Livre: Bayrou - Confidences
Un livre peut en cacher un autre… A peine avions-nous envoyé le fichier des Politiques mis au Net à l’imprimeur que François Bayrou nous appelle et accepte de rencontrer le PoliTIC’Show pour une deuxième longue interview. Il nous a accueillis le samedi suivant pendant près de deux heures, au cours desquelles il s’est livré à nouveau avec une étonnante liberté de ton : regards sur la campagne (le rôle d’Internet, l’homme Bayrou, etc.), questions brûlantes (éducation, immigration et intégration, la langue et les langues, urgences sociales et environnementale, etc.), Bayrou président (s’il est élu, avec qui gouvernera-t-il ? la création d’un nouveau parti, etc.). Du coup, avec près de cinq heures d’entretien au total (avec celui d’octobre), nous avions du matériau pour un livre à part entière, qui contient donc ce nouvel entretien et la totalité du premier (nous n’avions publié que des extraits dans les Politiques mis au Net).
Le livre sort le 5 avril (il est d'ores et déjà disponible pour la presse : 01 40 40 40 62 / presse@maxmilo.com). Libération y consacre une page avec des « bonnes feuilles » en exclusivité aujourd’hui.
Nous en reparlerons, avec d’autres extraits. Dommage que Ségo n'ait pas joué le jeu et nous ait posé un lapin (apparemment, nous ne sommes pas les seuls...). Mais il n'est pas trop tard...
« J’entre dans la confidence, on va dire que je parle de ma vie… C’est un long chemin que j’ai fait, celui d’un jeune homme politique, un très jeune homme politique issu du peuple, fils de tout petits paysans, et qui croit au début que le chemin qu’il fait est celui de l’élitisme républicain… Ce chemin, c’est ce qu’il a appris à l’école dans les cours d’éducation civique : “Tu te présentes, tu te fais élire, tu représentes les citoyens et puis tu vas changer le monde.” C’est ça qu’on croit de la République… Et puis, il fait le chemin, plutôt bien, plutôt mieux que d’autres. Il est considéré comme un jeune homme doué avec quelques menus inconvénients : il n’a pas de relations, il ne connaît personne… On n’est pas très sûr qu’il soit très respectueux des puissants, mais enfin, il fait le chemin. Et il s’aperçoit en cours de route que tout ce qu’on lui racontait, c’était du pipeau. C’était du joli pipeau, mais c’était du pipeau. » |
« Au fond, les politiques fonctionnent sur quel modèle ? Ils appellent ça le modèle de la démocratie représentative. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’une fois tous les cinq ans, on réunit les citoyens pour voter, ils élisent, c’est-à-dire qu’ils donnent un chèque en blanc à quelqu’un, et on revient cinq ans après pour voir s’il a bien fait son boulot. Entre-temps, comme citoyen, vous êtes réputé ne pas avoir à vous occuper de ces affaires. »
« Il faut mesurer que l’information est un pouvoir. Probablement, l’information est le pouvoir. Le monopole du pouvoir, c’est le monopole de l’information. Il se trouve qu’Internet révolutionne tout ça, parce qu’il rend à chaque citoyen le droit à l’information et à l’expression. »
« Je suis un enfant de l’école publique, un professeur de l’école publique et j’ai été le ministre qui probablement a eu avec l’école publique les meilleurs rapports. Mais je vais vous dire une chose avec certitude : ma priorité, c’est l’école publique. Et elle est en danger. Je veux que vous sachiez le désarroi qui est le mien, quand banlieue après banlieue – j’en ai fait des dizaines depuis des années – j’entends des mères, souvent élevant seules leurs enfants, musulmanes, pratiquantes, qui m’expliquent sans la moindre nuance, que, l’année prochaine, elles scolariseront leurs enfants à l’école privée parce qu’elles ont le sentiment qu’ils ne sont plus en sécurité à l’école publique. »
« Vous ne pouvez pas savoir les haines qui se développent en France. Les haines qui ressortent, les haines qui reviennent. La couleur de peau… J’ai mis beaucoup de temps à comprendre ce que ressentaient les Noirs dans notre pays. Je voyais bien du racisme à l’égard des Arabes – on va parler comme les gens de la rue –, mais je n’avais jamais imaginé qu’il puisse y avoir du racisme à l’égard des Noirs, parce que j’étais dans une famille qui aimait l’Afrique. Je croyais au contraire qu’il y avait une chaleur spontanée. Je me suis aperçu que c’était pas du tout vrai, et que ça revenait, la couleur de peau, et qu’ils se sentaient mis à la porte ; que ça revenait, la religion – et ce qu’a dit Sarkozy l’autre jour sur l’Islam, vous voyez bien ce que ça veut dire... On agite les stéréotypes pour susciter le caractère grégaire ! »
« François Bayrou. — J’espère bien qu’il y aura des Français de souche qui apprendront l’arabe !
