Sarko: Grand chef à plumes (3)
Dernier volet de cette histoire de plumes (voir début: 1, 2)... Je vous avais promis de regarder comment se présentent les choses chez les autres candidats (les principaux, du moins, car je manque de matériau pour les autres, à part Arlette Laguiller, dont j'ai déjà parlé ici).
Voici donc les arbres de Ségolène Royal, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen :
Les représentations sont conformes à ce qu'on connaît de la situation. L'arbre de Bayrou est intéressant, car, non seulement, il corrobore ce qu'on sait de lui, à savoir qu'il tient lui même le stylo, mais il montre aussi que la technique capte les aspects stylistiques et pas seulement thématiques. Bayrou a en effet, comme les autres, prononcé des discours sur des thématiques diverses au cours de sa campagne (voir dans la base Discours 2007). Le Pen semble aussi avoir une écriture composite, ce qui confirme sa mise sous tutelle stylistique pendant cette campagne. Quant à Royal, c'est elle qui a l'arbre le plus complexe, à part Sarkozy, bien sûr. La presse s’est fait l’écho à plusieurs reprises du côté collaboratif et collectif de son écriture. Les idées et les formules émergeaient paraît-il de groupes de réflexion, étaient discutées, retenues ou non par la candidate, fusionnées avec les siennes. Rien d'étonnant chez Ségolène Royal, qui a fait de la « démocratie participative » l’un des thèmes mêmes de sa campagne. Des cercles successifs étaient chargés de faire remonter des éléments et des notes de synthèses. « Elle travaille comme Mitterrand, avec plusieurs cercles en compétition, à géométrie variable, expliquait “un proche” dans Libération (10 février 2007). Elle identifie des personnes ressources, demande une note ou des éléments. Puis la synthèse se fait au plus près d'elle. » On sait que le dernier cercle comportait au moins une plume principale, Sophie Bouchet-Petersen, ex-trotskyste, théoricienne de la démocratie participative et d’après le Figaro (27 février 2007), auteur des formules chocs telles qu'ordre juste, et « réservoir d’idées de Ségolène Royal », mais d’autres noms ont circulé, comme celui d’Érik Orsenna...
En tout cas, ces représentations arborées sont fascinantes. Je vous les livre bien sûr à titre expérimental. Tout cela est à confirmer, recroiser, affiner, corroborer... Mais n'est-il pas intéressant de faire sortir les idées émergentes des laboratoires au plus près de l'actualité ? Les circuits classiques de la publication scientifique, sans doute bien plus contrôlés et bien plus sérieux (?) demandent des mois, et souvent des années avant que les résultats des recherches soient connus du public.
Voici donc les arbres de Ségolène Royal, François Bayrou et Jean-Marie Le Pen :
Les représentations sont conformes à ce qu'on connaît de la situation. L'arbre de Bayrou est intéressant, car, non seulement, il corrobore ce qu'on sait de lui, à savoir qu'il tient lui même le stylo, mais il montre aussi que la technique capte les aspects stylistiques et pas seulement thématiques. Bayrou a en effet, comme les autres, prononcé des discours sur des thématiques diverses au cours de sa campagne (voir dans la base Discours 2007). Le Pen semble aussi avoir une écriture composite, ce qui confirme sa mise sous tutelle stylistique pendant cette campagne. Quant à Royal, c'est elle qui a l'arbre le plus complexe, à part Sarkozy, bien sûr. La presse s’est fait l’écho à plusieurs reprises du côté collaboratif et collectif de son écriture. Les idées et les formules émergeaient paraît-il de groupes de réflexion, étaient discutées, retenues ou non par la candidate, fusionnées avec les siennes. Rien d'étonnant chez Ségolène Royal, qui a fait de la « démocratie participative » l’un des thèmes mêmes de sa campagne. Des cercles successifs étaient chargés de faire remonter des éléments et des notes de synthèses. « Elle travaille comme Mitterrand, avec plusieurs cercles en compétition, à géométrie variable, expliquait “un proche” dans Libération (10 février 2007). Elle identifie des personnes ressources, demande une note ou des éléments. Puis la synthèse se fait au plus près d'elle. » On sait que le dernier cercle comportait au moins une plume principale, Sophie Bouchet-Petersen, ex-trotskyste, théoricienne de la démocratie participative et d’après le Figaro (27 février 2007), auteur des formules chocs telles qu'ordre juste, et « réservoir d’idées de Ségolène Royal », mais d’autres noms ont circulé, comme celui d’Érik Orsenna...
En tout cas, ces représentations arborées sont fascinantes. Je vous les livre bien sûr à titre expérimental. Tout cela est à confirmer, recroiser, affiner, corroborer... Mais n'est-il pas intéressant de faire sortir les idées émergentes des laboratoires au plus près de l'actualité ? Les circuits classiques de la publication scientifique, sans doute bien plus contrôlés et bien plus sérieux (?) demandent des mois, et souvent des années avant que les résultats des recherches soient connus du public.
