Jean Véronis
Aix-en-Provence
(France)


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mardi, mai 29, 2007

Texte: Mesurer l'anaphore (2)

Dans la première partie de ce billet, je vous ai montré comment on pouvait mesurer grossièrement la quantité d'anaphores dans les textes. Je vais essayer de vous montrer ici comment on peut se servir de cet indice pour retrouver les plumes cachées derrière les discours.

Si l'on prend tous les discours de Nicolas Sarkozy (54 au total dans ma base), il s'agit de les séparer en deux groupes : ceux qui contiennent beaucoup d'anaphores et ceux qui n'en contiennent guère. En d'autres termes, il s'agit de déterminer la valeur de mon indice (proportion de trigrammes initiaux uniques), qui opère la meilleure partition. On peut bien sûr opérer «au pif», mais on peut être légèrement plus subtil, et utiliser des méthodes (simples) de classification automatique. Une façon de faire basique est de chercher la valeur de l’indice qui minimise la variance totale. Ouf… C’est un peu technique, si vous décrochez vous pouvez sauter directement quelques paragraphes.

Donc voilà, pour ceux qui n’ont pas eu peur, et qui sont restés en ligne, le diagramme ci-dessous montre la variance totale des deux groupes obtenus en mettant un point de coupure aux différents endroits possibles entre 0 et 100% :



Le meilleur point de coupure est à 72%.

Il suffit d’appliquer ça aux différents discours, et l’on obtient deux groupes :



On peut faire l’hypothèse qu’Henri Guaino est largement responsable des discours du groupe « Sarkozy 2 », qui possèdent moins de 72% de trigrammes initiaux uniques. Voyons ça de plus près.

Dans le tableau ci-dessous, j’ai mis en rouge les discours du groupe « Sarkozy 2 ».

Date%Titre
04/10/0684,2Convention de l'UMP sur la Recherche et l'Enseignement supérieur
12/10/0645,9Discours à Périgueux
18/10/0681,0Convention sur l'agriculture et le monde rural
09/11/0657,8Discours à Saint-Etienne
01/12/0675,8Congrès de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie
01/12/0645,6Discours à Angers
07/12/0681,74ème Forum mondial du développement durable
11/12/0690,0Conférence de presse sur l'immigration
12/12/0681,1Discours au Web 3
18/12/0645,8Discours à Charleville-Mézières
14/01/0754,4Congrès de l'UMP
25/01/0740,5Discours à Saint-Quentin
26/01/0742,3Discours au Futuroscope à Poitiers
31/01/0780,2Discours devant la Fondation Nicolas Hulot
02/02/0761,8Discours à Maisons-Alfort
07/02/0755,8Discours à Toulon
11/02/0751,6Réunion des Comités de soutiens locaux à la Mutualité
15/02/0769,6Discours à la Réunion
20/02/0779,4Discours devant la Fédération nationale des chasseurs
21/02/0760,4Discours à Strasbourg
23/02/0754,8Discours à Perpignan
28/02/0787,5Conférence de presse sur la politique internationale
01/03/0754,5Discours à Bordeaux
06/03/0750,0Discours à Cormeilles-en-Parisis
07/03/0790,9Journée UMP sur la Défense
09/03/0750,7Discours à Caen
13/03/0762,4Discours à Besançon
15/03/0767,7Discours à Nantes
18/03/0758,5Discours au Zénith
20/03/0737,9Discours à Villebon-sur-Yvette
22/03/0778,9Discours en Guadeloupe
28/03/0758,9Discours à Lille
30/03/0754,5Discours à Nice
31/03/0775,4Rencontre avec les Ultramarins de métropole
02/04/0776,8Conférence de presse sur le projet présidentiel
03/04/0749,0Discours à Lorient
04/04/0781,9Discours sur la culture au Showcase à Paris
05/04/0765,3Discours à Lyon
06/04/0761,7Discours lors de la rencontre "Femmes et égalité des chances"
10/04/0740,1Discours à Tours
11/04/0758,6Discours à Villepinte
12/04/0760,5Discours à Toulouse
13/04/0757,5Discours à Meaux
14/04/0776,2Rencontre avec des sportifs
17/04/0755,5Discours à Metz
18/04/0766,7Discours à Issy-les-Moulineaux
19/04/0756,1Discours à Marseille
22/04/0774,4Discours au soir du premier tour
23/04/0730,2Discours à Dijon
24/04/0760,1Discours à Rouen
27/04/0750,9Discours à Clermont-Ferrand
29/04/0744,0Discours à Bercy
03/05/0764,2Discours à Montpellier
06/05/0752,1Discours au soir du second tour

On voit que d’une façon générale, les discours de « Sarkozy 2 » sont les discours généraux prononcés dans les différentes villes de France, dont les grands discours de Périgueux, de la Porte de Versailles, du Zénith, etc., alors que les discours de « Sarkozy 1 » sont les discours sur des thématiques particulières (l’agriculture, la défense, etc.). Cette classification, obtenue automatiquement avec des moyens très simples est donc cohérente avec ce qu’on sait d’Henri Guaino : c’est lui qui écrit les discours de politique générale, et d’autres plumes (dont sans doute Emmanuelle Mignon) écrivent les discours sur des thématiques spécialisées. On remarquera que le discours du 22/03 à la Guadeloupe est un discours spécialisé, sur les problématiques particulières de ce département et il est logique qu’il n’ait pas été écrit par Henri Guaino.

Deux discours sont un peu problématiques, et montrent peut-être la limite de mon indice :
  • Le discours du soir du premier tour est catégorisé comme n’étant pas de la main d’Henri Guaino. Il est un peu à la limite (74%), mais en même temps, c’est un texte très court, et il est probable que mon indice doive demander un correctif par rapport à la taille. D’autre part, il est aussi possible que Nicolas Sarkozy ait largement ou totalement écrit de sa main ce discours particulièrement important, mais très bref.
  • Le discours de la rencontre « Femmes et égalité des chances » à la Mutualité le 06/04 est donné comme étant probablement du Guaino, bien qu’il soit relativement spécialisé. En fait, en y regardant bien, tout une partie du discours développe la thématique standard de Sarkozy (le travail, l’école, etc.), et utilise effectivement la rhétorique Guaino : « C’est pourquoi je veux une école sans portable, sans cigarette et sans casquette. Une école où… Une école qui… » etc. Il est donc probable que Guaino soit malgré tout derrière ce discours, au moins en partie.
Seul l’intéressé connaît la réponse à ces questions. Tiens, je vais lui demander s’il peut en parler, ou si c’est top secret…


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24 Commentaires:

Anonymous Anonyme a écrit...

Une limite aussi, c'est qu'après une si longue campagne commune des deux hommes, Sarko ait fini par aimer les anaphores, pour en remettre dans des discours à lui

29 mai, 2007 13:24  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Oui, un mimétisme est tout à fait possible !

29 mai, 2007 13:26  
Blogger Jean Véronis a écrit...

PS: et un mimétisme des candidats entre eux est aussi tout à fait possible. J'ai été frappé de constater que Bayrou, qui était assez sobre en la matière au début de sa campagne, s'est mis à faire de l'anaphore en fin de campagne, particulièrement dans son discours au Zénith...

29 mai, 2007 13:31  
Anonymous Anonyme a écrit...

Analyse magistrale !
Bientôt Jean Veronis dans "Les experts", où comment la police scientifique pourra déterminer le commanditaire du meurtre en analysant le nombre d'anaphores qu'utilise le suspect...
Question HS : à quand une analyse du mot "logiciel" ? mot employé à tout va en ce moment.

29 mai, 2007 13:47  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Maxime> Les analyses de ce type sont déjà utilisées par "certains services"...

Oui, j'ai repéré ce mot "logiciel" et j'ai essayé de le "tracer", mais ce n'est pas si facile. Pour l'instant je vois surtout son utilisation dans un contexte socialiste: changer le logiciel socialiste, actualiser le logiciel socialiste, etc. Ma conclusion temporaire est que c'est Ségo herself qui a relancé l'expression ces derniers temps. Elle est dans livre "Maintenant": Elle propose "trops révolutions de front : une femme à la tête de la République (...), une actualisation du logiciel socialiste et une transformation radicale de la manière de faire de la politique".

Mais l'expression est plus ancienne. En 2002, les socialistes en parlaient déjà (Fabius, Vals, DSK). Et en 1999 (!) JP Chevènement voulait "incarner le logiciel républicain".

En tout cas, toutes les sources que je trouve tournent autour du logiciel socialiste — qui me semble un peu buggé si vous voulez mon avis...

29 mai, 2007 14:05  
Blogger Vicnent a écrit...

un troisième contre exemple : Le premier meeting de Nicolas Sarkozy après sa désignation du 14 janvier est celui du 2 février à Maison Alfort. J'y étais. J'avais remarqué cette forme de figure rhétoricienne sans savoir comment on l'appelle.

Tu indiques que les discours en rouge, donc chargés en Anaphore, sont ceux de Henri Guaino et donc de politique générale. Cependant, le discours de 8 pages de Maison Alfort est 100% centré sur l'éducation, l'école, la formation. Or, son taux d'anaphore est sans conteste haut (tu l'indiques par ton algo, je me permets de le confirmer par ma lecture :

court extrait :
[...]
Nous savons tous qu’elle [...].
Nous savons tous qu’elle [...].
Nous savons tous qu’elle [...].
Cette unité elle [...].
[...]
Elle est menacée par [...].
Elle est menacée par [...].
Elle est menacée par [...].
Elle est menacée par [...].
Elle est menacée par [...].
Derrière il y a le problème de l’éducation. Il y a le problème de la culture. Il y a le problème de l’école.
[...]
)

Tu trouveras ce discours ici (pdf) (comme dans ta base j'imagine)

29 mai, 2007 14:27  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Vicnent> Au oui, merci de signaler ça. En fait, la division thématique/non thématique n'est sans doute pas la bonne. Il y a des thèmes comme l'éducation sur lesquels Guaino est à l'aise. Car ce discours de Maisons-Alfort, c'est du 100% Guaino. A part l'anaphore omnipresénte, on y trouve toutes les références habituelles au personnage: le gaullisme, le communisme, la résistance, l'histoire et tutti quanti !

29 mai, 2007 15:36  
Blogger Gromovar a écrit...

Brillante démonstration. A quand la base de données permettant d'identifier la plume d'un discours donné pour chaque homme politique important ?

29 mai, 2007 16:01  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Gromovar> Ah... c'est un beau rêve. Le pb n° 1 est déjà d'engranger tous les discours, et c'est du boulot !

29 mai, 2007 16:21  
Blogger Unknown a écrit...

> En tout cas, toutes les sources que je trouve tournent autour du logiciel socialiste — qui me semble un peu buggé si vous voulez mon avis...

J'avais aussi souvenir d'un utilisation par Michel Onfray à propos de Lutte Ouvrière. De fait : "Je me vois mal donner ma voix à la candidate de Lutte ouvrière, restée bloquée sur un logiciel des années 1920."
(http://contreinfo.info/article.php3?id_article=340)

Il est remarquable que l'expression ressorte chez Onfray au moment où, justement, il se met à prôner le "vote utile" : y a-t-il un lien ?

30 mai, 2007 00:27  
Anonymous Anonyme a écrit...

Guaino, président ! (ou : Rendons à César...)

30 mai, 2007 00:38  
Blogger Vicnent a écrit...

@Gromovar : allons plus loin...

Le Logiciel (DontBeEvil) :
- "Bonjour, veuillez rentrer votre ADN-Code"
[griiiziiziiizz]
- "À quelle élection êtes vous candidat ?"
J'en sais rien, moi...
- "Toutes !"
[griiiziiziiizz]
DontBeEvil :
- "Vous êtes Mr Robert Maxwell. DontBeEvil vous propose, dans le cadre de la présidentielle de 2012 un discours de 11 pages pour 5412 € HT, pour les élections générales, un discours de 2 pages pour 2111 € HT, pour les municipales de 2008, un discours de 4 pages pour 4651 € HT : veuillez sélectionner votre choix. Le paiement sera prélevé automatiquement. DontBeEvil vous remercie et vous signale que votre risque de cancer du colon est actuellement à 13%, vous devriez consulter. Au revoir."

30 mai, 2007 09:56  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,

entendu ce matin sur France inter : Nicolas Hulot parler du "logiciel écologiste"... On peut sans doute encore l'écouter en ligne.

30 mai, 2007 12:35  
Anonymous Anonyme a écrit...

Bonjour,

Juste un petit commentaire : il serait peut-être intéressant que vous puissiez, à un moment donné, publier un billet consacré aux procédures statistiques et aux outils utilisés pour réaliser vos analyses...
Je sais que les considérations méthodologiques sont souvent barbantes pour le grand public mais comme on dit : "sans méthodologie publiée, pas de réplication possible, sans réplication possible, pas de science..."

Merci à vous
Paul, qui aime la cuisine ;-)

30 mai, 2007 14:56  
Anonymous Anonyme a écrit...

Quel homme ce Jean Véronis alors !

J'ai toujours été épaté par votre utilisation de l'informatique mais la je suis sur le cul.

Encore bravo !

30 mai, 2007 18:56  
Anonymous Anonyme a écrit...

Ça me rappelle la belle époque où un certain Pierre Encrevé (éminent linguiste) était la plume enlevée d'un non moins certain Michel Rocard (premier ministre) ... Jean Véronis a de l'avenir ...

30 mai, 2007 21:30  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Anonyme> La méthodologie n'est pas très compliquée. Je l'explique à peu pès dans ce billet: on découpe en phrase, on prend les triplets de mots initiaux, on calcule la proportion de triplets uniques... Pas de quoi fouetter un chat. Je crois profondément dans les choses simples...

30 mai, 2007 21:38  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Clément> Vous êtes gentil. Tout cela n'est pas très compliqué. Je crois que le problème c'est que d'habitude les informaticiens ne s'intéressent pas beaucoup aux lettres (et vice-versa). Sinon, ce n'est rien de très compliqué...

30 mai, 2007 21:40  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Ldx> Tout sauf ça ! Je suis trop cynique. Ca ne marcherait pas...

30 mai, 2007 21:41  
Anonymous Anonyme a écrit...

A Jean Véronis

Le logiciel socialiste n'est peut-être pas trop buggé après tout, mais il s'agit d'une version qui avait été développée sous
MS DOS (et mise au point à l'ENA - promotion Voltaire 1980) et qu'ils essaient de faire tourner avec VISTA. Enfin, j'exagère un petit peu ... C'est mon côté méridional!

PS : sorry pour l'anachronisme - si j'en crois Google, MD DOS est apparu en 1981.

30 mai, 2007 22:58  
Anonymous Anonyme a écrit...

Jean> En tout cas, toutes les sources que je trouve tournent autour du logiciel socialiste

Moi je n'avais jamais entendu le mot hors de son sens informatique que dans les éditos de Claude Imbert dans Le Point qui en use et en abuse depuis des années. C'est presque aussi typique que l'anaphore pour Guaino ! Et cela concerne le plus souvent la marche de la société en général (voir quelques exemples sur http://www.lepoint.fr/search/recherche/resultats?keyword=%E9ditorial+imbert+logiciel).
Pourrait-on tenir là le "patient zéro" de la contagion ?

La montée récente du mot m'a frappé : j'y suis sans doute particulièrement sensible de par ma profession (je dois faire partie de ces quelques informaticiens sensibles aux lettres, vous étant resté fidèle après avoir été séduit par votre vista un soir d'hécatonchires).

Et ne soyez pas si modeste, si vos analyses aussi pertinentes qu'instructives ne demandent parfois que des statistiques élémentaires, vos outils prouvent l'étendue de vos talents ! Je suis personnellement bluffé par la dextérité avec laquelle vous associez linguistique et informatique.

31 mai, 2007 00:53  
Anonymous Anonyme a écrit...

Nono> Il faudrait cesser de croire que les linguistes ne manipulent que des mots et des dictionnaires, auj. ils savent parfaitement mettre à profit les outils informatiques pour offrir de belles analyses, il n'est que de voir, par exemple, ce que font la dialectométrie et la cladistique, pour ne citer que ces exemples. Sans parler des bases de données qui nous permettent de jongler sans complexe avec plus d'un million de data.

31 mai, 2007 19:21  
Anonymous Anonyme a écrit...

L’analyse est pro et dûment saluée. Je m’interroge toutefois -en toute naïveté- sur ce qui pourrait apparaître comme quelques points faibles (plutôt des points où le faire vite nous dépasse, où il se mue de créatif en ennemi du scientifique…). Je suis un lecteur lambda aucunement spécialiste, encore moins de lexico ou de stats complexes et par ailleurs je ne connais ni ce Guaino ni sa plume. Un tel lecteur se demande automatiquement d’où sort votre induction, ce recours à l’explication Gauino (données externes certes mais il doit y en avoir bien d’autres). En revanche, sans doute parce que travaillant dans les sciences humaines, je suis sensible à la validation. On a tout à fait le droit de supposer (hypothèse de travail) que la série Sarkozy 2 puisse correspondre à Guaino. Mais cela impose de valider l' hypothèse (« supposons que cela soit du à Guaino alors on devrait observer telle et telle caractéristique ») : la rigueur n’imposerait-elle pas alors comparer le nuage de points à celui que donneraient des textes (qui soient les plus proches du discours allocutaire) du fameux Guaino ?
Par ailleurs en approche intuitive, sur la seule configuration du nuage de points (pensant par ailleurs que les distributions en 2 classes bien séparées sont rares dans les phénomènes humains et qu’on doit toujours –dans le simple- tester au moins le ternaire) je me demande quasi automatiquement –devant la curieuse densité à droite, là où les 2 groupes se touchent à se fondre- si on n’aurait pas à faire à la superposition d’un 3è groupe (cf. mon image si elle passe).
Un tel 3è groupe pourrait alors, s’il était validé ou probable, correspondre à un 3è homme (Cannes n’est pas encore trop loin) dont la série de discours viendrait emprunter aux caractéristiques des 2 autres groupes. Ce 3è homme pourrait par hypothèse être (sinon une femme) d'abord Sarkozy lui-même, cette coalescence à la droite du nuage correspondant à des discours retouchés où sa patte augmenterait ou diminuerait la dose d’anaphore. Ce 3è homme pourrait aussi être virtuel : la pure résultante de retouches multiples qui auraient pour effet de lisser la dose d’anphore. Il me semble pour finir qu’une seconde procédure de validation devrait alors être envisagée, en 2 volets : A-examiner quelles anaphores caractérisent le groupe Sarko 1 et lesquelles caractérisent le groupe Sarko 2 (retour donc au qualitatif), B-examiner si la statistique lexicale (le comptage de mots en tant que signature possible d’un auteur) convalide Sarko 1 et Sarko 2 et s'il propose ou non un groupe Sarko 3… Suis-je sur la plaque ou complètement à côté ? Bien à vous.

01 juin, 2007 00:30  
Blogger Jean Véronis a écrit...

Archéo> Merci pour ce long commentaire ! Vous avez raison : si je devais publier ce travail sous forme d'article scientifique, je complèterais l'étude. Mais le but ici est tout autre. Il est simplement pédagogique. Je devrais d'ailleurs écrire cela quelque part en exergue du blog : il ne s'agit pas de produire des résultats définitifs (hmm... de toute façon, la science en produit-elle ?), mais d'illustrer ce qu'on peut faire avec un certain nombre d'outils (volontairement) simples.

Si j'avais un peu plus de temps, et si nous pouvions entreprendre une discussion épistémologique, j'avancerais peut-être que les "sciences humaines" péchent parfois par excès inverse. Les analyses sont souvent si longues, qu'elles paraissent de nombreuses années après les faits, et si alambiquées qu'elles ne sont lues que par un parterre de quelques dizaines d'initiés, et donc soumises à une critique très faible. Il y a une vertu, me semble-t-il, à une publication plus rapide, soumise à la critique par le plus grand nombre. C'est évidemment un risque. Vous aurez remarqué que dès que j'oublie une virgule, je me fais immédiatement allumer (à juste titre). C'est moins confortable...

Sur le point que vous soulevez, de l'attribution de "Sarkozy 2" à Guaino, je me fonde évidemment sur des données externes, mais elles sont très sûres. De nombreux articles sont parus dans la presse sur la question, et il est établi que les grands discours (Agen, Périgueux, Porte de Versailles, etc.) sont de lui. J'ai eu confirmation par l'intéressé lui-même (ainsi que pour quelques autres, comme la substitution de plumes in extremis le 26/01 à Poitiers). J'ai eu également confirmation de sa bouche qu'il usait sciemment de l'anaphore.

On pourrait évidemment comparer avec d'autres textes de Guaino, mais ce serait biaisé, car, à ma connaissance, il n'écrit pas de discours. Les seuls textes que l'on trouverait serait par exemple des chroniques qu'il a écrites dans des journaux, et dans lesquelles l'anaphore n'a pas lieu d'être (mais ce serait intéressant pour étudier d'autres phénomènes linguistiques). Il faut faire très attention à cela: le "genre" littéraire apporte parfois plus de différences entre textes que le changement d'auteur.

Sur l'autre point, il est fort possible par exemple, que Sarkozy lui-même, par mimétisme, "fasse" du Guaino. C'est peut-être le cas du discours bref du soir du 1er tour. Par ailleurs, tous les discours sont probablement négociés, travaillés jusqu'à un certain point avec Sarkozy et éventuellement d'autres plumes. Poura ller plus loin, il faudrait 1) étudier d'autres caractéristiques textuelles 2) disposer d'autres données externes.

Mais ma petite étude simple et rapide, "quick and dirty" commme disent les anglophones, montre qu'elle joue son rôle, qui est un rôle purement heuristique. Elle nous permet de réfléchir, de contredire, d'apporter de nouvelles hypothèses. Mes petits outils ne sont rien d'autres que des instruments, comme on a des oscilloscopes en physique. On observe un signal. Il faut ensuite l'interpréter, bâtir de nouvelles expériences pour corroborer/contredire, etc.

01 juin, 2007 09:32  

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Texte: Mesurer l'anaphore (1)

Vous l’avez sans doute remarqué pendant la campagne. L’un des traits les plus frappants des discours de Nicolas Sarkozy était cette figure rhétorique qu’on appelle anaphore, et qui consiste en une répétition des débuts de phrases (ou de vers en poésie), comme dans ce poème d’Aragon (que je ne choisis pas tout à fait au hasard…) :
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant
(Louis Aragon, Strophes pour se souvenir)
Un des exemples les plus étonnants dans la prose sarkozienne est ce passage de son discours à Dijon au lendemain du premier tour :
Alors, pourquoi tant d’attaques personnelles, pourquoi tant de violence, pourquoi tant de haine ?