Jean Véronis. — Ce serait donc facteur d’intégration ?
François Bayrou. — Ma femme est en train d’apprendre l’arabe, par exemple. (Rire.)
Jean Véronis. — Voilà un scoop !
Nicolas Voisin. — Dans quel contexte ? C’est surprenant comme...
François Bayrou. — Toute seule, d’elle-même, parce qu’elle adore les langues, elle a des aptitudes linguistiques et elle est perfectionniste. Donc elle s’efforce toute seule d’apprendre l’arabe. Et elle dit : « Après j’apprendrai l’hébreu. Le jour où j’aurai un minimum de maîtrise de l’arabe, assez pour me débrouiller et pour comprendre, ou en tout cas pour avoir des inflexions qui ne soient pas ridicules, après je me mettrai à l’hébreu. » Eh bien, elle a drôlement raison. Tout ça ce sont des trésors, ce ne sont pas des menaces, vous comprenez ? »
« Je considère que Gandhi est la plus grande figure historique du siècle. Il y en a eu d’autres, Churchill à sa manière, de Gaulle à sa manière, pour la France, Mendès à sa manière, mais Gandhi pour moi est la plus grande. Vous vous rendez compte de ce que c’est que libérer un pays qui est un continent contre la plus grande puissance de l’époque simplement à mains nues, sans tirer une balle. Mettre à genoux l’empire britannique simplement par la non-violence. Quel Himalaya pour ce petit bonhomme ! Eh bien, je n’ai jamais cessé d’y croire. Et de croire notamment à la règle d’or de Gandhi : “La fin est dans les moyens, comme l’arbre est dans la graine.” »
Nous en reparlerons, avec d’autres extraits. Dommage que Ségo n'ait pas joué le jeu et nous ait posé un lapin (apparemment, nous ne sommes pas les seuls...). Mais il n'est pas trop tard...
13 Commentaires:
C est moi ou le lien vers le site du politicshow ne marche pas? Cela me renvoie a un site qui n existe pas...
C'est le système de redirection des noms de domaine Gandi qui est en panne une fois de plus. Des milliers de sites sont affectés. Ca va revenir (mais bossent-ils le week-end ?).
Ben si même Gandhi est en panne alors, vivement Bayrou pour le réactiver ;-)
"Ça veut dire qu’une fois tous les cinq ans, on réunit les citoyens pour voter, ils élisent, c’est-à-dire qu’ils donnent un chèque en blanc à quelqu’un, et on revient cinq ans après pour voir s’il a bien fait son boulot"
Ouaip c'est justement pour ça qu'on élit des représentants: Parce qu'on a ni le temps ni les compétences pour faire le travail qui doit être fait dans l'intérêt public et par dessus la profitabilité des individus .
Sinon je ne partage pas sa fascination pour le naked fakir.
