc celui qui n'est pas monté dans l'échelle sociale, qui n'a pas droit à la parole, qu'on mépriserait presque bien qu'il paye le cens... Tout le contraire de celui qui peut donner son avis parce qu'il a payer ses impôts.
Le double cens serait-il un sens giratoire ?

16 février, 2007 16:49  
Anonymous Anonyme a écrit...

oops

parce qu'il a payé

16 février, 2007 16:51  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Bertrand> Merci de m'indiquer cet ouvrage, que je ne connaissais pas (ne vous excusez pas d'avoir l'air expert, c'est plutôt bien ! ;-)

16 février, 2007 17:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

Le T.L.F.i. donne deux sens à CENSE:
CENSE, subst. fém.
A. MOY. ÂGE. Terre soumise au cens.
B. Région. [En Belgique et dans certaines parties de la France] Ferme ou métairie
Le deuxième sens (couramment utilisé au XVIIIe siècle dans certaines parties de la Lorraine) est donc, régionalement, à peu près synonyme de fermier. Il ne semble pas y avoir de rapport direct avec l'impôt.

16 février, 2007 17:35  
Blogger Jean Véronis a écrit...

jr> Plus de candidats = plus de démocratie ? Sans doute pas nécessairement. Mais une condition nécessaire n'est pas forcément suffisante... Il faut bien d'autres choses, dont une vrai équité dans le traitement par les médias.

16 février, 2007 18:02  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Emmanuel> Le Pen est de loin le meilleur tribun et linguiste de tous les personnages politiques actuels...

16 février, 2007 18:03  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Jean-Louis> Intéressant. Je connaissais le "censier" qui récoltait l'impôt, pas le paysan. Mais comme la "cense" était le nom de la terre soumise au cens et donc de la ferme, ce n'est pas étonnant.

16 février, 2007 18:06  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonyme> CensE : oui, c'est la terre soumis au cens, donc il y a bien un lien avec l'impôt?

16 février, 2007 18:08  
Anonymous Anonyme a écrit...

Il l’a démontré dans un des ses artifices rhétoriques savoureux

"Savoureux" n'est pas le mot que j'emploierais... Un peu fatigué de voir la logique malmenée par tout le monde. Pour moi, il est clair que c'est un des germes de la facilité avec laquelle l'opinion est manipulée.

Le soi-disant "corollaire logique" de Le Pen est le résultat d'un raisonnement erroné terriblement courant et terriblement dangereux.

16 février, 2007 18:23  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je pense que ceci n'a au final aucun impact sur le pluralisme, car l'absence de pluralisme vient de la méthode électorale choisie. S'il y a plus de candidats au premier tour, le problème du vote utile se pose, et le nombre de votes non sincères explose.

Bien sûr, si nous avions une méthode électorale autorisant le pluralisme (comme la méthode de Condorcet), il faudrait aussi que le nombre de candidats ne soit pas limité par des mesures telles que ces 500 signatures.

Mais tant que la méthode reste de type uninominal-majoritaire, un grand nombre de candidats n'améliore pas le pluralisme, aussi paradoxal que ça puisse paraître.

16 février, 2007 18:55  
Anonymous Anonyme a écrit...

Jean> La cense c'est aussi (dans le nord) le nom qu'on donne à la ferme (j'entends la maison du paysan).

Anonyme> Le censier (qui habite la cense) payait une redevance au propriétaire de la ferme. Même si on ne peut pas qualifier cela d'impôt, cela reste de l'argent versé.

Décidement, que de sens a ce cens !

16 février, 2007 20:03  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je ne suis pas un "specialiste" et pourtant je sais tres bien ce que recouvre l'expression "suffrage censitaire". Je l'ai appris a l'ecole. Et je ne crois pas qu'il faille etre condescendant vis-a-vis des electeurs de Le Pen : tous ne sont pas des cretins ecerveles, des beaufs, des incultes. Aussi, ecrire "le militant de base comprend censure" est injustifie sans aucune etude venant soutenir cette hypothese.

Quand au fond, je crois que Le Pen ne veut pas "simplement dire suffrage indirect". Les senateurs sont elus au suffrage indirect. La situation est bien differente pour la presidentielle. Et je pense que le terme "censitaire" ne renvoit pas a l'idee qu'il faille payer pour pouvoir voter, mais que le droit de vote (et dans un tour de passe-passe*, d'etre elu) est reserve a quelques-uns: aux gras, aux puissants.

*je crois a ce tour de passe-passe parce que cela correspond au discours victimaire de Le Pen : je n'ai pas le droit d'etre elu = vous n'avez pas le droit de voter. Nous partageons un destin commun, celui de victime de l'"estabishment"...

16 février, 2007 20:52  
Anonymous Anonyme a écrit...

"Peu de gens, à part les spécialistes, connaissent sans doute le sens de ce mot"

Hein?
Pourtant, ce n'est pas comme si la Révolution française, et la naissance d ela démocratie, des droits de l'homme etc. était peu traitée dans les programmes d'histoire ! Ou alors j'ai eu de bons profs.

Sérieusement, vous autres lecteurs, ça ne vous disait rien?

16 février, 2007 21:32  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Blop, Abie> Non, nous ne sommes pas représentatif, sur ce blog.. Il n'y qu'à voir le niveau et la qualité des commentaires, qui chaque jour m'étonnent un peu plus. J'ai fait le test autour de moi. j'ai même posé la question à un groupe d'une dizaine d'étudiants : aucun ne savait ce que ça voulait dire (et à dire vrai n'avait jamais entendu le mot)...

16 février, 2007 21:40  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ancien prof d’histoire, je peux témoigner que le mot cens est employé au lycée, enseigné c’st une autre histoire comme beaucoup de concepts qu’on utilise en histoire. Le problème c’est qu’on fait de l’histoire avec des mots le plus souvent « naturels » ce qui entraîne une certaine paresse dans l’apprentissage des concepts et dans ce qu’ils peuvent mettre en jeu.
Pour en revenir au problème de départ, je crois finalement que c’est un faux débat qui masque une fois de plus celui du système de l’élection du pdR au suff. univ. Ce système est profondément pervers et pernicieux (cf 2002) et idéal pour favoriser toutes les dérives, en particulier dans le cas où l’essentiel des médias est au service exclusif d’un candidat et pratique un matraquage pour le moins antidémocratique. Face à cela la pauvre blogosphère pèse peu et de plus risque d’être présentée par les médias dominants comme l’exemple même du contre-poids, du contre-pouvoir… au contre-pouvoir.
Je crois qu’à ce titre, la campagne 2007 sera enseignée comme un exemple canonique de manipulation médiatique.

17 février, 2007 11:51  
Anonymous Anonyme a écrit...

Si, Abie, je connaissais ce concept pour l'avoir étudié au collège, en cours d'histoire et en cours d'éducation civique.

17 février, 2007 17:17  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je confirme ce que dit Frogman, je me souviens distinctement d'avoir vu le principe du suffrage censitaire au collège (je ne me souviens pas si c'était en Education civique ou en Histoire par contre).
Pour information, je suis né en 1984.

17 février, 2007 23:46  
Anonymous Anonyme a écrit...

Hello,

Sur la forme, et pour ce qui est du suffrage censitaire, cette notion était effectivement enseignée au collège quand j'y étais (ds les années 80).

Sur le fond, je me pose une question. Pourquoi la France, accorde t'elle autant d'importance à l'élection de son président? Pourquoi ne pas passer à la VIè République, avec un chef de gouvernement qui - élu par tous à un scrutin faisant une vraie part à la proportionnelle - dirigerait vraiment le pays? Le président n'étant plus alors que le garant des institutions (ce qui est déjà pas mal).

Pour moi, plutôt que de soutenir les "petits" candidats, le pluralisme passe d'abord et avant tout par un mode de scrutin plus démocratique et par une réelle reconnaissance du vote blanc.

Bonne journée.

PS : Si vs avez 5 minutes passez lire la vidéo sur mon post intitulé "torapamavoa".

18 février, 2007 14:39  
Anonymous Anonyme a écrit...

Jean Véronis >Emmanuel> Le Pen est de loin le meilleur tribun et linguiste de tous les personnages politiques actuels...

Certes, mais avec des bémols peut-être: la richesse de la langue, la précision du vocabulaire et la sophistication de la synthaxe, le laissent en effet loin devant les autres (il est clairement de la vieille école de Mitterrand et Chirac, sous cet apsect).

