Sarko: Vocation
On sait que depuis son plus jeune âge Nicolas Sarkozy a une véritable vocation. Certains veulent être pompiers. Lui, non, il voulait être président. Ça lui a pris 53 ans, mais il l’a fait. Heureusement que les jeunes candidats pompiers ne sont pas tous aussi têtus, sinon il faudrait allumer des feux dans toutes les banlieues pour les occuper une fois adultes…
Un lecteur attentif, Mikaël, me fait remarquer que Nicolas Sarkozy a un tic. Pas son mouvement d’épaule convulsif. Ça c’est une autre histoire, et je ne suis pas toubib. Non, Michaël a noté l’utilisation récurrente du mot vocation, ou plutôt de l’expression « avoir vocation à ».
Cela ne m’avait pas frappé, mais une petite recherche dans ma base Discours 2007 m’a rapidement convaincu de la justesse de cette observation.
Si l’on regarde le nombre de discours qui contiennent l’expression « avoir vocation à » chez Sarkozy et chez les autres candidats, on obtient le tableau suivant :
Chez Sarko, l’expression apparaît dans un discours sur 3, alors qu’elle n’apparaît guère que dans 3% des discours des autres candidats. 10 fois plus. Pas besoin de faire de grands tests statistiques (on pourrait) pour affirmer que la différence est significative !
Seulement, voilà. On sait que les discours de Sarkozy sont écrits par de multiples plumes, dont celle d’Henri Guaino (voir ici). « Avoir vocation à » est-il une expression fétiche de Guaino ? D’une autre plume ? De Sarko lui-même ? On pourrait certainement survivre sans le savoir, mais c’est un cas de figure intéressant du point de vue méthodologique.
Vous vous souvenez qu’on peut évaluer très grossièrement le taux d’anaphores dans les discours à l’aide d’une méthode assez rustique (voir ici), et que l’on voit assez clairement apparaître la patte d’Henri Guaino dans les discours à partir du printemps 2006. J’ai cerclé sur le diagramme de l’autre jour les discours qui contenaient l’expression « avoir vocation à » :
C’est assez étonnant, mais les cercles sont répartis de façon à peu près équitable entre les discours attribuables à Guaino et les autres… Je ne veux pas devenir trop technique, mais cela me donne l’occasion de parler d’un petit test statistique simple. Les lecteurs allergiques peuvent sauter quelques paragraphes. Je ne voudrais pas être responsable d’un choc anaphylactique chez ceux qui ont été traumatisés au lycée...
En bref, j’ai deux groupes de discours. Ceux qui contiennent « vocation à » et les autres. Pour chacun de ces groupes, je peux calculer la moyenne de mon « indice anaphorique », c’est-à-dire la proportion de trigrammes initiaux uniques :
L’indice est légèrement plus élevé (et donc la proportion d’anaphores un peu plus faible) dans le groupe des discours contenant « vocation à ». En d’autres termes, les discours attribuables à Guaino sembleraient utiliser un tout petit peu moins cette expression. Mais cette différence est-elle significative, ou bien est-elle suffisamment faible pour qu’on ne puisse la distinguer des effets du hasard ? C’est l’éternelle question que pose la statistique. Dans ce cas précis, un test dit de Student nous montre que la différence observée n’est justement pas significative (p = 0,18 pour les connaisseurs).
Alors, que se passe-t-il ?
Nous entrons à partir de là dans le monde fascinant des hypothèses et des supputations. On peut évidemment imaginer que Guaino et une autre plume (ou Sarkozy lui-même) aient tous deux le même « tic de la vocation ». Pas totalement impossible, évidemment, mais tout de même peu probable…
J’ai plutôt l’impression que cette expression est du vrai Sarkozy. Cela expliquerait qu’elle se retrouve dans les discours de ses diverses plumes. Car le processus d’écriture est certainement plus collectif que le mot « plume » ne laisse penser (d’ailleurs Guaino l’a expliqué dans un article du Monde de février dernier). Il est probable que Sarkozy lise des brouillons, intervienne, ajoute, corrige. Il est bien possible aussi que Guaino pioche dans les discours antérieurs du patron.
