Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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mercredi, septembre 05, 2007

Sourds: A écouter sur France Culture

On ne parlera jamais assez du handicap en général, et de la difficile situation des sourds et malentendants en particulier (voir ce billet par exemple). Je me permet de vous signaler une émission consacrée à la question sur France Culture, cet après-midi à 16h. Je ne l'ai pas encore écoutée, donc je ne peux juger de sa qualité, mais je vous encourage à aller y traîner une oreille. Je pense que le podcast sera également en ligne ensuite sur le site de l'émission.



Une langue pour apprendre
Un documentaire de Stéphane Correa et Vanessa Nadjar

Les sourds ne sont pas muets, ils ont une langue.

Non pas une copie en geste du français. Mais une vraie langue. Avec sa syntaxe, sa grammaire, son vocabulaire et ses poésies. Une langue, reconnue internationalement, mais qui peine encore à franchir les grilles des écoles de la République.

Car si l'éducation nationale accueille de plus en plus d'enfants sourds en intégration aux côtés d’enfants entendants, elle le fait dans la langue nationale : le français.
Mais comment apprendre à lire et à écrire quand on n'entend pas ? Comment acquérir les savoirs de base avec une pédagogie axée principalement sur l'oral ?
Lecture sur les lèvres, appareils auditifs, orthophonistes permettent à certains élèves de s'en sortir mais pour la plupart des enfants l'école rime avec échec comme en témoigne Pascal : « J'avais l'impression d'être dans un tunnel, de voir tout le monde gesticuler autour de moi, sans savoir pourquoi. Parfois je saisissais bien que la maîtresse ou mes parents n'étaient pas contents de ce que je faisais. Mais je ne savais pas pourquoi. Je ne savais pas ce que c'était une note, ni un devoir. Et à douze ans je ne savais ni lire, ni écrire. J'avais le sentiment d'être sur une île déserte, coupé du reste du monde, sans personne avec qui communiquer ».

La majorité des enfants sourds n'atteignent pas le Bac et encore moins les bancs de l'université. Ils sont le plus souvent cantonnés à des métiers manuels. Il n'y a pourtant aucune fatalité. Des exemples en Europe ou aux Etats-Unis montrent que les sourds peuvent avoir une scolarité tout à fait normale et accéder aux études supérieures. L'une des solutions repose sur l'éducation bilingue, en langue des signes et en français ; le français comme langue de l'intégration sociale et professionnelle, la langue des signes pour acquérir les savoirs de base, qu'il s'agisse de lire ou d'écrire mais aussi d’appréhender les mathématiques ou encore l’histoire. Une langue donc pour apprendre et se construire.

Nous suivrons au fil de ce documentaire de « Sur les docks » des enfants sourds scolarisés dans une école primaire à Poitiers, dans le cadre d'un projet d'éducation bilingue, ainsi que des élèves de terminale du cours Morvan à Paris, école spécialisée dans l'éducation des enfants sourds, qui préparent leur bac en deux ans. Nous entendrons aussi la parole de parents sourds qui, à l'heure de scolariser leurs enfants, s'interrogent sur l’enseignement à leur donner.

Avec :
Michel Lamothe, directeur du service d'éducation bilingue, Poitiers ;
Catherine Texier, professeure des écoles, Ecole Paul Blet, Poitiers ;
Christelle Lamothe, interprète ;
Jean-François Sicot, sourd, parent d’enfants sourdes.

Producteur coordonnateur : Joseph Confavreux
Producteur délégué : Stéphane Correa
Réalisation : Vanessa Nadjar

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13 Commentaires:

Blogger arnul a écrit...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

05 septembre, 2007 10:36  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour, ceci est mon premier post sur le blog, que je lis avec fidélité et avidité.
Pourquoi j'écris présentement?
Pour vous alerter du contenu de l’émission de France Culture. Je crains, en lisant le synopsis de l’émission, qu’elle ne soit pas le reflet de la réalité des élèves sourds. Je m’explique.
J'ai 20 ans, je suis sourde sévère-profonde de naissance. Et pourtant je ne me reconnais pas du tout dans la description des élèves sourds faite dans le « synopsis » de l’émission « sur les Docks » de France Culture.
J'ai eu mon bac Littéraire en même temps que mes camarades (entendants faut-il le préciser?), mention Bien, avec entre autres 16 en Français 17 en Anglais et 15 en allemand. Et j'adore la linguistique, l'étymologie et les posts de ce blog. Incroyable! Un sourd qui lit, qui a le bac, qui maîtrise le français et en apprécie ses subtilités!
Il faut arrêter d’être épaté de ces soi-disant prouesses. Ceci devrait être normal pour n’importe quel sourd.
Et pour que ceci devienne normal, je pense qu’il faut d’abord arrêter d’associer « sourd » avec « langue des signes » ou « mutisme ». C’est du même niveau que « Français = mangeur de cuisses de grenouilles ». Sauf que ce dernier préjugé ne pèse pas sur la vie des Français. Être sourd et évoluer dans une société qui croit que le sourd est signant, muet et vit dans son ghetto, c’est déjà un peu plus difficile en matière d’intégration…
Je suis sourde, et je ne pratique pas la langue des signes. La majorité des sourds n'est pas signante, le saviez-vous ? La langue des signes est en fait un très bon exemple de médiatisation : c’est spectaculaire, ça fascine, donc c’est mis en avant. Sans plus d’explication. Sans plus de nuances.
Ma langue maternelle est le français. Ma seconde langue est l'anglais, ma troisième langue est l'allemand, où est la langue des signes me demandez-vous? Je ne suis pas moins sourde que ceux qui signent, n'allez pas croire ça. Mes audiogrammes peuvent vous le prouver.
Je suis ce qu'on appelle sourde oraliste. Pourquoi ne parle-t-on jamais des oralistes? Parce qu'on ne les voit pas : ils parlent en français, ils sont intégrés dans la société. Ils ont des relations sociales, amoureuses, professionnelles dans la société actuelle, entendante. Donc on se dit, ils sont comme les entendants, pas de problèmes pour eux…
A la question, dans le synopsis de l’émission de France Culture "mais comment apprendre à lire et à écrire quand on n'entend pas, comment acquérir les savoirs de base avec une pédagogie principalement axée sur l'oral?", je vous réponds : Le LPC (complément à la Langue française Parlée Complétée).
C'est fort dommage (c'est même triste, cela montre que le journaliste n'a pas fait son travail correctement) que le LPC ne soit pas mentionné dans cette émission, car le LPC est l’outil par excellence pour l’acquisition de la langue française.
Il est un complément à la langue française. Il n'est pas une langue à part entière, comme l'est la langue des signes. Le LPC m’a permis d’avoir le français comme première langue. Le français comme langue maternelle. Ce qui est du plus naturel non ? Mes parents parlent le français, pourquoi devrais-je faire la langue des signes ?
En tant qu'oraliste, pour comprendre ce qui est dit autour de moi, je lis sur les lèvres. Mais la lecture labiale n'est pas toujours suffisante, car ils existe ce que l'on appelle des sosies labiaux. Le LPC évite ces sosies, et complète visuellement ce que l'on ne peut percevoir auditivement. Le message oral est donc parfaitement transmis, le risque d'erreur ou de confusion est quasiment nul. Au petit enfant sourd on va donc lui parler normalement, en utilisant en complément le LPC. Résultat: l'enfant intègre 100% du message oral, qu'il va reproduire (à la manière de l'enfant entendant), ce qui l'amènera ensuite sans difficultés à l'apprentissage de l'écrit. Une fois ceci acquis, les limites deviennent les mêmes que celles des entendants. La scolarité est normale, les notes sont le reflet de l'élève et non plus de la surdité.
Vous savez par qui a été inventé le LPC? Par le professeur Orin Cornett, qui, je vous le donne en plein dans le mille, était professeur à l'université signante de Gallaudet, Washington. Le fait qu’un enseignant signant (mais entendant, je précise) ait cherché un autre moyen pour communiquer avec les sourds montre en négatif que la langue des signes a des lacunes suffisamment importantes pour chercher une autre solution. La langue des signes ne permet pas un accès au support écrit, car elle est une langue sans écrit. Ce qui pose un problème pour l’acquisition de la langue maternelle, ou pour communiquer avec des personnes non-signantes : exit sms mail etc, la lecture du journal, d’une pancarte. Dans ce cas effectivement, n'allons pas parler d'études!

Tout les soirs je fais mon petit décompte : à combien de personnes inconnues ai-je parlé (que ce soit pour du pain, l’heure, une direction ou des beaux yeux), en mentionnant ma surdité ? Mon record actuellement est 25 en une journée, ma moyenne table autour de 5 par jour. Le but ? Montrer aux gens que les sourds parlent. Faire évoluer l’opinion. Nous vous informons, vous nous intégrez plus facilement.
Je continue avec plaisir la discussion avec vous tous, bloggeurs.

05 septembre, 2007 12:33  
Anonymous Anonyme a écrit...

En réponse au post d'Arnul:

Je ne pense pas qu'il y ait les sourds d'un côté, les entendants de l'autre. Les "sourds volontaires" comme vous dites on les voit pas, mais ils existent, et ils ne veulent pas obligatoirement créer leur propre monde. Ils veulent s'intégrer. Pas tous, certes.
Proposer aux sourds d'organiser leur monde, n'est-ce pas un fatalisme? Une manière d'avouer que, non, les sourds ne peuvent pas vivre dans la société? Pourtant c'est possible. Et souhaitable. A quoi bon sinon les grands principes d'intégration, d'égalité, etc?
Qu'en pensez-vous?