Mais il en a aussi, à mon sens, un emploi abusif. Son utilisation fréquente de l'imparfait du sujonctif est célèbre. Elle est bien des fois abusive, dans le sens qu'elle est fautive et ne respecte pas la concordance des temps: un présent du subjonctif aurait mieux convenu (ce point est rarement relevé, il me semble. Je vous chercherai des exemples à l'ocasion, ils ne manquent pas).

Plus généralement, elle me semble abusive dans un autre sens. Cette sophistication de la langue présente deux avantages intéressants lorsque l'on souhaite s'adresser à une population qui ne bénéficie pas d'un haut niveau d'instruction: ça impressionne, mais on ne pige kedal.

Vous truffez un beau discours de quelques mots-signaux bien choisis (immigration, corruption, fiscalisme, etc.), voire de quelques jeux de mots illégaux mais spectaculaires (pas d'exemples, puisque c'est illégal!), et le tour est joué.

Vous jouez sur de nombreux niveau simultanément: un niveau de langue qui impressionne les moins instruits et rassure en même temps le bourgeois, qui reconnaît bien là un signe d'appartenance sociale.
Vous faites passer clairement le message auprès des moins instruits par vos mots-signaux, mais vous en faites passer un autre qui lui échappe et ne s'adresse pas aux mêmes.
Les prises de position les plus classiquement ultra-libérale de Lepen sont rarement exprimées à travers ses célèbres mots-slogans, avez-vous noté?
Et lorsque l'on attaque Lepen sur ce sujet: il a beau jeu de crier à la déformation de ses propos. Le quidam qui ne les avait pas compris de toute façon, ne remarquera pas la manip et croira donc à l'"ostracisme". (Le quidam a-t-il une idée précise de ce que peut signifier ostracisme? Si ce n'est d'y déceler un autre mot-signal à double détente un peu pervers, puisque totalement étranger à l(étymologie: ost-racisme?)

Oui finalement, vous avez raison Jean, son usage de la rhétorique est redoutable.

18 février, 2007 15:36  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'ajouterai que tout ce que je viens de dire date peut-être un peu...
Dans ses toutes dernières prestations télévisées, Lepen me semble avoir changer de niveau de langue. Elle est toujours très correcte, et plus riche que la moyenne, mais elle plus simple et plus directe.
Ca mériterait sûrement une étude plus complète, que l'impression que j'en ai pour le moment. Mais il me semble que Lepen veille durant cette campagne à faire moins d'épate que d'habitude avec les mots, et vise à plus d'efficacité auprès du public le plus large.
Quelqu'un d'autre a eu la même imperession?

18 février, 2007 15:42  
Anonymous Anonyme a écrit...

Le cens caché - inégalités culturelles et ségrégation politique, Paris, Editions du Seuil, 1978, 269 pages, index, bibliographie, rééditions en 1984 et 1986.
(Version remaniée de la thèse de doctorat)


http://crps.univ-paris1.fr/gaxie.html

http://www.eleves.ens.fr/pollens/seminaire/seances/citoyennete/Gaxie.htm

et d'autres liens sur notre ami google...

@+

20 février, 2007 18:32  

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jeudi, février 15, 2007

Ségo: Les versions de son discours

Vous avez été nombreux à lire mon billet sur le passage improvisé par Ségolène Royal lors de son meeting à Villepinte, et qui a sans doute été le moment le plus fort de son discours. Si vous êtes curieux, vous avez peut-être remarqué que la version mise en ligne sur le site Désirs d'avenir a changé après la publication de mon billet (je ne sais pas s'il y a un rapport de cause à effet) :
La version 2 semble être la retranscription fidèle du discours prononcé (je n'ai pas tout vérifié). J'y reconnais quelques fautes d'orthographe ou de ponctuation qui semblent assez typique d'un stagiaire qui retranscrit assez vite d'après un enregistrement...

Je n'ai aucun moyen de savoir à quoi correspond la version 1, qui avait été mise en ligne juste après le meeting. Est-ce la version qu'elle lisait ? Est-ce une version légèrement antérieure à la version qu'elle lisait ? Je pencherais pour cette hypothèse : il y a quelques petits passages additionnels qu'elle semble lire dans la version prononcée. Sans doute des modifications de dernière minute comme le font tous les personnages politiques.

J'ai écrit un petit programme qui compare les deux versions. Vous verrez le résultat ici :
C'est assez instructif. Vous verrez notamment que tout le début est improvisé, et puis on voit clairement le moment où elle penche les yeux sur son texte pour commencer à lire. En rouge les ajouts, en gris barré les suppressions :
Chers amis , vous voilà si nombreux rassemblés , venus de partout .
Vous avez dû comprendre qu' il se passait quelque chose d' important aujourd' hui .
Vous êtes venus parce que , même si je n' en manque pas , vous avez voulu m' apporter votre courage .

Je suis heureuse de voir toute la famille de la gauche rassemblée et vous tous et toutes aussi nombreux que je salue du fond du coeur .
C' est forte de cette unité et forte de votre présence que je peux aujourd' hui m' adresser en cet instant solennel à tout le peuple français .
Votre présence m' y aide .
Vous avez senti que le moment serait crucial .
Vous me donnez du courage même si je n' en manque pas .
A
Oui , à cet instant , je veux m' adresser à tous les Français , c' est - à - dire à chacun et à chacune de vous , qui attendez de savoir de quoi demain sera fait .
...
Il y a des additions qui sont intéressantes du point de vue politique, comme celle-ci :
Je m' engage aujourd' hui , devant vous , à tout faire pour soutenir leur effort leurs efforts et pour créer l' environnement favorable dont elles ont besoin et qu' elles méritent , et en contrepartie desquelles elles sauront créer des emplois durables
L'adjonction du dernier bout n'est pas anodine (je penche pour une improvisation dans ce cas, étant donné l'incohérence syntaxique : desquelles quoi ?). De nombreux commentateurs ont remarqué que le PS (comme l'UMP, d'ailleurs) faisait beaucoup de promesses, probablement coûteuses, comme en 1981, promesses qui ont de bonnes chances d'être revues à la baisse, réalité oblige (comme 1982). Il me semble que se met en place un discours de «donnant-donnant» et de contreparties qui permettra le jour venu d'ouvrir de réviser les ambitions à la baisse, contrairement au tournant de 1982-83 qui avait fait pas mal de déçus. On aidera les chômeurs mais..., on aidera les entreprises, mais..., etc.

Ce n'est qu'une interprétation. Ce serait intéressant, en tous cas, de pousser plus loin l'analyse de ces différences. Qu'elles soient des modifications de dernière minute (probabalement de la main de Ségo ou du dernier cercle de proches) ou des interpolations en direct, elle me paraissent signifiantes. Peut-être faudrait-il mener une wiki-enquête ? Si vous trouvez des pépites, les commentaires sont là pour ça !

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13 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

"l'incohérence syntaxique : desquelles quoi ?"
plus probablement "desquels" au masculin, en référence aux efforts. Une transcription un peu rapide, comme vous l'avez dit ;-)

C'est en tout cas une comparaison très intéressante, et fascinante quand on se met à penser aux toutes petites différences de mots qui font qu'on y croira ou pas quand on entend les candidats qui veulent nous convaincre.

15 février, 2007 11:36  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Naki> desquels : oui, j'ai pensé à ça dans un premier temps, mais ça ne colle pas non plus, parce que la contrepartie ne se fait pas par rapport aux efforts des entreprises, ça n'a pas de sens, mais par rapport à l'aide apportée par l'Etat. Donc je pense qu'elle voulait dire "Je m' engage à tout faire ... en contrepartie de quoi". Sauf que dans l'action, elle s'est un peu mélangé les pinceaux. Rien de grave. Je ne fais pas la chasse à la bourde (j'ai assez dénoncé la cressonisation). Poura voir travaillé sur de nombreux discours politiques d'hommes et femmes de tous bords, je sais que ce type de petites entorses est absolument commun à tous. C'est sans intérêt (sauf que c'est un indice de spontanéité: un discours écrit et relu l'aurait filtré).

15 février, 2007 11:44  
Anonymous Anonyme a écrit...

Une autre comparaison de textes me semblerait intéressante: entre le discours de Ségolène Royal et le texte du Pacte présidentiel lui-même.

Ségolène Royal ne reprend pas l'intégralité des propositions de son pacte dans son discours (elle le précise d'ailleurs dans le discours lui même). Il serait intéressant d'étudier ce qu'elle a retenu et ce qu'elle a écarté.
De plus, certaines propositions reprises ne sont pas formulées de la même manière.