A moins d’aller interroger les protagonistes (mais ils ont l’air assez occupés ces temps-ci), on n’aura pas de certitude (et encore, sont-ils complètement conscients de ces phénomènes ?). En tout cas, ces petits jeux mathématico-linguistiques montrent que les textes sont terriblement indiscrets. Nous laissons des traces un peu partout quand nous écrivons. Tout cela n’est pas aussi fiable qu’un test ADN, je vous le concède, mais j’ai le sentiment qu’en combinant de multiples critères, on peut arriver à de sérieux faisceaux de présomption. Mais vous allez dire que je suis un obsédé textuel…
Un lecteur attentif, Mikaël, me fait remarquer que Nicolas Sarkozy a un tic. Pas son mouvement d’épaule convulsif. Ça c’est une autre histoire, et je ne suis pas toubib. Non, Michaël a noté l’utilisation récurrente du mot vocation, ou plutôt de l’expression « avoir vocation à ».
Cela ne m’avait pas frappé, mais une petite recherche dans ma base Discours 2007 m’a rapidement convaincu de la justesse de cette observation.
Tous les pays n'ont pas vocation à intégrer l'UnionEt ainsi de suite.
L’Etat n’a pas vocation à se mêler de tout
L’Europe a vocation à protéger.
L’OTAN n’a pas vocation à se substituer à l’ONU.
Si l’on regarde le nombre de discours qui contiennent l’expression « avoir vocation à » chez Sarkozy et chez les autres candidats, on obtient le tableau suivant :
Vocation à | Total | % | |
Sarkozy | 21 | 63 | 33,3% |
Autres | 5 | 166 | 3,0% |
Chez Sarko, l’expression apparaît dans un discours sur 3, alors qu’elle n’apparaît guère que dans 3% des discours des autres candidats. 10 fois plus. Pas besoin de faire de grands tests statistiques (on pourrait) pour affirmer que la différence est significative !
Seulement, voilà. On sait que les discours de Sarkozy sont écrits par de multiples plumes, dont celle d’Henri Guaino (voir ici). « Avoir vocation à » est-il une expression fétiche de Guaino ? D’une autre plume ? De Sarko lui-même ? On pourrait certainement survivre sans le savoir, mais c’est un cas de figure intéressant du point de vue méthodologique.
Vous vous souvenez qu’on peut évaluer très grossièrement le taux d’anaphores dans les discours à l’aide d’une méthode assez rustique (voir ici), et que l’on voit assez clairement apparaître la patte d’Henri Guaino dans les discours à partir du printemps 2006. J’ai cerclé sur le diagramme de l’autre jour les discours qui contenaient l’expression « avoir vocation à » :
C’est assez étonnant, mais les cercles sont répartis de façon à peu près équitable entre les discours attribuables à Guaino et les autres… Je ne veux pas devenir trop technique, mais cela me donne l’occasion de parler d’un petit test statistique simple. Les lecteurs allergiques peuvent sauter quelques paragraphes. Je ne voudrais pas être responsable d’un choc anaphylactique chez ceux qui ont été traumatisés au lycée...
En bref, j’ai deux groupes de discours. Ceux qui contiennent « vocation à » et les autres. Pour chacun de ces groupes, je peux calculer la moyenne de mon « indice anaphorique », c’est-à-dire la proportion de trigrammes initiaux uniques :
+Vocation | -Vocation | |
Nb discours | 40 | 67 |
Moyenne indice | 0,756 | 0,714 |
L’indice est légèrement plus élevé (et donc la proportion d’anaphores un peu plus faible) dans le groupe des discours contenant « vocation à ». En d’autres termes, les discours attribuables à Guaino sembleraient utiliser un tout petit peu moins cette expression. Mais cette différence est-elle significative, ou bien est-elle suffisamment faible pour qu’on ne puisse la distinguer des effets du hasard ? C’est l’éternelle question que pose la statistique. Dans ce cas précis, un test dit de Student nous montre que la différence observée n’est justement pas significative (p = 0,18 pour les connaisseurs).