Oui, pourquoi tant de haine ? Parce que je parle de la France ? De son identité ? De ses valeurs ? Parce que ce sont devenus des gros mots ?

Pourquoi tant de haine ? Eh bien je vais vous le dire. D’abord parce qu’il y a les voyous, les trafiquants, les fraudeurs, les caïds, les bandes qui veulent faire leurs petites affaires tranquillement, qui veulent pouvoir frauder, racketter, trafiquer sans être dérangés. Il y a les casseurs qui veulent pouvoir casser en toute impunité. On n’est pas populaire parmi les voyous quand on veut faire respecter partout les lois de la République.

Pourquoi tant de haine ? Parce que c’est la gauche qui aurait dû le dire et que la gauche ne l’a pas dit ? Parce que la gauche aurait dû le faire et que la gauche ne l’a pas fait ? Parce que la gauche n’a pas sauvé Alstom et qu’elle a bradé la sidérurgie sous prétexte que la sidérurgie n’avait plus d’avenir ?

Pourquoi tant de haine ? Parce que cette vérité, c’est la gauche qui aurait dû la dire et qu’elle ne l’a pas dite ?

Pourquoi tant de haine ? Parce que j’ai dit que l’euro avait fait monter les prix ? Que l’euro surévalué pénalisait notre industrie et accélérait les délocalisations ? Que la taxation du travail était trop élevée ? Que si l’on taxait davantage le travail, les emplois partiraient ? Que si l’on taxait davantage le capital, le capital s’en irait ?


J’arrête ici. Au total, le « Pourquoi tant de haine ? » sera répété 46 fois (voir extraits) ! Un record… Il y a même anaphore dans l’anaphore, puisque le « Parce que » et le « Que » se répètent aussi en écho…

Ce trait stylistique est caractéristique d’Henri Guaino, la plume officielle de Sarkozy ou plutôt l’une des plumes, car il n’écrit pas tous ses discours. Sarkozy a eu au moins une autre plume, Emmanuelle Mignon et il n’est pas impossible que d’autres personnes aient contribué à sa prose sur des thématiques particulières. Que l’on adhère ou que l’on n’adhère pas au contenu, il faut reconnaître qu’il y avait un certain souffle dans les discours de Sarkozy, qui n’est peut-être pas totalement étranger à son succès…

*

Je vous propose ici un petit exercice mathématico-linguistique. Peut-on mesurer automatiquement la quantité d’anaphores dans un discours ? Peut-on s’en servir pour repérer un auteur particulier ou une plume dans un ensemble de textes ?

Le problème paraît simple, mais il est en fait assez compliqué. Le nombre de mots qui se répètent est variable, ce ne sont pas nécessairement des phrases consécutives qui sont concernées, il peut y avoir des variantes syntaxiques mineures d’une répétition à l’autre, etc. On pourrait certainement développer des programmes très élaborés, mais j’aime les choses simples à faire, et si possible simples à comprendre. C’est même une règle méthodologique que je me fixe, une sorte de rasoir d’Occam : ne jamais rien tenter de compliqué tant que l’on n’a pas testé les choses simples…

Donc voici une petite recette, un algorithme comme diraient les savants. On découpe le texte en phrase, on retient les trois premiers mots de chaque phrase ou trigrammes, et on regarde combien de trigrammes sont uniques. La proportion de trigrammes uniques est un bon indicateur de la proportion d’anaphores dans un discours, même si, évidemment, il n’est pas parfait. Par exemple, on ne comptera pas les anaphores qui ne portent que sur un mot ou sur deux (comme le « Parce que » et le « Que » dans l’exemple ci-dessus). Mais la contrepartie, en prenant un nombre de mots plus petit, serait de considérer comme anaphores beaucoup de choses qui n’en sont pas, et d’introduire énormément de bruit.

Voyons où cette mesure nous mène.

Le diagramme ci-dessous représente le pourcentage de trigrammes initiaux uniques dans les discours des quatre principaux candidats :



On voit que le nuage de points représentant les discours de Sarkozy est nettement décalé vers le bas par rapport aux autres candidats. Si l’on prend les valeurs moyennes pour chacun d’eux, on obtient le diagramme suivant :



Le moins amateur d’anaphores semble être Le Pen, suivi par Royal et Bayrou. La moyenne de Sarkozy est nettement plus basse, ce qui indique une proportion d’anaphores plus importante chez lui que chez les autres candidats.

*

Je ne veux pas vous assommer de considérations mathématiques compliquées, mais les petites barres verticales autour de la moyenne indiquent la variation de mon indice pour chacun des candidats (ce qu’on appelle écart-type). On voit que la proportion d’anaphores varie beaucoup plus d’un discours à l’autre chez Sarkozy que chez les autres candidats. Ceci confirme que plusieurs plumes sont à l’œuvre, dont l’une aime les anaphores et les autres moins. Je vais essayer de vous montrer dans la deuxième partie de ce billet comment on peut séparer automatiquement les discours d’Henri Guaino des autres.


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    17 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    au vu de l'avant dernier graphique je dirais qu'il y a probablement une multimodalité dans le nombre de trigrammes initiaux utilisés et qui pourrait réveler directement, ou pour le moins fortement suggerer des styles d'écritures différents. la réalisation d'une distribution d'effectif de la proportions de trigrammes initiaux ne permetterait-elle pas de le réveler (il doit bien y avoir assez de discours pour le faire je pense)?
    par ailleurs, si, comme je le pense, on se retrouve avec au moins une bimodalité, il ne faudrait se servir de la moyenne et de l'écart-type qu'avec des pincettes.

    29 mai, 2007 13:06  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Oui, il y a bi-modalité chez Sarkozy. Il faut effectivement des pincettes, mais la moyenne plus basse et l'écart-type plus large sont des indications, justement qu'une deuxième plume est à l'oeuvre (suite dans le 2e billet).

    29 mai, 2007 13:10  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    En vrai de vrai, le "pourquoi tant de haine" n'etait qu'un clin d'oeil appuye a Desproges.
    Etonnant, non ?

    29 mai, 2007 14:57  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    A moins que ce ne soit un clin doeil à "Ministere A.M.E.R." ? En tout cas, Guaino semble avoir pas mal d'humour et de sens du renversement de situations... Je ne suis pas sûr que Sarko capte toutes les références dont il lui truffe les discours !

    29 mai, 2007 15:37  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour et bravo pour ce blog.
    Je suis "accro" depuis le début de la campagne présidentielle.

    Je m'interroge sur l'emploi du terme trigramme.
    En cryptographie, un trigramme représente plutôt un groupe de trois lettres. J'ai regardé sur l'atilf, je ne trouve pas vraiment de définition pour une suite de 3 mots ?

    Une question au passage, connaissez vous un bon dictionnaire français en ligne autre l'atilf ?

    29 mai, 2007 19:00  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Steph> Oui, je sais, l'emploi le plus courant de n-gramme est "suite de n-lettres". Mais l'usage de n-gramme pour "suite de n mots" est tout à fait courant dans le domaine de la "linguistique computationnelle".

    De toute façon, en grec, "gramme" est bien plus large, c'est l'écriture. D'où idéogramme, pictogrammes, phonogrammes, etc., qui ne sont pas vraiment des lettres...

    29 mai, 2007 19:16  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    tri-gramme, soit!

    mais pourquoi pas polyforme ou triforme (puisqu'il s'agit d'un triplet de formes lexicales) ?

    29 mai, 2007 19:26  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Deroubaix> Oui, ce serait mieux, effectivement (mais peut-on aller contre l'usage établi ?).

    29 mai, 2007 20:00  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Il me semblait avoir repéré le goût de l'anaphore dans les discours de Raffarin, dont on connaît la rhétorique. Un effet garanti, mais un peu grossier, surtout quand il est utilisé sur un rythme ternaire, comme le faisait souvent ce bon vieux (?) Raffarin.

    29 mai, 2007 21:04  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Steph> J'avais oublié une partie de la réponse. Question dicos tout est à peu près sur Lexilogos

    29 mai, 2007 21:29  
    Blogger Unknown a écrit...

    Ce que j'aime bien en venant ici, c'est, etnre autres, qu'il y a toujours 2,3 trucs bien croustillants à grignoter. Aujourd'hui le rasoir d'Occam. Que du bonheur :)

    30 mai, 2007 12:41  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    ZyYada> J'espère que ce n'est pas trop rasant...

    30 mai, 2007 12:44  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    si le procédé rhétorique avait été signalé avec un peu d'habileté par la gauche, il n'aurait pas eu autant d'efficacité

    il serait peut etre meme apparu pour ce qu'il est : assez ridicule

    j'en avais parlé le 7 mars ici:

    http://sauce.over-blog.org/article-10010563.html

    30 mai, 2007 22:12  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Martin P.> [Le procédé] serait peut etre meme apparu pour ce qu'il est : assez ridicule -- Formulation un peu abrupte, peut-être ? Dit comme ça, vous disqualifiez Aragon, Rimbaud, Corneille et quelques autres...

    31 mai, 2007 10:05  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci encore une fois. Mais pour les ignorants (comme moi) c'est quoi "le rasoir d'Occam" ? (pour une fois vous êtes pris en défaut: il manque un de vos fameux liens..!). Bonsoir (moi j'attaque Anaphore 2 )

    31 mai, 2007 23:39  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Très juste ! Je viens de rajouter un lien...

    Guillaume d'Occam était un moine franciscain philosophe et logicien du début du XIVè siècle. C'est lui qui a inspiré le personnage de Guillaume de Baskerville dans le Nom de la Rose d'Umberto Eco (incarné à l'écran par Sean Connery).

    Il a posé comme principe méthodologique qu'il ne fallait pas multiplier les notions, hypothèses et variables sans raison. En d'autres termes, quand on a deux théories qui ont exactement le même pouvoir explicatif, il convient de choisir la moins compliquée.

    En gros c'est le contraire des Shadoks, qui, eux, disait : "pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?"...

    01 juin, 2007 09:05  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Ah, que c'est reposant de venir de temps à autres faire un tour ici. Plein d'esprit, plein de gens bien élevés ! ...

    01 juin, 2007 22:19  

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    lundi, mai 28, 2007

    Lexique: Pentecôte

    Si vous demandez autour de vous d’où vient le nom Pentecôte, bien peu sauront vous répondre. Les plus malins remarqueront que le mot contient pente et côte, et que cela rappelle peut-être le Christ montant au Ciel. Sauf que ça, ce serait plutôt l’Ascension… En fait, le mot Pentecôte vient de pentekostos, «cinquantième» en grec, ou plus exactement pentekostê hemera, le cinquantième jour (au fil du temps on a laissé tomber hemera). En effet, la Pentecôte tombe le septième dimanche après le dimanche de Pâques. Sept semaines, 7 fois 7 jours : très symbolique… Mais vous me direz que cela ne fait que 49 jours, et vous aurez raison. La raison en est simple : dans les temps anciens, on comptait le jour de départ comme premier jour. C’est d’ailleurs encore le cas lorsque nous parlons de huit jours (ou d’une huitaine) pour dire une semaine, et de quinze jours (ou d'une quinzaine) pour deux semaines. Tant mieux, parce que sinon, la Pentecôte se serait appelée quelque chose comme Enneatetracôte…



    La fête de la Pentecôte parle particulièrement au linguiste, puisque c’est en ce jour que les Apôtres réunis reçurent le don des langues. Souvenez-vous (c’est dans les Actes des apôtres) :
    Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux.

    Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer. Or il y avait, demeurant à Jérusalem, des hommes dévots de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui se produisit, la multitude se rassembla et fut confondue : chacun les entendait parler en son propre idiome.

    Ils étaient stupéfaits, et, tout étonnés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il alors que chacun de nous les entende dans son propre idiome maternel ? Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de Mésopotamie, de Judée et de Cappadoce, du Pont et d'Asie, de Phrygie et de Pamphylie, d'Egypte et de cette partie de la Libye qui est proche de Cyrène, Romains en résidence, tant Juifs que prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons publier dans notre langue les merveilles de Dieu ! » Tous étaient stupéfaits et se disaient, perplexes, l'un à l'autre : «Que peut bien être cela ?»
    Traduction automatique avant l’heure ? On se perd en conjectures depuis des siècles pour comprendre la signification de ce passage. Il fait en tout cas écho au châtiment de Babel, décrit dans la Genèse, dans lequel « Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c'est de là qu'il les dispersa sur toute la face de la terre ». On a d’ailleurs décrit la Pentecôte comme l’anti-Babel. L’Eternel avait dispersé les hommes à Babylone. A Jérusalem, l’Esprit-Saint les rassemble…

    Le passage est tout de même étrange. Ce n’est rien, évidemment, quand on pense qu’un peu plus tard, il y en a un qui verra des monstres à sept têtes. De nos jours on dirait qu’ils ont un peu fumé… A l’époque, les spectateurs accusaient simplement les boissons fermentées. Le passage se termine en effet par le verset suivant :
    D'autres encore disaient en se moquant : «Ils sont pleins de vin doux !»
    Il faut dire qu’ils avaient une astuce pour changer l’eau en vin…

    27 Commentaires:

    Blogger Unknown a écrit...

    LA Pentecôte étant un jour "férié", mais "travaillé", j'en profite pour vous poser une question sur le terme chômage. Chômer signifie, si je ne me trompe pas, "ne pas travailler". Il me semble cependant qu'il a eu également le sens inverse. Pouvez-vous confirmer, ou infirmer?

    28 mai, 2007 10:53  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Non, je ne crois pas. Chômage vient de caumare, cesser de travailler pendant les fortes chaleurs (chaleur= cauma). J'avas fait un billet sur ça ici.

    28 mai, 2007 10:59  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    J'avions aussi apporté ma petite pierre à cet édifice...

    28 mai, 2007 11:07  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Bravo! ( Tu as fait hypocagne ? ;-)

    28 mai, 2007 11:16  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    J'adore les vannes de linguistes! Vive Devos, le manipulateur de paradigmes!

    28 mai, 2007 12:03  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Enneatetracôte... Bien cuite, à la flamme de bougie ?

    28 mai, 2007 13:13  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Alors là, je me marre à m'en tenir les côtes !

    28 mai, 2007 17:37  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    On sait changer l'eau en glace, mais on ne sait plus changer l'eau en vin. C'est bien dommage, vu le prix du vin de glace ...

    28 mai, 2007 17:58  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Un grand mystère de plus et peut-etre que le maitre de ces lieux pourrait nous donner une explication car c'est plutôt surprenant!!

    Dans Google : si vous tapez :

    Sarkozy gauchiste

    Google vous proposera : "Essayez avec cette orthographe : sarkozy fasciste "

    C'est quoi ça!!?? le moteur de recherche qui est maintenant doué d'humour??... ou alors le résultat d'une action menée par des plaisantins..

    Dans les 2 cas, c'est plutôt inquiétant :(

    Boz

    28 mai, 2007 20:41  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    on peut aussi essayer Sarkozy socialiste, ou sarkozy communiste, ou même sarkozy collectiviste... Le Moteur de Recherche qui en ce jour de Pentecôte reçoit l'Esprit Saint et donc le don de Lang (Fritz ? Jack ? Michel ?) traduit inévitablement de façon spirituelle. Ne pas s'en attrister, c'est, jusqu'à présent ce qui lui manquait le plus. A Lang ? non. à Google ? non.

    28 mai, 2007 21:00  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Alors avez-vous une explication pourquoi en France, au moins,la Pentecôte est l'occasion unique de l'année, de réunir,dans une famille, de plus ou moins lointains cousins?

    28 mai, 2007 21:04  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Les commentaires de ce site sont-ils modérés ? Je ne vois pas trace de celui que je viens de poster. Tant pis, je cours le risque de poster en double.

    Ce que je disais, c'est que la compréhension automatique des textes, et, partant, la traduction automatique d'iceux ne seraient pas correctement abordées tant qu'on ne saura pas traiter correctement le "joycien" (rappelez-vous Raymond Queneau dans Bâtons, chiffres et lettres)

    C'est pourquoi j'ai commencé à rédiger un petit traité (lui-même en joycien) afin de montrer comment cela est possible

    Ici : http://bluemoon.anoptique.net/compilee/Lecon%3A%3Aea1.html

    --esc

    28 mai, 2007 21:35  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Boz> Oui, j'ai vu ça chez Olivier Bonnet... C'est assez étonnant. D'habitude Google propose une suggestion orthographique quand il y a peu de résultats pour la requête mais la requête "Sarkozy gauchiste" retourne 263 000 résultats, contre 610 000 pour "Sarkozy fascite". Bizarre, bizarre. Blague des "petites mains" de chez Google ?

    28 mai, 2007 21:44  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Le jour de la pentecote est le jour ou la prophétie se réalise. Joel 2:28 -32.
    Ce jour est considéré comme le jour de naissance de l'Eglise pour certain. Jésus avait aussi promis ce consolateur qui viendrait faire de grande choses.
    Cette fête est l'héritière de la fête juive de Chavouot, ou fête des Semaines ou fête des Prémices.
    C'est une fête donc juive et chrétienne comme paque qui je me demande toujours encore pouquoi il faut mettre un s.

    C'est quand meme bizarre d'avoir enlever ce jour qui est quand meme très fort bibliquement et pas le 11 novembre ou 8 mai qui est un jour du passé. Alors que je jour de la pentecote est encore actuel.

    28 mai, 2007 21:49  
    Blogger Blog des amateurs d'économétrie a écrit...

    Puisque le forum paraît s'adonner sans retenue aux jeux de mots aujourd'hui, ajoutons que si le quart de rouge est la boisson du garde rouge, le quart de côtes est probablement la boisson du garde-côte.

    28 mai, 2007 22:47  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Quelle forme ! On se croirait dans l'Almanach Vermot !

    29 mai, 2007 09:34  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Traduction automatique… ah ! c'est pour ça alors qu'on dit Saint Google. (Hihi)

    Doué sur le langage, mais un peu moins sur la typographie : ça serait bien de mettre des espaces insécables
    (pour ceux qui ne connaissent pas : espace insécable sur Wikipédia)

    29 mai, 2007 13:53  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    pour resortir un classique
    " la route est droite mais la pentecote travaillee est raide "

    sinon, une question, si on inclus le 1er jour dans le decompte (NB comme pour les annees: an 1, etc) alors on perd toute la symbolique du 7x7, non ?

    29 mai, 2007 14:52  
    Blogger Kai Carver a écrit...

    D'autres fascistes selon Google:

    franco
    mussolini
    bush

    (merci Xof)

    29 mai, 2007 17:53  
    Blogger XoF a écrit...

    Merci Kai...
    Il faut encore ajouter Pinochet !

    29 mai, 2007 17:56  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Cher Anonyme pointilleux> Je me suis déjà expliqué sur l'espace insécable. Blogger (logiciel américain) la replace par une espace sécable, et du coup, on se retrouve avec des espaces flottantes en bout de ligne, ce qui est encore pire. Donc, de deux maux, j'ai choisi le moindre (hélas). Il faudrait que j'écrive une FAQ...

    29 mai, 2007 19:03  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    (L'anonyme pointilleux) Désolé… je ne savais pas. C'est dommage. Parce qu'il n'y a rien de plus moche que d'avoir la ponctuation (française) éparpillée comme ça… en fin ou en début de ligne. Enfin bon, on a déjà les caractères accentués… c'est déjà ça.

    29 mai, 2007 21:34  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Cette habilité à parler plusieurs langues porte un petit nom , celui de glossolalie. Je remarque que wikipedia possède un article sur ce sujet :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Glossolalie

    09 décembre, 2007 23:32  
    Anonymous Cochonfucius a écrit...

    La glossolalie concerne essentiellement l'usage de langues imaginaires. Un ouvrage de 2006 fait le tour de cette question, et de quelques autres.

    10 juin, 2011 11:01  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Oui, ce livre de Marina Yaguello est extrêmement intéressant. Je viens d'ailleurs d'en relire quelques chapitres pour préparer le débat sur les langues naturelles/artificielles qui a eu lieu à la BPI récemment.

    10 juin, 2011 11:51  
    Anonymous Cochonfucius a écrit...

    Un sonnet de circonstance :

    Nous voici réunis, ce jour de Pentecôte,
    Attendant que l'Esprit nous donne du talent.
    Matthieu veut être juste et Marc être galant,
    Luc aimerait savoir préparer l'entrecôte,

    Jeannot courir sans être essoufflé dans les côtes,
    Pierrot plus aisément convertir le chaland,
    Jacquot voir des Romains devant lui détalant,
    Venez, divin Esprit, venez, soyez notre hôte!

    L'obscurité se fait dans un souffle qui gronde.
    Soudain, des traits de feu, issus d'un autre monde,
    Viennent toucher chacun de nos fronts de pécheurs.

    Chacun gagne un lexique, un style, une grammaire,
    S'ajoutant au parler qu'il tenait de sa mère:
    Douze apôtres, dès lors, seront douze prêcheurs.

    12 juin, 2011 11:15  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Superbe ! merci pour cette contribution !

    12 juin, 2011 11:35  

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    mardi, mai 22, 2007

    Lexique: Maroquin pour une Maghrébine

    La gauche en a rêvé, Sarkozy l’a fait. Une femme issue de l’immigration à un ministère de premier plan. Bravo. Que dire d’autre ? Comme elle est un peu inexpérimentée, il n’y a plus qu’à lui souhaiter de ne pas se faire exploser par les jeunes loups de l’UMP qui sont restés sur la touche et doivent l’avoir mauvaise. Ce serait dommage qu’elle perde son maroquin à la faveur des législatives…



    Maroquin. Avez-vous remarqué qu’on a beaucoup entendu ce mot depuis quelque temps ? Le maroquin désigne un portefeuille en cuir du même nom, dans lequel les ministres rangeaient leurs papiers il y a bien longtemps. Et puis, par un de ces artifices dont la langue a le secret, qu’on appelle métonymie, l’objet a fini par désigner la fonction.

