Lexique: Révolutions
Christine Lagarde nous a fait un peu de linguistique ce matin sur France Info. A la question de la journaliste lui faisant remarquer que le nouveau gouvernement n'a rien de révolutionnaire, elle répond qu'au contraire, il est "totalement révolutionnaire car le principe de la révolution, comme expliqué brillamment par Jean-Louis Bourlanges, c'est que vous faites un tour complet à 360°". J'ai trouvé intéressant au passage que Mme Lagarde cite le président de la Fondation du Centre, que je trouve effectivement brillant, mais auquel je ne connaissais pas ce talent de lexicographe (si des lecteurs savent d'où vient cette citation, je suis preneur).
Christine Lagarde, France-Info, 15-11-2010
envoyé par FranceInfo. - L'info video en direct.
Sur le plan linguistique c'est parfaitement exact. Le mot révolution (du latin revolvere, rouler, ramener en arrière) a été utilisé dès le Moyen-Âge pour désigner le retour d'un astre à son point de départ. L'idée de changement brutal qu'on lui connaît dans le contexte politique n'est apparue que plus tard (probablement sous l'influence anglaise au XVIIe siècle, n'en déplaise aux défenseurs de la pureté de la langue française), mais elle a changé le sens du mot... à 180°. En feignant, sérieuse comme une papesse, d'ignorer cette polysémie, Mme Lagarde nous fait une belle pirouette rhétorique. On prend les mêmes (ou presque) et on recommence, voilà une idée plutôt comique de la révolution !
Ah ces politiques, quel talent pour nous rouler...
Christine Lagarde, France-Info, 15-11-2010
envoyé par FranceInfo. - L'info video en direct.
Sur le plan linguistique c'est parfaitement exact. Le mot révolution (du latin revolvere, rouler, ramener en arrière) a été utilisé dès le Moyen-Âge pour désigner le retour d'un astre à son point de départ. L'idée de changement brutal qu'on lui connaît dans le contexte politique n'est apparue que plus tard (probablement sous l'influence anglaise au XVIIe siècle, n'en déplaise aux défenseurs de la pureté de la langue française), mais elle a changé le sens du mot... à 180°. En feignant, sérieuse comme une papesse, d'ignorer cette polysémie, Mme Lagarde nous fait une belle pirouette rhétorique. On prend les mêmes (ou presque) et on recommence, voilà une idée plutôt comique de la révolution !
Ah ces politiques, quel talent pour nous rouler...
13 Commentaires:
De toute évidence Mme Lagarde écoute l'Esprit Public le dimanche matin sur France Culture ! Un très bon point pour elle !
Petite faute de frappe : le mot latin est revolvere.
Ah, ma vue baisse, merci !
Meilleur Ministre de ce gouvernement
M. Bourlanges a fait son petit mot sur la révolution de François Fillon lors d'une intervention à l'émission de Philippe Meyer sur France Culture : http://www.franceculture.com/emission-l-esprit-public-le-remaniement-ministeriel-le-g20-2010-11-14.html
Emmanuel> Merci de l'info ! Je vais écouter l'émission, probablement très intéressante.
De l'art de glisser sur les définitions ! Le contexte de la phrase excluait totalement le sens astronomique, lequel s'applique uniquement à la dette publique, que Mme le ministre connaît bien !
http://www.cnrtl.fr/definition/r%C3%A9volution
Maurice Béjart avait déjà, en 1989 pour le bicentenaire de la Révolution française, énoncé quelque chose comme : « La révolution, c'est tourner ! »
Une affirmation que l'on peut lui entendre répéter en boucle dans une des musiques composées par Hughes Le Bars pour son spectacle “1789… et nous” (http://www.bejart.ch/fr/1789-et-nous/oeuvres/377).
Bonjour,
voir Lacan en 1968, à propos des évènements (je n'ai pas les réferences)
Dans un roman de science-fiction des années 50, un extra-terrestre voit le cadran d'une horloge terrienne, et s'exclame, admiratif:
Vous recyclez le temps!
Bonjour,
ce qui est drôle tout de même, c'est que, en astronomie, la révolution correspond au tour complet, à 360 ° donc, qu'exécute un astre autour d'un autre, mais que, quand il s'agit d'un tour sur lui-même, à 360° aussi, on parle de rotation.
La révolution de la Terre est d'un an, sa rotation de 24h.
Cordialement
Agnès
http://doutagogo.com
C. Lagarde affecte peut-être d'ignorer la polysémie des mots, mais surtout, leur histoire, ce qui lui permet de choisir le sens le moins courant : l'«étymologique» (i.e., le plus ancien qui soit attesté et/ou reconstruit). C'est l'un des procédés favoris de la mauvaise foi.
On apprend ça au berceau en philologie classique : fermez les dictionnaires ! L'étymologie d'un mot ne donne jamais son sens dans le texte.
J'arrive un peu tard... Billets et commentaires, c'est toujours aussi bien ici.
Pièce détachée> Excellente remarque... Merci d'être passé(e) -- et non, ce n'est jamais trop tard : j'espère que ce blog n'est pas un de ces machins éphémères pour zappeurs pressés !
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