Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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jeudi, novembre 25, 2010

Outil: Les discours de politique générale de la Ve République

Je viens de mettre le dernier discours de François Fillon en ligne sur mon site dédié aux discours de politique générale des Premiers ministres sous la Ve République :


Celui du 24 novembre était le 20e du genre, et comme vous le verrez, mon outil permet de faire des recherches dans tous les discours, et d'afficher divers nuages et graphiques. Voici par exemple le nuage des mots les plus importants de ce dernier discours:

Discours de F. Fillon (2010)

Le discours de François Fillon  est intéressant à comparer avec celui de 2007. A part les mots quelque peu obligés de France et République, on voit qu'à l'époque François Fillon insistait sur le gouvernement, alors que dans le dernier discours c'est le monde qui émerge.

Discours de F. Fillon (2007)

Ce chassé croisé n'est peut-être pas anodin... En 2007, François Fillon se mettait au travail, pouvait encore croire qu'il serait pleinement chef du gouvernement, mais le président de la République a montré depuis qu'il empiétait largement sur ce rôle. Échange de bons procédés ? Inconscient qui travaille ? La préoccupation mondiale est d'ordinaire celle du chef de l'Etat... Sauf quelques exceptions: le Premier Ministre champion du monde était Jacques Chirac en 1974 sous Valéry Gistard d'Estaing. C'est le seul qui est devenu président de la République à part Georges Pompidou (mais les circonstances étaient un peu particulières pour celui-ci)...


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4 Commentaires:

Blogger Guy a écrit...

Bonsoir,

Le premier mot que j'ai cherché avec votre outil a été "peur", j'ai été étonné qu'il soit très présent dans ce discours et très peu dans les autres. J'ai ensuite lu le blog de votre collègue Pascal Marchand qui a noté cette "sur-utilisation du terme “peur”".

Les mots qui sont dans l'air du temps ne sont-ils pas constitutifs de ce genre de discours ?

Merci pour votre apport à l'ouverture d'esprit.
Guy
PS : pensez-vous qu'il soit possible de chercher toutes les formes d'un verbe : pour les verbes du premier et deuxième groupe l'expression régulière est simple mais pour ceux du troisième groupe c'est plus compliqué (par exemple avec vouloir, j'ai forgé v[oe]u[txl].* mais cela n'inclut pas "veuil*"

25 novembre, 2010 21:30  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Oui, six fois le mot peur(s), c'est beaucoup. Il apparaît très ponctuellement dans quelques autres discours (voir graphique), mais la plupart des Premiers ministres ne l'ont pas utilisé. La peur dont il parle est la "peur du changement", qu'il oppose au "courage des réformes". C'est aussi Fillon qui emploie le plus ce mot de courage. C'est cette opposition courage/peur qui me paraît significative, plutôt que la seule utilisation du mot peur.

Bien sûr chacun des discours reflète l'air du temps, que ce soit des mots ou symboles passagers (comme les roses de Pierre Mauroy) ou bien le reflet des problèmes et difficultés de l'époque (comme l'Algérie pour Debré et Pompidou, ou l'inflation pour Raymond Barre)...

Il me semble que l'expression ci-dessous fonctionne à peu près :

(voul|veu|veuil).*.

On pourrait complexifier un peu si on ne veut pas ramener une veuve au milieu :

veu[xt]|(voul|veuil).*.

26 novembre, 2010 08:36  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Guy> J'ai retrouvé un billet que j'avais écrit en 2007, et qui donne les mots spécifiques de chacun des discours (ici). On y voit l'air du temps...

26 novembre, 2010 09:05  
Anonymous jean-Claude Deroubaix a écrit...

L'explication par l'air du temps reste un peu floue. Dans mon travail sur les déclarations gouvernementales en Belgique (1997), je montre la manière dont se concrétise réellement cette notion "d'air du temps" que je préfère appeler"problèmes de l'heure". Le choix de problèmes est important car des gouvernements qui se succèdent partagent un lexique qui fait référence à des problèmes, leurs solutions pouvant diverger, même si choisir les mots pour poser un problème contraint souvent déjà la solution. On voit que sous cet "air du temps" se cache la question toujours complexe de la continuité et du changement des politiques. Aucun gouvernement (sauf révolution, et encore) ne trouve le terrain politique vierge, il hérite de beaucoup de chose et donc aussi du vocabulaire de son prédécesseur.
Cela donne souvent des enchaînements de discours et ce que l'on peut appeler des chroniques lexicales.

18 décembre, 2010 02:06  

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