    En ce qui concerne Rachida Dati, de père marocain, le mot maroquin nous fait un petit clin d’œil amusant. Il vient en effet du mot Maroc, en passant par l’espagnol où il s’écrivait marroquin et désignait le cuir : les Arabes ont amené pas mal de choses en Espagne, et notamment la technique du tannage des peaux. Le mot Maroc vient lui-même de la ville de Marrakech, qui signifiait, paraît il, en berbère «terre de Dieu» (amur = Dieu, akuch = terre). En Arabe, Maroc se dit Maghreb ou plus exactement Al-Maghrib, le pays du Couchant. Mais comme le mot s’applique aussi à tout le Maghreb, quand il faut préciser on l’appelle Al-Maghrib Al-Aqsa, le Couchant lointain. Le Far West en quelque sorte. J’espère que ce n’est pas à ça que ressemblera son ministère.

    Bonne chance Rachida.

    28 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    "amur = Dieu" : c'est donc là que vient la phrase "Dieu est amour" ;)

    22 mai, 2007 16:37  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Billet extrêmement sympathique. Je me joint au « bonne chance » même si j'ai eu beaucoup de mal avec elle pendant la campagne.

    Enfin, le dernier paragraphe est agréable à lire, et a le mérite d'exister.

    22 mai, 2007 16:38  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je viens de remarquer le graphe Presse 2007 sur la droite de l'ecran. Trois s'effondrent, il n'en reste qu'un qui continue a grimper. Tres parlant, cet outil !

    22 mai, 2007 17:31  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Avais pas eu le temps de chercher après avoir lu ce mot dans le 20 minutes, je comprend mieux le jeu de mot maintenant! Pour ceux que ça intéresse il y a un livre que j'ai bien aimé sur la langue arabe et les liens qu'elle a tissé en Europe, "Arabesque" d'Henriette Walter

    22 mai, 2007 18:34  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Oxil> Oui, j'aime beaucoup les livres d'Henriette, qui est une amie très chère. Je recommande vivement ses "Mots français venus d'ailleurs".

    22 mai, 2007 19:05  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour Jean

    Je connaissais le mot et j'avais remarqué qu'il était revenu à la surface récemment y compris lors d'un JT de 20h. Ce fut l'occasion de poser la question à 3 de mes enfants. Aucun ne connaissait ce terme. Et je me suis posé la question : "quel pourcentage de gens écoutant les infos a compris la phrase ?", "Combien ont compris que le(la) ministre avait hérité d'un esclave marocain ?" ;-)))

    22 mai, 2007 20:45  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Jean-Louis> Ah oui, effectivement, des tas de gens ont dû comprendre "marocain"... Bien vu!

    22 mai, 2007 20:49  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    clap clap clap !!!
    Nous promener avec un tel brio dans les méandres culturels et politiques de l'étymologie des mots de l'actualité... bravo! Avec vous, Alain Rey n'a plus qu'à bien se tenir ... ;-)

    22 mai, 2007 21:33  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    On peut certes apprécier le fait d'avoir une ministre d'origine maghrébine même si il ne me semble pas qu'on ait jamais célébré à outrance le fait d'avoir des ministres d'origine polonaises, italiennes ou autres ?

    On peut aussi sourire quand vous souhaitez bonne chance à une femme d'origine maghrébine aussi au fait des arcanes des réseaux de notre chère république qu'elle a pu opérer le rapprochement entre Henri Proglio (soutien notoire de JChirac) et notre Leader Minimo à tous

    http://www.bakchich.info/article921.html
    http://www.bakchich.info/article1155.html

    C'est bête mais je préférais Azzouz Beggag ou Tokia Saïfi. Ils avaient plus le mérite d'un investissement intellectuel ou associatif et moins celui de carrieristes effrénées.

    Daniel

    22 mai, 2007 23:09  
    Blogger Benoit Schwob a écrit...

    Effectivement, beaucoup de gens ont dû comprendre qu'on parlait du "marocain de la justice", et ont dû se dire "mais c'est pourtant une femme, on devrait dire 'marocaine' !"

    Quant au maroquin de l'Intérieur, s'il devient "marocain de l'Intérieur", il suggère des approvisionnements résineux saisis par les commissariats...

    22 mai, 2007 23:36  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonsoir,

    J'adore vos éclairages et, comme vous, je souhaite bonne chance à madame Dati

    22 mai, 2007 23:50  
    Blogger yrduab a écrit...

    "Bravo. Que dire d’autre ? "

    D'abord redire bravo, pour le symbole.

    Puis s'arrêter un moment sur ce choix : une femme, d'origine maghrébine.

    Est-ce que finalement, il n'en fait pas trop, notre Président ?

    Si cette femme est à ce poste, c'est probablement qu'elle a les qualités qui vont avec : a minima la volonté et la ténacité, pour se frayer un chemin dans un parti plutôt masculin et plutôt blanc.

    Pour le reste, que représente t'elle ? Quel est le message ?

    Dire que la France, c'est aussi l'immigration ? Tant mieux, mais elle est aussi l'arbre qui cache la forêt.

    Dire qu'un maghrébin peut accéder à un poste de ministre ? C'est positif, mais dans la vraie vie, combien sont-ils en France à accéder à des postes à responsabilité ? Combien sont pauvres ? Combien sont peu éduqués ? Combien sont chômeurs ? Combien sont en prison ?

    S'il suffisait de montrer un exemple pour résoudre les problèmes, Azouz Begag ou même Roger Bambuck il y a plus longtemps auraient du faire bouger les choses...

    Vous le voyez, le doute reste permis sur le message, le symbole d'une telle nomination, sans parler de ce qui l'a motivée.

    Néanmoins, bonne chance à elle.

    23 mai, 2007 09:36  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Et alors ? On a bien un magyar à la magistrature suprême, on en fait pas tout un fromage !

    23 mai, 2007 10:32  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    La "race maghrébine" est valorisée parce qu'existe en France un a priori dévalorisant à son sujet. Mais on voit les limites du symbole. Des critères flous d'apparence physique, auxquels on ne peut rien, qui sont mis en avant ? Répondez-moi, où trouver un symbole fédérateur là-dedans ?

    23 mai, 2007 10:36  
    Blogger yrduab a écrit...

    Je note que M. Sarkozy s'est bien gardé d'en faire le symbole de la discrimination positive qu'il défend pourtant.

    Pas assez respectueux de la personne, sans doute...

    23 mai, 2007 10:46  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    La force des images existe. Voire des personnes représentatives des diverses composantes de notre population ministre, présentateur de journal ou autre fait plus passer le message que tous les beaux discours tant auprès de ceux qui doivent se sentir autorisés à postuler sans tenir compte de leurs origines ou autre qu'auprès de ceux qui recrutent, nomment, etc.

    23 mai, 2007 15:22  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Tout à fait d'accord sur la force de l'image. On parle donc là de représentativité raciale - ou communautaire -, du même ordre que la parité homme/femme. C'est sûrement un bon ingrédient d'un gouvernement pragmatique mais c'est simpliste je trouve (donc dangereux) de s'en réjouir pour l'avenir, parce que l'idée derrière est profondément cloisonnante (en tous cas pour moi: je serais réduit à être représenté par quelqu'un de mon sexe, de ma couleur ?!!)

    23 mai, 2007 17:27  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Les symboles sont parfois beaux et forts, et nécessaires pour faire bouger les lignes. Ca aurait été la même chose avec une femme présidente... Mais effectivement, de là à en faire une règle, c'est une autre histoire. Les remèdes sont parfois pire que le mal.

    23 mai, 2007 18:04  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    "les Arabes ont amené pas mal de choses en Espagne, et notamment la technique du tannage des peaux."

    N'étaient-ce oint plutôt des Berbères, certes eux-mêmes islamisés par des Arabes peu auparavant ?

    23 mai, 2007 18:29  
    Blogger yrduab a écrit...

    Il est d'ailleurs consternant de constater que pour lutter contre la discrimination, on pense recourir à la descrimination...

    A cet égard, la parité est plus que discutable. Car je n'ai entendu personne dire qu'il s'agirait d'une mesure transitoire. Qu'il s'agisse d'un mal nécessaire pour ouvrir la politique aux femmes, il est possible de l'accepter, dans la mesure où cette discrimination légale est vouée à disparaître. Mais ce n'est pas ce qu'a souhaité le législateur constitutionnaliste.

    L'extension d'une telle discrimination légale à d'autres critères me paraît extrêmement hasardeuse. Et cela même si il était explicite qu'elle n'aurait qu'un caractère transitoire. On ne construit pas le respect des autres sur la mise en valeur de la couleur de peau, du sexe, ou de tout autre critère auquel on ne peut rien... (la nationalité de naissance, par exemple)

    24 mai, 2007 10:11  
    Blogger Unknown a écrit...

    Je voulais juste préciser que les maroquins sont toujours utilisés et non pas abandonnés "depuis bien longtemps". Quand les ministres se rendent au conseil par exemple, ils ont chacun un maroquin noir au nom de leur ministère...

    24 mai, 2007 12:16  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    D'accord pour dire que l'entrée de Mme Dati est une excellente chose. Personnellement, je ne me fait pas de soucis sur sa réussite, elle a trop de qualités pour échouer, même si une vraie réforme de la justice devrait lui demander une énergie de tous les instants.
    http://mitterrand.2007.over-blog.com

    24 mai, 2007 12:29  
    Blogger Benoit Schwob a écrit...

    Je rejoint le point de vue de yrduab : la sous-représentation, à certains postes (que ce soit en entreprise, en politique ou ailleurs) de femmes ou de personnes issues de minorités (ethniques par exemple) est un fait qui relève très largement des mentalités.

    Lutter contre cette discrimination en instituant une autre forme de discrimination peut, certes, être un point de départ ou apporter un élan de changement. Mais cette pratique n'aura de sens que dans son caractère temporaire.

    La pérenniser reviendrait à institutionnaliser une discrimination... sans nécessairement avoir fait bouger les mentalités d'un iota !

    24 mai, 2007 21:57  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je rejoins le point de vue de certain.

    Je déteste personnellement Rachida Dati que j'ai trouvé détestable d'arrogance, d'arrivisme et de mépris pendant la campagne mais c'est le cas de pas mal de la nouvelle vague de la droite..

    Cependant je trouve que c'est une bonne chose pour la démocratie qu'elle soit arrivée jusque là et que le système ne soit pas si discriminant que ça.

    Bon billet, sinon :)

    25 mai, 2007 13:41  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Combat contre les préjugés, sur les personnes d'origine maghrébine en France, j'y adhère. Merci à marie-hélène, M. Véronis, yrduab et benoit pour leurs commentaires éclairants!

    25 mai, 2007 17:15  
    Blogger Unknown a écrit...

    Jean,vous aimez bien MAM, vous souhaitez bonne chance à Rachida Dati... La phrase de la première sur les jupes m'est restée en travers de la gorge, et l'agressivité doublée de mauvaise foi de la seconde m'a épuisée. Ne glissez-vous pas vers une bienveillance (malheureusement souvent un brin condescendante) à l'égard des femmes? Oui aux symboles, qui sont forts et importants. Mais avez-vous souhaité bonne chance à Nicolas Sarkozy?
    Une remarque anecdotique: au Mahgrib (l'Occident, gharb référant effectivement aussi à l'Ouest) s'oppose le Machriq (l'Orient). De manière assez amusante, il n'y a pas dans cette division bipolaire du monde arabe, de région qui serait du Centre...

    26 mai, 2007 21:46  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    C'est sans aucun doute une des grandes différences entre la droite et la gauche à légard de personalités issues de l'immigration. L'une y fait appel pour coller des affiches tandis que l'autre ose lui donner des maroquins...

    Et fort heureusement elle n'hérite pas d'un maroquin alibi... reste juste effectivement à savoir combien de temps elle va le conserver.

    Pour l'inexpérience supposée je vous invite à lire cet article chez l'ami Rimbus (un marocain de coeur)

    http://rimbusblog.blogspot.com/2007/05/rachida-dati-lambitieuse.html

    27 mai, 2007 08:51  
    Blogger Unknown a écrit...

    J'avais entendu que "Marrakech" venait de Marra kech (orthographe non garantie) qui signifierait "passe vite" car la ville était très dangereuse...

    14 juin, 2010 17:04  

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    vendredi, mai 18, 2007

    Télé: Les mots pour gagner sur Public Sénat

    Hélène Risser a fait une suite au documentaire Entre les mots, dont j'ai parlé il y a quelque temps. Ça s'appelle Les mots pour gagner, et c'est sur Public Sénat demain samedi à 16h15. J'ai vraiment aimé la première partie. J'espère que la seconde sera aussi bien !


    Les mots pour gagner
    Comment Nicolas Sarkozy, nouveauPrésident de la République, a-t-il évolué au
    cours de cette dernière campagne
    électorale ?
    Ce documentaire propose une analyse de la progression de la communication de Nicolas Sarkozy, de sa gestuelle, de sa rhétorique, autour des extraits de ses discours et à travers le décryptage de six spécialistes du langage, des médias et de la politique.

    avec :
    Denis BERTRAND, professeur de sémiotique à l'Université Paris VIII
    Stéphane FOUKS, publicitaire, Co-président exécutif d'Euro RSCG Worldwide
    Joseph MESSINGER, psychologue, auteur de " Les gestes des politiques "
    Denis MUZET, sociologue des médias
    Jean VERONIS, Professeur de linguistique et d'informatique
    Jean-Pierre WINTER, psychanalyste auteur de " Les Hommes politiques sur le divan "



    Ps

    Ne zappez pas à la fin de l'émission et regardez sur la chaîne hétérozygote LCP-Assemblée nationale (qui se partage le canal avec Public Sénat) le numéro d'Impertinences qui passera à 18h30. Bruno Masure y recevra mon ami Étienne Chouard et le constitutionnaliste Laurent Dubois sur le thème «Les députés doivent-ils être tirés au sort ?». Qui a dit qu'il n'y avait rien d'intéressant à la télé ?

    7 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    LCP et Public Sénat, produisent d'excellentes émissions qui gagnent à être connues. En particulier des portraits d'élus qui sont très intéressants et instructifs sur le travail des parlementaires.

    18 mai, 2007 22:24  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Marcus> Je suis entièrement d'accord. C'est une des chaînes que je regarde le plus. C'est dommage que la grille soit à peu près incompréhensible. Du coup, on tombe sur les émissions plus ou moins en zappant, et ça nuit probablement à la fidélisation...

    19 mai, 2007 11:33  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    J'ai trouvé cette seconde émission excellente, notamment par sa pédagogie. Il manque toutefois un élément de taille il me semble, et l'ironie est que cette seconde émission soit diffusée après celle d'arrêt sur images : le fait que les discours sont écrits par quelqu'un d'autre...
    On analyse le discours de Guaino, pas celui de Sarkozy!

    19 mai, 2007 22:52  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Anonyme> C'st un peu vrai, mais Sarkozy l'a fait sien.

    21 mai, 2007 19:26  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Autre site génial que je recommande à toutes et tous :
    http://leschauffeursdelimousinepensentaussi.blogspot.com/
    Marie

    22 mai, 2007 12:25  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Une réflexion en passant...actuellement je crains que la proportion de citations de NS soit à une écrasante majorité devant les autres "perdants". Que faut il en penser ? Si on votait demain, il gagnerait à 80 % ? Sont ce les lauriers de la victoire ? Tout cela ne présage rien de bon pour les prochaines élections...

    22 mai, 2007 14:30  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Comparez avec ce documentaire "Sarko, mot à mot"réalisé en 2005 pour france 2 et non diffusé....
    http://www.ifilm.com/search?query=sarko+mot+a+mot&s=Video+Search
    (parties 1,2,3,4 sur la partie droite de la page)
    Incroyable, non ?

    25 mai, 2007 17:50  

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    Lexique: Minus mais pas minables

    Vous vous souvenez sans doute de ce lapsus incroyable de Jean-Louis Borloo, au plus fort de la crise du CPE, alors que Dominique de Villepin est malmené, lâché de toutes parts : « Le premier minus » l’appelle-t-il en pleine séance de questions au gouvernement le 11 avril 2006, répondant au président du groupe communiste, Alain Bocquet. Hilarité générale.

    Les scribes de l’Assemblée ont été charitables, et ont pudiquement corrigé le compte-rendu de la séance (texte intégral ici) :
    M. Jean-Louis Borloo, ministre de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement — Monsieur Bocquet, lors du processus de discussion et de consultation qui a duré trois jours la semaine dernière, nous avons rencontré l’ensemble des partenaires sociaux ainsi que les organisations étudiantes et lycéennes. Parmi eux, personne n’a contesté le fait que le Premier ministre avait eu raison (Exclamations et rires sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains) de vouloir s’attaquer au problème du chômage des jeunes. Il y avait peut-être débat sur la méthode, mais pas sur l’objectif.
    La seule trace qui reste de l’incident est cette étonnante didascalie : « Exclamations et rires sur les bancs… ». Pour les historiens des temps futurs, la compréhension de cette bonne humeur risque d’être assez difficile, surtout que les médias avaient été plutôt silencieux sur l’affaire (je n’ai vu passer qu’un petit entrefilet dans Le Monde, dans l’édition du 13 avril). Lorsque, quelques jours plus tôt, Dominique de Villepin avait fait lui-même un énorme lapsus, parlant de la démission du Conseil constitutionnel, au lieu de la décision (son inconscient devait quelque peu le tirailler !), les scribes avaient consigné l’intégralité du cafouillage (compte-rendu ici).

    Le plus étonnant est que le lapsus de Borloo avait déjà été fait par Jean-Pierre Pernaut, il y a quelques années. « Le minus... le ministre de la fonction publique a annoncé… » lançait-il en plein JT (vidéo ici). Cette séquence a fait le tour des bêtisiers… A-t-elle inconsciemment influencé Borloo ? Était-ce même chez ce dernier un vrai lapsus ? Car on se souvient qu’à l’époque du CPE, Borloo était en grave désaccord avec son Premier ministre. Je ne serais qu’à moitié étonné qu’il l’ait fait un peu exprès…

    Quoi qu’il en soit, ce lapsus est savoureux parce qu’il nous ramène au sens premier du mot ministre. Minus, petit, de minuere, rendre petit, amoindrir. Le minister, c’était celui qui était minus, donc le serviteur, en opposition à celui qui était grand, le magister, qui est devenu le maître (et aussi le magistrat).



    Je trouve que ce clin d’œil psychanalitico-étymologique est tout à fait de circonstance. Il semblerait que sous la présidence Sarkozy, les ministres soient devenus plus petits que jamais. Le patron c’est lui. L’article 20 de la Constitution semble d'ailleurs avoir été réinterprété : « Le Président détermine et conduit la politique de la Nation », faut-il désormais comprendre. C’était évidemment déjà largement le cas, hors période de cohabitation, à commencer par de Gaulle, mais là, ça se précise.

    Est-ce un bien ou un mal ? Sortir de l’ambiguïté et de la curieuse dyarchie de la Vè République est peut-être souhaitable, mais si l'on ne change pas la Constitution, nombreux sont ceux qui y voient quelques dangers. C’est le gouvernement qui est responsable devant le Parlement, qui peut éventuellement voter la censure. Evidemment, c’était déjà très théorique, et insuffisant, mais le déséquilibre s’accentue. Devant qui le Président est-il responsable ? Devant personne, jusqu’en 2012. Un régime présidentiel démocratique ne se conçoit normalement qu’avec un Parlement réellement indépendant et aux pouvoirs renforcés.

    A suivre. En attendant, il ne faut pas conclure de tout ça que l’équipe qui a été nommée soit une équipe de minables. Ce sont des gens brillants, même si certaines, à des postes délicats, comme Rachida Dati à la justice ou Valérie Pécresse à l'enseignement supérieur, sont un peu inexpérimentées. Encore que minable, contrairement à minus, cela ne veuille pas dire petit, mais susceptible d’être miné, explosé par une mine. Espérons qu’elles ne se fassent pas dynamiter au bout de quelques jours comme les infortunées juppettes...

    11 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    la parité annoncée n'est pas au RDV
    15 ministres + 1 premier ministre = 16
    la moitié = 8, or ce gouvenrement compte 9 hommes et 7 femmes ...

    18 mai, 2007 16:46  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Autre interprétation sur la parité:
    15 ministres, moitié d'hommes, moitié de femmes...
    et un/une quinzième au statut incertain: hermaphrodite ou troisième sexe...
    mais de qui s'agit-il?
    ;-)

    18 mai, 2007 20:47  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Pas tout à fait la parité, mais pas loin (chez les ministres, du moins, car les secrétaires d'Etat sont tous masculins pour l'instant, mais il paraît que la liste n'est pas close).

    On verra si cette composition perdure au-delà des législatives, ou si c'est un gouvernement de transition. Il y a des déçus à droite, et des appétits. On se souvient des jupettes...

    19 mai, 2007 09:06  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Interrogation marginale (mais visiblement la parité nous travaille): le 29 mars 2006 les scribes écrivent "députés communistes et républicains", le 1" avril "député-e-s communistes et républicains" (et uniquement pour ce groupe). Je ne fais que noter même si je trouve un peu ri-golo-dicule cette graphie motivé-e. À quand une vraie réforme de l'orthographe?

    19 mai, 2007 11:17  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    groupe des député-e-s


    Si même les scribes de l'assemblée nationale s'y mettent....

    19 mai, 2007 17:13  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    En effet, pas malin le compte-rendu… Ça aurait été mieux : « […] le fait que le Premier mini… (Exclamations et rires sur les bancs du groupe socialiste et du groupe des député-e-s communistes et républicains) …stre avait eu raison de […] ». Histoire qu'on comprenne un peu.

    19 mai, 2007 23:18  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je pense que c'est plutôt une parfaite application de l'Article 8 :

    "Le Président de la République nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement.

    Sur la proposition du Premier Ministre, il nomme les autres membres du Gouvernement et met fin à leurs fonctions."

    Ce qui pourrait être "ré-interprété", ce srait plutôt de nombreuses dispositions du titre V, savoir "des rapports entre le gouvernement et le parlement"...

    A noter que ce fut souvent le cas, me viennent deux exemples en date, la participation de la France aux bombardements de la Serbie en 99, alors que le parlement est censé déclarer la guerre (nous n'étions donc pas en guerre...), ou plus récemment, la proposition de traité européen ne donnant l'initiative des lois qu'au seuls représentants des gouvernements, alors que dans la constitution de 58, l'initiative appartient au premier ministre et aux parlementaires (nos représentants, je le rappelle...)

