Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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vendredi, février 18, 2005

Google: Barre emblématique

Depuis quelques jours, Google propose la version 3 (beta) de sa célèbre barre d'outils, la Google Toolbar. Deux fonctions superbes méritent mention sur ce blog.

Tout d'abord, la Toolbar 3 propose une fonction de traduction de mots très efficace. Il suffit de passer la souris sur un mot anglais inconnu, et la traduction apparaît instantanément sous le curseur (je reprends des passages d'un précédent billet que j'ai écrit en anglais sur ce blog) :


Bien sûr, ce n'est jamais que l'accès à un dictionnaire, mais qui n'a jamais rêvé d'une telle fonctionnalité ? Elle est offerte pour l'instant de l'anglais vers l'allemand, le chinois, le coréen, l'espagnol, le français, l'italien. Évidemment, il y a encore peut-être quelques petites corrections à apporter dans les dictionnaires, mais c'est quand même déjà très beau :


L'autre nouveauté, c'est la correction orthographique dans les formulaires Web. Quel intérêt me direz-vous ? Il s'agit généralement de taper un mot clé, le numéro de son compte en banque, etc. C'est oublier que les blogs s'écrivent généralement à travers une interface Web, justement dans une boîte texte de formulaire. J'ai moi-même trouvé très pénible le manque de correcteur orthographique sur Blogger. Google nous fournit la solution. Il suffit de cliquer le bouton "Check" (vérifier) et la Toolbar souligne les mots inconnus en rouge (je reprends ici aussi un ancien billet, dans l'interface de saisie tel qu'il se présente sur Blogger) :


Superbe !

Cette nouvelle version de la Toolbar confirme la grande maîtrise qu'a Google des processus interactifs et la capacité de réaction de ses serveurs (la réponse est quasi instantanée), qui nous avait déjà épatés il y a quelques semaines dans Google Suggest. Pour l'instant, bien sûr, la Toolbar est proposée pour Internet Explorer, mais il ne fait nul doute que des versions Firefox apparaîtront bientôt (si ce n'est déjà fait).

Comme dit la boîte d'accueil, c'est avec des petits riens qu'on fait de grandes choses :



De parvis grandis acervus erit... Avec de petites (choses) on peut faire de gros amas (... de dollars). Une recherche (... sur Google !) nous indique que cette maxime est empruntée au poète plus ou moins obscur Geffrey Whitney, qui a publié en 1586 un livre d' "emblèmes", une forme artistique très en vogue au XVIème siècle, mélangeant gravures et petits poèmes illustrant une maxime. La gravure associée à "de parvis..." illustre bien l'idée qui est derrière la maxime : il s'agit de petits épis de blés qui forment de grandes gerbes :


Cliquez pour voir l'image dans son contexte original.

Devinette : pourquoi du blé ? La maxime est neutre : avec de petites choses... On aurait pu prendre n'importe quoi d'autre. Par exemple, de petits ruisseaux formant de grandes rivières ! Mais Whitney a choisi le blé pour une bonne raison. Laquelle ?

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18 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

le blé?? Car chaque tige donne 14 grains, qui donnent 14 tiges 6mois à un an après (suivant climat).
Avec une puissance de cet ordre, on atteint vite des nombres sympathiques.
Je suis pas sûr du 14, mais le principe est là.

18 février, 2005 11:05  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Oui, oui, mais on aurait pu prendre d'autres images (grains de riz sur l'échiquier, multiplication des pains...). En d'autres termes quel est le lien entre la maxime et cette image-là particulièrement (il y en a un !) ?

18 février, 2005 11:13  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je reposte une fois, la première n'ayant apparemment pas marché.

La réponse est là ?Si c'est le cas, l'image viendrait donc de ce que le blé est très largement associé métaphoriquement à l'argent ?

Au passage, ai-je trouvé l'expression régulière minimale ?

Wawa

18 février, 2005 12:18  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Merci de me donner ce lien sur DSI. Je ne connaissais pas le billet de un dollar à la gerbe ! Ni l'ouvrage de Claude Paradin, que je viens de télécharger . Lecteurs allez-y voir, c'est superbe ! La maxime se trouve à la page 210. Quel bel outil quand même, Gallica, à condition de ne pas s'endormir sur ses lauriers : Google Print avance (mais avant qu'il puisse numériser ça, il passera de l'eau sous les ponts)...

