Ca montre la réactivité étonnante de Google Suggest. Sur "DSK..." on a "DSK menotté", "DSK alibi", "DSK vrai faux...". Je n'avais pas encore noté ces ajustement de Suggest littéralement en temps réel.
Je l'ai remarqué sur pas mal de projets. C'est souvent peu tangible du fait du volume des requêtes habituelles, surtout sur des patronymes à volume naturel élevé. quand arrive un scandale, on a maintenant une réactivité en quelques heures de suggest. Pour la Porsche, c'était environ 5-6h après. Notons que l'affaire du viol a largement chassé la Porsche et les costumes ^^
En anglais on a droit à "jewish" et plus bas à "juif" ! Mais aussi scandal, bio, et father. (https://encrypted.google.com/webhp?hl=en)
Les allemands et les italiens ont l'air très policés, ou alors l'index de Google Suggest n'a pas encore été mis à jour dans ces deux langues...
En espagnol (pour "dominique str") on retrouve "judio", mais aussi "dominique stroskan" et plus étonnant "dominique strauss-kahn generacion perdida" ! (https://encrypted.google.com/webhp?hl=es)
NB: les liens ci-dessus renvoient à la version SSL toujours en mode beta, mais les résultats ont l'air d'être les mêmes que sur la version classique.
La première chose qui me vient à l'esprit en lisant l'ensemble des commentaires, c'est que les gens jugent l'Homme DSK à travers ses origines juives. Serait-ce de l'antisémitisme ? J'aurais tendance à dire prudence... Je pense que dans l'inconscient général, il devient automatique de considérer les gens qui ont à faire à la justice à travers leurs origines. "Les noirs et les arabes" crèent de la délinquance, les juifs sont des magouilleur d'argent ou des violeurs (Polanski, DSK), et les chrétiens ont des curés pédophiles... Autant de préjugés qui ont une fonction psychologique : comprendre le monde en faisant moins d'efforts cognitifs. Nous filtrons tous les informations et avons besoin de cases pour comprendre le monde.
Voici une analyse psychosociale de l'association : DSK juif Viol
Ceci dit, aujourd'hui, si je tape "Sarkzozy est il" (en plus de juif et fou), j'ai droit à "invité au mariage" "au mariage", "invité au mariage de Kate and William"
Donc bon... Parfois je me demande, est ce que google reflète VRAIMENT les recherches des gens ? Parce que bon...
Je m'interroge depuis plusieurs semaines sur l'aspect sémantique de l'affaire Strauss-Kahn, et plus particulièrement sur l'usage fait, à tort et à travers, du terme "présumé".
En l'occurrence, entre les avocats qui disent qu'une victime et un agresseur ne peuvent logiquement être "présumés" simultanément et, par exemple, un Yves Calvi sur RTL qui rappelle que, tant la femme de chambre que l'homme politique sont tous les deux "présumés", il y a de quoi s'y perdre même si j'ai tendance à plus faire confiance aux premiers.
Sur ce sujet il y a un paragraphe du génial blog d'Eolas qui lève toute ambiguïté :
"Alors pour éviter de torturer la langue française et d’employer ce pauvre mot de “présumé” à toutes les sauces, mettons les choses au point.
Parler de Dominique Strauss-Kahn comme d’un suspect, d’un inculpé ou d’un accusé est tout à fait correct. Juridiquement, le terme le plus exact à ce stade est accusé, puisque l’indictment a été prononcé par le Grand Jury. Le désigner comme “violeur” serait une atteinte à la présomption d’innocence. Mais le désigner comme “violeur présumé” est lourd, inélégant et imprécis, le terme présumé, sans doute inspiré par présomption d’innocence, ayant le sens de “Qui est supposé par hypothèse, par conjecture”. Soit l’inverse de ce qu’on veut dire, en somme. Un violeur présumé n’est pas un innocent présumé.