Alors, que se passe-t-il ?
Nous entrons à partir de là dans le monde fascinant des hypothèses et des supputations. On peut évidemment imaginer que Guaino et une autre plume (ou Sarkozy lui-même) aient tous deux le même « tic de la vocation ». Pas totalement impossible, évidemment, mais tout de même peu probable…
J’ai plutôt l’impression que cette expression est du vrai Sarkozy. Cela expliquerait qu’elle se retrouve dans les discours de ses diverses plumes. Car le processus d’écriture est certainement plus collectif que le mot « plume » ne laisse penser (d’ailleurs Guaino l’a expliqué dans un article du Monde de février dernier). Il est probable que Sarkozy lise des brouillons, intervienne, ajoute, corrige. Il est bien possible aussi que Guaino pioche dans les discours antérieurs du patron.
A moins d’aller interroger les protagonistes (mais ils ont l’air assez occupés ces temps-ci), on n’aura pas de certitude (et encore, sont-ils complètement conscients de ces phénomènes ?). En tout cas, ces petits jeux mathématico-linguistiques montrent que les textes sont terriblement indiscrets. Nous laissons des traces un peu partout quand nous écrivons. Tout cela n’est pas aussi fiable qu’un test ADN, je vous le concède, mais j’ai le sentiment qu’en combinant de multiples critères, on peut arriver à de sérieux faisceaux de présomption. Mais vous allez dire que je suis un obsédé textuel…
44 Commentaires:
Et encore, les tests ADN ne sont PAS infaillibles !
Il faut le dire et le savoir, car croire en l'infaillibilité des tests ADN est un grand danger et une réelle menace pour notre société...
sarkozy a surement fait des discours avant l'ere Guaino ? Que donne votre analyse sur ceux-ci ?
Gérard> Le diagramme contient les discours de l'ère pré-Guaino (depuis 2004).
Bonjour,
Connaissez-vous cet outil ?
http://www.cnrtl.fr/morphologie/
Tach'deCaf'> Oui, bien sûr. C'est superbe. Il faudrait que j'en parle un de ces 4...
Je reste sur ma fin: la recherhe en paternité de la tournure sur la vocation, ou plutôt la non-vocation, me captive peu. J'aurais préféré une tentative d'explication sur son sens caché et son adéquation au discours retors habituel chez Sarkozy.
A moins que la manipulation routinière ne mérite même plus d'être relevée...
Le mot « vocation » semble aussi être préconscient chez notre Président depuis sa plus tendre enfance et le job étant assez rare et unique, ce mot a scellé son destin. Mais le mot « destin » il ne le prononcera pas car en politique médiatisée au maximum, sa mystique pourrait être dévoyée en mystificateur ce qui serait un retour à l’envoyeur dommageable.
Le coup d'épaule (parmi d'autres tics de plus en plus apparent, enfin, selon,moi) est-il convulsif ou compulsif (ou les deux) ?
Bonjour chez vous
Mon analyse, empirique, est que l'expression est bien de Sarkozy lui-même : il l'utilise constamment et naturellement en interview.
J'avais déjà remarqué ce tic (énervant), oui ...
Il me semble, à moi aussi, que l'expression est bien de Sarkozy soi-même. En tout cas idéologiquement ça cadre. "avoir vocation à"... être pédophile, délinquant, que sais-je...
Et puis il y a un petit côté irréfutable, à la "c'est comme ça et pas autrement", qui va assez bien au personnage.
Bonjour Mr. Veronis,
Hors-sujet: vous vous plaignez dans l'article sur la fonction define de google que l'ATLIF ne permettait pas de trouver rapidement la définition d'un mot. Je suis tombé hier sur ce lien (en passant par le site lexilogo):
http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/fast.exe?mot=femme
qui permet de faire une recherche dans l'atilf juste par l'URL.