    21 mai, 2007 16:23  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    "un regime presidentiel" c'est par ces termes que tu designes la V eme republique et nous somme d'accord.
    Un parlement independant aux pouvoirs renforcés nous ramene a la 3 eme et la 4 eme republique c'est a dire a un regime parlementaire.
    Que faire alors puisque effectivement la V eme republique est en baisse de regime ?
    Suivre tes conseils et revenir a une 4 eme republique bis ?
    Il faut savoir prendre des lecons des erreurs du passé pour ne pas quel se renouvelle

    22 mai, 2007 17:37  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je me suis régalé à lire cette petite chronique.

    Et en tant que journaliste, je suspecte mes collègues de la presse nationale et les politiciens de parler entre eux de "minus" pour les ministres qu'ils n'aiment pas. A l'Assemblée nationale, on pourrait aussi dire les "amputés" pour les députés...

    23 mai, 2007 17:11  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Dicotommy> Amputé/député, c'est la même racine, n'est pas ? Et dans les deux cas, on finit dans un fauteuil...

    23 mai, 2007 17:55  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    pepe@yahoo.com
    La révolusyon de l'ortograf è déja komansé é èl se propaj rapidman...-> www.ortograf.net

    30 mai, 2007 18:56  

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    mardi, mai 15, 2007

    Mots ribonds: Une présidence abracadabrantesque

    Les rois de France avaient le don de guérir les écrouelles, nos présidents ont peut-être celui de faire revivre les mots… Je parlais avant-hier des mots en voie d’extinction, presque oubliés par tous, et qui ne vivotent plus que dans quelques recoins régionaux, ou sous la plume de quelques romanciers érudits. Qu’un personnage important arrive et souffle sur les braises, les mots oubliés peuvent renaître de leurs cendres.

    On se souvient que Charles de Gaulle s’était exclamé en mai 1968 : « La réforme oui, la chienlit, non ! ». C’était le 19 mai, lors d’une entrevue entre le Général et quelques-uns de ses ministres, dont le premier d’entre eux, Georges Pompidou, qui a rapporté cette phrase aux journalistes à sa sortie de l’Élysée (voir vidéo sur le site de l'INA). A ma connaissance, il n’y a aucun enregistrement de cette réunion, et donc de la formule du Général (elle n'a pas été lancée lors de l’allocution télévisée du Général le 24 mai, comme le prétend Wikipedia [màj : hop, c'est corrigé, belle réactivité !] ).



    Dans les rédactions, on a ouvert les dictionnaires… La chienlit ? Plus grand monde ne connaissait ce mot. Au féminin, il désigne une danse de carnaval, une mascarade désordonnée, tumultueuse. Petite anecdote : le mot était masculin au départ, littéralement chie-en-lit, « celui qui chie au lit ». Le premier exemple qu’on en connaisse se situe chez Rabelais, dans Gargantua, dans un beau chapelet d’insultes dont les fouaciers (marchands de fouaces, c’est-à-dire des sortes de galettes de froment) abreuvent les bergers :




    Je vous le donne en version moderne :
    Les fouaciers ne condescendirent nullement à satisfaire leur demande [les bergers voulaient acheter quelques fouaces] et, ce qui est pire, les insultèrent gravement en les traitant de trop babillards, de brèche-dents, de jolis rouquins, de mauvais plaisants, de chie-en-lit, de croquants, de faux-jetons, de fainéants, de goinfres, de gueulards, de vantards, de vauriens, de rustres, de casse-pieds, de pique-assiette, de matamores, de fines braguettes, de mordants, de tire-flemme, de malotrus, de lourdauds, de nigauds, de marauds, de corniauds, de farceurs, de claque-dents, de bouviers d'étrons, de bergers de merde, et autres épithètes diffamatoires de même farine. Ils ajoutèrent qu'ils n'étaient pas dignes de manger de ces belles fouaces et qu'ils devraient se contenter de gros pain bis et de tourte.
    Le capitaine Haddock est un enfant de chœur à côté de ça...

    Le chienlit a ensuite désigné au XVIIIè siècle un personnage de carnaval, et puis, passant au féminin, une mascarade carnavalesque et débridée. Assez approprié pour mai 68 !

    *

    Jacques Chirac a le même don de revitalisation des mots. On lui doit la résurrection du mot abracadabrantesque. Vous vous en souvenez sans doute. Le 21 septembre 2000, au moment de l’affaire de la cassette Méry, liée aux financements occultes du RPR, Jacques Chirac est l’invité d'Elise Lucet sur France 3 :
    Ma réaction : je suis indigné. Indigné par le procédé. Indigné par le mensonge. Indigné par l'outrance. Mme Lucet, il doit y avoir des limites à la calomnie. Hier, on faisait circuler une rumeur fantaisiste sur une grave maladie qui m'aurait atteinte —sous-entendu je ne serais plus capable d'assumer mes fonctions. Aujourd'hui, on rapporte une histoire abracadabrantesque. On fait parler un homme mort il y a plus d'un an. On disserte sur des faits invraisemblables qui auraient eu lieu il y a plus de quatorze ans.
    Grand émoi à nouveau dans les rédactions, on ouvre les dictionnaires… On ne sait pas très bien ce que le mot veut dire, mais il rime avec burlesque, grotesque, clownesque… Il provient en fait d’un poème d’Arthur Rimbaud (Le cœur supplicié, 1871) :
    Ô flots abracadabrantesques,
    Prenez mon cœur, qu'il soit sauvé!
    Ithyphalliques et pioupiesques,
    Leurs insultes l'ont dépravé.
    Il paraît que c’est Dominique de Villepin, alors Secrétaire Général de l’Elysée et poète à ses heures, qui le lui aurait soufflé. Heureusement qu’il nous a épargné ithyphalliques et pioupiesques…

    *

    Ce qui est amusant, c’est que dans les deux cas, de Gaulle et Chirac, les mots ressuscités ont été immédiatement utilisés contre eux, selon le principe universel de l’arroseur arrosé.

    A peine les télés et les journaux avaient-ils diffusé la fameuse phrase du Général, que les manifestants descendaient dans la rue en scandant « La chienlit, c’est lui ! ». Et des affiches étaient sérigraphiées à la hâte pour être placardées un peu partout dans Paris :



    De la même façon, à chaque fois que Chirac fait une bourde, on lui ressort le mot abracadabrantesque… Par exemple, juste après sa fameuse promulgation-abrogation au moment de la contestation du CPE, le 31 mars 2006. Allocution abracadabratesque ! L'expression était partout sur le Web et l'aiguille de mon chronologue s'était affolée :



    Je ne vais pas insister trop sur les mensonges, revirements et palinodies qui ont caractérisé la carrière politique de Jacques Chirac. On en a fait des livres et des films. Mais, finalement, si je devais retenir un mot qui caractérise son passage à l'Élysée, c'est bien celui-là : une présidence abracadabrantesque...


    A suivre

    • La suite demain matin chez Colombe Schneck (10h30 à 11h, France Inter, J'ai mes sources). L'émission est rediffusée sur le Web et en podcast (ici).
    • Je vous ferai aussi un petit coucou matinal dans i-Media sur la chaîne i-Télé, jeudi matin de 9h15 à 9h30 (rediffusion à 14h15).

    32 Commentaires:

    Blogger JMeyran a écrit...

    Décidément, Colombe et vous...entre inter et itélé

    Ce matin Miss Parisot (la "patronne des patrons") nous a sorti un "fumasse" dont elle a avoué dans la foulée qu'elle n'était pas trop sure du sens.

    Il n'empêche qu'il faut être très pro pour arriver à dire "abracadabrantesque" en direct à la télé sans bafouiller...

    Adieu le pro

    Bonjour chez vous

    Jean Meyran

    15 mai, 2007 13:42  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Comment on fait naître une rumeur... ;-)

    Un peu fumeuse, la Lolo... A moins qu'elle ait un peu fumé ?

    15 mai, 2007 13:47  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Il me semble que la phrase exacte était "on disserte sur des faits invraisemblables, qui ont eu lieu il y a plus de quatorze ans"
    Ce qui rendait la chose assez caustique !
    En vérifiant sur le net je trouve les 2 phrases, impossible de mettre la main sur une vidéo pour trancher.

    15 mai, 2007 14:20  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Effectivement ! J'ai pris la transcription sur le site de l'Elysée. Elle a peut-être été un peu retouchée...

    15 mai, 2007 14:23  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Juste une question à propos de votre transcription de Montaigne :
    vous transcrivez "Tropditeulx" par "Babillards". Il me semblait que ce dernier mot était un terme utilisé par les Quebecois ; est-ce un mot encore actif dans le français "de France" ?

    Laurent.

    15 mai, 2007 14:34  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    En ce qui concerne les inexactitudes de Wikipedia sur l'allocution de De Gaulle, je vous invite à les rectifier si vous avez des sources. Wikipedia est faite pour cela !

    15 mai, 2007 14:39  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Si je puis de permettre, vous parlez d'arroseur arrosé, mais en réalité l'emploi de ce mot peu courant lui a sauvé la mise : tous les journaux n'ont plus parlé que de l'expression utilisée (abracadabrantesque), et plus du tout du fond du problème (la culpabilité de Chirac).
    De l'art de la rhétorique, ou comment diffuser des écrans de fumée pour noyer le poisson. Astuce qui figure dans tous les bons manuels de stratégie...

    15 mai, 2007 14:56  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Pour le mot babillard, au Québec, il désigne un tableau d'affichage pour les petites annonces...

    Quant à fouace, il existe dans le sud des fougaces qui ont l'air d'avoir plus qu'un air de ressemblance... Sont-ce les mêmes choses?

    15 mai, 2007 15:21  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Laurence Parisot a pourtant raison sur l'usage de fumasse, même s'il est plutôt argotique :
    http://patrimoine.gadz.org/argadz/argadz_f.htm

    15 mai, 2007 16:10  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    oui, comme Tigroin, je m'étonne que vous n'ayiez pas corrigé vous-même sur Wikipedia???

    quel est le lien exact de la page?

    15 mai, 2007 16:54  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Vous avez dit : "Un peu fumeuse, la Lolo... A moins qu'elle ait un peu fumé ?"

    Pour vérifier laquelle des deux propositions semble avoir la préférence des Français, je propose d'organiser un sondage... que l'on confiera à l'IFOP, bien entendu ;-)

    (Je rappelle aux distraits que le PDG d'IFOP est ladite Laurence PARISOT)

    15 mai, 2007 17:57  
    Blogger Benoît a écrit...

    La palinodie, c'est lui !
    La palinodie, c'est lui !
    Merci pour ce nouveau mot, Monsieur le Président... :D

    En tout cas, Chirac aura vraiment bien fait son travail, je connaissais parfaitement ce mot !

    15 mai, 2007 18:09  
    Blogger Jctaz a écrit...

    moi j'aime beaucoup malotrux, boyers detron et bergiers de merde, pas du tout politiquement correct.
    Parler d'abcadabrantesque, c'etait a l'époque, ne pas parler du fond.

    Au passage, merci M Véronis pour vos analyses souvent trés lumineuses

    15 mai, 2007 18:35  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Miterrand ne pouvait pas passer sans laisser aussi son mot qui intrigue les rédactions.
    C'était "Volapük", un langage universel façon esperanto

    15 mai, 2007 19:03  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Claude> Oui, fouace, fougasse (et foccacia en italien), ça vient de focus, le foyer, en latin. C'étaient des galettes de froment (de pâte non levée si mes souvenirs sont bons, mais je peux me tromper) cuites sous la cendre.

    15 mai, 2007 19:22  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Anonyme> babillard -- ce n'est pas moi qui ait traduit, c'est l'une des éditions modernisées qu'on sert dans les écoles.

    Je présume que babillard est connu de pas mal de gens, mais plutôt comme adjectif, peut-être. Je ne l'empoierais guère que dans des contextes littéraires: une source babillarde, etc.

    Mais le verbe babiller me paraît très actif. Je l'emploierais sans aucun problème, peut-être de façon restreinte à l'enfant qui babille...

    15 mai, 2007 19:35  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Jean & Jmdesp> je ne sais pas ce que Lolo voulait dire, mais pour moi, être fumasse c'est effectivement être en colère, comme le lien l'indique.

    15 mai, 2007 19:37  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Tigroin> Oui, je sais, il faudrait que je prenne deux minutes pour corriger... J'étais un peu à la bourre à la fin de mon billet pour aller prendre mon tgv !

    15 mai, 2007 19:39  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    @ Laurent Anonyme: ne pas confondre Montaigne et Rabelais!
    @ politiful people: non c'est encore le grand charles cf : http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=I00012375
    @ Benoît : avec un Y, Palynodie était aussi le nom du fort beau voilier de course de Gaston Deferre député maire socialiste de Marseille, racheté ensuite par les Glénans.

    15 mai, 2007 19:58  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    abracadabrantesque ne me paraît pas si recherché que ça, d'autant qu'il est construit sur le radical abracadabra qui donne abracadabrant qui sont tous les deux très actifs...

    En revanche, son utilisation comme rideau de fumée face à des accusations me paraît être un tour de passe-passe assez proche du sens originel d'abracadabrant - ce qui est une forme d'auto-référence assez croustillante et croquignoles ;)

    15 mai, 2007 20:06  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    politiful people> Je croyais avoir répondu, mais mon message ne s'est pas enregistré. Le volapük, c'est aussi de Gaulle, en mai 1962. Il critiquait l'Europe et son jargon. De Gaulle était très prolixe: le quarteron de généraux, les politichiens, etc.

    Justement en écrivant ce billet, je me suis demandé quels mots curieux restaient de Pompidou, Giscard, Mitterrand... Il ne m'en est pas venu.

    15 mai, 2007 20:52  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    En ce qui concerne l'interview de Chirac on peut l'écouter ici : http://www.radiofrance.fr/listen.php?file=/documentation/210900b.ra

    C'est presque un aveu, et la version du site de l'Elysée a donc été remaniée !

    15 mai, 2007 20:57  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Gavilan> oops, je n'avais pas vu la réponse sur le volapük.

    Pourquoi un Y dans le nom du bateau, je ne sais pas... Pour faire joli sans doute, parce qu'en grec c'était un iota et donc pas de raison d'en faire un Y. Pour la petite histoire palinodie c'est palin = à l'envers + ôdê = chant. En gros c'était un poème dans lequel on disait le contraire du poème précédent, ou du moins que l'on chantait sur un ton différent. Même étymologie que palindrome (mot comme KAYAK que l'on peut lire à l'envers).

    15 mai, 2007 21:01  
    Blogger Vicnent a écrit...

    du 'fumasses' encore ici.

    la mégamode ce mot...

    15 mai, 2007 23:22  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Quelles sont belles les ligatures (sur le document numérisé)… Ah ! la typographie d'hier…

    16 mai, 2007 01:03  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Abracadabrantesque oui !
    Dans le genre de lapsus il y a aussi Juppé qui lors de cette même affaire avait sorti une phrase du genre " si l'on remue la merde, ça finit toujours par sentir "...
    Etrange défense !

    16 mai, 2007 09:23  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Si j'étais paranoïaque, je me demanderais si ce n'est pas pour se donner un côté "poète", ce néologisme de Mme Parisot...En même temps, je ne vois pas l'intérêt qu'elle y trouverait...

    ...De quoi j'me mêle moi... ;p

    16 mai, 2007 12:39  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Mitterand avait obtenu un effet similaire en lançant 'le programme commun est forclos'. C'est un terme juridique mais je ne sais pas s'il est encore utilisé dans ce domaine spécifique.

    17 mai, 2007 14:13  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Dans l'extrait audio, je crois entendre "LE chienlit, c'est lui!"... Est-ce une hallucination sonore de ma part? Un refus du féminin? Autre chose?

    18 mai, 2007 18:05  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    L'enregistrement n'est pas très bon. Je me souviens de ces manifs (dans lesquelles j'ai défilé comme jeune lycéen). On criait bien LA chienlit.

    19 mai, 2007 09:03  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    c'est a mourir de rire
    "jolie rouquin" quel insulte!!!!!!

    22 mai, 2007 17:44  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    "foccacia en italien"

    Non : focaccia.

    06 août, 2007 17:05  

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    dimanche, mai 13, 2007

    Lexique: Au fur de la chose

    Daniel Schneidermann me décrit comme un «entomologiste des mots». Il a peut-être raison. L’autre jour (c’était au soir du second tour), j’ai été excité, effectivement, comme un biologiste qui tombe nez à nez avec une espèce que l'on croyait disparue depuis quelques siècles. Je vous explique…



    Vous connaissez sans doute l’expression « Au fur de la chose » qui est le titre d’une rubrique du Canard Enchaîné. C’est un jeu de mots, évidemment, et si nous le percevons comme tel c’est parce qu’il est basé sur un défigement. Au fur et à mesure est en effet mentionné dans les manuels de linguistique comme le prototype même de la locution figée : on ne peut changer aucun de ses morceaux, on ne peut insérer aucun adjectif ou article entre ses éléments, etc. Elle fonctionne comme ça, en bloc, comme un seul mot, et n’y aurait-il la tradition orthographique, on pourrait aussi bien écrire le tout sans espaces. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé avec aujourd’hui, bonhomme ou dorénavant.

    Seulement voilà, cela fait des années que je montre à mes étudiants que ce n’est pas tout à fait vrai. La locution au fur et à mesure est très figée, j’en conviens, mais elle bouge encore. Je me sers d'ailleurs régulièrement de cet exemple pour montrer l’utilité des moteurs de recherche pour les études linguistiques. Si vous cherchez "au fur des" ou "au fur de" sur Yahoo (n'oubliez pas les guillemets), vous trouverez quelques centaines de phrases qui contiennent cette expression. Nul doute qu’il y aura dans le lot quelques jeux de mots comme celui du Canard, mais vous verrez aussi apparaître une logique qui montre une certaine productivité de l’expression :
    • Au fur des jours, des semaines, des années, etc.
    • Au fur de vos réponses, de mon évolution, de mes lectures, etc.
    Ces expressions correspondent au patron :

    Au fur de(s) + durée

    Cette construction est une vieille survivance historique, que tous les dictionnaires donnent pour morte. Fur (fuer au XIIè siècle) est une déformation du mot latin forum, marché, qui a fini par signifier en latin médiéval le prix du marché, puis tout simplement le prix, et enfin le taux, la proportion de quelque chose. Au fur de/que a donc fini par signifier à mesure de/que. Et puis on a oublié ce que voulait dire le mot fur, et vers le XVIIè siècle, il a fallu lui ajouter une précision tout à fait pléonastique : au fur et à mesure de (ou que…). Et au fur tout court a disparu. Ou presque. Le monumental Trésor de la Langue Française note qu’on en trouve encore des exemples chez Claudel en 1907, mais ils sont marqués comme archaïques et littéraires :
    Rem. Chez Claudel, arch. et littér. a) Au fur de, loc. prép. À mesure de, à proportion de. Au fur de la marche et du jour, je m'avance parmi le développement de la doctrine (Connaiss. Est, 1907, p. 84). b) Au fur que, loc. conj. À mesure que. Le jaune occupe le centre de l'iris et le pénètre jusqu'à ces frontières latérales qui, seules, l'excluent au fur qu'elles s'obscurcissent (ibid., p. 101).
    J’ai donc vécu deux moments intenses d’entomolinguiste. Le premier il y a une dizaine d’années, quand le Web m’a permis de voir que cette bestiole que l’on croyait morte depuis bien longtemps était en fait encore vivante dans quelques recoins de nos écrits. Mais je n’en avais jamais entendu un exemple oral.

    Jean-Louis Borloo m’a fait un joli cadeau l’autre soir en commentant l'élection de Nicolas Sarkozy sur TF1. Quand je l'ai entendu dire «Au fur des semaines...», j'ai sorti avec fébrilité mon filet à papillons — en l'occurrence mon petit carnet Clairefontaine. Le plus amusant c'est que personne n'a froncé un sourcil, ça a passé, glissé comme une expression parfaitement naturelle, ce qui montre, et c'est, peut-être le plus étonnant, qu'elle est encore vivante dans notre inconscient linguistique collectif...

    35 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    bonjour,

    merci infiniment pour ces études toujours si intéressantes.

    je ne serais peut-être pas aussi optimiste que vous lorsque vous concluez que la tournure de JL Borloo a paru parfaitement naturelle et que notre inconscient collectif y est pour beaucoup.

    peut-être simplement personne n'a-t-il "tilté", ou bien encore chacun a-t-il fait comme s'il n'avait pas remarqué l'erreur (qui en fait n'en était pas une) ?

    13 mai, 2007 20:06  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Je ne sais pas, évidemment... Mais il m'est arrivé de faire un petit test malicieux, que tout le monde peut faire : j'ai glissé l'expression par-ci par-là dans des conversations, et vraiment personne ne remarque.

    13 mai, 2007 20:17  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    tiens je me demande si ce n'est pas aussi une sorte d'économie cognitive : on entend "au fur", et on rajoute automatiquement "et à mesure"... si le locuteur ne le dit pas, eh bien on ne l'entend pas tout simplement. On serait surpris si on faisait la liste de tout ce qu'on n'entend pas...

    13 mai, 2007 20:52  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    je voulais dire : si le locuteur ne le dit pas, eh bien on ne le remarque pas

    13 mai, 2007 20:54  
    Blogger Benoît a écrit...

    Eh bien j'ai une explication, moi ! :D
    Si personne ne remarque ou ne se pose de questions sur l'utilisation et la signification même de cette expression, c'est parce qu'elle correspond à un contexte bien particulier de la phrase qui fait qu'on sait de quoi la personne parle.
    Mais je pense que c'est peut-être également dû à sa forte ressemblance avec l'expression au fil de, qui veut, de surcroît, dire exactement la même chose (enfin presque) !

    Billet très intéressant, Jean, merci...

    13 mai, 2007 21:23  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    C'est marrant, parce que j'ai bien l'impression d'avoir moi aussi cet inconscient linguistique.

    Je l'ai pas entendu (Borloo) mais je n'aurais pas levé un sourcil non plus. Quoique, peut-être me serais je dis "tiens, on l'entend pas souvent celui là".

