Ça y est, le livre vient de partir chez l'imprimeur. On a eu chaud. Il a failli ne pas se faire après les lapins posés par
Ségo et
Sarko... Un livre sans les deux stars paraissait peu «vendable», et puis subitement, tout s'est inversé la semaine dernière. Bayrou qui dépasse 20%, qui atteint même 24% et dépasse Royal selon certains sondages. Les médias soudain ne s'intéressent plus qu'à lui... et les éditeurs s'aperçoivent qu'il y a des tonnes de livres sur les deux stars et presque rien sur Bayrou ! Que Ségo et Sarko se soient défilés devient presque un argument de vente... Dommage que
Marianne l'ait déjà fait, sinon j'aurais bien vu un bandeau rouge «100% sans Sarko ni Sego» comme d'autres arborent le dernier Prix Machin-truc.
François Bayrou, Jean-Marie Le Pen, José Bové, Nicolas Hulot, Clémentine Autain, Nicolas Dupont-Aignan, Corinne Lepage et Dominique Voynet, notamment, ont joué le jeu, livrant des entretiens personnels et surprenants. le livre raconte aussi le making-of, les ratés, en un mot l'aventure humaine extraordinaire du
PoliTIC'Show, celle de citoyens lambda » qui partent à l’assaut des états-majors, déjouent les filtres, les barrières, les pièges, apprennent à leur manière à filmer, à interviewer, à transcrire. Il constitue un témoignage unique sur la Netpolitique en train de se faire et les interrogrations des médias classiques, avec des interviews de nombreux acteurs tels que
Guy Birenbaum,
Francesco Casabaldi,
Etienne Chouard,
Thierry Crouzet,
Quitterie Delmas,
José Ferré,
Grabuge,
Christophe Grébert,
Agnès Maillard,
Carlo Revelli,
Daniel Schneidermann, Thierry Solère,
Versac, ainsi que des journalistes de presse écrite.
Le livre sera en librairie le jeudi 5 avril (et disponible pour la presse à partir du 23 mars : service de presse : 01 40 40 40 62 /
presse@maxmilo.com)...
Le début de la conclusion, à titre d'avant-goût (voir aussi
Prologue et débuts des chapitres
Le Pen,
Voynet,
Bové).
Rebond
La journée du 8 mars 2007 restera dans l’histoire. Peut-être pas l’histoire de France, mais au moins celle du
PolilTIC’Show. Le Parisien publie un sondage CSA où François Bayrou est à 24 % d’intentions de votes, à un point seulement de Ségolène Royal. Deux jours plus tard, au moment où j’écris ces lignes, Bayrou est donné à 25 % par l’IFOP, pour la première fois devant Royal (24 %). Sa montée a été constante au cours des dernières semaines, et plusieurs sondages le donnaient déjà à plus de 20 % depuis quelques jours. Les états-majors de campagne, côté PS et côté UMP, cachent mal leur panique. Il faut dire que les sondages donnent aussi François Bayrou gagnant au deuxième tour dans les deux cas, contre Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy, avec une marge confortable. Bien sûr, il reste encore un mois et demi avant le scrutin, et de nombreux événements peuvent survenir (la première incertitude étant la question des signatures, et donc du nombre exact de candidats), mais le scénario Bayrou président, encore improbable il y a quelques semaines, est désormais de l’ordre du possible. Les journaux écrits ou télévisés parlent du Béarnais dans toutes leurs éditions. Mes outils d’analyse automatique de la presse montrent qu’il est désormais cité dans 40 % des articles de politique française.
La donne est d’un seul coup complètement inversée pour le livre. Les maisons d’édition n’avaient pas anticipé le phénomène, et s’il y a pléthore de livres sur Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, il n’y a presque rien sur François Bayrou. Pas vendable il y a seulement quelques jours sans les deux « stars » de la « bipolarisation », ce livre sur les Politiques mis au Net prend soudain une tout autre signification. Le candidat qui a joué à fond le jeu d’Internet est en mesure de chambouler l’élection. On regrette presque de ne pas avoir développé plus le chapitre Bayrou… Il y avait matière dans tout ce qu’on a jeté faute de place !
Y a-t-il rapport de cause à effet ? Ce sera aux analystes et aux historiens de se pencher sur les causes de la montée spectaculaire de François Bayrou, mais il est indéniable que le candidat centriste a progressivement conquis des couches de plus en plus larges du monde des internautes. Les sondages en ligne sur différents sites, comme Agoravox, le donnaient depuis longtemps en tête dans le cœur des « connectés ». Fin février, le site Vote2007.com, qui simule une élection avec deux tours chaque semaine, donnait pour la première fois Bayrou « président ».