J'espère que ça pourra vous être utile,
Cordialement!
cyclomal > tu as raison, dire à tout bout de champs que ceci a vocation ou non à cela, c'est supprimer le débat. Car il n'y a pas de remise en cause possible.
En effet, qui vocate ou vocationne (donne sa vocation à) quelquechose ?
Cela demanderait une petite histoire sur ce terme, son origne et ses usages, comme on aime les lire sur ce blog.
les discours de sarkozy sont ils entierement ecrits ou il y a-t-il une part d'improvisation ?
Vychnou> Oui, je suis au courant. C'est même grâce à mon action musclé que le TLFi s'est "ouvert" (voir ici).
Le monde est petit ;-)
Blog> Je travaille sur les versions écrites. Mais dans le feu de l'action, Sarkozy fait des impros. Le texte réellement prononcé diffère donc quelque peu. Ce serait intéressant de comparer, mais c'est un travail de Romain...
C'est drôle.
Il y a presque an, j'avais écrit ce billet :
http://grabuge.blog.20minutes.fr/archive/2006/08/18/vocation-a.html
... mais en m'attachant plus à ce qui m'agaçait fortement à l'époque, c'est-à-dire le détournement de sens de la dite-expression.
S'il y a une constante incontournable chez Sarkozy, c'est bien ça.
Faire dire aux mots le contraire de leur signification première, marteler ce mensonge 156.000 fois... et en faire une vérité que nul ne pense plus à contester ou à relever, comme ce fut le cas sur le glissement chômeur/assisté.
Ça l'a formidablement aidé à faire le casse du siècle sur les idées et le programme du Front National...
Oups ! Pardon, pardon...
J'avais oublié que la plate-forme blogger ne transmutait pas automatiquement les liens URL...
Mauvaises habitudes prises dans l'avachissement de la facilité ready made ;-)))
Le billet en question
Toutes mes excuses pour le loupé...
Bien vu, Grabuge. Le déterminisme que reflète cette expression est assez effrayant.
Vous êtes un obsédé textuel !
(voila un com inutile)
En parlant d'obsédé textuel, je crois que je dois l'expression à Frédéric Dard, mais je n'en suis pas sûr. Si quelqu'un peut confirmer... En tout cas elle n'est pas de moi (dommage, elle est bonne !)
Un peu hors sujet, mais pas trop quand même : un paragraphe de cet article débute par la phrase "Seulement, voilà." J'ai entendu pour la première fois cette très curieuse expression dans le magazine "Zone Interdite" sur M6 voici quelques années, et depuis, les journalistes de ce magazine et de bien d'autres n'en sont pas avares. Je ne l'avais encore pas remarquée sous sa forme écrite.
Comment cette expression est-elle construite, d'où vient-elle, et que signifie chaque mot la composant ?
D'après cet article : http://www.humanite.fr/journal/2000-06-09/2000-06-09-226687 , il semblerait que ce soit la critique qui ait qualifié Frédéric Dard d' "obsédé sexuel", mais pas lui-même.
A suivre...
Rien à voir.
Vous connaissez : topicalizer
Qu'en pensez-vous ?
Merci.
Merci de tout ce bon travail !
À mon sens, la question serait de savoir s'il y a un lien possible à établir entre l'idiolecte sarkozyen, l'action politique de l'individu et leurs effets sur la population.
Si le mot "vocation", et donc l'idée diriger par la voix, fait partie du préconstruit intellectuel de NS, il y a fort à parier qu'il nous considère tous comme ceux qui doivent obéir à ses appels...
D'où la propension à se substituer à ses ministres, par exemple, pour faire mieux qu'eux leur boulot (au moins, en apparence).
Mais d'où vient que les Français répondent à sa voix ? Qu'est-ce que sa parole réveille en eux d'"appelable" (pardon pour le néologisme), et qui leur bloque la réflexion ?
Ça me rappelle des mauvais souvenirs de cours d'histoire... Pas vous ?