Par exemple:

Dans le Pacte: "21- Mettre en place une sécurité sociale professionnelle garantie par l’Etat et permettant à chaque personne privée d’emploi de se voir proposer par les pouvoirs publics un
contrat de droits et devoirs comportant :
- une rémunération, pendant un an, égale à 90 % du dernier salaire net perçu ;
- une formation qualifiante ;
- une aide personnalisée à la recherche d’emploi ;
Cette prestation sera assurée par le service public de l’emploi."

Dans le discours: "Dans l'intérêt des entreprises comme des salariés, dans l'intérêt de la France tout simplement, je créerai la Sécurité sociale professionnelle qui garantira contre une formation et une recherche active d'emploi une rémunération égale à 90 % du dernier salaire perçu afin de permettre sans drame la mutation des emplois."

Dans le Pacte, cette Sécurité sociale professionnelle comporte des "droits et des devoirs" qui sont simplement listés, sans que l'on précise ce qui est un droit et ce qui est un devoir.

Dans le discours, la rémunération prévue devient conditionnelle à une contrepartie: "contre une formation et une recherche active d'emploi". Là on sait ce qui est un droit et ce qui est un devoir ;-)

Quelqu'un a-t-il repréré d'autres nuances de ce genre?

15 février, 2007 12:48  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Tardif> Merci de pointer cet exemple. J'ai l'impression que cette histoire de contrepartie est devenue la clé des promesses de Ségo. J'y vois un "parapluie" linguistique pour la suite, quand elle ne pourra (évidemement) pas les tenir (tout comme l'UMP, d'ailleurs)...

15 février, 2007 13:15  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ce qui m'intéresse, c'est surtout cette notion de promesses (qui n'engagent que ceux qui les écoutent). En effet, cette campagne est très orientée sur les moyens (pas au sens financier du terme) et non sur les résultats. Ainsi nous alons créer des emplois (pas résorber le chômage). En bref, les candidats sont prompts à nous proposer des solutions coûteuses, mais ne peuvent chiffrer la rentabilité de ces propositions. Il me semble que ça serait plus constructif.
En tout cas, je me permets de souligner l'intérêt de ce billet et d'ajouter un lien depuis mon blog.
Bonne continuation.

15 février, 2007 14:49  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je suis par contre toujours curieux de connaitre le nom de ou des plumes qui ont aidé Ségolène Royal à rédiger son discours (ou qui l'ont tout simplement rédigé pour elle ...)

Je suis sûr que le linguiste que tu es ne peut se contenter de l'analyse du texte sans se soucier de l'auteur...

Alors, Peillon ? Orsenna ?

15 février, 2007 15:10  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Emmanuel> Bonne remarque ! C'est vrai, ce que vous notez (et que vous développez plus dans votre billet). Il y a dans les discours actuel (du moins chez les deux grands partis PS et UMP) une sorte de position défensive: combien ça va coûter, et non pas combien ça va rapporter... Est-ce la signe d'une société devenue terriblement craintive et frileuse ? Je vais y réfléchir. Merci de me donner matière à penser !

15 février, 2007 20:30  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Farid> Je crois que les plumes on ne les connaîtra jamais. Les discours des Ségolène Royal, si j'ai bien compris les indices donnés ici ou là, dont des oeuvres collectives. Il y a des cercles successifs, et elle-même a la dernière main sur la version finale (y compris en direct comme on le voit). C'est la même chose chez Sarkozy. Mais c'était vrai aussi pour Chirac. C'est vrai qu'il y a une petite difficulté pour l'étude. Les "tics" de langage changent subrepticement en fonction des "plumes". Quand on peut observer sur une longue période comme pour Chirac c'est assez flagrant.

Où est le temps où les hommes politiques écrivaient eux-même l'intégralité de leurs discours ? C'était le cas de de Gaulle. Je crois aussi que c'est le cas de Bayrou ?

15 février, 2007 20:40  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ah ! Jean Véronis, le citoyen n'étoufferait-il pas un peu le linguiste quelquefois ?
Mais on peut effectivement dire que le discours final de Mme Royal n'est jamais connu que d'elle - ainsi qu'ont pu le constater tous ceux qui ont confronté son discours publié et le discours prononcé à Villepinte par exemple. Toutes les plumes prêtées à Mme Royal n'apportent pour l'heure que du matériau ; comme son "père" François Mitterrand, elle met en lice toutes sortes de compétences et fait son miel de leurs contributions ; et vous reconnaîtrez bien des sources si vous relisez son pacte présidentiel, mais la patte est la sienne et aucun contributeur ne peut s'attribuer ses discours. M. Peillon et les journalistes politiques en savent quelque chose suite à une erreur de son secrétariat vendredi dernier.

M. Sarkozy met aussi sa touche finale, mais il est plus classique dans la démarche : il se confie à un homme en qui il peut avoir confiance - guère de culture classique, pour sa part - et qui donne un contenu émotionnel et une tonalité lyrique à ses déclarations.

De Gaulle écrivait en se servant de notes. Quant à M. Bayrou, je ne sais. Croyez-vous que l'orgueil de l'homme et de l'agrégé peuvent suffire à tout réaliser…

15 février, 2007 22:07  
Anonymous Anonyme a écrit...

Petit oubli, grosse faute !
… l'orgueil de l'homme et la science de l'agrégé peuvent suffire à tout réaliser ?…

16 février, 2007 01:26  
Anonymous Anonyme a écrit...

A contrario de mon exemple précédent, voilà une proposition du Pacte qui n'est pas reprise dans le discours:
Dans le Pacte: "87- Garantir l’égalité des droits pour les couples de même sexe "

Dans le discours (version du 14/02) selon ma recherche:
- 7 occurence du mot égalité (et 5 du mot inégalité), mais aucune n'est associée à couple ni à sexe, car:
- pas d'occurence du mot sexe
- pas d'occurence du mot couple

Ce qui ne me crée pour autant aucun doute sur la position de Ségolène Royal sur l'égalité des droits des couples de même sexe, la candidate s'étant prononcée sans aucune ambiguïté par ailleurs (http://www.hes-france.org/spip.php?article182).

Il s'agit juste de souligner... des nuances...

16 février, 2007 01:33  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour Jean,
Afin de poursuivre notre discussion sur le sens à donner aux propos de campagne, je me permet de soumettre à votre réflexion l'idée suivante :
Ne trouvez-vous pas que nous sommes véritablement rentrés en campagne cette semaine par un changement sensible dans le ton des deux candidats "principaux" et de leur entourage? En effet, je note la proposition de baisse des impôts de la part de F. Hollande, couplée à l'affectation des crédits alloués à la construction du deuxième porte-avions français à l'éducation de S. Royal. En parallèle, le discours de N. Sarkozy se "gaullise" franchement.
En effet, on retrouve du social dans le programme le plus libéral que les héritiers du général aient jamais commis. Qu'en pensez-vous?

16 février, 2007 16:07  
Blogger Vicnent a écrit...

un article d'agoravox pépitique...

Ça va de "bravitude" à "rabattre sur les services publics" etc...

19 février, 2007 11:25  

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mercredi, février 14, 2007

2007: Stop à la macho-politique

Surprise amusante... Je m'aperçois que des militants socialistes zélés on mis en ligne sur YouTube mon couplet contre la macho-politique et la cressonisation chez Guillaume Durand. Je ne retire pas un mot de ce que j'ai dit (et encore cet extrait ne contient pas ma diatribe sur les histoires de «couilles» de Villepin et autres — mais on en en parle dans le bouquin avec Louis-Jean).



Je ne retire pas un mot de ce que j'ai dit. Et si vous écoutez attentivement, vous verrez que ce n'est pas seulement de la ségolatrie. Les mêmes procès en incompétence ont été faits à des femmes de droite, dont MAM et les «jupettes», et ils me sont tout aussi insupportables.

Comme je le disais récemment sur je ne sais plus quelle radio, lorsque Ségolène Royal s'embrouille la langue et sort le mot bravitude, ça fait le tour du monde. Quand Nicolas Sarkozy dit héritation au lieu d'héritage, personne (ou presque) n'en parle (ah, vous ne l'avez pas entendu ?).