Ce n’est évidemment qu’un reflet partiel de la société, puisque tout le monde n’est pas internaute. L'IFOP a cependant réalisé mi-février une étude très intéressante sur l’impact d’Internet dans l’élection présidentielle. Le Web apparaît en nette progression comme moyen d'information sur l’actualité politique : 47% des internautes interrogés affirment en effet y rechercher des informations sur l’actualité politique, soit une progression de 7 points par rapport à novembre 2006. Certains chiffres vont à l'encontre des idées reçues. Ainsi on pourrait penser que c'est surtout un public d'internautes assez jeunes, disons autour de la trentaine, qui est fortement intéressé par la politique sur Internet (un peu à l'image de la République des blogs par exemple). Cette image est fausse. L'intérêt des internautes pour la politique sur le Web croît avec l'âge, les plus de 65 ans étant les plus concernés.
Le sondage n'analyse pas l'impact du Web sur les intentions de vote, et il faut bien reconnaître qu’on se sait pas le poids exact qu’il aura eu dans la campagne. Les médias classiques ont évidemment joué le rôle principal pour cette fois encore. C’est d’ailleurs à travers eux, comme nous l’avons fait remarquer dans ce livre, que les informations ou boules puantes issues du Web ont trouvé un relais. Bayrou lui-même s’en est servi de manière extrêmement habile. Ses critiques répétées contre les médias lui ont finalement assuré un temps d’audience tout à fait confortable, y compris sur TF1, qu’il a le plus fustigé.
Il est possible cependant que la montée spectaculaire de Bayrou doive aussi quelque chose aux relais extrêmement importants qu'il a obtenus sur le Web. Sa percée est impressionnante dans certains secteurs de la population, qui sont justement les plus connectés, comme les profs, qui ont basculé massivement en sa faveur au détriment de Ségolène Royal. L'UMP et le PS sont certes présents sur le Web, mais avec des stratégies probablement moins efficaces. Du côté de l'UMP, on observe une machine Internet un peu à l'image du parti : très pyramidale. L’UMP délivre des informations du haut vers le bas. Pour aller les chercher, il faut déjà plus ou moins être convaincu. Cette structure descendante n’est sans doute pas bien adaptée à la « culture » Internet. La presse a largement rapporté que le site Sarkozy.fr n'a pas eu le succès escompté, et que la « pépinière » de blogs sympathisants a été un flop. Du côté du PS, la stratégie est différente : un site Désirs d'avenir « participatif » à l'image de la campagne de Royal, une « Ségosphère » extrêmement active. La base s'implique. Mais on peut se demander si l'activité bourdonnante qu'on y observe n'est pas une illusion quant à l'impact réel sur le vote des indécis. Le problème de la Ségosphère, comme toute « sphère » finalement, n'est-il pas de faire parler entre eux et de connecter essentiellement les sympathisants et les convaincus ? Là aussi, on a, en tout cas, une « machine » organisée par le parti.
Il faut reconnaître que la stratégie de Bayrou a été beaucoup plus habile : il a su susciter l'intérêt de nombreux blogueurs, qui n'étaient pas spécialement sympathisants UDF, et encore moins militants. Il a pris des positions appréciées sur le logiciel libre et le droit d'auteur, il est allé parler directement aux blogueurs, entre autres, dans le cadre du PoliTIC'Show. Il est filmé systématiquement (par exemple sur son site) avec son ordinateur devant lui... Nicolas Sarkozy, lui, avoue publiquement qu'il n'a jamais utilisé un ordinateur. On ne sait pas pour Ségolène Royal, mais elle ne donne pas franchement une image d'« addict » aux nouvelles technologies.
Pas, ou peu, de blogging institutionnel côté Bayrou (et d'ailleurs l'UDF a peu de moyens) : il a bénéficié peu à peu d'une armée de blogueurs non encartés qui se sont mis à parler de lui, et le plus souvent à en dire du bien. Sans doute beaucoup plus efficace que toutes les machines institutionnelles, toujours suspectes. Ça a marché de façon spectaculaire pour certains produits. C'est comme ça que Google a explosé, par exemple : pas un dollar dépensé en pub. Ce sont les « geeks », les accros à l’informatique, qui en ont fait la pub eux-mêmes, de façon virale. Et quand la recommandation vous a été faite par un ami, un proche, elle a infiniment plus de poids que toutes les pubs du monde. Il suffit pour s'en convaincre d'observer l'attachement quasi émotionnel des internautes à Google pour jauger cet effet. On a beau démontrer par A + B, que Yahoo a une pertinence de résultats identique, que d'autres ont une interface et des fonctionnalités bien meilleures, rien n'y fait. La relation nouée avec Google est affective, viscérale et indéfectible. C'est ce que Bayrou semble avoir réussi avec le Net.
Royal et Sarkozy ont peut-être eu tort de croire qu'ils avaient rempli leur contrat sur le Net parce qu'ils avaient monté une lourde machinerie institutionnelle. L'accession au deuxième tour se jouera dans un mouchoir de poche. Il leur manquera peut-être, à l'un ou à l'autre, les quelques pourcents des Français cultivés et connectés qu’ils ont « snobés ».
Le
PoliTIC’Show aura d’une certaine façon été un magnifique modèle réduit de la campagne. Ségolène Royal, qui manque son rendez-vous avec nous, semble bien être en train de le manquer avec les Français. Nicolas Sarkozy, multiplie les promesses qu’il ne peut pas tenir avec le
PoliTIC’Show, et les électeurs commencent peut-être à se demander s’il pourra tenir celles qu’il fait à chaque communauté, à chaque segment de la population qu’il rencontre…
[...]