En ce qui concerne l'aspect inéluctable du mot vocation, cela me rappelle la différence qu'il y a entre "être coupable" et "être responsable" que j'avais lu, il me semble dans un article de "l'histoire".
Grosso modo, le premier se réfère à la droite et le second à la gauche, car la culpabilité renvoie en fait à la faute d'Adam et Eve et la droite (au moins française - voir rené rémond) est fortement marqué par le catholicisme et par le discours anti-révolutionnaire (1789) même si elle est républicaine désormais. C'est un constituant de la pensée de droite.
La gauche préfère le vocable "être responsable" car justement, c'est l'homme qui dirige ses actions, et notamment depuis la révolution, et il n'est pas marqué justement par une possible faute originelle.
Avoir vocation à, comme la remarque sur le destin entre peut être dans un vocable de droite (c'est une hypothèse) car il renvoie justement à cet aspect divin que la gauche (même si elle est croyante) ne préfère pas.
Pour terminer sur les différence droite-gauche, cela me rappele l'émission "arrêt sur image" (paix à son âme ;-)) que vous avez faite s, justement avec henri guaino ou l'un des animateurs de l'émission (son nom m'échappe mais c'est un philosophe) notait, à propos de la conclusion du débat sego-sarko, la différence de vocable entre droite et gauche : prédilection pour l'action individuelle (la vocation, le destin ?) pour sarko et préférence pour l'action collective à gauche (responsabilité individuelle - responsabilité collective)
Hypothèse uniquement et je préfère renvoyer à l'article de l'histoire (si quelqu'un a les références à indiquer, je suis preneur) pour éviter les aspects peut être trop tranché de ce commentaire
"les textes sont terriblement indiscrets. Nous laissons des traces un peu partout quand nous écrivons."
bonjour, Jean, j'aime beaucoup votre conclusion dans ce billet, elle est évidente bien sûr, mais même en étant évidente, quelque chose dans votre façon de la dire... donne des traces de vous-mêmes, je serais bien embarrassée pour dire pourquoi, mais j'aime bien voir les gnes dans ce qu'ils écrivent
nous, notre corps/coeur/esprit nous incarnons totalement dans nos mots, ils deviennent cette pâte à modeler de mon enfance, dans laquelle je refaisais inlassablement les mêmes formes
ils sont notre voix, l'image projetée dans le monde, notre produit scalaire intérieur, la chair non mortelle
et à ce propos, je me rends compte que c'est sans doute la première fois (sauf peut-être pour Marchais, un peu?) qu'un homme politique se "montre" tant... la première fois que je peux autant "voir" un être humain, un homme, derrière la figure de Nicolas Sarkozy
ce n'est pas forcément une bonne nouvelle
les tics de langage de sarkozy ne s'arretent pas la. il lance meme des modes. l'expression de vrp la plus insupportable, reprise par beaucoup aujourd'hui est : "j'ajoute". eh oui ma ptite dame, avec votre epluche patates et votre willy waller 2006, j'ajoute 2 mois d'assistance gratuite...
quand on l'a reperé, ca deviens reellement insupportable...
@ Jean Veronis
Ce que je trouve particulièrement effrayant, c'est la dichotomie du discours de Sarkozy qui juxtapose, perpétuellement et sans vergogne aucune, deux concepts opposés sans que cela semble émouvoir grand monde.
Côté pile, obsessionnel du déterminisme avec ses "on nait pédophile", "on nait suicidaire", on a "vocation à" de par son état (être) et non de par son parcours (agir)... dont le climax culmine avec la glorification d'une identité nationale qui n'est jamais que le triste "on nait français", niveau zero de la pensée et dernier hochet populiste auquel se raccrocher quand on est dépossédé de tout...
Côté face, thuriféraire de la volonté comme doxa incontournable, s'appuyant sur ces âneries juste bonnes pour le père pathétique de la délicieuse Little Miss Sunshine avec sa recette de la réussite en 9 points.
En bon français, ça donne ces expressions proverbiales dites de "bon sens populaire" comme "Quand on veut on peut"... voire le tout récent et sinistrement cynique "La France qui se lève tôt" de la part d'un héritier des beaux quartiers.