12 Commentaires:
et la "palme" va à Bayrou...
Joli monsieur Bazile ^^
monsieur Veronis, je trouve vraiment fascinant ce que vous faites. Utilisez des procédés très technique, pas toujours facile à comprendre mais qui font ressortir quelque chose de très humain.
Je me demande ce que feraient les gens de ces informations. On peut attendre d'un chef d'Etat qu'il puisse de lui même produire des textes donnant son point de vue. Enfin je ne suis pas un spécialiste, mais c'est tres interessant tout ca merci ^^
Bonjour très intéressant (comme d'habitude), je dirais même fascinant.
Une petite question pratique :
Avec quel logiciel générez vous ces arbres ?
L'analyse des textes et le calcul des distances sont faits par des ligiciels "maison". Je fais le tracé des arbres en détournant le logiciel SplitsTree, qui est fait pour les biologistes.
Merci Monsieur Véronis,
C'est assez fascinant de voir ces "arbres", comme une image de pensées.
Vous faites là un travail passionnant.
Bonjour,
Comme toujours superbe travail, merci d'être de retour...
Néanmoins quelques petites questions d'un biologiste !
- comment faite vous pour "rooter" votre arbre, autrement dit d'où vient sa racine ? D'un discours très ancien ? D’un texte sans rapport avec la campagne ?
- Quelle méthode utilisez-vous ? neigbourg joining ou UPGMA, combien d'itération ?
- dernière questions, souvent on met une notion de distance entre les différentes séquences, est-ce possible ici ?
Bon Courage !
Laurent
PS : je connais mal SplitsTree, mais Dendroscope est pas mal pour s'amuser avec la représentation des arbres...
bonsoir,
merci pour ces arbres, qui sont effectivement parlants (oui, il y a bien longtemps de cela, les arbres parlaient... et ceux-là s'en souviennent ;-)
Cependant, vos arbres sont étiquetés avec une date, mais la proximité chronologique n'est pas visualisée.
Etant donné que les arbres sont essentiellement unidimensionnels, mais représentés en 2D, est-ce qu'il serait possible de changer la représentation pour percevoir le temps ?
Par exemple tracer le même arbre dans un espace (temps, distance lexicale) ?
Cela dit, c'est peut-être complètement incongru comme suggestion...
Anonyme biologiste> J'avais oublié de répondre à votre commentaires, mille excuses. Parfois je m'y perds...
Je n'aime pas trop les représentations enracinées, car elles me semblent introduire un biais, à moins qu'il y a ait une raison particulière de créer une racine. Mais ça choque les gens de voir un arbre sans racine, et on me réclame constamment la forme enracinée (voir ici et ici. Je laisse SplitsTree choisir le premier taxon, et il se trouve que c'est le plus ancien...
La méthode que j'utilise est UPGMA, mais je suppose qu'on pourrait expérimenter différents algorithmes.
Quant à la notion de distance entre séquences, je ne vois pas bien à quoi vous faites allusion (je ne suis pas biologistes). A la base, tout le processus est basée sur la distance des textes pris deux à deux...
Bonjour,
1 question / 1 demande
question :
Savez-vous/pensez-vous que ce type de technique soit utilisé pour authentifier des messages et communiqués anonymes ou non ?
(Ce message est-il vraiment de Ben Laden, du FLNC, etc ?)
demande :
Dans une société où l'on sépare méthodiquement littérature et sciences dures dont les mathématiques (avec les classiques bac bien distincts), comment fait-on pour générer des gens comme vous qui naviguent dans ces deux univers, ou mieux qui ne voient qu'un seul univers (!) ?
Mickaël> Oui, ce type de technique est utilisé à des fins d'identification (éventuellement avec bien d'autres paramètres quand on traite de l'oral). Mais évidemment, plus les messages sont brefs, moins c'est fiable...
Et sur le deuxième point, je peux vous dire que j'ai toujours souffert de cette dichotomie imbécile. Le comble de l'absurde c'est qu'on met même les bons en lettres dans les filières scientifiques, car on utilise celles-ci de façon pervertie comme simple critère de sélection. On nage en plaine absurdité (et en pleine hypocrisie).
Merci pour vos réponses
Effectivement je suis d'accord avec vous les racines ça change pas mal la représentation...
Pour la distance, c'était juste que souvent le logiciel rajoute une notion d'échelle (genre 1cm= 0.01) liée à la matrice calculée, mais je ne sais pas si c'est applicable a vos matrices à vous...
Et comme Je venais juste de me le faire remarquer par un referee pointilleux dans un papier...
Vous avez des banques de données de publication comme pubmed pour nous chez les linguistes ?
Bon courage
Laurent, le biologiste anonyme
...
1) tout cela est bien beau 2) votre lecture nous honore !
Enregistrer un commentaire