05 septembre, 2007 13:59  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je dois dire que l'échange de commentaire pour cette rubrique est fascinant... De la bien-pensance, généreuse face à la réalité vécue...

De l'art de trouver du bon dans la ghettoisation des gens...

05 septembre, 2007 14:09  
Blogger arnul a écrit...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

05 septembre, 2007 14:53  
Anonymous Anonyme a écrit...

En y réfléchissant, je me dis que le jour où l'on ne s'étonnera plus qu'un sourd écrive et parle comme tout le monde, un grand pas aura été fait : cela signifiera que n'importe quel sourd aura accès sans problème à une éducation classique, avec apprentissage de la lecture.
L'idée du "livre d'animation" est très bonne arnul, est cela se fait un peu, par exemple dans les gares SNCF : une image de synthèse représentant un agent de la SNCF signe les annonces sonores et écrites. Mais est-ce réalisable partout? A l'ère du livre électronique, pourquoi pas... mais imaginez, faire ça pour toutes les étiquettes alimentaires, les panneaux en tout genre, etc...! Il faudrait créer un pays à part entière organisée dans cette optique "tout en langue des signes". Croyez-vous cela possible? On pourrait essayer d'imaginer comment cela fonctionnerait...
Je suis d'accord, il n'y a pas de supériorité d'une langue avec "organes phonatoires" -pour reprendre les termes exacts- à une langue gestuelle. Mais la société dans laquelle on vit est faite de telle sorte que ce sont les langues avec "organes phonatoires" qui dominent. C'est un fait. A partir de là, je pense qu'il vaut mieux maîtriser une langue correspondant à ce système...
Il n'est pas difficile d'apprendre une langue étrangère (enfin...)car on reproduit un processus d'apprentissage identique à celui pour notre propre langue : on se met dans un bain de langage, on reproduit, on approfondit les points de grammaire, etc. Il y a les mêmes principes de "correspondance" entre l'oral et l'écrit, etc (je ne suis pas linguiste, je fais confiance aux spécialistes pour mieux expliquer ça ;-)).
Pour un signant, il est beaucoup moins évident d'apprendre le français en tant que langue étrangère, car il n'y a aucun lien entre le signe et le mot écrit (là où il y en a un entre le son prononcé -ou vu- et le son écrit).
C'est pourquoi je pense que l'idéal est d'acquérir la langue française en tant que langue maternelle, quitte ensuite à faire le choix de la langue des signes comme langue d'appartenance à une certaine communauté.
Plus que 98% des sourds naissent de parents entendants. N'est-il pas logique qu'ils apprennent la langue de leurs parents?

Je reconnais que trente ans plus tôt, je ne parlerais peut-être pas comme ça : les progrès technologiques, médicaux et orthophoniques datent d'il y a quelque dizaines d'années seulement. Et ces progrès sont pour beaucoup dans l'évolution de l'oralisme.
Pourquoi ne pas attraper cette chance de parler et d'avoir au moins en commun la communication?

Au plaisir de blogger :)

05 septembre, 2007 17:25  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour Jean,

Je m'étais déjà exprimée sur le billet du village des sourds et là encore je ne peux me retenir.

D'abord pour aller dans le sens de Anne Laure : je suis sourde moyenne ("que" moyenne me direz vous, quelle chance !!), j'ai un bac + 5, je suis chef d'entreprise, je lis et je parle couramment l'anglais (mais c'est vrai que la compréhension orale reste très difficile) .
ET c'est vrai, beaucoup de sourds ne signent pas, et donc je réagis contre les propos de Arnul : la sémantique des entendants, c'est la mienne aussi, et comme le dit anne vivement qu'on ne s'étonne plus qu'un sourd écrive correctement.

Reste que parmi toutes les personnes que je rencontre chaque jour, notamment pour des raisons professionnelles, très peu savent que je suis sourde car hélas les préjugés sont tenaces.

ET pour terminer ce billet, rien à voir avec ce qui précède, mais Jean, je vous ai vu un jour à la télé, et je vous trouve très télégénique...

05 septembre, 2007 18:49  
Anonymous Anonyme a écrit...

Juste un p'tit mot, pour ne pas que les orthophonistes - dont je suis - ne soient plus considérés comme les hérauts de l'oralisme. Le temps où l'on interdisait aux sourds de signer est bien révolu je l'espère.