Mais, comme je le prévoyais dans un autre moment de l'émission (enregistrée le 29 janvier), l'UMP a mis la pédale douce sur les attaques ad feminam. Imaginez que Ségo s'écroule complètement. Le deuxième tour est alors :
  • soit Sarkozy-Le Pen — Insupportable pour Sarkozy. Election lamentable. Ne retire aucune légitimité des urnes, on lui fait payer pendant cinq ans son flirt avec l'électorat FN, les mots racaille, kärcher, etc. Et perspective plus horrible pour lui, une vague rose n'est pas exclue aux législatives !
  • soit Sarkozy-Bayrou — Qui est le gagnant, d'après vous ?
C'est une variante du paradoxe de Condorcet, un homme que j'admire beaucoup, et dont je trouve qu'il nous manque quelques équivalents ces temps-ci (à moins que...). J'en parlais l'autre jour autour d'une bière avec un fidèle lecteur, Vicnent, qui a fait un billet amusant là-dessus. Donc, la «cellule de guerre» de l'UMP a mis en veilleuse la machine à médiatiser les soi-disant bourdes.

L'UMP est condamnée à soutenir Ségo. Etrange, non ? Vous preniez l'élection au premier degré ? C'est du billard à trois bandes.

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17 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Je sais pas si on peut comparer bravitude et héritation.

Tous les deux sont effectivement des barbarismes, mais dans le cas de la bravitude, Jack Lang a tout fait pour faire se gausser le microcosme médiatique et donc la France.

Son explication du concept bravitude le jour même au grand Jury a beaucoup fait pour le buzz.

Si par exemple Fillon était venu sur un plateau télé défendre "héritation" avec des arguments abracadabrantesque, la France l'aurait lu dans tous les journaux

14 février, 2007 14:05  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonyme> Jack Lang a été d'une connitude sans nulle autre pareille (mais on peut lui faire confiance !), mais le déchaînement avait commencé bien avant...

14 février, 2007 14:06  
Blogger Basilou a écrit...

Cela fait du bien de lire de telles choses. Bravo pour ce blog, que je cite assez souvent sur le mien. J'étais passé à côté d'héritation. Mais j'ai bien peur que le taulier de l'UMP se retrouve Président. En espérant le tromper.

14 février, 2007 14:13  
Anonymous Anonyme a écrit...

La connivence des médias avec Sarkozy est telle (une sorte d'état de grâce médiatique) qu'il peut dire ou faire n'importe quoi, tout passe (cf l'arnaque du pseudo-retrait du "volet mental" de son projet de loi sur la délinquance).
Mais finalement ne va-t-on pas assister à une répétition de l'"arroseur arrosé", comme pourraient le laisser entrever le sondage sur la confiance des Français dans les média, et comme l'a montré le non au référendum ?

14 février, 2007 14:21  
Anonymous Anonyme a écrit...

Corrections :
lire "pourrait" et "entrevoir"

14 février, 2007 14:25  
Anonymous Anonyme a écrit...

Vous vouliez sans doute parler du paradoxe de ConDorcet. Mais je suis d'accord qu'un corset c'est con !
Un lecteur fidèle

14 février, 2007 14:42  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Damien> Merci ! ;-)

14 février, 2007 15:04  
Anonymous Anonyme a écrit...

héritation, héritation… ça sonne comme irritation ça, non? à moins que ce ne soit héritage qui sonne comme irritage???

14 février, 2007 15:34  
Anonymous Anonyme a écrit...

Pardonnez-moi, mais Bayrou n'a jamais été un opposant à Sarkozy et ne le sera jamais.
Libération signalait il n'y a pas longtemps qu'aux législatives il est déjà prévu dans beaucoup de cas qu'il n'y ait pas d'UMP là où se présente un UDF.

Bayrou n'ayant jamais fait grand chose de toute sa carrière politique, il ne provoque pas beaucoup d'opposition contre lui, mais de là à soulever les masses, il y a de la marge.

Contre Sarkozy, il n'y a qu'elle, Ségolène Royal.

Cordialement

14 février, 2007 17:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

Mot-valise
Finalement "héritation" est peut-être le mot-valise formé à partir d'héritage et d'exonération. Peut-être le nom de la future loi qui supprime pratiquement les droits de succession.

14 février, 2007 17:30  
Blogger Unknown a écrit...

Sinon il y a un article intéressant dans le monde diplomatique ici

Cordialement,

Leo

14 février, 2007 19:11  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,

Ceci n'est pas un troll... toutes mes excuses de poster ce commentaire ici, mais comme le suggère le blogue "un monde de sons" une chanson récente de Michel Sardou intitulée "allons danser" semble doter d'un texte ouvertement acquis à Nicolas Sarkozy...

http://podcast.blog.lemonde.fr/2007/01/26/sardou-dans-la-campagne/

Serait-il possible de comparer les propos de de Sardou et les discours de Sarko ? Existe-t-il une parenté lexicale ?

Encore désolé de ce commentaire hors sujet par rapport à votre article.
Vince

14 février, 2007 23:47  
Anonymous Anonyme a écrit...

En utilisant la recherche de presse2007 je ne trouve aucun résultat pour héréditation.
Mais ce qui m'intrigue c'est que je n'en trouve que deux en cherchant bravitude...

15 février, 2007 17:47  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Attention à la période! Régler sur le max "depuis le 31/7"

Il y a un seul article sur "héritation " (Libé du 06/02)

15 février, 2007 17:57  
Anonymous Anonyme a écrit...

Le paradoxe de Condorcet ! Plaisant jeu intellectuel qui devrait assurer le succès de tout candidat dit de "3e force"… Comme cela arrive au demeurant quelquefois lors des courses aux prix littéraires de novembre…
Mais alors, pourquoi le duel Pompidou/Poher en 1969 n'a-t-il pas tourné à l'avantage du second qui bénéficiait pourtant du vote socialiste ?

Si la conclusion de Jean Véronis est à double entendement ;), je ne partage pas pour l'heure son point de vue. L'ennemi de M. Sarkozy reste encore la figure gaullo-mitterrandienne de Mme Royal, qu'il redoute (on pourrait rappeler que l'UMP se préparait pour un autre adversaire, que M. Sarkozy a de mauvais souvenirs de débats avec Mme Royal, et que cette femme - sans vouloir faire de la psychanalyse de comptoir - lui en impose). C'est pourquoi le discours sarkoziste contre la figure maternante de Mme Royal ne cessera pas, quitte à la contrer - comme depuis peu - à l'aide de porte-paroles féminines…
La machine de l'UMP est lourde ; il est trop tôt pour elle d'ajuster le tir contre le candidat centriste dont elle sait qu'il se trouverait de toutes façons bien nu aux élections législatives qui vont suivre.

15 février, 2007 21:37  
Anonymous Anonyme a écrit...

Quitte à faire de la psy de comptoir. héritation , c'est héritage et hésitation. Comment apparaitre en rupture quand on est du gouvernement sortant? Comment avec une image d'ultra-libéral faire dans le patriotisme économique, limite protectionniste, et quasiment xénophobe pour plaire à la fois aux racistes et à ceux qui ont peur de la mondialisation. Comment sembler serein et homme d'état quand on est un petit macho à la "28 nuits sans dormir pendant les émeutes!", à la "moi je bosse!". Cet homme est a un héritage rentré et est pétris d'hésitations qu'il préfère oublier en fonçant.

17 février, 2007 23:51  
Anonymous Anonyme a écrit...

Tant pis je me répéte:
Vous parlez de "paradoxe de Condorcet" sans rien n'avoir compris au paradoxe de condorcet qui est valable en choix multi-critère ou en choix social (ordre incomplet) alors qu'ici c'est une affaire de décision avec ordre complet, mais bon ça la pète de parler de paradoxe de Condorcet ça épate les gogos alors allons-y gaiement.
Vous poussez la malhonnéteté intellectuelle à faire de postulats étayés par rien du tout (dans tous les cas Bayrou est deuxième au premier tour!!!!) des vérités.
Si ce n'est pas une vilaine manipulation centriste....
Gageons que le prochain article sera sûrement "la relativité générale prouve que seul Bayrou peut sauver le pays du désastre", avec force équation et cela paraitra dans les travaux de Sokal.

22 février, 2007 16:08  

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Presse: Dossier dans Télérama

Bon dossier sur les discours de la présidentielle par Olivier Pascal-Moussellard dans le Télérama qui sort aujourd'hui : « Au-delà des mots, que veulent-ils dire ? ». Evidemment, la parole est donnée aux suspects habituels, mon copain Louis-Jean et moi-même, mais aussi Denis Muzet de Médiascopie (avec qui j'étais chez Jean Lebrun récemment), Dominique Desmarchelier (professeur à Paris V-Sorbonne), et quelques autres.



