Sarko: Moi, je
J'ai passé le discours de Nicolas Sarkozy à la moulinette, et il y a plein de choses très intéressantes qui émergent ! Je suis un peu pressé par le temps, parce que je file prendre le TGV pour Paris. Je participerai ce soir à la nouvelle émission politique d'Europe 1 (« Club Europe 1 France 2007 », animée en direct par Fabienne Le Moal et Jérôme Dorville de 18h00 à 21h00), mais je vous livre rapidement quelques petits chiffres amusants.
En une heure et dix huit minutes de discours, Nicolas Sarkozy a prononcé je, me, moi, ma, mon 270 fois, c'est-à-dire une fois toutes les 17 secondes. Ca ne vous dit peut-être rien, mais c'est énorme... Un des discours les plus égocentrés que j'aie jamais analysé. Un quart des phrases commencent par je !
Allons un peu plus loin :
Bon, soyons justes... Ségolène Royal est assez «moi je», elle aussi. Juste un petit peu moins. En 30 minutes de discours, lors de sa présentation des voeux, elle a prononcé 75 fois je, me, moi, ma, mon, c'est-à-dire une fois toutes les 24 secondes seulement, mais c'est déjà bien. Un cinquième de ses phrases commençaient par je.
Quant à je veux, elle l'a dit 24 fois (sur un discours qui représente un tiers de celui de Sarkozy en nombre de mots, ça fait à peu près la même proportion), mais pas une seule fois je veux être présidente, ni même je veux être.
Son truc à elle c'est je veux que (la France, la Nation, etc.). En gros, c'est entre eux l'opposition bien connue je veux être / je veux faire (ou plutôt je veux que les autres fassent...).
Ah là là, ces gosses. Ils pourraient dire je voudrais (être président), ou bien j'aimerais bien que (vous votiez pour moi). Et ajouter s'il vous plaît. Sinon, on risque de leur répondre « T'as demandé, t'auras pas !». Et toc. Retour des valeurs.
En une heure et dix huit minutes de discours, Nicolas Sarkozy a prononcé je, me, moi, ma, mon 270 fois, c'est-à-dire une fois toutes les 17 secondes. Ca ne vous dit peut-être rien, mais c'est énorme... Un des discours les plus égocentrés que j'aie jamais analysé. Un quart des phrases commencent par je !
Allons un peu plus loin :
- Je veux : 77 fois
- Je veux être le président : 27 fois
Bon, soyons justes... Ségolène Royal est assez «moi je», elle aussi. Juste un petit peu moins. En 30 minutes de discours, lors de sa présentation des voeux, elle a prononcé 75 fois je, me, moi, ma, mon, c'est-à-dire une fois toutes les 24 secondes seulement, mais c'est déjà bien. Un cinquième de ses phrases commençaient par je.
Quant à je veux, elle l'a dit 24 fois (sur un discours qui représente un tiers de celui de Sarkozy en nombre de mots, ça fait à peu près la même proportion), mais pas une seule fois je veux être présidente, ni même je veux être.
Son truc à elle c'est je veux que (la France, la Nation, etc.). En gros, c'est entre eux l'opposition bien connue je veux être / je veux faire (ou plutôt je veux que les autres fassent...).
Ah là là, ces gosses. Ils pourraient dire je voudrais (être président), ou bien j'aimerais bien que (vous votiez pour moi). Et ajouter s'il vous plaît. Sinon, on risque de leur répondre « T'as demandé, t'auras pas !». Et toc. Retour des valeurs.
23 Commentaires:
Parler au conditionnel serait faire preuve d'aboulie, alors que oui, c'est en fait la plus élémentaire politesse.
Pourquoi ? Parce que la com est passée par là, la psychologie aussi.
Les candidats de gauche révolutionnaire se désincarnent plus et parle au nom d'une classe (qui reste mal définie), les écolo parlent de la Nature comme d'autres de leur divinité.
"J'ai passé le discours de ... mais je vous livre rapidement quelques petits chiffres amusants."
je : 4
j : 1
soit 6,5%
Joli ;o)
@ ALL : Ça c'est un truc qui m'énervait quand je recherchais un emploi : les conseillers de l'ANPE et des organismes prestataires qui me conseillaient de remplacer les conditionnels par des indicatifs dans mes lettres de motivation. Parce que sinon, n'est-ce pas, ça donnait l'impression que je n'y croyais pas vraiment. Une lettre de démotivation, quoi.
