Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


Se connecter à moi sur LinkedIn Me suivre sur Twitter Facebook RSS

mercredi, novembre 08, 2006

Télé: Culture Club

Aujourd'hui je n'écrirai pas. A la place, je vous parlerai dans la petite lucarne du Culture Club sur France 4 (22h15 - 23h15), où Stéphane Blakowski et Alexis Tregarot ont eu la gentillesse de m'inviter pour présenter le fameux livre...



On a tourné dans le nouveau club à la mode, le Paris Bodega. Je ne suis pas un grand fan de ces lieux branchés (je préfère l'air de la campagne aixoise et la compagnie des chevaux...), mais j'ai bien aimé le plateau, où se trouvaient deux autres amoureux des mots :

Rachid Taha (comment le définir? raï, rock, chaabi...), dont la reprise de Douce France, distribuée à l'Assemblée Nationale en 1986 avait fait pas mal de bruit :



et le slammeur Abd al Malik (superbes paroles) :



J'adore (les deux).

Bavarder avec eux en coulisse était un moment de bonheur pour le linguiste que je suis. Il n'y a pas que le foot : le français aussi est black-blanc-beur. Et il est beau.

11 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

J'ai vu Abd Al Malik seulement accompagné d'un piano chez Taddei sur F3, un soir, c'était d'une force extraordinaire. Le public semblait littéralement scié.

Quand à Rachid Taha c'est certainement l'un des musiciens français les plus inventifs du moment, mais les médias le réduisent trop souvent à ce qualificatif de "rocker arabe" quand ce n'est pas "chanteur de raï". Il est tout sauf ça, j'espère qu'un jour on prendra vraiment en compte toute l'étendue de son talent.

09 novembre, 2006 15:11  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Oui, là c'était pareil. Abd al Malik était simplement accompagné d'un piano. Très fort. Et quant à Rachid, c'est vrai qu'on aime bien mettre les gens dans des boîtes. Il me semble marier toute sortes d'influences sans entrer dans aucune boîte. Deux très grand talents.

09 novembre, 2006 16:18  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je vais acheter "Gibraltar" et l'offrir aussi... Je ne le connaissais pas à l'inverse de TAHA, mais il me séduit tout autant. Merci pour la découverte ;_)

09 novembre, 2006 17:09  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Amazone> Moi aussi, j'ai été conquis par Abd al Malik ! Et le gars est cultivé, licence de philo et tout et tout, vous parle de Camus et de Sartre... Elle est belle notre douce France.

09 novembre, 2006 20:42  
Anonymous Anonyme a écrit...

Très bonne cette émission ! Je ne vais plus trop hésiter avant d'acheter votre livre. Mais juste une petit réflexion... Faites attention ! Votre blog devient un peu comme ceux des hommes politiques, c'est à dire un agenda...

10 novembre, 2006 14:12  
Anonymous Anonyme a écrit...

Moi aussi j'adore ces artistes d'ailleur; je ne supporte plus d'ouvrir un bouquin d'histoire de ce pays et de n'y voir que des faces de craie partout dans la culture, la politique, l'économie... Franchement la France d'aujourd'hui Black-blanc-Beur et vraiment plus belle que la france (moisie) des siècles d'avant.

Cela me fait très plaisir de voir que même sur les blogs d'informatique où, à priori, on n'évoque que rarement ce genre de sujet, certain webmaster ont le courage de faire la promotion de la diversité alors que les mois qui viennent peuvent nous ramener vers les heures sombres de notre histoire où chaque camarade doit alors se faire résistant.

11 novembre, 2006 00:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

Vous adorez ?

Emploi absolu pour les divinités, commerciales (Dior) ou non... Le marketing des clubs branchés semble en effet bien fonctionner pour Abd al Malik puisque vous le relayez : un rappeur noir avec une licence de philosophie ! Des textes éblouissants ! Nul doute que les conseillers en communication de Dominique Strauss-Khan vont lui conseiller d'acheter "Gibraltar" pour son petits-fils.

Hélas dans tous ses textes, des plus rageurs aux plus censément poétiques, je ne vois qu'un pénible arrangement de rimes et de jeux de mots éculés d'où ne ressort qu'une expression assez creuse, faute de langue.