Je disais l'autre jour que la presse n'est pas morte, et qu'il y a des journalistes qui font encore du beau travail. C'est le cas avec ce dossier.

2 € dans tous les kiosques. C'est une bonne action pour la survie de la presse.

3 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,
Parmi les sites qui explorent la dimension langagière, je vois de oir celui d'un de vos collègues universitaires : http://www.pascal-marchand.fr/index.htmPascal Marchand
Son étude des discours tenus par les candidats réunis sous la houlette du maître Nicolas Hulot m'a particulièrement intéressé.
Une question toutefois : les outils utilisés sont-ils similaires aux vôtres, ou s'en distinguent-t-ils ?
Et pendant qu'on y est, que pensez-vous de ses résultats ?
Merci en tout cas pour votre oeuvre, contribution utile à la vie démocratique par temps d'hyper-médiatisation !

14 février, 2007 14:10  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Oui, Pascal Marchand fait du très bon travail (il a fait aussi une belle étude des discours des premiers ministres). Les outils que nous utilisaons sont analogues. Une toute petite différence (je crois), c'est qu'en règle générale mes collègues ont plutôt tendance à utiliser des outils tout faits comme Lexico, Hyperbase, etc., alors que je développe les outils que j'utilise (mais les méthodes sont analogues).

14 février, 2007 14:20  
Anonymous Anonyme a écrit...

Merci de votre promptitude (à défaut d'une bravitude ;-) qui n'a pas lieu d'être en cette circonstance ?) à répondre, et mes excuses pour la piètre qualité typographique de mon message initial !

14 février, 2007 14:46  

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mardi, février 13, 2007

Ségo: La mère patrie

J'ai eu une grosse surprise hier pendant un de mes cours. J'analysais le discours de Ségolène Royal avec mes étudiants, et je voulais commenter le moment le plus poignant à mon avis, celui où elle se frappe la poitrine en criant «Je sais au fond de moi, en tant que mère...». Quoi qu'on pense de ses idées et de son programme, c'est une belle image. C'est à la minute 59:36 de son discours :



A l'aide de mon outil, Discours 2007, je cherche le mot mère dans son texte, et ô surprise... Le seul exemple attesté est le moment où elle parle du cas d'Odile, une mère célibataire (voir note infra). Rien à voir. Le passage le plus intense de son discours n'est tout simplement pas dans la version écrite, c'est une «interpolation» qu'elle a faite en direct. Elle est en train de parler de la précarité avec des accents dignes de l'Abbé Pierre (voir le texte). On sent la tension qui monte :
La France entrera en crise. Et c’est tout le lien social qui, de proche en proche, menacera de craquer. Il y a urgence. J’ai la ferme volonté d’empoigner ce problème à bras le corps.

A la minute, 59:36, elle diverge de son texte. Elle zappe la prochaine phrase, assez insipide :
Ecoutons là encore, les propositions et les attentes de ceux qui agissent tous les jours sur le terrain.

Et elle remplace ce morceau de pure langue de bois par une envolée magnifique, qu'elle débite d'une traite sans rien lire, et en se frappant la poitrine :
J'en ai la ferme volonté, je l'ai là, cheville au corps, parce que je sais au fond de moi, en tant que mère, que je veux pour tous les enfants qui naissent et qui grandissent en France, ce que j'ai voulu pour mes propres enfants (applaudissements) Et je veux que tous les responsables politiques soient aussi comme cela, c'est comme cela que nous réussirons à régler ce problème. Cet avenir, il est là, il est devant nous, et nous avons l'obligation, l'ardente obligation de réussir. J'en fais devant vous le serment (applaudissements nourris). Vous êtes là pour que je tienne ma parole et cette parole, nous la tiendrons ensemble (délire de la salle, standing ovation).

L'ovation dure de la minute 60:23 jusqu'à la minute 62:03. Près de deux minutes, ce qui est énorme dans un meeting...

Puis elle continue, et reprend le cours de son texte :
Mettre les parents devant leur responsabilité pour assumer leur rôle, tout leur rôle. Nous aiderons les mamans seules...

C'est ce passage improvisé qui sera repris sur toutes les télés... J'avais noté exactement la même chose avec Nicolas Sarkozy. Il devient bon quand il quitte son texte, et c'est là qu'il fournit ses meilleurs moments, qui sont souvent repris par les médias. Comme quoi, nos hommes et femmes politiques devraient fuir la bêtise et la ternitude de leurs conseillers en com...

Ségo, la mère. J'ai expliqué à diverses reprises qu'elle avait un vocabulaire maternel tout à fait nouveau dans la politique française. La mère rassurante, mais ferme, voire militaire... Ne serait-elle pas l'image moderne de la mère patrie ? Avez-vous noté l'absurdité de cette expression, d'ailleurs ? Patrie, ça vient de pater, le père. Peut-être que cet assemblage de termes un peu oxymorique, mais tellement ancré dans notre histoire, peut laisser supposer que nous cherchons confusément une incarnation de la patrie pas trop machiste ? Si c'est le cas, Ségo a ses chances !


Note


Mise à jour du 15/02) : la version en ligne sur le site Desirs d'avenir a changé et intègre désormais l'interpolation. Je corrige aussi sur Discours 2007.

Voir analyse comparée des deux versions.

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24 Commentaires:

Blogger Merriadoc a écrit...

Bonjour,

Tu parles beaucoup de Ségo, ainsi que de Sarko.

Et qu'en est il des autres candidats ? N'y a t'il pas d'autre alternative pour les électeurs 'non extrèmes' ?

Cela me fait penser à l'émission "J'ai une question à vous poser", sur TF1 (d'où, peut être...), qui propose une émission à Sarkozy, et une à se partager aux candidats Besancenot, Buffet, Le Pen, de Villiers.

Qui a parlé de bi-partisme ?

13 février, 2007 15:02  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Merriadoc> je parle assez souvent de Bayrou...

Pour ce qui est des petits candidats, c'est plus délicat, car la nourriture du linguiste ce sont les mots, et ils parlent moins. Par exemple, j'ai le plus grand mal à trouver des discours de Besancenot, Laguiller, Bové, etc. pour engranger dans mon site Discours 2007 (je le ferais pourtant plus que volontiers). Donc c'est un peu le serpent qui se mord la queue...

Si des lecteurs proches de ces petites formations peuvent aider et me fournir le matériau brut, je leur en serais reconnaissant !

13 février, 2007 15:06  
Blogger Merriadoc a écrit...

Un appel aux formations - relayés par les blogs, tiens, ca sert à ça internet, aussi, non ? - pour t'envoyer leurs discours (parlent ils moins, ou sont ils moins médiatisés ?), c'est une bonne idée ça.

Par contre, ca ne va pas alléger tes journées. :-)

13 février, 2007 15:15  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Je crois qu'ils parlent moins. Il faut des moyens pour se ballader partout en France. Et il faut avoir la certitude de remplir les salles...

Ils sont aussi, incontestablement moins relayés. Ceci étant, ils ne font pas beaucoup d'efforts non plus : leurs discours sont introuvables sur leurs sites (et ça, ça ne coûte pas bien cher...).

Alors, oui, je suis preneur, s'ils me font parvenir leurs textes !

13 février, 2007 15:21  
Anonymous Anonyme a écrit...

La mère patrie ! Oui, mais une fois la mère partie, ne restera que l'amer parti et sa mare pétrie d'hypermétrie !

13 février, 2007 17:46  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je me demande si réellement l'écart du discours de Ségolène Royal n'est pas construit au préalable par ces fameux spin doctor ?

Car un vocabulaire ou une tirade sensuello-affectivo-politique couchée sur du papier [i.e. le discours de la candidate] cela aurait fait une peu trop convenue : style sortez vos mouchoirs au bip sonore ...

Comme pour Nicolas Sarkosy, mais aussi pour les autres, je pense que c'est une technique oratoire semi- aléatoire dans le sens où le moment de faire du pathos est choisi mais par contre la manière de "dire" demande une certaine liberté pour le construire (ce pathos).

Les médias télévisés - format oblige - veulent du sang et des larmes (je schématise). Aujourd'hui nous voyons Madame Royal être une mère. Bon... C'est une stratégie.

Monsieur Sarkosy est le père.