    Mais rien de choquant.
    "Au fur et à mesure", j'ai l'impression de l'avoir intégré comme une expression et non comme une locution figée.

    une histoire d'éducation, je suppose

    13 mai, 2007 22:33  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je profite de votre passage à "Arrêt sur Images", émission dont je me régale régulièrement, pour vous dire que je vous ai beaucoup apprécié, malgré la frustration que peuvent procurer les temps de parole, les interruptions, et les passages escamotés lors d'un plateau pareil.

    Et laisser un commentaire, un peu vain certes, mais très reconnaissant pour toutes vos analyses passionnantes que je lis scrupuleusement depuis des mois sur ce blogue.

    Merci.

    14 mai, 2007 03:13  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    > Mais il m'est arrivé de faire un petit test malicieux, que tout le monde peut faire : j'ai glissé l'expression par-ci par-là dans des conversations, et vraiment personne ne remarque.

    Franchement Jean, ce test ne vaut rien, dans ce genre de situation vos interlocuteurs vont forcément se dire que vous en savez plus qu'eux, qu'ils ignoraient cet emploi, et qu'ils ne vont pas la ramener pour ne pas montrer leur ignorance. A moins que vous ne parliez de collègues tout aussi experts que vous ?

    14 mai, 2007 07:33  
    Blogger all a écrit...

    *Modeste hypothèse:
    Pas de dissonance cognitive en écoutant dire "au fur des semaines" qui sonne comme "au fil des semaines", surtout avec l'intonation prosodique de Borloo qui ressemble à une gouaille de bistrot (quand je l'écoute j'ai toujours l'impression qu'il est bourré :{))
    Mais à la lecture, "au fur des semaines" provoque (chez moi) une légère crispation.

    14 mai, 2007 08:31  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci, cher professeur, de partager avec nous votre bonheur.
    Je confirme - pour ce que cela vaut - votre expérience. Cela pas mal de temps que j'utilise des constructions sur la base de "a fur de" dans mon exercice professionnel, sans que cela ne déclenche des réactions. Cependant, n'ayant pas pris soin de vérifier si mon expression était correcte, je dépasse souvent le cadre que vous proposez "à fur de(s) durée". Il m'arrive ainsi de dire "au fur de l'arrivée des questionnaires...". S'agit'il tout de même d'une durée, déployée implicitement dans une action qui se prolonge dans le temps ?

    14 mai, 2007 08:42  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Otir> Merci pour vos compliments. C'est gentil... (les compliments ne sont jamais vains, rassurez vous, ils font plaisir !);

    14 mai, 2007 08:51  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Ben> Oui, vous avez raison, c'est difficile de tester ça scientifiquement... (j'avais testé ça aurpès d'étudiants — qui n'ont sans doute pas lu Claudel ;-)

    14 mai, 2007 08:52  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    All> Oui, il y a une sorte d'assimilation au fur/au fil de, et peut-être au cours de... Ca doit aider nos petits cerveaux à analyser la chose.

    14 mai, 2007 08:57  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour,

    "Le plus amusant c'est que personne n'a froncé un sourcil, ça a passé, glissé comme une expression parfaitement naturelle..."

    Autre explication moins excitante : on entend tellement d'horreurs (solécismes, barbarismes, impropriétés, anglicismes, contresens, etc.) à la radio, et surtout à la télé, que tout le monde s'en fout et que personne ne remarque plus rien.

    14 mai, 2007 09:01  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    H. de Strasbourg> C'est ce que j'appelle "durée" au sens large. En plus des mots spécifiques du temps (jours, mois, semaines, années, siècles, saisons, etc.), je vois cette expression fonctionner avec des événements qui se déroulent dans le temps (au fur des missions, des épisodes, des aventures, etc.).

    14 mai, 2007 09:03  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Sam> Je ne sais pas si ce sont des horreurs. C'est la vie d'une langue... C'est comme ça que se forment de nouveaux mots, de nouvelles règles de grammaire. Quand on étudie un peu la chose on voit que pratiquement tous les mots, toutes les tournures résultent d'un glissement, d'une erreur, d'un abus... Prenez par exeple le cas de la négation. Le ne ... pas nous semble si évident ! Pourtant, si la langue était restée figée, on ne devrait utiliser que le ne qui était la seule marque de négation. Le pas est une énormité, un parfait barbarisme...

    Il en a été ainsi de tous les temps. Montaigne le faisait remarquer il y a quatre siècles, parlant du langage en ces termes : «Il escoule touts les jours de nos mains : et depuis que je vis, s'est alteré de moitié. Nous disons, qu'il est à cette heure parfaict. Autant en dict du sien, chasque siecle.». J'en parlais ici.

    14 mai, 2007 09:38  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    De la part de JULIEN (qui n'arrive pas à publier ce commentaire) :
    ---
    Claudel en 1907, certes. Mais aussi l'excellent Maurice Roche, ainsi que le rappelle un récent article de Libé :

    "Dans un autre texte introductif, Jean-Pierre Faye, l'écrivain et universitaire à qui est dédié Compact en 1966 (le livre, paru au Seuil, a été réédité chez Tristram en version couleurs en 1997), évoque le goût de Maurice Roche pour l'expression «au fur», plutôt que «au fur et à mesure», qui lui semblait pléonastique. On en retrouve la trace dans Compact, la véritable entrée de l'auteur en littérature, où la mise en pages était une mise en question du moindre élément narratif. Loulou Hebdo en offre parfois comme un brouillon. Les premières phrases de Compact sont : «Tu perdras le sommeil au fur que tu perdras la vue. Tandis que tu pénétreras la nuit, tu pénétreras dans une nuit de plus en plus profonde ; ta mémoire, labile déjà, s'amenuisant à mesure que au sortir d'une longue léthargie tu prendras conscience de ton état./(Comment désormais faire le départ du jour et de la nuit ?)» "

    14 mai, 2007 09:55  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Julien> Un grand merci pour cet article, que je n'avais pas remarqué dans Libé !

    14 mai, 2007 09:59  
    Blogger René a écrit...

    Georges Perec connaissait également cette construction. Il s'en est souvenu dans "La disparition" son livre-défi qui est écrit sans la lettre "e". Cela lui a permis d'écrire "au fur qu'il ..." en supprimant la mesure superflue et qu'il ne pouvait plus utiliser pour ce livre là.

    14 mai, 2007 10:45  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci pour votre travail d'entomologiste ! Le "fur" est un petit mot mystérieux à la sonorité vive et à fort pouvoir d'évocation (fur me fait penser à fourrure, à la préposition allemande für...) qu'il serait dommage de perdre. "Au fur de" est moins lourd et insistant que "au fur et à mesure" : stylistiquement il est aussi très intéressant!

    14 mai, 2007 10:56  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    René> Bien vu! Avec la remarque de Julien, ça semble confirmer que l'expression a encore une (toute petite) vitalité dans la langue littéraire.

    A mon avis (il faudrait vérifier) elle subsiste aussi dans quelques recoins de parlers régionaux. Je crois que Borloo est né à Paris, mais il aurait bien pu attraper ça dans le Nord (y a-t-il des ch'tis dans la salle?).

    14 mai, 2007 11:05  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    On peut effectivement craindre, comme le soulignent des commentaires précédents, qu'en réalité personne n'ait simplement prêté attention à cette tournure originale. Heureusement, vous êtes là pour nous inviter à savourer le goût de cette curiosité. Merci!

    14 mai, 2007 11:11  
    Blogger matthiou a écrit...

    "personne n'a froncé un sourcil, ça a passé, glissé comme une expression parfaitement naturelle".

    Ca A passé, vraiment ? "il a passé l'oral" vs "ça s'est passé la semaine dernière". Je suis perdu, j'ai perdu mes repères. Jean, rappelez-nous quand utiliser être et avoir à l'occasion, merci !

    14 mai, 2007 11:23  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Matthiou> Etre ou avoir, telle est la question. Il y faudrait plus qu'un billet...

    Mais dans le cas présent, il y a un petit nombre de verbes (comme changer, disparaîte, monter, etc.) qui peuvent prendre être ou avoir selon ce que l'on veut dire. la théorie dit que l'on utilise avoir si l'on veut exprimer l'action qui s'est passée à l'époque dont on parle, et être si l'on veut parler de l'état résultat de cette action...

    Où le père a passé, passera bien l'enfant. — Alfred de Musset.

    14 mai, 2007 11:41  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonour.
    J'ai découvert ce blog il n'y a pas longtemps et je suis déjà fan.
    J'ai écouté Jean-Louis Borloo et je vous avoue avoir été choqué par cette phrase, que j'ai tout de suite assimilée à une confusion entre "au fur et à mesure" et "au fil".
    Je crois que je suis beaucoup trop "lianefolysé" pour pouvoir imagine "au fur" avec autre chose que "et à mesure".
    Bien à vous,
    Jérémie.

    14 mai, 2007 13:43  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Un grand merci.

    Voilà une jolie lurette que je cherchais quelqu'un capable de m'expliquer le sens de ce "fur".
    Plusieurs de mes profs de français n'ont pas été capables de répondre à ma question.

    En passant bravo pour votre prestation à ASI ... et évidemment pour ce blog qui est passé dans mes "marque-pages" depuis longtemps.

    14 mai, 2007 15:13  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Pas eu le courage de tous vous lire, c'est que M. Veronis devient tres populaire ^^
    J'ajouterai juste que l'utilisation de "au fur des semaines" me semble tout à fait normal, et je pense meme que je l'utilise deja.
    Je ne sais si les entomologistes aiment à exposer leurs trouvailles mais je vous remercie de nous faire partager ces moments de découverte ;p
    (c'est bien les marques pages, c'est mieux les flux =)

    14 mai, 2007 17:41  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    mon coeur chauffe à passer ici,
    petit havre de doulceur,
    qui caresse avec la l.
    la belle qui est la notre
    au beau milieu de la novlangue
    devenue par trop courante...

    je vais diffuser ce papillon autour de moi... ah... merci le rezo...

    14 mai, 2007 19:59  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci pour ce nouveau billet savoureux !

    J'ai découvert votre blog il y a quelques années et vos remarques me distraient toujours autant !

    Pour ce "fur", je l'ai entendu et j'ai levé le sourcil ! Mais je me suis dit que JL Borloo avait surement un vocabulaire plus étendu que le mien ...

    J'ai d'ailleurs repensé à ce "fur" de JL Borloo dès que j'ai lu le titre du billet !

    Merci pour vos explications !

    14 mai, 2007 22:20  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    bonjour Jean. Pour ce que cela vaut, cet usage persiste en Charentes où je l'ai déjà entendu à plusieurs reprises.

    14 mai, 2007 23:00  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Leila> Merci pour cette info. C'est ce que je soupoçonnais : c'est souvent le cas que des expressions archaïques restent plus ou moins vivantes dans des parlers régionaux.

    15 mai, 2007 08:35  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Curieux, je ne voyais pas en Borloo un défenseur des expressions tombées en désuétude.
    Exquis petit plaisir après toute la novlangue subie pendant la campagne.

    15 mai, 2007 10:53  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci pour cette "petite" leçon (de plus) et pour tous vos liens si utiles (un vrai mode pédagogique), j'ai bien apprécié l'allocution de de Gaulle en 68.
    Peut-on espérer (avant d'en finir peut-être avec la phase et la phrase électorale) une petite analyse de l'allocution de Sarkozy ce midi lors de la passation? J'ai en effet été frappé par les expressions religieuses et plus particulièrement chrétiennes voire papales: espérance, croire, foi etc.
    Bonne Ascension !

    17 mai, 2007 00:50  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Archeo> Merci du compliment ! Je n'aurai sans doute pas le temps de faire un billet. Evidemment, ça dépendra des questions qu'on me posera, mais je vais essayer d'en dire un mot tout à l'heure sur i-Télé (9h15 à 9h30, rediffusion à 14h15). Ce qui m'a le plus frappé, c'est l'absence d'un mot, le mot nation, qui est normalement présent dans ce genre d'exercice. Même l'identité n'est plus nationale... Cela contraste avec le dernier discours de Chirac, dans lequel le mot nation était justement le mot le plus fréquent (ce qui n'est pas courant non plus, généralement c'est France ou république).

    Comme si Sarkozy voulait faire oublier qu'il a été élu avec les voix habituelles du Front National, et certaines des thématiques qui vont avec...

    17 mai, 2007 06:59  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Pour compléter la remarque de René concernant Perec, on peut noter également que ce dernier, toujours dans "La Disparition", avait joué de même avec la locution "en mon for intérieur", en en supprimant le dernier mot. De fait, une fois pris connaissance de l'historique de l'expression (via le Tlf), on comprend que pris au sens figuré, le "for intérieur" est quelque peu pléonastique, ce qui a permis à Perec de s'en débarasser sans trop de problèmes. Mais à la différence de l'exemple précédent ("au fur"), j'ai l'impression qu'il était le premier à agir ainsi - tout au moins, c'est ce que laisse penser la consultation de dicos. Moi-même ne l'ayant trouvé que chez Perec, je me demandais si vous aviez connaissance d'autres exemples.

    17 mai, 2007 14:43  

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    jeudi, mai 10, 2007

    2007: La France qui se lève tôt

    Daniel Scheidermann m'a demandé de réfléchir à quelques expressions clés de la campagne, pour Arrêt sur images de dimanche (ce sera d'ailleurs plutôt Arrêt sur paroles, puisqu'on va y décortiquer les mots...). Parmi les expressions qui ont émaillé cette campagne, il en est une qui m'a frappé : « la France qui se lève tôt ». Elle apparaît dans le discours de Nicolas Sarkozy début mars 2005 au Conseil national de l’UMP. Elle va devenir pour lui une expression clé, qui sera martelée tout au long de la campagne. Elle se durcit au fil des mois, entrant progressivement dans la rhétorique sarkozienne qui consiste à opposer des classes de Français entre eux. Il y aura donc « ceux qui se lèvent tôt » et les autres, dont on va voir qu’ils peuvent regrouper des catégories assez différentes, dans un flou savamment entretenu. L’évolution de l’expression au fil des discours constitue pratiquement un cas d’école, qui illustre le fonctionnement et la mise en place du discours sarkozien. On va voir que l’expression change progressivement de signification, partant du presque consensuel (le travail doit rapporter plus que les aides publiques) jusqu’à un discours qui rejoint (et, comme on le verra, paradoxalement dépasse) celui de l’extrême-droite.



    « J’ai cité Léon Blum parce que je me sens l’héritier de l’enfant qui en 1936 grâce aux congés payés jette sur la mer son premier regard émerveillé et entend prononcer pour la première fois le mot “vacances”. »
    (Nicolas Sarkozy, Discours au Futuroscope de Poitiers, 26 janvier 2007)




    1. Les assistés

    Dans une première phase, l’expression est un peu pléonastique (« se lève tôt le matin »), et illustre l’idée que le travail doit être récompensé et être plus payant que l’ « assistanat ». L’opposition avec d’autres groupes n’est pas encore explicitement marquée dans le discours, bien qu’on sente déjà poindre la France « qui n’en peut plus de l’assistanat » :
    Nicolas Sarkozy - Conseil national de l'UMP le 6 mars 2005

    C'est pourquoi l'Union pour un Mouvement Populaire souhaite que l'on fasse davantage pour la France qui se lève tôt le matin et qui pour autant peine à boucler ses fins de mois. La France qui travaille. La France qui ne demande rien, mais qui se lasse qu'on exige tant d'elle. La France qui est généreuse et solidaire, mais qui est en droit d'attendre de ceux de ses enfants qu'elle aide qu'ils fassent un minimum d'efforts personnels pour s'en sortir. La France qui n'en peut plus du nivellement, de l'égalitarisme et de l'assistanat, doit être entendue, écoutée et récompensée.
    On peut encore imaginer dans l’extrait précédent que la France qui se lève tôt inclut la très grande masse des travailleurs pauvres et précaires, à travers l’expression « qui pour autant peine à boucler ses fins de mois ».

    En juin 2005, le discours se précise. Les travailleurs pauvres passent au second plan: « Notre politique sociale ne peut se résumer à la seule question des exclus », et l’on voit que dans la question des droits de successions, qu’il s’agit de ceux qui ont tout de même au moins un peu à transmettre et ne sont donc pas dans la plus grande pauvreté. Le discours est d’ailleurs explicite : « L'UMP doit faire des classes moyennes, du monde des salariés, des Français du milieu, un sujet de préoccupation constant. ».
    Nicolas Sarkozy - Réunion des cadres de l'UMP le 11 juin 2005

    Et c'est un comble : bien souvent la reprise d'une activité est financièrement pénalisante pour celui ou celle qui a le courage de se lever tôt le matin. Nous ne pouvons et ne devons pas l'accepter. Nous devons changer cette réalité.
    La vision socialiste est celle du nivellement, la nôtre est celle qui reconnaît comme naturel que celui qui travaille plus que les autres, gagne davantage que les autres.
    Cessons de culpabiliser la France qui se lève tôt le matin.
    Cessons d'imaginer que la France qui travaille n'a pas d'aspirations sociales.
    On peut avoir un emploi, une famille, un logement et trouver que la vie est dure. On peut avoir tout ceci et rêver de promotion sociale. Notre politique sociale ne peut se résumer à la seule question des exclus. Notre politique sociale doit s'adresser à la France qui travaille aussi.
    L'UMP doit faire des classes moyennes, du monde des salariés, des Français du milieu, un sujet de préoccupation constant. C'est le message premier de l'orientation politique de notre parti.
    Récompenser le travail, c'est avoir le courage de reconnaître qu'après une vie de labeur, on a le droit de transmettre à ses enfants, en franchise d'impôts sur les successions, le patrimoine difficilement constitué.
    En mars 2006, l’expression se transforme : le pléonasme disparaît, et elle se complète : La France qui se lève tôt et travaille dur. On voit exprimée pour la première fois l’idée qu’à côté de cette France des travailleurs, il y a une France paresseuse, celle des chômeurs qui ne recherchent pas véritablement un emploi. Mais le mot paresse n’est pas prononcé, et l’opposition n’est pas explicite. Elle est laissée, comme souvent chez Sarkozy, à la reconstruction subliminale de l’auditeur. Les expressions sont mises côte à côte, mais rien n’est vraiment dit. On fait simplement appel à la responsabilité. Qui peut être contre ?
    Nicolas Sarkozy - Pour une France plus juste - Douai - lundi 27 mars 2006

    Il faut revoir les règles d'indemnisation du chômage qui doivent être à la fois plus justes et plus incitatives à la reprise du travail. 40% des chômeurs n'ont aucune indemnité et ces dernières sont insuffisantes pour les salariés des catégories modestes ou même intermédiaires !
    En contrepartie, car il n'y a pas de droits sans devoirs, il faut exiger des demandeurs d'emploi qu'ils recherchent véritablement une activité, et en reprennent une quand ils le peuvent, sous peine de voir leurs droits à indemnisation réduits voire supprimés. C'est en luttant contre les abus de la générosité qu'on protège la générosité. La France qui se lève tôt et travaille dur, veut bien être au rendez-vous de la solidarité, mais elle attend en retour que ceux qui sont aidés soient au rendez-vous de leur responsabilité.
    La stratégie devient claire en mai 2006. Il s’agit de récupérer l’électorat du Front national. Elle sera constante jusqu’à l’élection, et l’on verra qu’elle aura été payante :
    Nicolas Sarkozy - Réunion des cadres de l'UMP - Samedi 13 mai 2006

    Au service de cette grande ambition, l'UMP doit être le parti de tous les Français. Que chaque Français, d'où qu'il vienne et quel qu'il soit, le sache : nous avons quelque chose à lui dire. Nous voulons l'écouter, le comprendre, lui parler. La France qui s'entasse dans le métro à 18 heures, la France qui se lève tôt pour rejoindre l'usine ou le bureau, la France des fonctionnaires qui aiment leur métier, la France des parents qui se serrent la ceinture pour leurs enfants, la France des campagnes qui ne veut pas renoncer à son avenir, la France des cités qui rêve de réussite sociale, la France qui a du mal à finir les fins de mois, bref la France qui est à la peine et qui mérite sa réussite, c'est la France que nous voulons représenter, incarner, entraîner.
    L'électeur du Front National que nous avons perdu en chemin parce que sa souffrance n'a pas été entendue, comme l'électeur du parti communiste qui ne sait plus à quel idéal se vouer, n'appartient à personne ! Rien ni personne ne pourra m'interdire d'aller lui parler et le convaincre de nous rejoindre !
    La première phase se conclut par le discours d’Agen en juin 2006. C’est dit explicitement : la France qui se lève tôt et travaille dur n’inclut pas la masse des travailleurs précaires, comme on aurait pu le penser au départ.
    Nicolas Sarkozy - Réunion publique Agen - 22 juin 2006

    Je veux parler d'une autre souffrance, bien réelle, qui ne doit pas être sous-estimée : celle de la France qui n'est pas dans la précarité, qui se lève tôt, qui travaille dur, qui se donne du mal pour nourrir sa famille et élever ses enfants, qui elle aussi je l'affirme est à la peine, et qui entend qu'on le sache et qu'on réponde à son appel.
    Sur fond de chômage de masse, de mondialisation, d'efforts acharnés de productivité et de prélèvements sur le travail sans cesse accrus pour régler la facture toujours plus lourde de la fracture sociale, depuis 25 ans la vérité est qu'on demande à cette France qui travaille toujours plus de sacrifices.
    Je veux m'adresser à cette France qui n'en peut plus de faire des efforts et dont on ne parle que pour la culpabiliser.


    2. Les fainéants et les tricheurs

    La deuxième phase débute avec le discours de Périgueux en octobre 2006. Elle consiste en un durcissement radical : jusqu’ici l’autre France, qui ne se lève pas tôt, était laissée en filigrane. Elle est maintenant clairement désignée. Ce sont les fainéants et fraudeurs :
    Nicolas Sarkozy - Nicolas Sarkozy, Discours à Périgueux - 12 octobre 2006

    Je veux un Etat qui ne soit pas fragilisé par le laxisme et par la fraude.

    Je ne veux pas que ceux qui ne veulent rien faire, que ceux qui ne veulent pas travailler vivent sur le dos de ceux qui se lèvent tôt et qui travaillent dur.

    Je ne veux pas que ceux qui fraudent l’assurance chômage, l’assurance maladie, les allocations familiales, ceux qui escroquent le fisc ou les ASSEDIC, ceux qui détournent de l’argent public par copinage ou par favoritisme, continuent à mettre en péril la solidarité nationale. Parce que cela renforce la crise morale et la défiance vis-à-vis de ceux qui sont vraiment dans le besoin.
    Les expressions sont dures, et l’opposition est désormais en place : il y a ceux qui se lèvent tôt et ceux qui vivent sur le dos des autres.