13 Commentaires:
C est moi ou le lien vers le site du politicshow ne marche pas? Cela me renvoie a un site qui n existe pas...
C'est le système de redirection des noms de domaine Gandi qui est en panne une fois de plus. Des milliers de sites sont affectés. Ca va revenir (mais bossent-ils le week-end ?).
Ben si même Gandhi est en panne alors, vivement Bayrou pour le réactiver ;-)
"Ça veut dire qu’une fois tous les cinq ans, on réunit les citoyens pour voter, ils élisent, c’est-à-dire qu’ils donnent un chèque en blanc à quelqu’un, et on revient cinq ans après pour voir s’il a bien fait son boulot"
Ouaip c'est justement pour ça qu'on élit des représentants: Parce qu'on a ni le temps ni les compétences pour faire le travail qui doit être fait dans l'intérêt public et par dessus la profitabilité des individus .
Sinon je ne partage pas sa fascination pour le naked fakir.
Bayrou apparaît toujours comme super-ministre de l'E.N et Sarko super-ministre de l'intérieur, ça leur colle à la peau et ils ont du mal à s'en défaire. Quasi-lamarckien, la fonction crée l'organe.
"Ça veut dire qu’une fois tous les cinq ans, on réunit les citoyens pour voter, ils élisent, c’est-à-dire qu’ils donnent un chèque en blanc à quelqu’un, et on revient cinq ans après pour voir s’il a bien fait son boulot"
je suis d'accord avec ALL
Je ne vois ni problèmes, ni difficultés et surtout comment faire autrement!
Nos dirigeants doivent simplement s'astreindre sur la période de leur mandature à faire régulièrement le point sur les actions en cours, les résultats obtenus et, dans le même temps, préciser les immanquables ajustement de stratégie et de calendrier...
Si quelqu'un peut montrer une autre façon de faire, je suis preneur :)
Cordialement,
Des éloges dans le Monde :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-890756,0.html
On a bien les représentants que l'on mérite. Nous leur suggérons quotidiennement que la politique ne nous intéresse pas; ils ont compris le message et s'en servent. Leurs rétributions et leur pouvoir acquis ils vont oeuvrer sans vergogne par la suite pour les perpétuer. Voyez le cas Eric Besson au P.S! Nouveau petit Marcel Déat voire Jacques Doriot qui tend les mains à Sarkozy. Seulement voilà, il n'y a que deux solutions "tragiques" pour remettre en cause ce système : le vote "colère chaude" (momentané et irresponsable) ou l'abstention.
Sympathique non?
Pas de problème à filer un chèque ne blanc uniquement à partir d'une parlote ? Allez voir votre banquier et demandez lui un chèque en blanc, en lui disant que vous allez créer une entreprise, qui fera peut être des bénéfices un jour, mais que vous ne savez ni quand ni comment!
Ce qui rend les citoyens adultes, c'est l'usage de la raison. Si on veut juger les politiques publiques avec la raison, il faut que celles ci soient évaluées de façon indépendante. Comment sinon juger de l'intérêt général quand celui ci est une notion qui n'est pas accessible de façon naturelle ?
Le déficit grossit, les impôts aussi, qui a l'impression d'avoir choisi a un quelconque moment d'en arriver à cette situation ?
Pour info, je vous cite sur mon blog
http://lefenetrou.blogspot.com
Merci pour votre blog
@ Anonyme : "Nous leur suggérons quotidiennement que la politique ne nous intéresse pas;" : merci de ne pas parler en mon nom. Et jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons pas encore eu plus de 50% d'abstention... et quand bien même.
Et à propos du cas d'Éric Besson, au lieu d'écrire ce qui vous semble être LA vérité, lisez son livre. Il y est dit que Besson attendra après les législatives pour prendre contact. Et Besson est clairement de gauche. Mais social démocrate, pas bouffon. ;-)
Je me sens complètement en phase avec Bayrou. Il représente la France que j'aime.
A partir de maintenant, pour ne pas reculer dans les intentions de vote, il s'agira pour Bayrou d'exister tout simplement dans les médias. Parce que les média eux ont décidé de se débarrasser de lui. Je vois cela clairement à la lecture du Monde. Leur couverture de la campagne de Bayrou est tendancieuse à mon avis.
Eric besson je trouve surtout que c'est un sanguin.Il a pris tout ça trèèsssss perso et il a monté ça en épingle.De plus sa trahison était déjà préparé à l'avance ( qui croierait à un livre (14 février - 15 mars ) de presque 200 pages écris en à peine 1 mois, autorisation de publication comprise ?)
Quant à la couverture du monde, jusqu'ici je la trouvais très pro sarkozyenne..maintenant j'en suis presque sur.
Pro sarko, donc pro bayrou en début de campagne (quand il voulait couler ségolène royal), et maintenant anti bayrou maintenant que bayrou voudrait se faire passer limite pour un coco :)
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