Et dans les banlieues, il y a les grands frères ;-)

Donc je ne ressents pas cette pseudo-disjonction comme un élan de type "je pars en vrille émotionnelle" mais plutôt comme une stratégie préalablement pensée du type "coeur à coeur" (coeur de pierre vers les coeurs d'artishow ?). J'exagère, je sais !

LL

13 février, 2007 20:41  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,
J'ignore le sérieux de la chose mais cela t'intéressera peut être.

http://www.votons.info/2007/election-presidentielle/comparer/

Et bravo pour ton boulot et ton blog !

13 février, 2007 22:35  
Anonymous Anonyme a écrit...

moi non plus je ne crois pas que ségolène soit "partie en live" sans avoir au préalable répété son texte (appris par coeur) : j'en veux pour preuve que cette envolée maternelle s'est produite pile au milieu de son intervention...
Mais il n'en reste pas moins qu'elle était touchante. Comme une actrice qui joue bien !

14 février, 2007 08:36  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Il est bien possible que le passage ait été semi-appris, faussement improvisé. On n'en saura sans doute jamais rien. Mais pour une fois, Ségo était une bonne oratrice (idem avec Sarko quand il se détache du texte).

Je pencherai plutôt pour une semi-improvisation. Je veux dire par là : quel intérêt de ne pas avoir mis ce morceau dans son texte si elle comptati le dire ? C'est sans doute un peu comme les impros en jazz : c'est improvisé, mais on puise dans un répertoire de choses qu'on a déjà jouées et qu'on réassemble... Ce couplet sur la mère et les enfants, elle l'a déjà probablement fait de multiples fois, avec des variantes, dans des meetings divers et variés (je me souviens de l'avoir entendu).

14 février, 2007 08:42  
Blogger Vicnent a écrit...

Wep... je reste dubitatif.
Après tout, on ne peut pas lui reprocher de vibrer de temps en temps. Mais quelque part, je trouve qu'il y a trop d'émotion... et ça, ça me fait peur. Surtout que, cette émotion, elle démarre avec "parce que je sais au fond de moi, en tant que mère, que je veux pour tous les enfants qui naissent et qui grandissent en France, ce que j'ai voulu pour mes propres enfants". Or, personne n'ignore que ses 4 enfants n'ont jamais mis les pieds dans un établissement publique de l'éducation nationale, primaire, collège et lycée. Tous les enfants de la France dans le privé ? Ça pue l'hypocrisie...
Sans oublier le reste de la "vibration" en mode "génération aléatoire de discours"... La belle affaire...

14 février, 2007 11:01  
Anonymous Anonyme a écrit...

A la la.. le Monopole du Coeur...

En effet, très intéressant de suivre ces petites phrases qui construisent des cyclones médiatiques.

14 février, 2007 14:58  
Anonymous Anonyme a écrit...

Moi je retiens ces derniers morts: "mère patrie". Je pense que l'on devrait pouvoir dire "matrie". De même, on parle de "fraternité", mais pas de "sorornité" pour les femmes. Ou bien existe-t-il un mot qui m'aurait échappé?

14 février, 2007 15:40  
Anonymous Anonyme a écrit...

Oui, belle envolée lyrique de la mater dolorosa !
Mais... aucun effet dans les sondages ! Elle attendrit ses militants et exaspère les Français !

14 février, 2007 16:23  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonyme> Remarquez, c'est plutôt rassurant qu'il n'y ait pas d'effet sur les sondages deux jours après: combien de Français ont-ils écouté son discours ? Ce serait inquiétant si les opinions changeaient du tout au tout sur la base des deux ou trois extraits (comme celui-ci) retransmis aux JT...

14 février, 2007 16:28  
Anonymous Anonyme a écrit...

Et bien sans doute parce que je suis une femme et que dans ses mots vibrait autre chose que du préparé et du convenu, je pense que cette "interpolation" a été introduite là parce qu'elle l'a senti comme ça, à ce moment là! D'autre part, il est vrai que chez Ségolène Royal ce thème n'est pas nouveau et qu'elle l'a souvent mis en avant ; la différence dans le discours de Villepinte c'est qu'il y avait ce "plus" que donne la force d'y croire et elle y croyait!
A Nantes, elle a arpenté l'estrade pendant près d'une heure trente, face aux milliers de personnes assises dans la salle, dans les halls, debout un peu partout jusqu'à l'extérieur de l'auditorium, sans papier, le micro à la main, et son intervention d'une extrême qualité pouvait laisser présager le "discours de Villepinte"...
Et qui l'a en effet entendu in extenso ce discours ?... les médias se sont empressés de le taire! Mais, chance, ils en ont donné le meilleur constitué par ce moment où les "trippes" remplacent très avantageusement tous les discours préparés du monde!
Merci donc pour cette remarque fort judicieuse Monsieur Véronis!

15 février, 2007 02:42  
Anonymous Anonyme a écrit...

Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots (Jean Jaurès).
Quand les hommes ne peuvent changer les choses, les femmes le peuvent...

15 février, 2007 15:12  
Anonymous Anonyme a écrit...

Oui, belle analyse de ce temps fort en hors texte. Mais la thématique du "je parle en tant que mère", avec plus ou moins de pathos associé, n'est effectivement pas nouvelle chez elle. Il me semble, mais de mémoire, qu'à Aiffres (juste avant son investiture par le parti) elle avait développé là-dessus. Mais à Aiffres, elle parlait sans notes, de manière beaucoup plus informelle... Là, c'était un beau morceau et peu importe qu'il ait été ou non improvisé ou lu sur post-il ;-) Mais ce beau morceau d'éloquence classique ne semble avoir emporté l'adhésion que des convertis...

15 février, 2007 19:53  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Fraise de bois> Oui, c'est un thème récurrent chez elle. Je l'ai entendue à plusieurs reprises dans ce registre. J'adore ces moments où les personnages politiques de tout bords quittent les rails pour lâcher des choses un peu plus près de leur coeur (et je n'ai guère de doute que sur ce thème elle soit sincère, même si elle n'est pas naïve et sait très bien exploiter la chose)...

15 février, 2007 20:47  
Anonymous Anonyme a écrit...

voici le lien d'un article sur Sarko: comment peindre unoizorare où le fils utilise le blog de son papa (Jean Véronis) sur la mère-patrie; merci pour cette participation à un numéro salé (catégorie:SEL)
http://les4saisons.over-blog.com/article-5666015.html

16 février, 2007 09:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

pour avoir du matériau "brut" sur les petits candidats, je vous invite à visionner les vidéos questionnaire de Proust des gars de la royal.
http://www.lesgarsdelaroyal.com/
ce sont des documents bien faits, exploitables sans doute et au moins on entendrait parler des petits candidats comme a tenté de le faire le livre Élysée 2007 de mars 2006 et dont j'ai rendu compte:
http://les4saisons.over-blog.com/article-2467789.html

17 février, 2007 10:36  
Anonymous Anonyme a écrit...

C'est intéressant de revenir sur ce texte dix jours plus tard. Beaucoup ont trouvé ce passage "magnifique" simplement ridicule, et beaucoup de femmes sont dans ce cas.
L'opinion, sans doute limitée en matière de sémantique, n'a pas l'air d'acheter l'oxymoron et fait preuve, à droite comme à gauche, d'un certain irritage.

17 février, 2007 14:21  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'ai trouvé très bon ce passage mais je voterais plutôt pour Bayrou.

Même si elle a bien déclamé cette phrase, je préférerais ne pas la voir occuper une fonction à responsabilités à la tête de l'état... pas même premier ministre (DSK serait mieux) ni même ministre de la famille...

Directrice de la comédie Française à la rigueur au regard de sa prestation mais pas plus...

18 février, 2007 20:46  
Blogger all a écrit...

La plupart des question posées en public à Ségo et Sarko ne considère pas les attributions d'un président de la république (diplomatie, défense, indépendance nationale etc.) mais leurs capacités respectives à résoudre des problèmes individuels qui se raccordent directement à ceux qui les posent et à leur proche entourage.
Pour mon emploi, pour ma santé, mes enfants, mon pouvoir d'achat, que ferez-vous quand vous serez président(e)?
Ces question sont destinées à un premier ministre, à un ministre des finances ou des affaires sociales ; ensuite pour légiférer il faudra une majorité. Où est la majorité de monsieur Bayrou qui sera obligé s'il est élu de faire de combinaziones à l'italienne. Et madame Royal contrôle-t-elle le PS ?

Alors le candidat répond aux sujets comme un monarque, le père ou la mère d'un nation orpheline de roi et de reine. Je vous aime, serai bienveillant et je vous protègerai.