Alors Whitney se serait "inspiré", puisque Paradin est antérieur (1557)... Intéressant.

Quant au blé... oui, la métaphore blé-richesse est bien ancienne, mais il y a d'autres métaphores possibles sur cette maxime (les ruisseaux, mais aussi les abeilles et la ruche, l'écureuil qui épargne petit à petit, la fourmi vs la cigale, que sais-je). Il y a un détail très précis et très factuel qui a influencé Whitney -- enfin, Paradin, finalement... Ah, ah, je reconnais que c'est difficile, mais on a de bons latinistes qui lisent ce blog ;-)

Je vais voir l'expression régulière. Le problème de Blogger, c'est qu'on ne peut pas afficher une rubrique "commentaires récents" et du coup on a tendance à se perdre...

18 février, 2005 13:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

Dans un premier temps, je me suis attaché au nom de Whitney en rapport avec Wheat... Mais là, après relecture de la page... je renverrais à la citation d'Horace sur le document même :

[1,12] XII Fructibus Agrippae Siculis quos colligis, Icci,
si recte frueris, non est ut copia maior
ab Ioue donari possit tibi; tolle querellas;
pauper enim non est cui rerum suppetit usus.


traduite par:
[1,12,1] Si tu sais jouir des biens que tu recueilles, Iccius, sur les terres Siciliennes d'Agrippa [La Sicile, le grenier à blé de Rome...], il n'appartient point à Jupiter de te prodiguer une plus grande abondance. Cesse tes plaintes. Il n'est point pauvre celui qui a de quoi vivre.Mais d'Horace, il n'est pas question dans Paradin. L'influence de Paradin sur Whitney est probable... mais cela signifierait alors que ce dernier ait pris la citation d'Horace pour justifier son illustration.

18 février, 2005 15:19  
Anonymous Anonyme a écrit...

J'avais oublié d'ajouter: Whitney lui-même explique son choix dans la marge...

18 février, 2005 15:23  
Blogger Jean Véronis a écrit...

On avance ! Horace est une bonne piste. Whitney et Paradin avaient certainement les mêmes lectures, de toutes façons, et la références aux latins semblait très à la mode. Mais ça n'est pas tout à fait Horace...

18 février, 2005 15:27  
Anonymous Anonyme a écrit...

Exact: j'ai traduit beaucoup trop vite la note de Whitney dans la marge. En effet, Whitney dédie cette devise à son frère. Il s'explique donc: ut huic vacuo spacio aliquid adiiciam, non facile occurit (mi frater), quod et tibi (iam patrifamilias) et huic symbolo magis conveniat, quam illud Horatianum ad Iccium Ce que je traduirais, à main levée et sans dico, par "Pour que je remplisse ce espace vide avec quelque chose, il n'était pas évident, mon frère, que ce quelque chose convienne davantage à toi (déjà père de famille) par ce symbole, plutôt que cette [lettre]d'Horace à Iccius".
En tout état de cause, malgré les faiblesses de ma traduction (fautive, à mon avis), ce serait aussi un hommage à la paternité de son frère !?

18 février, 2005 15:43  
Anonymous Anonyme a écrit...

Référence à Virgile et son Moretum - qui semble-t-il n'est pas de lui... - dans lequel se trouve l'expression "frumenti pauper acervus", pauvre tas de blé ?

Tentative hasardeuse de ma part qui ne suis qu'un bien piètre latiniste...

Wawa (bibi.wawa@gmail.com)

18 février, 2005 17:31  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Je suis un piètre latiniste moi aussi (hélas)... Mais je crois bien que les latins n'avaient pas de mot spécifique pour "meule" (de blé, de foin), et le mot habituel était justement "acervus" : "frumenti acervus". On l'a aussi dans le portrait de l'avare assis sur son tas de blé, et qui préférait manger des herbes amères, dans les Satires d'Horace : Si quis ad ingentem frumenti semper acervum....

On se rapproche ; il manque encore un mot essentiel qui explique tout... Et ce n'est pas Horace, ni Virgile, mais on brûle.

18 février, 2005 19:50  
Anonymous Anonyme a écrit...