Aujourd'hui, ce qu'on enseigne aux futurs orthophonistes en fac de médecine c'est : communiquez avant tout !
Que ce soit en signant, en oralisant, en lecture labiale, en LPC... Il faut avant tout ne pas rompre la communication, dès les premières minutes de vie.
La LSF est plus naturelle pour un sourd, elle est donc souvent celle que les jeunes sourds choisissent en premier, mais ça n'exclue nullement de maîtriser le français oral et écrit.

La langue, qu'elle soit orale, signée ou écrite, est faite pour communiquer, pour créer des liens et vivre ensemble, vraiment ensemble.

06 septembre, 2007 01:00  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour Bruz,

Je suis parfaitement d'accord avec vous, le maître mot pour le petit est "communiquer".
"La LSF est plus naturelle pour un sourd". Pouvez-vous préciser?

06 septembre, 2007 08:47  
Anonymous Anonyme a écrit...

En voici un qui n'est pas sourd.

Cette petite phrase de Dominique de Villepin sonne bizarrement dans mes oreilles :
"J'entends dire ce que je pense".
Comment doit-on l'entendre ?

06 septembre, 2007 11:19  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anne-Laure> Merci pour votre long témoignage ! C'est vrai que la LSF est beaucoup plus médiatisée que d'autres solutions comme le LPC. Il y a sans doute un côté "magique" qui plaît au public et aux journalistes... En écoutant l'émission, j'ai trouvé que le professeur Lamothe avait, lui, une vision très raisonnable et très pondérée des choses. Après tout, c'est une chance, qu'il y ait plusieurs types de réponses au problème, parce qu'après tout, il y a une infinité d'individus, de contextes et de situations (et en plus tout cela évolue, fort heureusement, au cours du temps: la situation n'est plus la même qu'il y a 20 ou 30 ans). Le plus important, me semble-t-il, est de faire quelque chose, comme votre expérience le prouve, et le plus tôt possible...

06 septembre, 2007 13:33  
Blogger arnul a écrit...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

07 septembre, 2007 14:06  
Blogger Guillaume a écrit...

Mon grand frère est sourd profond depuis la naissance (malformation dûe à une maladie pendant la grossesse).

Mes parents ont toujours fait le maximum pour qu'il apprenne à s'intégrer dans le monde d'entendants dans lequel nous vivons tous. Il est donc capable de se faire comprendre oralement par des entendants, même si c'est difficile. A l'écrit sa syntaxe est défaillante mais il sait également se faire comprendre.

Mes parents ont toujours refusé d'apprendre la langue des signes, si bien que je ne la connais pas non plus à part quelques mots et l'alphabet qui, de temps en temps, me dépanne quand j'ai un mot compliqué à faire comprendre à mon frère, qui d'ordinaire lit sur les lèvres. Quand il était plus jeune, mon frère nous l'a souvent reproché car, étant handicapé et donc déjà "pénalisé", il considérait qu'il nous appartenait de faire les efforts de communication à son encontre. Il y a dans la "communauté" sourde certains extrémistes qui veulent à tout prix préserver une "identité sourde" au point de s'opposer aux opérations chirurgicales visant à améliorer l'ouïe des malentendants. Cela dit, je ne suis pas certain qu'un sourd profond de naissance qui, d'un seul coup, deviendrait entendant, nous prierait pas Dieu de mettre fin à son calvaire auditif après 5 minutes dans les rues de Paris... ou une chanson de Lorie ;-)

Tout cela pour dire que je n'avais jamais entendu parler de la LPC avant aujourd'hui, j'en suis presque honteux mais mieux vaut tard que jamais. Et puis peut-être n'en ai-je jamais ressenti le besoin car mon mode de communication actuel (lecture sur les lèvres) me convient ?

Aujourd'hui mon frère a deux enfants, une fille sourde (il est marié avec une sourde "génétique") et un fils entendant. Cela a été difficile au début mais nous avons réussi à les convaincre lui et sa femme de faire apprendre l'oralité à sa fille plutôt que de se contenter de la LSF, afin qu'elle puisse s'intégrer au mieux dans notre société. Je vais demander à mon frère ce qu'il pense de la LPC.

Lien intéressant sur la LPC :

http://www.alpc.asso.fr/code01-a.htm

Par ailleurs, je suis souvent attristé d'entendre mes concitoyens accoler systématiquement l'adjectif "muet" à l'adjectif "sourd". J'ai l'impression qu'à les entendre, un sourd est nécessairement muet ce qui a déjà été écrit ici et est bien sûr faux.

Je tiens également à faire la remarque que la langue des signes a la particularité d'être internationale, à part quelques "mots" qui peuvent être différents, si bien qu'un sourd français peut, sans trop de difficultés, discuter avec un sourd anglais.

03 octobre, 2007 12:23  

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