Ah, et grâce à vous j'ai appris le mot « aboulie ».
Ehéh, amusante moulinette.
Moralité : Ségolène Royale, en fait, ne veux pas vraiment être présidente. Qui l'eût cru ?
Ou alors c'est l'inverse : répéter autant "je le veux", c'est une manière d'afficher ses doutes, non ?
Ah bien-sûr. Peut-être, parfois, en se rasant. ;)
Avez-vous remarqué le terme de « chrétienneté » que Sarkozy, il me semble, a prononcé plusieurs fois lors de son intronisation" ? Il ne semble pas connaître le mot « chrétienté », preuve, s'il en est, que cela lui tient à cœur...
Selon le TLF, « on relève ds la docum. le néol. chrétienneté, subst. fém. Le monde chrétien, la chrétienté (cf. RENAN, Hist. du peuple d'Israël, t. 3, 1891, p. 430) ».
Mais enfin, pour quelqu'un qui se moque publiquement de la lecture de la Princesse de Clèves, la bathmologie nous montrera qu'on n'en est pas là...
analyse pitoyable...comme si les élections présidentielles se mesuraient en fonction des "je" ou autres pronoims personnels formulés par les candidats...
Je pense que les personnes qui ont fait ce topic peuvent encore consacrer leur temps à ce genre d'analyse très...intellectuelle...
Pauvre France...
C'est toi le pauvre!! Cette analyse montre trés bien le bourage de crane effectué par les politiques
Moi, je trouve que c'est normale de parler à l'indicatif plutôt qu'au conditionnel. Ça fait + vrai, + concret. Le conditionnel, ça donne l'impression d'obstacles infranchissables. Et je trouve aussi que c'est normal de dire bcp je, parce que c'est l'un des 2 qui va être président et pas qqun d'autre (il) ni un groupe (nous) C'est normal qu'il dise ses idées à lui (ou à elle) parce que c'est ça qui va driver le show pendant 5 ans, pas celles de quelque d'autre ni d'un groupe (Même s'y il appartient à ce groupe)
@ Anonymous 1 : ce type d'analyse est une analyse linguistique plus que politique. Je comprends que cela rebute le néophyte, mais ne pas comprendre l'intérêt pour monsieur Véronis revient à lui interdire de pratiquer sa profession.
Pauvre France ?
A vous lire, oui.
Personnellement, je trouve ça assez instructif... Mais ça n'engage que moi.
Cela confirme une réflexion que j'avais faite dans un de mes commentaires au sujet de cette récurrence. Il y a une propension chez Sarkozy à utiliser la première personne, mais ce qui est frappant aussi dans ses discours ce sont les adresses fréquentes à son auditoire (savez-vous, je vais vous dire, je vais vous confier, je vous demande). Il y a chez lui une sorte de relation fusionnelle avec son public et il abuse de la fonction phatique en maintenant le contact le plus souvent possible, mais c'est en même temps un peu du conatif car il agit sur ses interlocuteurs. Il n'est pas dana l'évitement, au contraire c'est du face à face (une de ses expressions préférées est “les yeux dans les yeux” ou “en face”) qui peut s'ajouter au rappel de ce qui serait tangible (la vérité, la réalité). Enfin, je me demande si un homme politique utilise autant de démonstratifs, il est tout le temps en train de montrer, de désigner, il a très souvent recours à la mise en relief emphatique (c'est d'ailleurs un de mes travers à moi aussi). Quand on le résume aux phrases sans subordonnées ou à un lexique à la limite racaille, je trouve ça un peu réducteur car cela ne montre pas le rapport avec ses interlocuteurs.
A mon sens bien que nulle en la matière cette analyse "linguistique" ne reflète que la personnalité de ces deux candidats : Ségolène tout comme Nicolas sont dans l'émotionnel avant tout et ne serait ce que pour ce fait cette analyse est beaucoup plus utile et censée que certains ne la juge.
A quand une campagne qui arrête d'infantiliser les électeurs qui parlent des problèmes réels vécus par 80% de la population Française qui a des difficultés à vivre décemment ?