Et, au passage, ça permet de se dédouaner moralement de laisser sur le bas-côté les plus faibles d'entre nous quand on ne les enfonce pas un peu plus d'un coup de talon rageur.
D'un côté, c'est joué d'avance pour certains : les malades, les étrangers (qui seront les suivants ? Faudra-t'il lire Alexis Carrel dans les écoles ?).
De l'autre, la marche forcée du roi de la Jungle, du petit Duce montrant l'exemple avec son ambition dévorante et sa success story calculée.
Je l'ai fait. Pourquoi pas vous ?"
Sur des cerveaux arrosés au Secret Story ou au Calvi (je n'ai pas dit calva !), ça fonctionne passablement bien, semble-t'il.
Ça me rappelle ses agglutinements incompréhensibles devant l'étal du vendeur de râpes à fromage multi-fonctions qui font quasiment tout sauf sortir les poubelles... et les pauvres benêts qui repartent avec leur bouzin en plastoc sous le bras une fois que le bateleur de foire a fini de les embobiner.
@grabuge : hum "Côté pile, obsessionnel du déterminisme avec ses "on nait pédophile"," : avez vous cependant lu l'article original, en entier ?
@Jean : certes, certes, mais finalement, tu ne fais que redécouvrir ce qui n'est un secret pour personne ! Je te donnerais bien le titre de "Dissecteur Textuel" ;-)
@ vicnent
Oui.
PS : Jean, j'espère que tu apprécies à sa juste mesure le laconisme incongru de ma réponse... ;)
Juste un petit mot sur le TLFi, il est désormais disponible sur le site du CNRTL, et pour trouver rapidement la définition d'un mot, il suffit d'utiliser l'URL suivante : http://www.cnrtl.fr/lexicographie/vocation
(remplacez "lexicographie" par "morphologie" pour accéder à la liste des formes fléchies, par "etymologie" pour la partie étymologie de l'article du TLF, par "synonymie" obtenir les synonymes...)
Et pour les utilisateurs de FireFox, Etienne Petitjean a développé une barre outil bien pratique, que vous trouverez dans la partie Outils du site du CNRTL.
bonne promenade lexicographique...
« Avoir vocation à » est une expression du domaine juridique. Ce ne serait donc qu’une simple déformation professionnelle de la part d’un avocat devenu Président.
Bienvenu en Bondyfrance, l'espace institutionnel internaute de la VI°république. Le président Dilgo vous invite à analyser son discours sans concession.
De plus, que pensez-vous de l'association du mot "école" et "prison"?
Hihihi
"L''entourage du secrétaire général délégué de l'UMP ajoute que "ces images n'avaient aucune vocation à être diffusées"."
;)
merci à tous les commentateurs, surtout grabuge, mais je ne suis pas rassasié de "vocation", c'est juste un apéritif, j'espère, avant que le maître des lieux ne nous formalise tout ça: je lui prête vocation à le faire (voyez comme je manie l'expression avec précaution ;)
Bonjour,
Je m'étonne un peu que personne ne souligne que Jacques Chirac faisait déjà lui-aussi une utilisation renforcée du terme d'avoir "vocation à...", et cela depuis bien des années (une petite recherche historique serait, j'en suis sûr, très éclairante).
L'ancien président utilisait singulièrement ce terme lorsqu'il s'exprimait au nom de la France, ou bien lorsqu'il avançait une réflexion concernant la France comme entité, ou ses institutions : "La France n'a pas vocation à..." est une phrase fétiche de Jacques Chirac, que l'on retrouve dans un grand nombre de ses interventions, même improvisées...
Cette remarque élargit l'interprétation que l'on peut faire, car cet usage n'est propre ni à Sarkozy, ni à Guaino...
Vocation: vocable vociféré volontairement.
Bonjour Jean,
Brice Hortefeux sur RTL hier:
"Tout immigré en situation irrégulière a vocation à être reconduit à la frontière."