    Un cran supplémentaire va être franchi mi-février, à la Réunion. L’autre France, c’est non seulement celle des petits tricheurs, mais celle des véritables délinquants :
    Nicolas Sarkozy - Discours à la Réunion – 15 février 2007

    Il faut que chaque citoyen sente qu'il doit donner à la France autant qu'il reçoit d'elle ! Il faut que celui qui se lève tôt pour aller travailler soit mieux récompensé que celui qui a décidé de ne plus se lever ! Il faut que celui qui prend des risques soit mieux considéré que celui qui n'en prend aucun ! Il faut que le jeune qui "bosse" dur pour s'acheter sa voiture ne soit pas ridiculisé par le dealer du coin qui gagne en un jour ce que certains gagnent en un mois !
    Ce discours marque le point de départ de la phase finale intensive de droitisation du discours sarkozien : appel à l’autorité (mot prononcé 75 fois à Perpignan le 23 février), condamnation de « l’esprit de mai 68 », proposition d’un ministère de l’Immigration et de l’identité nationale, etc. La rhétorique d’opposition des catégories entre elles prendra parfois des accents très durs, comme à Meaux :
    Nicolas Sarkozy - Discours à Meaux – 13 avril 2007

    Que doivent penser ceux qui se lèvent à 5 heures du matin pour prendre un bus et aller travailler quand leurs impôts financent les vacances et la carte orange de ceux qui ne travaillent pas ?



    3. Les accidentés de la vie

    Dans ce binarisme, il n’y a pas de place pour trois catégories de citoyens, qui sont pourtant probablement bien plus nombreuses que les paresseux et tricheurs qui sont mis en avant dans la rhétorique de la France qui se lève tôt :

    (1) ceux qui ont perdu leur emploi, mais souhaitent désespérément en retrouver un ;
    (2) les jeunes, qui n’ont jamais réussi à entrer dans le marché du travail et connaissent une précarité considérable, qui avait été mise en évidence par les émeutes des banlieues et la crise du CPE ;
    (3) la quantité importante de travailleurs précaires, dont on a vu qu’ils avaient déjà disparu du discours plusieurs mois auparavant.

    La première catégorie va être progressivement réintégrée dans le discours, sous la dénomination d’accidentés de la vie. L’expression apparaît au détour d’une phrase en décembre 2006 :
    Nicolas Sarkozy - Discours à Marseille – 1er décembre 2006

    J'ajoute que le Président de la République de 2007 devra aussi s'attacher à rassembler les Français autour d'une vision nouvelle de la solidarité et du mérite. La fracture sociale, si elle existe, se situe désormais nettement entre la France qui travaille, se lève tôt et élève ses enfants sans bénéficier d'aucune aide spécifique, et ceux qui, par faiblesse, par accident ou par facilité, se sont laissés enfermer dans l'assistanat. L'absurdité est à son comble quand il arrive que l'accumulation des aides nationales et locales place les personnes inactives en situation de percevoir, sans aucun travail, des revenus identiques à ceux que procurent des métiers rémunérés au SMIC. Déjà ébranlée par chaque livraison de la presse qui apporte son lot de fraudes, d'abus et d'escroqueries en tout genre, affectant tantôt l'un, tantôt l'autre des pans de notre protection sociale, c'est l'idée de solidarité qui est menacée de ne pas survivre à la perpétuation de telles injustices.
    Les accidentés de la vie sont enserrés entre les tricheurs (la faiblesse) et les paresseux (la facilité).

    L’expression accident(é) de la vie va apparaître fin janvier et sera martelée jusqu’à la fin de la campagne. Elle réfère habilement autant à la perte d’emploi qu’au handicap et à la maladie, dont elle récupère la charge émotionnelle :
    Nicolas Sarkozy - Discours à Saint-Quentin - 25 janvier 2007

    Je souhaite que les intérêts des emprunts pour acheter son logement soient déductibles en totalité du revenu imposable, que le crédit hypothécaire soit réformé, que l’accès à la propriété pour les locataires de logements sociaux soit facilité parce que la propriété c’est la meilleure assurance contre les accidents de la vie, contre la précarité.

    […]

    Je veux être le Président d’une France dans laquelle l’Etat aide ceux qui en ont besoin, ceux que les accidents de la vie ont abîmés au point qu’ils n’arrivent plus à se tenir debout tout seuls. Ma France, c’est celle où l’Etat ne laisse personne dans la détresse, où l’Etat tend la main à l’enfant pauvre, au malade, au handicapé, à la personne âgée qui est dépendante, où l’Etat accompagne ceux qui veulent s’en sortir, ceux qui sont prêts à faire un effort sur eux-mêmes, où l’Etat donne à ceux qui n’ont plus la force de vouloir, l’énergie de vouloir de nouveau.
    Elle apparaîtra en particulier, et c’est très symbolique, au soir du premier tour :
    Nicolas Sarkozy - Discours au soir du premier tour - 22 avril 2007

    Je veux parler à tous ceux que la vie a brisés, aux accidentés de la vie, à ceux qu’elle a usés, à ceux qui sont dans la détresse. Je veux parler aux malades, aux handicapés, aux personnes âgées, à ceux qu’une pression trop forte a épuisés, à ceux qui ont trop souffert
    C’est la seule catégorie de la « France qui ne se lève pas tôt » qui trouve donc grâce aux yeux du candidat. Le mot accident marque clairement l’idée que ce n’est pas de leur faute. Ce n’est pas dit, mais l’implicite est forcément que les autres catégories, même si elles ne sont pas des tricheurs et des paresseux, sont responsables de leur situation. Les jeunes n’ont qu’à se prendre en main, et les travailleurs précaires n’ont sans doute qu’à travailler plus pour gagner plus.


    4. Une erreur d’analyse

    Cette opposition des catégories de Français et cet appel à la méritocratie a été jugé comme une dérive d’extrême-droite, visant à chasser sur les terres de Jean-Marie Le Pen. Il est vrai que dans le même temps l’appel à l’autorité et les propos musclés sur l’immigration incitaient à cette analyse. En fait, c’est peut-être le discours que les électeurs de Jean-Marie Le Pen voulaient entendre, mais personne ne semble avoir noté dans la presse et les médias, que, curieusement, celui-ci ne tenait justement plus exactement le même discours. Les « travailleurs pauvres » par exemple sont un mot clé récurrent de son discours, et contrairement à Nicolas Sarkozy, Jean-Marie Le Pen ne culpabilise ni les chômeurs ni les assistés. Il fait porter la responsabilité de leurs difficultés sur la politique libérale, dans un discours que l’on pourrait confondre, si l’on n’était pas prévenu, avec celui d’Arlette Laguiller :
    Jean-Marie Le Pen - Discours du Bourget - 12 novembre 2006
    Cette politique dite « libérale » produisant chômage de masse, pauvreté, assistanat, travail clandestin et stagnation des salaires…

    Jean-Marie Le Pen - Discours à Nice - 19 avril 2007
    Nos soutiens à nous, c’est cette immense cohorte des victimes de la mondialisation, des délocalisations, fruits vénéneux et mortels de votre politique,
    Ce sont ces 14 millions de travailleurs pauvres dont vous venez d’apprendre l’existence,
    Ce sont ces humiliés du chômage, des retraites misérables,
    C’est ce long cortège de nos derniers paysans devenus assistés,
    C’est ce peuple entier des rmistes privés de dignité à qui vous ne concédez même plus les miettes des immenses profits que réalisent ceux qui vous dirigent !
    Étrangement, la presse et les médias ne semblent pas avoir aperçu ce paradoxe. Les électeurs l’ont vu, eux, et ils ont cette fois considéré que la copie était meilleure que l’original.

    *

    Je vous donne rendez-vous pour d'autres décryptages dans Arrêt sur images, ce dimanche (France 5, 12h35).




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    61 Commentaires:

    Blogger Kaa a écrit...

    Bonjour Jean, et merci pour cette analyse courageuse. Le côté manichéen, on dirait du Bush, tu trouves pas ? On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.

    10 mai, 2007 11:02  
    Blogger all a écrit...

    Notons aussi que SR a répondu sur ce sujet à NS « Je ne fais pas moi de discrimination entre ceux qui se lèvent tôt et les autres [...] il y en a qui se lèvent tard parce qu'ils travaillent tard ou travaillent la nuit»

    La proposition "France qui se lève tôt" de NS est totalement symbolique ; ce qu'elle a de merveilleux est que chacun peut personnifier à souhait l'expression, remplir l'analogie à l'aune se sa propre expérience et de ses convictions (le vécu lacanien). Bref, chacun s'y reconnaît puisqu'il peut s'incarner dans la phrase. C'est le but recherché avec ce genre de concept à géométrie variable, comme le slogan de publicité qui fait aimer celui qui le formule.
    La réponse de SR n'est pas à la hauteur, comme si elle n'accédait pas au symbolisme et prenait l'allégation à la lettre. C'est pour moi une indication de rigidité de caractère, mais il s'agit là d'une pure spéculation.

    ToUt est symbole, vous même apparaissez habillé de noir à la TV, code d'une sympathie de gauche. Aurez vous dimanche un costume de flanelle bleu ?

    10 mai, 2007 11:57  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour, je me souviens avoir entendu l'expression "accidenté de la vie" dans la bouche de Sarko. C'était il y a quelques années (de l'ordre de 5 ans) lors d'un débat télévisé. Bravo pour tout, Frédéric

    10 mai, 2007 12:03  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    C'est passionnant, bravo ! D'ailleurs je lis le blog de Schneidermann parallèlement au vôtre, ils sont complémentaires et constituent une particule d'espoir dans ce monde brutal ;-)

    Dommage qu'on ne puisse pas tenir ce genre d'analyse sur TF1 à 21h, *avant* les élections...

    Un bémol quand même: quand vous dites
    "on voit que dans la question des droits de successions, qu’il s’agit de ceux qui ont tout de même au moins un peu à transmettre et ne sont donc pas dans la plus grande pauvreté"
    vous vous faites un peu avoir par la propagande sarkozienne.
    Il y a des abattements conséquents sur les droits de succession, seule 10% de la population en paye. Ce sont donc des gens qui n'ont pas qu'"un peu" à transmettre, mais déjà pas mal ! Et il ne s'agit pas de la France du milieu par définition, mais de la France d'en haut (10%) !

    C'est comme JF Copé qui a essayé de faire croire qu'un prof. du secondaire en fin de carrière gagne 4000 euros par mois.

    Je ne comprends pas comment une partie de la classe "moyenne" a pu se faire avoir par ce genre de discours, et comment Royal n'a pas été capable de reprendre Sarkozy sur ses propos.

    10 mai, 2007 12:12  
    Blogger Vicnent a écrit...

    La stratégie devient claire en mai 2006. Il s’agit de récupérer l’électorat du Front national.

    Jean, la bonne phrase devrait être à mon sens : "il s'agit entre autre de récupérer..." : la formulation initiale laisse croire que quand NS parle de "la France qui se lève tôt", c'est uniquement pour les électeurs FN. Je ne le crois pas.

    Dans la jungle des lois, j'avais moi même essayé de modéliser le comportement d'un "sans diplome fainéant", l'un au smic, l'autre au RMI. Il est clair qu'à la fin du mois, cela ne donne pas envie de travailler. Toute les charges supplémentaires additionnées, la partie assistance de l'État en moins, quand on ne peut espérer mieux que le smic, (presque) autant être au RMI...

    Sachant qu'en vivant à deux mais déclaré deux fois tout seul, on a 2*420 = 840 + tous les avantages (CMU, transports) + peut être un peu de black (3 jours de black et vous êtes au smic...) contre 980 € - les avantages + les obligations de se lever tôt le matin, se raser, s'habiller, se laver, perdre 1 à 1h30 le matin ET le soir... hum...

    "Se lever tôt" est un symbole extra fort. Par rapport au symbole de la "Grass' Mat'", c'est très parlant.

    Ce RMI est une catastrophe. Que des personnes y soient l'est encore plus. Que des personnes veulent y rester est carrément dramatique : mais ont-elles vraiment le choix ?

    10 mai, 2007 12:29  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Kaa> Pas mal de similitudes avec Berlusconi, aussi...

    10 mai, 2007 12:51  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    All> Vous remarquerez que je ne porte pas d'écharpe rouge. Mais non, il ne faut rien y lire d'autre : «Le drapeau noir, c'est encore un drapeau», comme disait Léo Ferré. Et je suis assez d'accord avec lui...

    10 mai, 2007 12:55  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    En réponse à Vincent:

    Il est clair que vu sous cet angle, le RMI est une calamité.

    Cependant je me pose une question depuis maintenant quelques semaines... n'est-il pas étonnant que personne ne puisse donner ne serait-ce qu'une vague idée de l'ampleur de cet "assistanat"? Les fainéants tricheurs représentent-ils 1%, 10%, 50% des bénéficiaires du RMI? Je me doute bien que ce genre de statistique est difficile à produire, mais il doit tout de même bien exister des chiffres, quelque part...

    Ou alors, peut-être l'assistanat est-il une légende, basée sur un fond de vérité? On connaît tous au moins un "profiteur du système", je pense. Battez les oeufs en neige et vous obtenez un cyclope, monstre hideux, cause de tous les maux de cette nation...

    Qu'en pensez vous?

    10 mai, 2007 12:56  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Géraud> Oui, j'aurait dû mettre un smiley pour souligner l'ironie sur "au moins un peu"...

    10 mai, 2007 12:57  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    vicnent> si le RMIste peut travailler au noir, qu'est-ce qui empêche le smicard de le faire ?

    Et pour ce qui est des transports, il me semble que ça ne concerne que la région parisienne non ? Soit 1/5ème de la population.

    Enfin j'aimerais bien connaître la proportion de RMIstes qui souhaitent le rester.

    Il est évident que tout le monde n'a pas les mêmes capacités à se sortir de la précarité. Faut-il pour autant condamner celui qui ne peut pas s'en sortir (trop bête, trop alcoloo, trop timide, trop dépressif, trop basané, trop flemmard, trop ceci, trop cela) ? Ne pas suivre la loi du plus fort, c'est ce qui nous différencie des animaux.

    10 mai, 2007 13:00  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Vicnent> Tu illustres parfaitement la rhétorique sarkozienne. Bien des gens sont d'accord (dont moi) sur le fait que le différentiel entre travail et aides n'est pas assez incitatif. D'autres le disent aussi (Bayrou par exemple). Et justement ce n'est pas sur ça que porte la critique. Mais c'est sur ça qu'il répond.

    C'est un classique chez lui. Lorsqu'on proteste sur le ministère de l'immigration et de l'identité nationale, il dit «comment, vous êtes contre l'identité nationale» ? Ce n'est pas non plus ça qu'on lui reproche (mais l'amalgamme des deux, qui crée lien de cause à effet...).

    Etc.

    10 mai, 2007 13:02  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Moi je pense que vous sous-estimez gravement la perte de dignité lié au RMI comparé à un travail même merdique même payé au SMIC. Et je pense qu'il est difficile d'avoir un avis pertinent là-dessus quand on ne le vit pas, surtout que personne n'a été capable de donner des chiffres.

    Combien coûte à la société la fraude qui vient des gens qui vivent dans la précarité, par rapport à celle qui vient des copains de Sarko, Balkany, Juppé, Chirac, Pasqua (pour ne prendre que des politiques) ?

    Pour info (pour les Parisiens) à Marseille il faut avoir un contrat d'insertion en plus du RMI pour avoir la gratuité des transports:
    http://www.adai13.asso.fr/fiches/soc/soc_transport.htm

    10 mai, 2007 13:11  
    Blogger Unknown a écrit...

    Vos analyses sont très éclairantes, mais vous auriez pu également souligner les rapprochements avec d'autres discours populaires :
    - celui de "vieux con" que nous avons tous mille fois entendu dans la bouche des retraités, d'autant plus entendu qu'ils étaient depuis plus longtemps éloignés du monde du travail. C'est lorsque l'on se repose d'une longue vie de travail que l'on se remémore avec émotion ces matins où l'on partait travailler dur ;
    - celui également de ceux qui réussissent malgré tout à s'en sortir petitement au prix d'énormes efforts et qui sont impitoyables avec ceux qui ne s'en sortent pas. Je pense à ces artisans et commerçants qui vivent avec des revenus médiocres au prix de très longues heures de travail…

    Pour tous ces gens qui ont voté massivement pour lui, son discours était immédiatement compréhensible : c'est celui qu'ils tiennent tous les jours quand ils se laissent aller à réfléchir sur le monde. Le Pen nous a longtemps expliqué qu'il disait tout haut ce que les Français pensaient tout bas, Sarkozy a dit devant des foules immenses et à la télévision ce que ses électeurs disent chaque jour en famille et entre amis. C'est en cela qu'il a innové. Pas en refondant la droite comme on nous le répète sans cesse depuis quelques jours.

    10 mai, 2007 13:11  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    à Geraud:

    ce qui empêche le smicard de bosser au noir en plus, c'est évidemment le fait qu'il a déjà un boulot, donc pas le temps d'en faire un 2ème...

    Concernant la perte de dignité je suis parfaitement d'accord. Je suis moi même particulièrement zélé concernant mes droits à certaines aides, je déclare la stricte vérité, par principe, et je ne pourrais pas dormir la nuit si je n'avais pas la conscience tranquille.

    Mais il existe des gens qui ne sont pas comme ça, ce sont eux que NS fustige... ma position face à cela? je ne souhaite pas couper les vivres à ceux qui en ont besoin sous prétexte que certains en profitent. À la fin, dieu reconnaîtra les siens... (je suis athée, c'est une expression!)

    Celui qui triche envers l'état, pour moi, soit il est malade, et c'est normal de s'en occuper, soit c'est un co**ard, et pour moi il n'existe même pas.

    10 mai, 2007 13:20  
    Blogger yves a écrit...

    Une petite suggestions: Il serait intéressant d'analyser aussi le discours de Sarkozy lors du face à face avec Ségolène et ses déclarations après son élection.

    Bonne continuation avec votre blog.

    10 mai, 2007 13:32  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    C'est bien beau, tout cela, mais je ne sais pas si la solution sarkosyenne pour augmenter le différentiel entre assistés et travailleurs consistera à augmenter les salaires des uns, ou à diminuer les aides aux autres... J'ai bien peur que la deuxième hypothèse soit la bonne!

    10 mai, 2007 14:41  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci de nous faire partager vos recherches et votre analyse, c'est très intéressant.

    J'ai néanmoins relevé une petite contradiction à propos de Jean-Marie Le Pen : vous dites que le mot "assisté" est absent de sa campagne, alors que juste après vous nous donnez un extrait d'un discours où justement le mot apparaît : « C’est ce long cortège de nos derniers paysans devenus assistés ». Ceci dit vous avez raison, il n'en parle pas comme d'une catégorie à stigmatiser.

    10 mai, 2007 14:50  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour,

    Je suis d'accord, belle analyse.
    Qui me fait me poser une question...
    NS n'utilise t-il pas des procédés de "voyant" en posant des questions ou chacun doit trouver sa propre réponse ? ce qui fait que "personne" ne peut le contredire...
    J'ai seulement l'impression qu'il use et abuse des questions avec la (sa?) réponse dans cette même question, mais il n'est sans doute pas le premier à utiliser ce genre de procédé en politique.

    10 mai, 2007 16:36  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Axi> merci de me faire remarquer ça. Je voulais dire que Jean-Marie Le Pen ne parle pas des assistés sociaux (chômage RMI). Mais même dans le cas des paysans assujettis aux aides européennes, il dénonce le système, sans, me semble-t-il stigmatiser une catégorie (je ne suis pas lepéniste ;-)

    10 mai, 2007 19:38  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Anonyme> Oui, ce "truc" de la question rhétorique est très utilisé par Sarkozy. Mais Royal le fait beaucoup aussi. Souvenez-vous du débat de l'autre soir. Avant de pousser sa colère, ça m'a frapper d'entendre qu'elle attaquait avec une question :

    Ségolène Royal : Là, on atteint le summum de l'immoralité politique. Je suis scandalisée par ce que je viens d'entendre, parce que jouer avec le handicap comme vous venez de le faire est proprement scandaleux. Pourquoi ? Lorsque j'étais Ministre de l'enseignement scolaire, c'est moi qui ai créé le plan Handiscol...

    10 mai, 2007 19:43  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci pour cette brillante analyse, M. Véronis, bien plus pertinente que les élucubrations statistiques sur les citations dans la presse (les chiffres, on peu leur faire dire ce qu'on veut) ou que votre sympathie mal dissimulée pour le "résistant" Bayrou (tiens, le 18 juin est le lendemain des législatives, va-t-il parler à la radio de Londres ?) qui tranchait désagréablement sur le reste. Quant à Schneidermann, qui ne se prend pas pour le premier venu, vous laissera-t-il le temps de développer ?

    10 mai, 2007 21:43  
    Blogger TeaMasters a écrit...

    Qui va faire l'analyse des articles de Jean Véronis pour observer son glissement progressif de l'analyse du langage des politiques à l'analyse politique de leur langage? Cet article semble bien moins neutre que les autres. Un tournant dans la vie de ce blog? Ou bien juste un saut d'humeur face à un résultat électoral contrariant?

    L'argumentation est bien moins neutre qu'à l'habitude et l'on voit poindre une envie partisane de dénigrement de NS. Ainsi, en disant que le discours sarkozien a dépassé celui de l'extrême-droite, on s'attend à lire des paroles vraiment nauséabondes. Mais, comme vous le remarquez vous-même, c'est du au fait que le discours de Le Pen ressemble à celui d'Arlette sur la mondialisation. Le Pen a une conception nationale et protectioniste de l'économie qui, depuis toujours, est bien peu libérale. Rien de neuf chez Le Pen.

    A qui faire porter la responsabilité des difficultés des chômeurs et des assistés? A la société ou à eux? La réalité est toujours complexe et beaucoup de facteurs interviennent. Mais dire que leur problème, c'est le système, n'est pas constructif. Après tout, quand vous mettez de mauvaises notes à vos étudiants, vous ne leur dites pas que c'est parce qu'ils ont des lacunes scolaires qui se sont accumulées depuis le primaire à cause d'une education nationale fossilisée, mais vous leurs dites de passer plus de temps à étudier vos cours, de faire plus d'exercices pratiques... Après tout, il y en a tellement qui réussissent (vos cours et dans la vie) avec un système (forcément) imparfait.