Bayrou apparaît toujours comme super-ministre de l'E.N et Sarko super-ministre de l'intérieur, ça leur colle à la peau et ils ont du mal à s'en défaire. Quasi-lamarckien, la fonction crée l'organe.
"Ça veut dire qu’une fois tous les cinq ans, on réunit les citoyens pour voter, ils élisent, c’est-à-dire qu’ils donnent un chèque en blanc à quelqu’un, et on revient cinq ans après pour voir s’il a bien fait son boulot"
je suis d'accord avec ALL
Je ne vois ni problèmes, ni difficultés et surtout comment faire autrement!
Nos dirigeants doivent simplement s'astreindre sur la période de leur mandature à faire régulièrement le point sur les actions en cours, les résultats obtenus et, dans le même temps, préciser les immanquables ajustement de stratégie et de calendrier...
Si quelqu'un peut montrer une autre façon de faire, je suis preneur :)
Cordialement,
Des éloges dans le Monde :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0,36-890756,0.html
On a bien les représentants que l'on mérite. Nous leur suggérons quotidiennement que la politique ne nous intéresse pas; ils ont compris le message et s'en servent. Leurs rétributions et leur pouvoir acquis ils vont oeuvrer sans vergogne par la suite pour les perpétuer. Voyez le cas Eric Besson au P.S! Nouveau petit Marcel Déat voire Jacques Doriot qui tend les mains à Sarkozy. Seulement voilà, il n'y a que deux solutions "tragiques" pour remettre en cause ce système : le vote "colère chaude" (momentané et irresponsable) ou l'abstention.
Sympathique non?
Pas de problème à filer un chèque ne blanc uniquement à partir d'une parlote ? Allez voir votre banquier et demandez lui un chèque en blanc, en lui disant que vous allez créer une entreprise, qui fera peut être des bénéfices un jour, mais que vous ne savez ni quand ni comment!
Ce qui rend les citoyens adultes, c'est l'usage de la raison. Si on veut juger les politiques publiques avec la raison, il faut que celles ci soient évaluées de façon indépendante. Comment sinon juger de l'intérêt général quand celui ci est une notion qui n'est pas accessible de façon naturelle ?
Le déficit grossit, les impôts aussi, qui a l'impression d'avoir choisi a un quelconque moment d'en arriver à cette situation ?
Pour info, je vous cite sur mon blog
http://lefenetrou.blogspot.com
Merci pour votre blog
@ Anonyme : "Nous leur suggérons quotidiennement que la politique ne nous intéresse pas;" : merci de ne pas parler en mon nom. Et jusqu'à preuve du contraire, nous n'avons pas encore eu plus de 50% d'abstention... et quand bien même.
Et à propos du cas d'Éric Besson, au lieu d'écrire ce qui vous semble être LA vérité, lisez son livre. Il y est dit que Besson attendra après les législatives pour prendre contact. Et Besson est clairement de gauche. Mais social démocrate, pas bouffon. ;-)
Je me sens complètement en phase avec Bayrou. Il représente la France que j'aime.
A partir de maintenant, pour ne pas reculer dans les intentions de vote, il s'agira pour Bayrou d'exister tout simplement dans les médias. Parce que les média eux ont décidé de se débarrasser de lui. Je vois cela clairement à la lecture du Monde. Leur couverture de la campagne de Bayrou est tendancieuse à mon avis.
Eric besson je trouve surtout que c'est un sanguin.Il a pris tout ça trèèsssss perso et il a monté ça en épingle.De plus sa trahison était déjà préparé à l'avance ( qui croierait à un livre (14 février - 15 mars ) de presque 200 pages écris en à peine 1 mois, autorisation de publication comprise ?)
Quant à la couverture du monde, jusqu'ici je la trouvais très pro sarkozyenne..maintenant j'en suis presque sur.
Pro sarko, donc pro bayrou en début de campagne (quand il voulait couler ségolène royal), et maintenant anti bayrou maintenant que bayrou voudrait se faire passer limite pour un coco :)
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