"Les méfaits de l'expression s'observent dans la pathétique tentative du rap, pris entre l'idéologie de l'expression "je clame ma révolte je sors mes tripes" et un profond besoin de retrouver une langue séparée, reconstituée, autre. Besoin profond mais inconscient de lui-même qui n'aboutit qu'à une fabrication discutable de rimes besogneuses et de rythmes faux. Les révoltes du rappeur sont la plupart du temps convenues. Ses mots et ses phrases font de la peine parce qu'il n'a jamais appris la violence verbale, le lyrisme et l'éloquence. Or cela s'apprend : lisez Bloy et vous le saurez. La véhémence du rappeur, sa rage et sa révolte n'ont en fait pour objet ni le délaissement urbain ni le racisme ni la pauvreté ni toutes les causes qu'il croit exprimer. Ce n'est qu'une rage indéfinie, essoufflée, contre sa propre incapacité à se débrouiller dans la parole." (François Taillandier, "L'autre langue")

C'est lorsque cette langue séparée, cette autre langue, cette langue de l'autre est partagée par tous, enrichie par tous, "blacks-blancs-beurs", qu'elle est belle et qu'elle sert la fraternité. Pas quand chacun en fait son dialecte. Or il faut constater que même chez les étudiants en philosophie, elle n'est plus enseignée...

11 novembre, 2006 09:48  
Anonymous Anonyme a écrit...

"je ne supporte plus d'ouvrir un bouquin d'histoire de ce pays et de n'y voir que des faces de craie partout dans la culture, la politique, l'économie."

Remplacer "face de craie" par "gris", ou "négro", regarder le résultat, juger l'auteur, tout est dit.

11 novembre, 2006 14:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

La citation de Taillandier par Hectare montre que ce dernier n'a pris la peine ni d'écouter (ce qui peut se comprendre) ni même de lire les textes d'Abd el Malik, pourtant donnés en liens par M. Veronis.

Hectare sait-il, qu'outre une licence de philo, ce rappeur-là a longuement travaillé avec l'accordéoniste (et quelques autres des collaborateurs de) de Jacques Brel ? Cela s'entend nettement lorsqu'on le voit en concert.

12 novembre, 2006 22:48  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je sais que cela remonte à assez longtemps, mais... Dans cette émission, un mot m'a frappé, (le syndrome de la Véronisation m'aurait-il atteint ?)
Le mot "quartier" employé au pluriel. "Les quartiers".

La connotation du quartier singulier (je ne parle évidemment pas de celui de pomme ou de lune, mais bien d'une partie de la ville) m'apparaît plutôt positive, "la vie de quartier", les gens du quartier, pour Paris je pense à Montmartre ou la butte aux Cailles... quartiers anciens et mignons.

Mais "les quartiers", c'est sytématiquement "la banlieue" avec la connotation "la banlieue qui craint", avec ses dangers, etc. Et ça devient presque plus qu'une connotation, mais presque une dénotation.

Et là, j'ai pensé à une autre expression que l'on voit (ou du moins je vois) souvent au pluriel, même si c'est une faute. "Pas de Quartier !" où le quartier est la vie sauve.

Je ne pense pas que l'association d'idée soit effective dans d'autres têtes que la mienne.

Mais pour revenir au départ, ça n'empêche pas que le sens "les quartiers" = "la banlieue qui craint" (et je mets bien la banlieue au singulier, comme si c'était une seule et même chose, comme si tous les quartiers étaient les mêmes) m'intrigue.

PS : Si Jean Véronis a déjà fait une analyse sur ce mot ou dans ce genre, veuillez m'excuser de la redondance, c'est que je ne l'ai pas lue)

22 novembre, 2006 11:18  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Sébastien> Non, je n'ai rien écrit sur la question, mais j'ai noté cette expression. C'est le propre de la langue de bois : pour dire la même chose, ou ne pas le dire d'ailleurs, on change de mots. Il y avait aussi les "cités". Dans ses voeux Jacques Chirac a tenté les "territoires" (il faut dire que les autres mots étaient pas mal cramé après l'automne). Ca m'avait beaucoup surpris (et ça n'a pas "pris" d'ailleurs).

Un mécanisme classique c'est la chute de l'adjectif... On ne dit pas "pourries", "mal famées", pas politiquement correct, et l'absence d'adjectif permet à tout un chacun d'y mettre ce qu'il veut. Mais tout le monde comprend bien qu'on ne parle pas de Neuilly...

22 novembre, 2006 11:48  

Enregistrer un commentaire