    Le problème du glissement vers des articles plus politisés, c'est qu'analyser le langage ne suffit plus (c'est déjà beaucoup ce que vous faites), mais qu'il faut tenir compte du réel et du souhaitable. (Exemple: Bayrou, vous et la plupart d'entre nous approuvons que les gens qui travaillent devraient gagner plus que ceux qui sont au RMI. )

    Et bravo por ce blog

    11 mai, 2007 06:54  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Pour en revenir à l'analyse des mots et des textes, votre analyse montre bien la nécessité de revenir au contexte des mots, et pour cela de passer du temps. Activité dans laquelle peu de décideurs investissent lorsqu'il s'agit d'analyse à des fins d'intelligence économique et concurrentielle.

    Merci pour ce travail donc, et bravo à tous les intervenants pour la diplomatie de leurs propos : ça fait plaisir un salon ou les gens n'hurlent pas dès qu'un avis contraire est émis.(A moins que les commentaire de ce genre ne soient censurés, Jean ?)

    11 mai, 2007 08:39  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Anonyme> Non, rien n'eest censuré. J'ai beaucoup de chance d'avoir des lecteurs comme vous. J'aimerais tant que la démocratie et la vie publique soient à cette image ! Apprenons cette courtoisie et ce respect à nos enfants, et un jour peut-être...

    11 mai, 2007 08:45  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    arthur> Concernant l'ampleur de cet "assistanat"
    http://www.monde-diplomatique.fr/2006/12/CORDONNIER/14220

    11 mai, 2007 09:08  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bravo et merci pour cet article que j'ai lu avec une réelle délectation.
    J'ai aimé son ton posé et la rigueur des arguments employés.
    Est-il "sarkosiste" ou "anti-sarkosiste" ? Qu'importe ! Il est modéré et reflète une façon de penser et d'analyser que chacun devrait faire sienne.
    Auteur d'un article sur Agoravox, j'ai reçu en retour une foule de commentaires orduriers venant de lecteurs qui n'avaient pas pris le temps de lire (ou ne savaient pas lire, au sens où ils ne comprenaient pas ce qu'ils lisaient). La modération en tout est une qualité essentielle. Elle n'est malheureusement pas souvent de mise dans le landernau politique.
    Pour terminer, une simple anecdote : mon fils de 23 ans a été contraint, ne trouvant pas d'embauche à la fin de ses études, de s'inscrire au chômage pour bénéficier des prestations sociales. Il y est resté 2 mois.
    Ayant enfin trouvé un emploi, et comme je l'interrogeai sur le fait qu'après plus d'un an il n'avait toujours pas pris de congés, il me répondit : "Tu sais, lorsqu'on est resté deux mois au chômage, on a l'impression d'avoir pris des congés pour toute une vie".
    Il fait partie de ces "Français qui se lèvent tôt", après avoir été de ceux qui, selon Nicolas Sarkosy, "profitent du système".
    Continuez, Monsieur Véronis, notre pays a besoin de chroniqueurs tels que vous.

    11 mai, 2007 09:42  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Stéphane> Je ne crois pas qu'il y ait glissement progressif. J'ai toujours poussé des coups de gueule quand bon me semblait (et contre tout le monde, d'ailleurs, rappelez-vous mon texte sur le drapeau, qui n'a pas fait plaisir aux socialistes). Je ne prétend nullement à une quelconque neutralité: on ne peut pas analyser le langage indépendamment de son contexte. Je ne suis pour autant encarté nulle part (même pas au Mouvement Démocrate ;-), et je me réserve droit de taper sur les uns et les autres...

    Pour revenir aux assistés, comme pour la racaille, le kärcher, l'identité, etc., ce qui me choque c'est la façon d'en parler. Sur le fond, il y a quand même large consensus sur le fait que la société a laissé se développer des "trappes" à précarité à travers les aides, une situation inacceptable de non-droit dans certaines zones, etc. Mais en parler en opposant des groupes de gens entre eux, en faisant des amalgames douteux (non-travailleurs=fainéant/délinquant ; immigration = pb d'identité ; etc.) à base de non-dits qui en disent lourd est pour moi l'inverse de la vision humaniste de la société à laquelle je continue à croire...

    11 mai, 2007 09:44  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Très intéressant l'article du Monde Diplo !

    11 mai, 2007 10:56  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    En marge de votre analyse dont je salue comme tout le monde (ici ;-) la justesse, une autre analyse issue d'un sondage de l'IFOP (voir ici) invite à nuancer l'impact qu'a pu avoir la formule de M. Sarkozy sur "la France qui se lève tôt".

    Pour résumer rapidement, il semblerait que Ségolène Royal soit arrivée en tête au second tour pour toutes les classes d'âge de la population active et que Nicolas Sarkozy ne doive sa victoire qu'à un vote massif des retraités en sa faveur. Avec toutes les précautions qu'il est nécessaire de prendre lorsqu'on a affaire à des sondages, on pourrait donc dire que si la formule de M.Sarkozy a eu un impact, ce ne fut le cas qu'auprès de la France qui n'est plus contrainte de se lever tôt :-)

    11 mai, 2007 11:21  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Interessant article
    Il est vrai que Sarkozy a programmé très soigneusement ses "dérapages" linguistiques, et que le personnage est beaucoup plus fin et retors que prévu. En même temps, il avait 5 ans pour se préparer et s'y prépare probablement depuis 20 ans...

    Bref, à présent regardons la suite

    PS : Sympa la photo du zoli bateau ! Est ce une illustration à la france qui se lève tot ?

    11 mai, 2007 13:40  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Cette "France qui se leve tot" me rappelle egalement une autre expression que Raffarin avait suremployee a une epoque : "La France d'en bas".

    On n'est pas tout-a-fait dans le meme registre semantique, mais ne peut-on pas y voir les premiers efforts d'une droite qui tente de reinvestir le champ populaire ?

    Pensez-vous qu'on puisse etablir un lien entre ces deux expressions ?

    11 mai, 2007 16:17  
    Blogger TeaMasters a écrit...

    Merci pour la réponse. C'est vrai que j'ai remarqué que vous aviez un esprit libre, et c'est bien pourquoi je reviens volontiers vous lire régulièrement depuis début 2005!

    Ce qui fait justement la popularité de NS chez une majorité de nos concitoyens, c'est qu'il dise les choses sans détours et sans expressions politiquement correctes tellement vagues que personne n'est concerné. Peut-être cela choque un peu car, pendant (trop) longtemps, la gauche avait réussi à imposer un discours compatissant (mais déresponsabilisant) pour les assistés, et culpabilisant pour tous ceux qui ont un travail et financent le système. On n'est plus habitué à entendre un homme politique en France demander des comptes aux citoyens aussi (autrefois, JFK aux USA: Ne demande pas ce que le pays peut pour toi, mais ce que tu peux faire pour ton pays). Mais comme il n'emploie pas le mot fainéant, mais ne fait que le suggérer, je trouve son discours plus retenu qu'au PS (Hollande: 'je n'aime pas les riches'.)
    Et puis il y a son discours de victoire:
    "Tous ceux que la vie a brisés, ceux que la vie a usés doivent savoir qu’ils ne seront pas abandonnés, qu’ils seront aidés, qu’ils seront secourus. Ceux qui ont le sentiment que quoi qu’ils fassent ils ne pourront pas s’en sortir doivent être sûrs qu’ils ne seront pas laissés de côté et qu’ils auront les mêmes chances que les autres."

    Devenu président de tous les Français, il semble prendre beaucoup de soin pour se défaire de cette image dure qui lui colle à la peau. On jugera sur ses actes et résultats.

    11 mai, 2007 21:01  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Au sujet des tricheurs, des RMIstes fraudeurs, etc. Acrimed.org a publié un excellent article contre une enquête du Point qui consistait à dénoncer l'existence de ces tricheurs qui minent la Répubique... sans aucune preuve.

    Un cas de propagande avéré en somme. Voici donc le lien :

    http://www.acrimed.org/article2405.html

    En tous les cas, merci pour cette analyse intéressante.

    11 mai, 2007 22:18  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    À dimanche alors...
    Notez que même sans Jean Véronis, l'émission est très bonne, surtout que les présentateurs (enfin le présentateur et la « chroniqueuse/présentatrice ») n'ont pas peur de mettre en difficulté les personnes qu'ils interrogent (j'ai adoré l'émission avec M. Pujadas au sujet de la fiction « Poisson d'avril »).

    11 mai, 2007 23:23  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour,

    "Honneur à ceux qui se lève tôt et méritent donc plus que les autres"... les travailleurs de nuits en station services ou restauration ou ailleurs, ceux qui sont ballotés en 3x8, les caissières de supermarché ou les agents de téleservice qui embauchent à mi-journée pour des salaires de misère, ceux qui peinent à vivre de cuire des hamburgers quelques heures le soir chez McDo et consorts.... auront apprécié le propos.

    12 mai, 2007 00:47  
    Blogger all a écrit...

    en faisant des amalgames douteux (non-travailleurs=fainéant/délinquant

    Un petit mot à la fin de ce long thread pour dire que le demandeur d'emploi se reconnaît aussi dans la proposition France qui se lève tôt. La chômeur qui se démène pour trouver un emploi. Et celui là aura un jugement plus féroce envers son voisin chômeur qui glande ou qui travaille au noir qu'à l'égard du riche entrepreneur sur son yacht.

    12 mai, 2007 09:38  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    All> Le tour de force de Sarkozy a été de parler à l'électorat populaire en dépalcer la lutte des classes : ce n'est plus travailleurs/patrons, mais travailleurs/chômeurs... Fort.

    12 mai, 2007 09:41  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Wawa> il semblerait [...] que Nicolas Sarkozy ne doive sa victoire qu'à un vote massif des retraités en sa faveur. -- Oui. Ce n'est pas contradictoire avec la formule "La France qui se lève tôt", qui parle justement à ces gens là, qui pour la plupart

    - n'ont jamais connu le chômage (pour les plus âgés)

    - l'ont connu à la fin de leur vie seulement et l'ont vécu comme un traumatisme (Sarkozy les récupère dans la catégorie "accidentés de la vie").

    En plus de l'opposition chômeur assisté, Sarkozy a habilement joué sur

    - un conflit de génération (les vieux qui ont trimé toute leur vie contre les jeunes qui ne foutent rien)

    - un conflit de visions de la société, qui remonte bien loin. Sa critique de Mai 68 est de ce point de vue révélatrice. Les plus jeunes ne s'en souviennent pas, mais il y avait déjà un fort clivage gauchistes/PC en 68 ! Pour les gauchistes (et anars), le PC était tout simplement une bande de vieux réacs et pour le PC, les gauchistes étaient des dégénérés à cheveux longs. Je me souviens très bien de ça. C'est ce clivage que Sarkozy a récussité, parce que les deux caégories sont toujours vivantes (et âgées). D'un côté les soi-disant bobos (plutôt PS) et de l'autre, les ouvriers ex-PC, qui souvent sont devenus d'ailleurs FN. Le Mai 68 qu'il dénigre c'est celui des gauchistes et les ex-PC aiment ça.
    Toute sa stratégie est dans son discours aux cadres de l'UMP de mai 2006 : L'électeur du Front National que nous avons perdu en chemin parce que sa souffrance n'a pas été entendue, comme l'électeur du parti communiste qui ne sait plus à quel idéal se vouer, n'appartient à personne ! Rien ni personne ne pourra m'interdire d'aller lui parler et le convaincre de nous rejoindre !

    On a beaucoup relevé qu'il draguait le FN. On a moins dit qu'il dragait aussi les ex-PC passés ou non par la case FN...

    12 mai, 2007 11:35  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Très intéressante, cette entrée, comme on dit en franglais, et malgré ce que vous dites, Jean, très différente des autres. Vraiment.On dirait que les élections passées, le verdict tombé, vous prenez plus de respiration et vous "montrez" un peu plus.
    Mais moi ce qui me frappe beaucoup, c'est le premier commentaire (de Kaa) de cet article (enfin!!) un peu sorti de la fumée de la forme, c'est qu'il est un commentaire "courageux". Significatif,non?

    Significatif de ce que le nouveau président semble ne rien avoir à faire du tout pour impressionner à sa manière, que tout le monde s'adapte à l'avance. Quelle autorité.
    Bref, dès l'élection passée, je remarque que vos commentaires sont "courageux".
    En dehors de cela, qui n'était pas une critique de Kaa, celui-ci a également raison sur le point : on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.

    12 mai, 2007 20:28  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Il y avait aussi un chouette slogan de campagne : "le travail c'est la liberté", pas mal aussi, non?

    (la vie, on l'aime ou la quitte)

    12 mai, 2007 20:30  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    @Isabelle: je n'ai pu m'empêcher de penser aux inscriptions des camps Nazis "Arbeit macht frei", lorsque j'ai entendu ce slogan "le travail c'est la liberté". Au regard de l'Histoire, il y'a certaines tournures que l'on se doit d'éviter je pense...

    Enfin j'ai une question: depuis quand parle-t-on d'assistanat, et non plus de solidarité pour désigner une aide gratuite aux plus démunis???

    12 mai, 2007 21:36  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    pour infos, à Rennes, la gratuité des transports concerne tous ceux dont les ressources mensuelles sont inférieures à 970€ (qu'ils travaillent ou non). On demande simplement un justificatif des ressources et un avis d'imposition.

    Félicitations pour ce blog que je viens de découvrir...

    13 mai, 2007 02:06  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Isabelle & Julian > Oui, c'est la devise qui surmontait le portail d'Auschwitz... Sarkozy (et surtout Henri Guaino) ne peuvent l'ignorer. La campagne de Sarkozy a été de multiples manières une campagne de la transgression (de même que ses premiers actes une fois élu).

    Ceci étant, Sarkozy n'est pas un nazi, et Guaino n'est pas Goebbels — pas plus que Royal n'est pétainiste. C'est un magnifique piège dans lequel la gauche est tombée. C'est la bonne astuce du prestidigitateur : avec une main vous faire regarder dans une direction pendant que l'autre main fouille dans la poche... Et ça a marché : des millions de gens sont tombés dans le Sarko-facho, lui ont mis la moustache d'Hitler sur les affiches (et pas à Le Pen...), etc.

    Au lieu d'attaquer son bilan. Avez-vous entendu Royal, les éléphants et les seconds couteaux du PS monter au créneau (comme le faisaient de l'autre côté les Pécresse, Hortefeux, Fillon, Bachelot et autres) ?). Sarkozy a fait un magnifique tour de passe passe : arriver à mettre sur l'estrade exactement la même équipe, Fillon, Copé, Hortefeux etc. et même les plus impopulaires, Juppé et Raffarin, tout en faisant croire à une rupture. Bravo. Du grand art.

    Et au lieu de présenter un vrai programme, muri, réfléchi. Qu'a fait le PS depuis 2005, 2002, 1995, même ? Où a été le travail de fond sur la société, le vieillissement, le rapport à la mondialisation, à la planète ? Les rares pistes intéressantes ont été celles, désordonnées et immatures d'une femme seule et mal préparée (cela n'enlève rien à sa force et à sa bravitude).

    Et c'est reparti pour juin. Comme si rien ne s'était passé. On a le président qu'on mérite, disait Le Pen au soir du second tour.

    13 mai, 2007 09:09  
    Blogger JMeyran a écrit...

    La plus belle phrase de l'emission ASI : Veronis vs Guaino

    "Un prestidigitateur ne révèle jamais ses tours"

    Bravo pour votre prestation et à bientôt...

    Au fait, entre Youlia et Judith, je me propose de vous accompagner lors de votre prochaine prestation

    Bonjour chez vous

    13 mai, 2007 13:32  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je viens de visonner l'émission et je suis mal à l'aise devant les mimiques, les réponses rapides, les sous entendus de Guaino. Il avait vraiment l'air de dire : "on vous a bien eu". Et il est certain que le petit Nicolas a encore plus d'un tour dans son sac !

    13 mai, 2007 18:46  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Vu l'émission également!
    On ne vous a pas assez entendu, malheureusement. Certes, nous avons votre blog pour de plus amples informations mais tant qu'à passer dans le poste, on aurait préféré vous voir développer davantage. Miller n'avait pas grand chose à raconter et Guaino s'exprime certainement mieux par écrit qu'à l'oral. Et manifestement, il tenait à garder son job et ne pas en dire trop! Cette émission est intéressante, mais elle reprend trop des recettes utilisées par ailleurs, à savoir que la majorité du temps les invités sont sagement assis à écouter ce que les chroniqueurs racontent... Dommage!

    13 mai, 2007 19:19  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Jean, Patrick> Merci... Evidemment, je n'ai pas de contrôle sur le modèle de l'émission, mais j'ai trouvé que j'avais pu dire pas mal de choses. Et mes petits graphiques et nuages de mots étaient en bien bonne place ! Guaino était effectivement dans une position impossible, comme je l'ai dit. C'est le problème du prestidigitateur à qui on demande de venir commenter ses tours...

    Mais j'ai beaucoup de respect pour l'homme de l'art (même si je n'adhère pas, évidemment, à un certain nombre des choses qu'il a pu écrire, comme ce billet le montre). Et hors plateau, j'ai découvert un personnage courtois et fort intéressant. D'ailleurs lui-même a une sensibilité beaucoup plus à gauche que son patron. C'est un gaulliste de gauche, au fond. Souvenez-vous que c'est lui qui a fait les discours de Chirac en 95 (la fracture sociale).

    13 mai, 2007 19:34  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bien envie de réagir à plusieurs des commentaires (mais le temps me manque) à cet excellent article... en sa construction, et dans ce qu'il révèle! Révéler étant une action difficile de mise à la lumière!

    En tout cas, bravo Rennes (et d'autres, sans doute!).
    Julian: c'est bien toute la force de Sarko que de détourner les mots et les idées... qui disent bien ce qu'elles veulent dire!!! Parce qu'il y en a marre de ces assistés qui ne contribuent en aucune façon à la vie de la société... mais qu'il faut bien entendu se montrer solidaire des accidentés de la vie! Bref!

    Petite note d'humeur ici, avec quelques références et liens, dont celui-ci...

    Merci Jean pour cet éclairage!

    PS: petite remarque: il semble que les derniers commentaires ne soient pas liés à ce sujet... Ca brouille un peu le propos... et j'espère que mon commentaire figurera sur le bon article!

    13 mai, 2007 22:44  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    J'enlève mon PS...
    Pas compris que c'étaient des réactions à l'émission!!! Pardon!
    J'essaie de la trouver sur Internet...

    13 mai, 2007 22:57  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    pardon, je reviens à "le travail c'est la liberté" : bien sûr, Jean vous avez entièrement raison dans votre admiration du beau tour de prestidigitation...
    mais comme Claire Legendre, je ne peux m'empêcher de penser que, si on peut, choqués mais admiratifs quand même, faire remarquer ces réussites sans angoisse, c'est qu'on (vous, moi, elle) est des privilégiés qui ne souffriront pas trop des mesures sociales

    isa-qui-se-lève-tôt

    14 mai, 2007 07:22  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    J'ai vu l'émission (en différé) et comme je m'en doutais, il n'y a pas beaucoup de place pour les invités, ce qui fait que des choses intéressantes sont dites (plus par les chroniqueurs que par Schneidermann, d'ailleurs) mais le tout est un peu perdu. Et votre article est beaucoup plus précis et argumenté que ce que vous avez pu glisser à l'antenne.
    Quant à Ioulia, ouf ! J'espère pour vous que vous avez eu le temps de discuter un peu avec elle après l'émission. Elle est beaucoup mieux que Colombe Schneck, laquelle ne supporte pas, d'après Acrimed, qu'on critique notre nouveau président.

    14 mai, 2007 07:44  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Isabelle> Oui... Je ne sais pas, en fait. Je ne suis pas convaincu que Sarkozy fasse le programme à la Thatcher que dépeignent certains. Mon impression est qu'il a eu un discours destiné à prendre le pouvoir, donc conquérir le FN et les ex-PC. Une fois cette chose faite, il va gouverner comme toujours en France, au centre droit (je parle pour Mitterand aussi sauf 1981-82). Les télés américaines en commentant sa victoire parlaient du candidat de centre-droit, d'ailleurs... Il est à mille lieues des néo-cons.

    Il y a des indices : Guaino, comme je le disais est un gaulliste social, pas un néo-con. Or, il va être le Jacques Attali de Sarkozy. Idem pour Fillon. Je ne sais pas quel rôle aura Borloo, mais ce gars-là n'est pas un "méchant". Idem avec MAM, et d'autres. Sans parler de l'ouverture à gauche (Allègre, Kouchner ?)...

    Donc, ma prédiction : il va y avoir un volant de textes tous azimuts en juillet. Ils vont surtout essayer de saboter l'impact de la grève dans les transports et les services publics avec le service minimum pour avoir les mains libres. Et puis après ça va se calmer... Et en fin de quinquennat il y a aura carrément un virage à gauche en vue de la réelection.

    En 1981, on voyait déjà les chars russes dans Paris. Et finalement, le capitalisme ne s'est jamais bien porté que sous Mitterrand... A mon avis ce sera la même chose dans l'autre sens. On joue à se faire peur.

    Ce qui m'inquiète plus c'est la concentration des médias et le contrôle par de grands groupes. Ca, c'est déjà en route. Idem pour la big-brotherisation générale de la société. Fichage ADN de tout le monde etc. Très inquiétant pour le long terme. Mais pour ça, les syndicats ne descendent pas dans la rue...

    14 mai, 2007 09:18  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je prie pour que Sarko ne supprime pas le Rmi, sinon je meurs !!!

    14 mai, 2007 09:23  
    Blogger yves a écrit...

    Jean > Sarkozy a fait un magnifique tour de passe passe : arriver à mettre sur l'estrade exactement la même équipe, Fillon, Copé, Hortefeux etc. et même les plus impopulaires, Juppé et Raffarin, tout en faisant croire à une rupture. Bravo. Du grand art.

    Coment vous expliquez cette manque d'esprit critique chez les électeurs ?

    14 mai, 2007 09:44  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Mais non, mais non... Comment pourrait-il le faire ? Ce serait la guerre civile.

    Sarko me rappelle une chanson : Parole, parole...