11 mars, 2007 10:37  
Anonymous Anonyme a écrit...

La mère patrie, à l'heure du mariage pour tous, va enfin pouvoir faire son "coming out" d'entité transsexuel....non?

20 décembre, 2012 16:14  

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2007: Comparaison Ségo-Sarko

Voici une comparaison des deux grands discours «programmatiques», celui de dimanche pour Ségolène Royal, et celui du 14 janvier pour Nicolas Sarkozy. Ce serait intéressant de comparer aussi avec François Bayrou, mais bien qu'il se soit beaucoup exprimé, je ne crois pas qu'il ait encore fait un grand discours de ce type (et il faut comparer des choses comparables...).

Voici donc sous forme de nuages, les mots caractéristiques des discours de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy (c'est-à-dire ceux qui émergent de façon statistique par rapport au discours de l'autre candidat) et leur vocabulaire commun (c'est-à-dire qui apparaît dans des proportions comparables dans les deux discours).

Je vous laisse faire l'analyse...


Vocabulaire de Ségolène Royal



Vocabulaire de Nicolas Sarkozy


Vocabulaire commun

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18 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Travail contre emploi ;
Jeune contre république ^^

Rigolo que Sarko ne parle pas de sécurité mais Ségolène oui.

13 février, 2007 11:41  
Anonymous Anonyme a écrit...

Merci, il faudrait maintenant comparer l'emploi des "Je".

13 février, 2007 11:45  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Tom> Il y a désormais des mots tabous chez Sarkozy: sécurité, immigration, délinquance, etc. Il nous dit qu'il a changé. En tous cas, il a énormément changé son discours... Cela suffira-t-il a effacer la trace rémanente et musclée (racaille, karcher, immgration choisie, etc.) de ses 5 ans au pouvoir ? Pas sûr.

Le prince ne doit pas être changeant, disait Machiavel.

13 février, 2007 11:46  
Anonymous Anonyme a écrit...

Sarkozy nous parle d'homme et des hommes, le mot femme est en revanche commun aux deux candidats.
Il utilise également les termes gauche et droite, ce que ne fait pas Royal.
Plus surprenant est la redondance de termes peu fréquents comme irréprochable (?) ou visage. La magie de l'ordre alphabétique nous offre ailleurs un assemblage amusant : libre morale politique

Du coté de Royal, pour une candidate de laquelle l'UMP et les média se sont acharnés à dénoncer un manque d'envergure internationale, on voit revenir chine et russie.
De manière plus attendue, les termes écoute, entends et débats sont dans la ligne que s'est fixée la candidate...

pour être complet, ce serait bien de disposer de l'équivalent pour Bayrou, Voynet, Buffet, Le Pen. Et une mise à jour de l'arbre philogénétique ?

13 février, 2007 12:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

pour bayrou, peut-être son discours de strasbourg du 12 février ?

13 février, 2007 22:11  
Blogger Jean Véronis a écrit...

J'y ai pensé, mais son discours est thématique: il est centré sur l'Europe. Le mot "europe" est d'ailleurs le mot central du nuage. Donc ce n'est pas un bon choix pour une comparaison avec des discours généraux... Mais peut-être que Bayrou va nous faire un discours programmatique complet un de ces 4 ?

13 février, 2007 22:17  
Blogger Gabrouze a écrit...

Désolé je n'ai pas pu m'empecher de montrer cette différence entre les deux candidats que la presse veut nous imposer... ceci etant dit, en faisant un post pareil, je participe à cette mascarade.
En tout cas, continuez ... ca m'inspire :o)

13 février, 2007 23:28  
Blogger Poulos a écrit...

Très intéressant (surtout la répétition de "changé" chez Sarko...), mais je ne comprends pas pourquoi le nuage de Ségo est différent de celui du billet "Ségo sur un nuage". Pourquoi par exemple le mot enfants a disparu de ce nuage ?

13 février, 2007 23:31  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Poulos> Oui, un peu plus d'explications sont nécessaires ! J'ai explosé le nuage, en quelque sorte. Le mot "enfants" est fréquent chez Ségo, mais chez Sarko aussi. Du coup, il quitte le nuage des mots spéficiques à Ségo pour passer dans le nuage des mots communs... C'est l'intérêt de cette mise en contraste.

14 février, 2007 10:45  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour à tous !

Histoire de varier les plaisirs, je me suis amusé à décortiquer l'intervention de M.-G. Buffet de lundi soir (que l'on peut revoir sur le site de TF1).
Incroyable le nombre de fois où elle utilise l'expression "Il faut.."

J'ai relevé toutes les occurrences (sauf erreur : 63, en me limitant au présent de l'indicatif)

J'ai chronométré aussi précisément que possible le temps de parole de M. Buffet : 1228 secondes.

On obtient donc un "Il faut" toutes les 19,49 secondes !!!!

Ceci nous donne un savoureux petit florilège à la Prévert dont je pourrais vous poster la liste intégrale si vous le désirez...

Au passage, je crois avoir relevé une surprenante "bourde" qui m'a laissé perplexe. Selon elle, la TVA serait l'impôt le plus injuste puisque (je cite en substance)cette taxe s'applique de la même manière sur le caddie d'une RMIste que celui de Madame Bétencourt !!!

Ingrid appréciera...

14 février, 2007 11:23  
Anonymous Anonyme a écrit...

>jullien
Je ne sais quel est l'âge de l'intervenant mais il semble ignorer deux choses :
1. La TVA sur les produits de grande consommation a été instituée par le ministre des finances Giscard il ya plus de 40 ans ; taxe sur la consommation, elle a toujours été critiquée par les représentants de gauche car cet impot indirect touche de manière égale les plus fortunés et les plus déshérités.
2. Quand on cite en France le nom de Bettencourt (et non Bétencourt) dans un débat sur les revenus, on vise Mme Liliane Bettencourt, la PREMIERE FORTUNE DE FRANCE, actionnaire majoritaire du groupe L'Oréal.
Mme M.G. Buffet citait donc à juste titre cette personne en évoquant l'injustice de la TVA sur les produits de grande consommation. Mme Ingrid Betencourt n'a rien à voir ici !

J'ajoute que je trouve horripilant de voir utilisé le mot "bourde" à tort et à travers par des ignorants ou même, dans le cas de la principale candidate à l'élection présidentielle, par des esprits misogynes et malintentionnés dont le seul souci est de disqualifier une adversaire politique afin de conserver tous les pouvoirs à son clan.

14 février, 2007 16:46  
Anonymous Anonyme a écrit...

Euh... Désolé mais je ne vois ce que mon âge vient faire là-dedans : mon propos n'était absolument pas de juger l'application de la TVA, comme vous semblez l'insinuer.

Pour la deuxième remarque, en revanche, je vous remercie de m'avoir éclairé : j'ai cru que Mme Buffet avait choisi un nom au hasard, comme elle aurait pu prendre "Duquesnoy" vs "Groseille", par exemple ;)
Au temps pour moi, donc.

Cela dit, si vous relisez attentivement mon message, vous remarquerez que je précisais ne pas être sûr de ce que j'avançais.

Je comptais poster un petit topo sur l'emploi des "n'est-ce pas" chez Le Pen, pour rester dans les tics de langage, mais j'avoue que votre accueil m'a un brin refroidi...

14 février, 2007 19:16  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Julien> Ne vous formalisez pas... Les commentaires par écrit paraissent parfois plus abrupts que l'intention qui les portent. C'est la même chose avec les mails. Je suis sûr que notre estimé Port-Royal a oublié un smiley qui changerait l'interprétation du commentaire du tout au tout.

Ce qui me fait faire une petite parenthèse : vous avez remarqué que personne ne se dispute ici, contrairement à beaucoup de blogs ? Et pourtant je vous donne ma parole que ne censure rien... Si je devais retenir un truc de ce blog, je crois que ce serait ça ma plus grande fierté ! Une maison cool, où on peut parler, et éventuellement s'expliquer, mais où tout le monde s'écoute. Que voulez-vous, je suis resté un vieux baba-cool, alors ça me réchauffe le coeur... (merci à tous!)

En tous cas, moi j'ai bien envie de le lire votre post sur Le Pen !!!

14 février, 2007 19:31  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonsoir à tous.

Merci, Jean.
Je suis convaincu, comme vous, que quelques smileys dans le message de Port-Royal auraient pu m’éviter cette désagréable sensation ;)
Je ne lui en veux nullement, d’autant moins que c’est justement le thème de la connivence (mais à l’oral, cette fois) que j’avais l’intention d’aborder en m’arrêtant un instant sur le « n’est-ce pas » lepénien.