Je crois qu'aucun de ces deux candidats n'incarnent le changement que personnellement je souhaite voir et vivre ; pourquoi ne pas s'intéresser un peu plus aux autres candidats ?
(signée merdeuse)
si j'avais su !
tu [supp]repars[/supp] es reparti direct à Aix ou tu as mangé/dormi sur Paris ? ;-)
J'aime beaucoup ce genre d'analyse, mais si on veut en faire un usage objectif et non orienté, il serait nécessaire de faire la même recherche sur un plus grand nombre de discours (faire une sorte de moyenne, ainsi que sur les autres candidats, et également de comparer avec l'usage courant du pronom personnel.
Il serait intéressant également de comparer avec des discours d'hommes politiques anciens (type Pompidou, Chaban, Mitterrand, VGE, Chirac bientôt).
Ces analyses sont intéressantes. En parcourant les 2 discours en diagonale, j'ai cru observer qu'il semble exister une homogénéité dans ce que j'appelerais le 'flux' des"moi je ma me" dans le discours de Mme Royal alors que les "moi je ma me" de Mr Sarkozy sont parfois totalement absents pendant plusieurs paragraphes avant de "mitrailler" le lecteur (ou l'auditeur) à certains endroits.
J'ai également remarqué une occurence de l'expression 'moi je' (que personnellement je trouve insupportable), et que j'entends très souvent dans un discours 'spontané' de Mr Sarkozy : le retrouver dans un discours écrit à l'avance m'a fait sourire et j'ai honteusement pensé 'au moins, cette phrase, ELLE est de lui !' :-).
Pour en revenir au flux des mots, serait-il possible et pensez vous qu'il soit intéressant de mesurer cette quantité dans un long discours afin d'observer les concentrations 'locales' d'un groupe de mots. Je pese par exemple à un graphique donnant en abscisse le nombre de mots déjà prononcés et en ordonnée le nombre d'occurrences cumulées des mots analysés. Ainsi nous pourrions discuter de la croissance régulière de la courbe (qui correspondrait à un flux presque constant) ou bien une courbe 'en escaliers' qui correspondrait à une très forte irrégularité dans le discours. Car si la moyenne générale de l'emploi du 'moi je ma me' est déjà impressionnante, un graphique permettant de voir l'utilisation de ces mots 'à la mitraillette' argumenterait peut être encore plus la notion de bourrage de crane déjà abordée dans quelques commentaires.
Amicalement,
un lecteur assidu mais n'ayant pas beaucoup de temps pour commenter :-)
Il est tout aussi intéressant d'analyser les discours de Sarkozy et Royal sur le fond. On s'aperçoit alors que les mots significatifs qui reviennent le plus souvent dans le texte de Ségo sont "europe", "logement(s)", "jeune(s)", "emploi". Tandis que chez Sarko, on retrouve plus souvent les termes "république", "président", "travail", "homme(s)", "politique". De là à dire que la femme de gauche s'intéresse plus aux problèmes des Français, quand l'homme de droite se préoccupe essentiellement des élections présidentielles...
Pourquoi me pas aussi inclure "mon" dans la liste des mots egocentriques?
Aurélie> Bien sûr ! où avais-je la tête. Voilà ce que c'est quand on fait un billet à 5 heures du mat...
Je corrige bien sûr et ça aggrave encore son cas, puisqu'il y a 12 occurrences de mon dans son discours !
C'est bien joli ces petites analyses, mais que peut-on en conclure, finalement? Que Sarko est imbu de sa personne? Mais a-t-on besoin d'analyser son discours pour s'en rendre compte?
Les amis de la psychanalyse diront que ce genre de comptage est un révélateur de la personnalité, car le choix lexical n'est jamais gratuit; les conseillers en communication diront que ce choix correspond à l'image publique que l'on veut projeter. Dans ce derniers cas, on manipule les mots, dans le premier, on est manipulé par eux. Qu'est-ce qui est vrai, qu'est-ce qui est faux?
En fin de compte définir le champ lexical d'un discours n'a aucun intérêt scientifique car il ne permet pas de prédire quoi que ce soit sur la personne qui le prononce. Vous devriez juger les politiciens sur leurs actes plutôt que sur leur paroles, vous auriez une meilleure idée de leur valeur en tant que candidat à la présidentielle.