Le terme de vocation reflète tout compte fait une pensée de droite qui donne la primeur à un déterminisme quasi-organique, alors que la pensée de gauche privilégie le déterminisme social. Avez-vous repéré un terme "anti-vocationniste" dans les discours des candidats de gauche qui correspondrait à cette vision d'un déterminisme plus social qu'organique?
Bonjour,
J'arrive un peu tard.
J'ai remarqué que l'expression était souvent utilisée dans un mode négatif dans le sens où les choses ne sont pas immuables et l'état des choses "a vocation à " changer d'état justement. Et quelque fois sur un mode interrogatif. Quand on regarde les extraits de texte, c'est moins impératif ("c'est comme ça et puis voilà") que ne le laisse supposer les commentaires.
A Berlol : comme vous n'adhérez pas aux discours de Sarkozy, vous pensez que, automatiquement, ceux qui y adhère et ont voté pour lui ont une réflexion bloquée. C'est un peu "fixe" comme idée non ?
Je ne savais pas que ce blog avait vocation à faire de la politique.
Bonjour, je réagis un peu en retard, mais j'ai été interpelé par ce paragraphe:
"Nous entrons à partir de là dans le monde fascinant des hypothèses et des supputations. On peut évidemment imaginer que Guaino et une autre plume (ou Sarkozy lui-même) aient tous deux le même « tic de la vocation ». Pas totalement impossible, évidemment, mais tout de même peu probable…"
Au contraire, cela me paraît tout à fait probable. Le "mimétisme textuel" est extrêmement répandu, dans les entreprises en particulier, où il prospère en descendant la pyramide. Le boss a un tic, une expression préférée, les deux ou trois n-1 commencent à se l'approprier (non sans raisons, d'ailleurs: manger, parler de la même façon qu'une personne sont des moyens instinctifs de séduction. Démarche inconsciente, peut-être, mais bel et bien révélatrice d'une tendance à lécher les arrières-trains). Bref, les n-1 s'approprient l'expression du chef, qui est ensuite reprise par les n-2 pour des raisons semblables, etc.
Ainsi, dans mon travail, tout le monde dit "clairement". Plus que le mot lui-même, l'intonnation même du dirlo (un peu hautaine et péremptoire) a été reprise! Ca me hérissait le poil d'entendre tout le monde siffler ses "clairement" par-ci, "clairement" par-là, j'avais l'impression d'être entouré d'une bande de limaces en train de se battre pour cirer les pompes directoriales... jusqu'au jour où je me suis surpris à répondre moi aussi "clairement" à une question... et depuis j'ai démissionné (pas à cause de cela, je crois, mais allez savoir).
Bon, je m'écarte "clairement" du sujet, mais je voulais juste dire qu'il n'était pas improbable du tout que notre président ait vocation à transmettre ses tics à son entourage.
C'est tout.
Vincent.
@ anonyme du 28 juin, qui a écrit: « Avoir vocation à » est une expression du domaine juridique. Ce ne serait donc qu’une simple déformation professionnelle de la part d’un avocat devenu Président."
Un avocat qui a vocation, rien de bien surprenant, mais existe-t-il alors des apasvocats qui n'ont vocation à rien?
Est-il possible de pratiquer le même exercice avec l'expression "au nom de quoi [...] ?".
J'ai remarqué qu'il justifie toujours ses actions ainsi : plutôt que de défendre son point de vue, il considère que le sien est normal, puis demande aux autres de lui dire en quoi il n'est pas juste. Le tout, sachant pertinement qu'en général quand il est interrogé, les gens n'ont pas le temps d'aller au bout des choses. Et donc, personne ne contredit M. Sarkozy.
Pozdnychev.
Mimétisme, adn textuel, on n'est jamais loin de la mémétique ici :-)
Très intéressant le commentaire sur la propagation des tics du boss dans une culture d'entreprise.
Finalement, si l'on laisse quelque chose dans nos textes, c'est certainement ce que l'on pourrait appeler notre culture propre, non ?
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