En principe, l’usage voudrait que l’on utilise cette expression plutôt en fin de phrase, afin de s’assurer qu’une réalité évidente est bien admise par l’interlocuteur.
Autrement dit, le « n’est-ce pas » appelle l'acquiescement de l'interlocuteur à ce qui vient d'être dit ; il renforce une question pour laquelle on attend une réponse positive.

Ex : Pour aller d’Aix à Paris, il vaut mieux prendre le TVG que la voiture, n’est-ce pas ?

(Notons au passage qu’aujourd’hui, le « n’est-ce pas » jugé un brin vieillot tend à disparaître au profit d’un simple « d’accord ? ».)

Or, chez M. Le Pen, le « n’est-ce pas » semble revêtir une autre fonction (phatique ?) plus perverse dont le but serait de recueillir l’adhésion inconsciente de l’auditeur sur des thèmes qui sont loin d’être aussi évidents que l’avantage du TGV sur la voiture pour aller à Paris.

Ce tic de langage (technique fumeuse de persuasion ?) est d’ailleurs si particulier au leader nationaliste, qu’il n’a pas échappé à bon nombre d’imitateurs : en une minute de parodie, Laurent Gerra ne lui en colle pas moins de 5 !

( voir ici : http://youtube.com/watch?v=mT5753cMOc8&mode=related&search=)

Serait-ce en raison de ces imitations que M.Le Pen semble avoir « corrigé le tir » (pour rester dans les métaphores martiales dont il est également coutumier) ?

Il n’empêche que dans les réponses aux questions qui lui ont été posées dans l’émission de lundi dernier, les emplois abusifs de l’expression « n’est-ce pas » semblent beaucoup moins nombreux que par le passé.

Histoire de ne pas vous décevoir, en voici trois petites quand même, laborieusement glanées sur 38 minutes d’émission (et non pas de temps de parole car je n’ai pas eu le courage de chronométrer cette fois, ni même d’aller jusqu’au bout de l’émission) :

D’abord, pour tenter de démontrer qu’il n’est pas raciste :
« Quand je me suis présenté aux élections la première fois […] mon deuxième de liste était Noir. C’était un Martiniquais qui était Commandant de l’escadrille Normandie Yémen , n’est-ce pas ? »

Plus loin, à propos des immigrés qui sont entrés en France :
« Nous avons accepté de [les] faire entrer chez nous, chez nous qu’ils considéraient un peu comme les trésors du Golconde, n’est-ce pas, c’était le pays de Cocagne… »

Enfin, à propos des sans papier de Cachan :
« Ce que j’aurais fait lors de ce… ce « squat », n’est-ce pas, j’aurais maintenu l’ordre de la République. »

Dans chacun de ces trois exemples, le « n’est-ce pas » est typiquement lepénien : en quête d’une approbation conditionnée sur des thèmes qui, au contraire, appellent le questionnement.
N’est-ce pas ? ;)


Ps : Je vais tâcher de dégotter une vidéo de M. Douste-Blazy, et essayer de faire des stats sur « en effet » ;)))

15 février, 2007 00:47  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour
j'ai essayé de faire aussi mon petit linguiste à partir du discours de Sarko intitulé “J’ai changé”: Sarkozy l’américain est il “born again”

“J’ai changé” ca veut dire a priori, j’ai changé en mieux, donc ca veut dire que d’une certaine façon “avant”, je n’étais pas parfait, j’avais de mauvais cotés…

Si on réfléchit encore, on entend parfois dire “tu as changé” mais par contre dire on ne dit pas “j’ai changé” ce qui voudrait dire qu’on avait une essence mauvaise et qu’elle s’est améliorée

Si on pousse encore un peu plus loin la réflexion, cette idée renvoye à une tradition de pensée, celle de la rédemption, qui est dans son acceptation laique - et en simplifiant - l’idée que tout Homme peut effectuer un parcours personnel au terme duquel il va s’améliorer. Or l’idée de rédemtion est, sans doute, un des concepts clefs de la culture américaine. On pourrait développer à travers une infinité d’exemple issus de la littérature, du cinéma ou de la musique populaire américaine.

Cette idée pèse, à mi chemin entre le religieux et le laique, également sur la politique américaine, à travers le mouvement des “born again”, les “nés à nouveau”, ces américains extrèmement nombreux qui changent de vie à un certain age, retrouvent le chemin de l’Eglise et une vie “droite”. Vous n’êtes pas sans connaitre le plus célèbres des “born again”, Georges W Bush lui même. Outre-Atlantique, tout le monde connaît l’histoire du fils Bush, sauvé à 40 ans de son penchant pour la bouteille grâce à sa rencontre avec le télévangéliste Billy Graham. Au passage cela lui assure une partie de son élection à travers les plusieurs millions d’électeurs de la droite chrétienne - dont les Born Again constituent la base.
Mon raisonnement n’est pas sans faille, j’en conviens, mais il est tentant.. Au dela de sa fameuse poignée de main (empoisonnée) Sarkozy aurait il écouté la leçon des stratéges politiques américains de Georges W. Bush, dont le fameux Karl Rove, et tenterait il un numéro de changement d’image. Dans ce cas le “j’ai changé” serait la francisation du concept américain “born again”. A approfondir.
David Dornbusch
http://dd2007.parti-socialiste.fr/

15 février, 2007 11:51  
Anonymous Anonyme a écrit...

>jullien
Je vous ai bien entendu, et ne visais aucunement à vous blesser. Lire des jugements à l'emporte-pièce sur certains blogs m'a fait hausser le ton ici où les opinions s'échangent d'ordinaire sans animosité…

Je ne sais si vous trouverez beaucoup de plaisir à étudier le lexique de l'illustre Douste-Blazy, mais je pense que vous trouverez plus de matière aux discours de M. Le Pen, qui excelle effectivement à entretenir des rapports de connivence avec son interlocuteur.

Ayant suivi les discours de Mme Royal et de M. Sarkozy dimanche dernier, j'ai été frappé par le contraste entre deux verbes employés d'abondance, le "je propose" de la première s'opposant au "je crois" du second. Puis-je ajouter que l'énoncé performatif m'est apparu comme une caractéristique du discours solitaire de M. Sarkozy ? (Le linguiste Ducrot définissait ainsi l'énoncé performatif : "Je fais ce que je dis faire - par le simple fait que je dis le faire").

>David Dornbusch
"J'ai changé" : c'est en effet une bien curieuse assertion, et qui ne provoque guère de questionnements chez les commentateurs. Je serais sans doute plus sévère que vous dans l'analyse, mais le "born again" s'apparente à la réussite d'un parcours initiatique dont on peut se demander, dans le cas de M. Sarkozy, quelle pourrait avoir été l'épreuve transfiguratrice, et quel aurait pu être le guide, le maître, dans cette épreuve… Je crains qu'on ne soit renvoyé alors à une grisante vacuité…

L'"estimé Port-Royal" remercie l'estimable Jean Véronis pour son accueil amical ;)

15 février, 2007 20:58  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,

Je ne sais ou passer ceci sur ce site mais ce filn'est peut être pas le moins adequat.

Dans un article du journal Les Echos de la semaine passée,

http://blogs.lesechos.fr/article.php?id_article=945

...quelques lignes étaient consacrées aux 'Je' de cette campagne .


Lisez ces quelques lignes qui en sont la conclusion :

"...Nicolas, pendant ce temps, a continué sa route de la volonté. Au risque de frôler le dérapage. L’autre soir, tel un petit caillou imprévu sous la roue, un minuscule complément d’attribution est venu se glisser entre les mots, créant entre eux un choc malgré le poids feutré de l’image télévisuelle : 'Je veux pour vous la liberté...'
. Une contradiction dans les termes ? Une échappée de l’inconscient, toujours occupé à sa volonté de puissance, celui-là ?... En tout cas une construction linguistique tirant plus vers le totalitaire que le libertaire."

18 février, 2007 19:40  
Blogger raph a écrit...

Je m'immisce... J'ai lu, il y a plusieurs mois sur cet excellent blog, un billet qui expliquait comment utiliser ce [script | algorithme | programme] permettant de présenter les nuages de mots avec des tailles proportionnelles au nombre d'occurrences.
Malheureusement, je ne le retrouve plus. Merci !

27 février, 2007 21:52  

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