Là où l’auditeur risque la migraine, c’est quand la victime devient à son tour présumée. Diable ! Si le violeur est présumé innocent, la victime est-elle présumée menteuse ? Non, bien sûr, mais on la rétrograde au rang de victime présumée. Ce qui fait beaucoup de présumés.
Le mot français pour “victime présumée” est “plaignante”. Le terme de “victime”, qui étymologiquement renvoie au religieux, puisqu’il désigne ce qui est offert en sacrifice aux dieux (victima en latin), n’est juridiquement adéquat qu’une fois que le crime est établi, soit après la condamnation. Bref, le terme de victime est incompatible avec la présomption d’innocence. Vous comprendrez pourquoi l’usage intensif qui est fait de ce terme par les gouvernements successifs pose problème."
Et avec les éléments récents, on constate avec Jules que les journalistes ont, comme par enchantement, trouvé le décodeur :
"Si l’on en croit le New-York Times, l’accusation doute de la crédibilité de la plaignante. Observez en passant que la presse française a subitement abandonné la terminologie de « victime présumée » au profit de celle de « plaignante »1, « d’accusatrice »2 ou même de « femme de chambre »3. Ce qui démontre tout à la fois l’inanité de la formule et l’absence de neutralité de ceux qui l’employaient. Les raisons de ces doutes tiennent aux accommodements que l’intéressée a pu trouver avec la vérité. Les déclarations litigieuses, cependant, ne concernent pas directement les allégations d’agression sexuelle, mais des informations périphériques. La nuance est d’importance pour la suite."
Auriez-vous des outils qui permettraient de faire une analyse de cette évolution ?
Yogi
- lien vers le blog d'Eolas : http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/05/22/Commentaire-d-un-juriste-sur-la-couverture-m%C3%A9diatique-de-l-affaire-DSK
- lien vers le blog de Jules : http://dinersroom.eu/6209/reasonable-doubt-mon-amour/
9 Commentaires:
le 30 Mars, pour comparaison.
Ca montre la réactivité étonnante de Google Suggest. Sur "DSK..." on a "DSK menotté", "DSK alibi", "DSK vrai faux...". Je n'avais pas encore noté ces ajustement de Suggest littéralement en temps réel.
Je l'ai remarqué sur pas mal de projets. C'est souvent peu tangible du fait du volume des requêtes habituelles, surtout sur des patronymes à volume naturel élevé. quand arrive un scandale, on a maintenant une réactivité en quelques heures de suggest. Pour la Porsche, c'était environ 5-6h après. Notons que l'affaire du viol a largement chassé la Porsche et les costumes ^^
En anglais on a droit à "jewish" et plus bas à "juif" ! Mais aussi scandal, bio, et father.
(https://encrypted.google.com/webhp?hl=en)
Les allemands et les italiens ont l'air très policés, ou alors l'index de Google Suggest n'a pas encore été mis à jour dans ces deux langues...
En espagnol (pour "dominique str") on retrouve "judio", mais aussi "dominique stroskan" et plus étonnant "dominique strauss-kahn generacion perdida" !
(https://encrypted.google.com/webhp?hl=es)
NB: les liens ci-dessus renvoient à la version SSL toujours en mode beta, mais les résultats ont l'air d'être les mêmes que sur la version classique.
La première chose qui me vient à l'esprit en lisant l'ensemble des commentaires, c'est que les gens jugent l'Homme DSK à travers ses origines juives. Serait-ce de l'antisémitisme ? J'aurais tendance à dire prudence...
Je pense que dans l'inconscient général, il devient automatique de considérer les gens qui ont à faire à la justice à travers leurs origines. "Les noirs et les arabes" crèent de la délinquance, les juifs sont des magouilleur d'argent ou des violeurs (Polanski, DSK), et les chrétiens ont des curés pédophiles... Autant de préjugés qui ont une fonction psychologique : comprendre le monde en faisant moins d'efforts cognitifs. Nous filtrons tous les informations et avons besoin de cases pour comprendre le monde.