Sans mérite: une petite recherche sur "acervus" et "granis" via... Google donne un proverbe latin "De minimis granis fit magnus acervus"...(http://www.kocher.pro.br/dicionario/d02.htm -sans garantie de qualité...). Mais de quand date ce proverbe ? Y a-t-il une ou des sources ?
Sans mérite et peut-être sans valeur, mais ça ajoute de l'eau au moulin (à grains...) et puis, on s'amuse. Je préfère ces petits défis-là aux traditionnels concours dans les blogs: "reconnaissez les airs de musique" ou "identifiez les fragments d'affiches de films".

18 février, 2005 20:49  
Anonymous Anonyme a écrit...

Cette fois, je pense que je suis aux origines conscientes ou inconscientes. Il y a plus que probablement, en lien avec la note en marge de Whitney à l'attention de son frère "iam paterfamilias", une allusion au Cantique des Cantiques, VII, 2: Umbilicus tuus crater tornatilis, nunquam indigens poculis. Venter tuus sicut acervus tritici, vallatus liliis...cité et commenté comme tel tout au long du Moyen Âge d'Augustin à Bède, en passant par Ambroise de Milan et Rupert de Deutz... Une autre mention intéressante, significative de l'ampleur de ce topos: dans un sermon de saint Augustin, n° 278: nam et aceruus frumenti minutissimis granis colligitur. Hélas, je n'ai pas de base de données de textes de l'antiquité sous la main, on pourrait peut-être remonter plus loin...

18 février, 2005 23:22  
Anonymous Anonyme a écrit...

Petite remarque hors concours :

Si la barre de Google nous permet d'avoir un correcteur orthographique dans les champs de texte, c'est vraiment bien ! (par exemple pour les profs qui complêtent leurs bulletins via une interface web...)
Mais cela signifie que tout ce que je tape dans une fenêtre web est aussi envoyé à Google. Ca me pose quelques problèmes de confidentialité, tout cela. A moins que je n'ai pas tout bien compris ?

Blog très intéressant. Merci !

19 février, 2005 10:17  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Daniel > Ca me pose quelques problèmes de confidentialité, tout celaC'est clair ! Et avec GMail, qu'offre qussi Google, le problème est planétaire :
http://www.epic.org/privacy/gmail/faq.htmlhttp://www.google-watch.org/gmail.htmlCa fait un peu peur... Big brother is watching you!

19 février, 2005 10:29  
Anonymous Anonyme a écrit...

Moui, j'ai installé aussi cette Béta. Mais cela fait longtemps que je connaissais des formules similaires concernant la traduction. Babylon translator qui fut longtemps gratuit était bien mieux!
Par ailleurs je préfère naviguer avec Firefox dont s'inspirera IE7 fin 2006 et pour lequel Google n'a pas deigné faire évoluer sa toolbar alors que Mozila-Firefox est un fidèle soutien depuis plus de 5 ans (IE de Microsoft voudrait imposer MSN search qui est de mieux en mieux mais...largué)

Quant à Big Brother, je suis chez gmail (Google) et je je me doute bien que la traçabilité de mes navigations produit de l'information à valeur ajoutée pour les commerçants high tech, mais je n'en ai pas peur.

Ma crainte viendrait plutôt des manipulations éventuelles de l'information à des fins idéologiques ou politiques. Et là, je dois avouer que j'ai le sentiment que les contre-pouvoirs sont suffisants (à commencer par les blogs). Vive la démocratie et surtout vive l'Internet libre!

21 février, 2005 21:22  
Anonymous Anonyme a écrit...

Pour info. La barre Google ne semble pas (encore) offrir ces magnifiques outils sous Firefox. Dommage.

Avec Safari 2.0 sous Mac OS X on bénéficie de la correction orthographique dans les formulaires et aussi de l'annulation multiple. Un must !

Sur l'excellent site www.acces-pour-tous.net on trouve aussi des barres d'outils à télécharger mais aussi un correcteur d'orthographe en PHP (licence GNU) à installer sur un serveur web. C'est là :

http://www.acces-pour-tous.net/fichiers_communs/telechargement.php

À +

06 juillet, 2005 14:42  
Anonymous Anonyme a écrit...

-yo

18 août, 2005 21:55  
Anonymous Anonyme a écrit...

Je voyais plutot la devise comme une réfrence à la façon dont les produits google et notamment la barre d'outils sont finalement un ensemble (bien pensé) de petites fonctionnalités.
Comme quoi en mettant bout-à-bout de petites choses on arrive à en faire de grandes.

19 avril, 2007 15:32  

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