Ce billet constitue l'essentiel matière du billet du 27 sur le nouveau Libéblog, mais la source n'est pas indiquée chez Libé :
http://desmotsetdebats.blogs.liberation.fr/
Vu et entendu sur le site de l'INA.
Journal Télévisé de France 2 du 18 avril 2002.
Pujadas: "Bruno Mégret, lui, était au Mont Saint-Michel, un site qui représente, dit-il, "la perennité et la grandeur de notre civilisation".
Ca ne vous rappelle rien? Il semblerait que Nicolas Sarkozy puise autant ses idée chez Jaurès et Blum que chez Bruno Mégret... Si c'est pas de la démagogie ça!
Moi, je
Bonjour,
Le journal belge "Le Soir" titre ce samedi 29-12-2007 en grand: "Moi, je..."
avant de consacrer les pages 2 et 3 à l'"égocratie".
On y compte combien de fois en une demi-heure Mme Milquet ou MM Di Rupo ou Reynders
commencent leurs phrases par les mots "moi je..."
Pour Ségolène Royal, ajoute le journal, qui je suppose s'est inspiré de votre blog, c'est toutes les 24 secondes que le " je " revient,
pour Sarkozy c'est toutes les 17 secondes.
Mais il n'y a pas que le monde politique qui souffre de cet égocentrisme.
Asseyez-vous à une table entre collègues ou dans un petit groupe dans une réunion-coktail.
Observez l'art de la conversation. Chacun coupe la parole à l'autre en commençant sa phrase par "moi je".
C'est cette observation que j'avais déjà faite de longue date qui m'a inspiré la chanson :
"moi je, moi je, moi je..." parue sur le CD "Best of Paul Bienbon Mens sana" interprété par Robert Delhauteur
sorti de presse le 8 septembre 2006
et dont les grands médias ont reçu un exemplaire par mon service de presse.
Si vous ne le possédez pas, il est encore très facile de vous le procurer ne serait-ce qu'en m'envoyant un mail en retour.
Dans la chanson, j'y glisse par ironie 83 fois en 3 minutes les mots "moi je...".
A vous offrir sans faute si vous connaissez quelqu'un souffrant de ce petit défaut...
Paul Bienbon
Tél 00 322.521.60.79.
Ci-dessous les paroles, pour votre édification .
Titre: Moi je, moi je, moi je…
paroles: Paul Bienbon A II 8911
musique + interprétation: Robert Delhauteur
extrait du CD "Best of Paul Bienbon Mens sana"
en vente 15 € notamment chez Disco 2000, 4 rue du formanoir à 1070 Bruxelles
ou chez l'auteur (00 322 521.60.79)
13.02.2006 n° Sabam 058852450
Moi je (8 fois)
Moi je me me
Moi je moi moi je me me
Moi je me je je
Moi je me moi moi
Moi moi.
Mon ego sum…
…Mon nombril…
…Mon nombril à moi…
Maman nous a appris
À écouter,
À nous donner pour vous
Telle autre nous a appris
Qu’on pouvait dire : « Vous » :
« Et vous, comment allez vous ?
« Que faites-vous ?
« Que devenez-vous ?
« Racontez-nous ! »
Moi je (6 fois)
Moi je moi moi
Je me moi je me me
Moi je moi moi
Je me me moi
Je me je je moi
Je me moi moi
Moi
Mon ego sum…
…Mon nombril…
…Mon nombril à moi…
Si le « moi » convient
Au théâtre, au cinéma
Dans le roman, dans la chanson
Il doit s’effacer
Dans la vie et la conversation
Au profit du vous
Au profit du vous.
Moi je (6 fois)
Moi je moi moi
Je me moi je me me
Moi je moi moi je me me
Moi je me je je
Moi je me moi moi
Moi.
Mon ego sum…
…Mon nombril…
…Mon nombril à moi…
Si le « moi » convient
Au théâtre, au cinéma
Dans le roman, dans la chanson
Il doit s’effacer
Dans la vie et la conversation
Au profit du vous
Au profit du vous.
Moi je (6 fois)
Moi je moi moi
Je me moi je me me
Moi je moi moi je me me
Moi je me moi je je
Moi je me moi moi
Mon ego sum…
…Mon nombril…
…Mon nombril à moi.
Écouter et donner sa vie pour vous...
Enregistrer un commentaire