Voici une analyse psychosociale de l'association : DSK juif Viol
Essayons avec curés pédophiles
Arabes racailles
Noirs mangeurs de manioc
...
Linguistes pinailleurs...
Excellent ! il y a aussi Philosophes pédants...
Ceci dit, aujourd'hui, si je tape "Sarkzozy est il" (en plus de juif et fou), j'ai droit à "invité au mariage" "au mariage", "invité au mariage de Kate and William"
Donc bon...
Parfois je me demande, est ce que google reflète VRAIMENT les recherches des gens ? Parce que bon...
Bonjour,
Je m'interroge depuis plusieurs semaines sur l'aspect sémantique de l'affaire Strauss-Kahn, et plus particulièrement sur l'usage fait, à tort et à travers, du terme "présumé".
En l'occurrence, entre les avocats qui disent qu'une victime et un agresseur ne peuvent logiquement être "présumés" simultanément et, par exemple, un Yves Calvi sur RTL qui rappelle que, tant la femme de chambre que l'homme politique sont tous les deux "présumés", il y a de quoi s'y perdre même si j'ai tendance à plus faire confiance aux premiers.
Sur ce sujet il y a un paragraphe du génial blog d'Eolas qui lève toute ambiguïté :
"Alors pour éviter de torturer la langue française et d’employer ce pauvre mot de “présumé” à toutes les sauces, mettons les choses au point.
Parler de Dominique Strauss-Kahn comme d’un suspect, d’un inculpé ou d’un accusé est tout à fait correct. Juridiquement, le terme le plus exact à ce stade est accusé, puisque l’indictment a été prononcé par le Grand Jury. Le désigner comme “violeur” serait une atteinte à la présomption d’innocence. Mais le désigner comme “violeur présumé” est lourd, inélégant et imprécis, le terme présumé, sans doute inspiré par présomption d’innocence, ayant le sens de “Qui est supposé par hypothèse, par conjecture”. Soit l’inverse de ce qu’on veut dire, en somme. Un violeur présumé n’est pas un innocent présumé.
Là où l’auditeur risque la migraine, c’est quand la victime devient à son tour présumée. Diable ! Si le violeur est présumé innocent, la victime est-elle présumée menteuse ? Non, bien sûr, mais on la rétrograde au rang de victime présumée. Ce qui fait beaucoup de présumés.
Le mot français pour “victime présumée” est “plaignante”. Le terme de “victime”, qui étymologiquement renvoie au religieux, puisqu’il désigne ce qui est offert en sacrifice aux dieux (victima en latin), n’est juridiquement adéquat qu’une fois que le crime est établi, soit après la condamnation. Bref, le terme de victime est incompatible avec la présomption d’innocence. Vous comprendrez pourquoi l’usage intensif qui est fait de ce terme par les gouvernements successifs pose problème."
Et avec les éléments récents, on constate avec Jules que les journalistes ont, comme par enchantement, trouvé le décodeur :
"Si l’on en croit le New-York Times, l’accusation doute de la crédibilité de la plaignante. Observez en passant que la presse française a subitement abandonné la terminologie de « victime présumée » au profit de celle de « plaignante »1, « d’accusatrice »2 ou même de « femme de chambre »3. Ce qui démontre tout à la fois l’inanité de la formule et l’absence de neutralité de ceux qui l’employaient. Les raisons de ces doutes tiennent aux accommodements que l’intéressée a pu trouver avec la vérité. Les déclarations litigieuses, cependant, ne concernent pas directement les allégations d’agression sexuelle, mais des informations périphériques. La nuance est d’importance pour la suite."
Auriez-vous des outils qui permettraient de faire une analyse de cette évolution ?
Yogi
- lien vers le blog d'Eolas : http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/05/22/Commentaire-d-un-juriste-sur-la-couverture-m%C3%A9diatique-de-l-affaire-DSK
- lien vers le blog de Jules :
http://dinersroom.eu/6209/reasonable-doubt-mon-amour/
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