    14 mai, 2007 09:46  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Bcolo> Je ne vous surprendrai pas en vous disant que j'ai surtout discuté (longuement) avec Henri Guaino après l'émission ;-)

    Quant à Colombe, alors on ne doit pas parler de la même ! Gardons l'esprit critique toujours — même vis-à-vis d'Acrimed...

    14 mai, 2007 09:50  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Yves> Manque d'esprit critique — Croyez-vous que le phénomène soit nouveau... (hélas) ?

    14 mai, 2007 09:51  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    PS sur ma réponse à Isabelle> Et vous verrez qu'il apparaîtra comme le sauveur même sans faire grand chose, en bénéficiant de l'embellie prévue de la croissance (comme Jospin) (voir cet article du Monde).

    14 mai, 2007 10:03  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Excellente émission, bien que trop courte. Bravo Jean, et merci aussi à Gérard Miller pour avoir enfin posé la bonne question, "qui sont ces assistés dont vous parlez et combien sont-ils ?" à laquelle Gaino n'a bien sûr pas répondu (à part un "même une infime proportion c'est déjà trop" qui est proprement hallucinant, et le salaire de Bernard Arnault, c'est pas déjà trop peut-être ?).

    Sarko n'est certes pas un nazi, et je veux bien croire que son programme socio-économique va virer au centre-droit tôt ou tard, mais je pense que vous sous-estimez le danger qu'il représente. Ses déclarations sur la nature génétique de la pédophilie par exemple. Et ses actes de Ministre de l'Intérieur, surtout: c'est lui qui a envoyé la police dans les écoles, même Pasqua n'avait pas osé. C'est lui qui a étendu le fichage génétique aux simples suspects d'un simple vol, y compris les enfants.

    Ce qui m'inquiète plus c'est la concentration des médias et le contrôle par de grands groupes. Ca, c'est déjà en route. Idem pour la big-brotherisation générale de la société. Fichage ADN de tout le monde etc. Très inquiétant pour le long terme. Mais pour ça, les

    14 mai, 2007 12:23  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    > Sans parler de l'ouverture à gauche (Allègre, Kouchner ?)
    > Et en fin de quinquennat il y a aura carrément un virage à gauche en vue de la réelection.
    > [...]en bénéficiant de l'embellie prévue de la croissance

    Difficile de laisser passer ça, quand même.
    - Allègre est la honte de la gauche, la honte de la politique française, la honte de la science. Que Jospin, qui est quelqu'un de sensé, ait pu faire confiance à ce type restera un des plus grands mystères de la gauche plurielle.
    - Quand vous dites un virage à gauche, vous pensez à quoi ? Un rapprochement avec Bayrou, ou avec Strauss-Kahn ? Sarkozy est viscéralement de droite, la pire qui soit, la revancharde, et j'ai plutôt peur qu'il mette le pays à feu et à sang bien avant la fin du mandat.
    - L'embellie de la croissance, ça profite à qui ? Et ça sert à quoi ? A augmenter les dividendes, pas à créer du travail. Et à pousser les gens à acheter des choses inutiles dont ils n'ont pas besoin. La vraie rupture, ce serait celle-là : en finir avec le dogme de la croissance. On en est loin, hélas.

    14 mai, 2007 19:03  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bien vu.

    Voilà comment répandre la haine entre les gens au lieu de les fédérer autour d'un projet de société.

    C'est que l'élite est devenue complètement étrangère à la société civile, elle la gère comme du bétail.
    Alors que les choses soient claires, la situation n'est pas non plus alarmante, mais les dictatures sournoises s'installent à l'usure, en prenant le temps d'imprégner les esprits, au point où les gens croient que tout cela vient vraiment d'eux même.

    C'est d'un machiavélisme démoniaque.

    06 avril, 2010 18:01  

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    mercredi, mai 09, 2007

    2007: La presse fait à nouveau mieux que les sondeurs

    Voici les données mises à jour (incluant L'Humanité) des citations de presse les deux jours précédant la clotûre de la campagne pour le deuxième tour (3 et 4 mai).


    Les derniers sondages publiés le 4 étaient les suivants :


    Nous connaissons maintenant le résultat final : 53,06 % pour Sarkozy, 46,94 % pour Royal, soit une différence de 6,1 points en faveur de Sarkozy. Il est intéressant de remarquer que l'institut BVA, qui était le plus proche du résultat du premier tour, fait cette fois-ci la moins bonne performance (avec IPSOS). Les instituts CSA et IFOP ont été très proches du résultat. Comme on ne peut savoir à l'avance quels vont être les sondeurs les plus performants, il est intéressant de s'intéresser à la moyenne des sondages, et de la comparer avec la moyenne des trois journaux les moins engagés (Les Echos, Le Parisien, Le Monde), qui était un bon prédicteur pour le premier tour (voir ici) :


    On voit qu'à nouveau, la presse fait mieux que les sondeurs. Les écarts sont en sens contraire : la presse a légèrement «sous-estimé» le score de Sarkozy (notez mes guillemets) et les sondeurs l'ont plutôt surestimé.

    Si l'on observe les sources une par une, on obtient le diagramme suivant :


    Il est très intéressant de noter que la presse semble avoir senti le mouvement final, consécutif au débat du 2 mai. Libération et L'Humanité accroissent leurs articles sur Sarkozy de façon considérable, dans une sorte d'élan désespéré...


    Ces résultats, en conjontion avec ceux du premier tour, sont extrêmement étonnants. Ils sont à interpréter avec précaution, comme je l'ai déjà dit, mais ils montrent en tout cas que la presse est extrêmement réactive aux mouvements d'opinion.


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    Libellés :


    21 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    "la presse est extrêmement réactive aux mouvements d'opinion"

    ou bien le contraire ?...

    Je pense qu'il est difficile de nier qu'une partie des électeurs (les plus pauvres, les plus précaires) ont été mystifiés sur Sarkozy par les medias.

    09 mai, 2007 11:29  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Géraud> Les médias ont évidemment une influence sur l'opinion. Mais à mon avis c'est plutôt 1) sur le long terme (omniprésence de Sarkozy depuis des mois) 2) sur les thématiques traitées ou passées sous silence (exemple : l'insécurité en 2002).

    L'influence médias->opinion n'explique pas bien de toutes façons le degré de similitude observé. De plus, les médias audiovisuels étant soumis à l'égalité des temps de parole pendant la campagne, nous aurions dû voter pareil pour chaque candidat, si l'influence était forte et immédiate...

    09 mai, 2007 11:39  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    jv> je n'avais pas pensé à ce dernier argument (temps de parole à la télé, a priori le media le plus influent), qui me paraît imparable...

    Mais cette corrélation fascinante (que vous amplifiez un peu: dans les erreurs, vous n'avez pas vraiment le droit que les taux de citation ont mieux fonctionné que les sondages pour le deuxième tour, les deux "prédictions" sont excellentes) demande une interprétation plus convaincante. Il existe des modèles économiques pour décrire les mouvements financiers à la Bourse, ne pourrait-on pas imaginer quelque chose de similaire ici ?

    Sans dynamique, une corrélation n'est pas nécessairement le résultat d'un phénomène de cause à effet, vous le savez bien...

    Je trouve qu'on devrait carrément interdire les sondages sur les élections, quelle que soit la période. Ainsi ça forcerait les journalistes à un vrai travail d'analyse, qui me semble avoir été totalement passé à la trappe sur ce coup.

    09 mai, 2007 12:02  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Au temps pour moi !

    ;-)

    09 mai, 2007 12:05  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Geraud> 0,79 < 1,01, non ? Mais bon, ne chipotons pas...

    Oui, je crois qu'il y a quelque chose du même ordre que ce qui se passe à la Bourse. Un grand nombre d'acteurs, qui finalement dégagent une sorte d'intelligence collective. Mais, bon, il faut raison garder. Je ne prétend pas avoir trouvé un prédicteur absolue pour toute élection. On a observé quelque chose, reste à savoir quoi.

    une corrélation n'est pas nécessairement le résultat d'un phénomène de cause à effet -- absolument, et je me garde bien, si vous avez remarqué d'en trouver une (tout au plus peut-on faire quelques hypothèses, à recouper, corroborer, etc.).

    on devrait carrément interdire les sondages sur les élections -- Bah... de toute façon on ne pourra jamais contrôler toute la planète, et on aura le même problème qu'avec les estimations qui étaient données à 16h chez les Belges et les Suisses.

    Ma position serait plutôt d'obliger les sondeurs à publier leurs données brutes...

    09 mai, 2007 12:31  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    intéressant ce parallèle entre presse et résultats finaux! Peut-être que cela montre que les journalistes votent (et ressentent mieux l'issue du scrutin) comme les autres?
    Excellent blog!

    09 mai, 2007 13:24  
    Blogger Unknown a écrit...

    N'est-ce pas tout simplement que la presse croise des informations provenant des sondages et des informations plus "qualitatives" et qu'elle le fait au travers d'un processus coopératif (discussions entre journalistes avant de publier les papiers…) qui permet de mieux analyser les différentes données disponibles. On serait un peu dans le cas de la double lecture des radios que pratiquent (parfois) les médecins et dont on sait qu'elle améliore les diagnostics.

    Il serait intéressant de voir si l'on trouve un phénomène comparable dans d'autres domaines, je pense notamment à la finance et aux mouvements des cours de bourse. On pourrait par exemple voir si la presse financière anticipe les retournements de tendance. (avec là, naturellement, la question de l'influence, les actionnaires la lisant).

    09 mai, 2007 13:48  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Bernard G> Oui, c'est tout à fait l'hypothèse qui me semble la plus plausible. Avec une volonté plus ou moins explicite de vise une "équité de traitement", en l'absence de règles du CSA pour la presse écrite.

    09 mai, 2007 14:01  
    Blogger Benoît a écrit...

    La remontée de citations de Sarkozy dans l'Huma et Libé sont tout à fait compréhensibles, gageons que ces deux journaux sont trop engagés pour faire une "prédiction" qui se tient.

    Mais dans le tas des cinq du bas (dans le graphique des courbes), il est intéressant de constater la hausse du taux de citations de Sarkozy dans Le Monde, qui est le journal à avoir "prédit" le score le plus proche du résultat officiel.
    Chapeau bas au rédacteurs qui ont très bien analysé la situation de l'entre-deux tours (peut-être inconsciemment...).

    09 mai, 2007 15:04  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je ne vois pas très bien quelles seraient les difficultés d'interdire les sondages. Les médias étrangers utilisent les mêmes données, à savoir celles qui viennent des instituts qui sont officiellement autorisés par la Commission des sondages. Il suffit de n'autoriser personne ;-) Bien sûr la loi reste française et ça n'empêchera pas un organisme péruvien de prendre son téléphone et de faire un sondage, mais j'imagine mal quel intérêt auraient les instituts étrangers à faire ça ? Et surtout sans connaissance du terrain la fiabilité serait désastreuse.

    En ce qui concerne les données brutes, il me semble qu'elles ont été publiées par ce nouvel institut basé en Tunisie dont j'ai oublié le nom... et qui a lui aussi été officiellement autorisé par la Commission.

    09 mai, 2007 15:54  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Il faudrait alors interdire de les réaliser, pas de les publier (sauf erreur de ma part, je crois que c'est ça la réglementation actuelle).

    Je ne suis pas un grand fan des interdictions. De toutes façons, sondages ou pas, on ne pourra pas empêcher que les télés mettent du Sarkozy à tous les JT comme ce fut le cas (ou alors, il faut commencer à interdire pas mal de trucs, et ça me fait autant peur...)

    Il me semble qu'on pourrait éduquer les citoyens sur ce qu'est un sondage, comment ça marche (par exemple instruction civique à l'école). Mais je rêve peut-être...

    09 mai, 2007 17:04  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Oui je parlais bien d'interdiction de réalisation. Il y a une déclaration obligatoire, cf. la Commission des sondages:
    "Les organismes de sondage sont soumis à un régime de déclaration et doivent s’engager à respecter la loi et les règlements d’application (art. 7). La déclaration permet peut-être d’éviter qu’un sondage ne soit fait par un organisme inconnu, créé pour la circonstance ; en revanche, on peut s’interroger sur la portée d’un engagement qui n’ajoute guère à la force obligatoire d’une loi et de décrets assortis de sanctions pénales."

    D'accord sur le fait que ça n'empêche pas les manipulations médiatiques. Mais pour moi les sondages sont néfastes et je ne vois aucun problème à l'interdiction ! Franchement, à quoi sert un sondage ? Il ne s'agit pas d'une analyse scientifique puisqu'il n'y a pas de validation possible (à moins de faire l'élection réelle en même temps que le sondage).

    J'ai peut-être une vision faussée par mes souvenirs mais il me semble que jamais avant le rôle des sondages n'avait été aussi important qu'en 2007. Ça retire même tout le plaisir et l'excitation de voter puisqu'on peut aller voter après avoir eu les résultats.

    Et dire qu'on va rempiler pour les législatives :-(

    09 mai, 2007 17:46  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    A lire : une bonne analyse sur les sondages sur le site d'Acrimed (http://www.acrimed.org/article2620.html)

    09 mai, 2007 18:15  
    Blogger Unknown a écrit...

    Interdire les sondages? Mais pourquoi faire? Ils sont une information supplémentaire pour les électeurs qui nous en disent beaucoup sur l'état de l'opinion. Et je ne vois pas bien au nom de quoi on nous interdirait de prendre ce critère comme élément de décision. Savoir ce que les autres pensent compte aussi.

    Prenez l'augmentation de la participation au second dans les départements qui avaient le plus voté Sarkozy au premier tour. On aurait pu penser que la publication de sondages favorables à notre amateur de yachts et autres Rolex aurait incité quelques uns de ses électeurs à partir en week-end. Mais pas du tout. C'est le contraire qui s'est produit. On peut faire l'hypothèse que les électeurs de droite, ayant pris conscience de la faiblesse d'un président mal élu, obligé de céder à la rue (comme Chirac avec le CPE), avait besoin d'un soutien massif pour mener sa politique. Gagner ne suffisait pas.
    Dans ce cas, les sondages ont éclairé leur vote : s'ils ont voté aussi massivement, c'est qu"il ne s'agissait plus simplement d'élire un candidat mais de légitimer le Président élu.

    09 mai, 2007 18:29  
    Blogger Benoît a écrit...

    Je suis entièrement d'accord avec Jean Veronis, les interdictions ne doivent pas se mutliplier. Et puis tout le monde sait qu'elles sont faites pour être transgressées !
    Un de nos plus grands droits, c'est la liberté, et dans ce cas précis je trouve que ce serait une atteinte à celle-ci.

    La solution est dans l'éducation, j'en suis profondément convaincu. Je pense que cela peut s'appliquer dans n'importe quel cas...
    Il faut toujours prendre le problème à sa source ou mieux vaut prévenir que guérir, au choix !

    09 mai, 2007 18:43  
    Blogger Sophia a écrit...

    jean,

    On peut tenter d'instaurer une quantité égale de citations pour les candidats, similaire à l'égalité des médias audio-visuels et voir ce que cela donne. La réactivité de la presse est une hypothèse intéressante mais non réaliste vu le processus de fonctionnement de la presse écrite, peu de journalisem d'investigation et beaucoup d'articles reprenant les déclarations officielles.
    Au Canada il y a eu une étude qui a comparé la couverure des trois plus grands médias nationuax de la presse écrite pour le pourcentage d,articles d,investigation, entre 1998 et 2003. le résultat est édifiant, le pourcentage des articles d,investigation est passé de 30% à 10%, le reste n'étant que des reprises de déclarations officielles.
    Le processus par lequel la presse reflète à ce point si fidèlement les pourcentages de vote devrait être plus complexe résultant de plusieurs facteurs interagissant de manière transactionnelle avec des impacts amplifiants dans les deux sens, de la presse vers le public et du public vers la presse. Un des facteurs clés de cette amplification d'influences en boucles fermées (caisse de résonnace) semble être la montée du journalisme d'opinion et la baisse du journalisme d'investigation.

    09 mai, 2007 19:31  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Une question en passant.
    Pourriez-vous utiliser votre 'filtre' (que j'espère vierge de tout sort ...) à d'autres sujets que les élections présidentielles ?
    Je suppose que oui ?
    Pourquoi pas quelques applicatins sur des grands sujets de société, des sujets ayant suscité un assez grand nombre d'articles pour entrer dans les clous (de l'intelligence collective des médias).

    09 mai, 2007 20:43  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    une question que je me pose depuis quelques temps, pardon si je n'ai pas attrapé la réponse dans une zone de commentaires...
    vous parlez des citations dans la presse, il me semble sans les pondérer par leur place (à la une ou dans le fin fond d'un article en page 37). de plus, évidemment chaque lecteur n'a qu'une vision partielle de la dite presse, celle qu'il lit, qu'il effleure. ainsi moi même j'avais ressenti lors de la première semaine après le premier tour une prédominance de bayrou, qui occupait (d'après ma perception) tout le terrain, les unes, les caricatures et les accroches à la radio, du moins jusqu'au débat avec royal le samedi (débat qui m'a permis de découvrir une radio dont j'ignorais jusqu'à l'existence).
    comment une somme de données non perçue pourrait influencer le vote final ?
    est ce que je suis la seule à lire le début des articles et pas la fin ???
    juste pour comprendre la méthode....
    j'avais fait une étude lors de ma jeunesse étudiante qui montrait comment la mémorisation d'une information était fonction de son environnement dans le discours, par exemple, très mauvais score pour une info délivrée juste après une pointe d'humour, celui ci prenant toute la place en mémoire.
    c'est pourquoi j'aimerais connaitre votre façon de pondérer le décompte....
    merci
    christine

    10 mai, 2007 05:22  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Pensez-vous que vous pourriez réaliser la même étude, mais pour les partis, cette fois, en donnant une tendance hebdomadaire ?
    Cela serait très intéressant en vue des législatives...

    11 mai, 2007 23:10  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Toujours aussi passionnant votre blog.
    Bravo !
    Auriez-vous une newsletter pour être averti des nouvelles parutions ?
    Bien cordialement,
    Pierre

    11 mai, 2007 23:15  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Sophia> On peut tenter d'instaurer une quantité égale de citations pour les candidats, similaire à l'égalité des médias audio-visuels -- Pas sûr que ce soit une bonne idée. Je suis assez allergique aux interdictions, au sur-contrôle de tout par l'Etat...

    Je suis entièrement d'accord sur le déclin du journalisme d'investigation, qui tend à être remplacé par un "arm-chair journalism", c'est-à-dire un journalisme de bureau, fait de copiés-collés de l'AFP... Ce qui tue la presse finalement, parce que ça, les blogueurs savent le faire, gratuitement. Alors que le journalisme d'investigation, ils ne peuvent pas le faire, pour une raison simple de moyens. Regardez un truc comme AgoraVox. Sauf très rare exception, il n'y a pas d'info: ce n'est que du commentaire. On analyse ça dans notre livre Les Politiques mis au Net...

    Mais dans ce cas précis, la réactivité au débat Royal/Sarkozy, il n'y avait pas beaucoup d'enquête à faire, plutôt du commentaire et de l'éditorial... Et les journalistes étaient quand même un peu sur le terrain. L'Envoyé spécial d'il y a quelques jours sur les coulisses de l'entre deux tours, montre bien le genre de perception que les journalistes peuvent avoir de l'ambiance des états-majors par exemple (on voyait bien qu'au PS, tout le monde sentait la défaite...).

    12 mai, 2007 12:43  

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    dimanche, mai 06, 2007

    2007: La France Président

    Et voilà, c'est fait.




    Les estimations sont à 22 heures de 52,7 % pour Sarkozy, 47,3 % pour Royal. Pas si loin de ce qu'avait «prédit» la presse (les guillemets sont importants !) : 52,3 % - 47,7 %... A analyser calmement !

    Ci-dessous les premières déclarations des deux candidats. On en parlera chez Colombe Schneck, demain matin (10h30 à 11h France Inter, Emission J'ai mes sources).

    Et je viens d'enregistrer une réaction à chaud pour Cathy Nivez (qui passera ça sur Europe 1 à 6 h 45). En gros, je lui ai dit que ce qui me frappe tout d'abord chez Nicolas Sarkozy, le retour de la rupture qui avait disparu depuis longtemps (les Français ont choisi de rompre). Je note également qu'alors que son discours avait fluctué de gauche à droite au long de la campagne, on a ici un positionnement clair : Je veux réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux remettre à l'honneur la nation et l'identité nationale. Voilà : la droite est «décomplexée».

    Le discours de Ségolène Royal est évidemment beaucoup plus court, mais je note la phrase suivante : «quelque chose s’est levé qui ne s’arrêtera pas». On dirait du Bayrou. «La nouvelle politique est en train de naître, cette espérance est grande et juste, et personne, vraiment personne ne l’arrêtera», disait-il au soir du premier tour. Et Ségo ajoute : «Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles.» On ne peut être plus clair. Elle confirme la position qu'elle a commencé à afficher au soir du premier tour. Un peu tard. En 1988, Mitterrand avait été plus malin.



    Le discours de Nicolas Sarkozy

    Mes chers compatriotes,

    En m'adressant à vous ce soir, dans ce moment qui est, chacun le comprend, exceptionnel dans la vie d'un homme, je ressens une immense émotion.

    J'éprouve depuis mon plus jeune âge la fierté indicible d'appartenir à une grande, vieille et belle nation, la France. Je l'aime comme on aime les êtres chers qui nous ont tout donné. Maintenant c'est à mon tour de tout lui donner.

    Ce soir ma pensée va aux millions de Français qui aujourd'hui m'ont témoigné leur confiance. Je veux leur dire qu'ils m'ont fait le plus grand honneur qui soit à mes yeux en me jugeant. digne de présider aux destinées de la France.

    Ma pensée va à tous ceux qui m'ont accompagné dans cette campagne. Je veux leur dire ma gratitude et mon affection.

    Ma pensée va à Madame Royal. Je veux lui dire que j'ai du respect pour elle et pour ses idées dans lesquelles tant de Français se sont reconnus.

    Ma pensée va à tous les Français qui n'ont pas voté pour moi. Je veux leur dire que par-delà le combat politique, par-delà les divergences d'opinions, il n'y a pour moi qu'une seule France.

    Je veux leur dire que je serai le Président de tous les Français, que je parlerai pour chacun d'entre eux. Je veux leur dire que ce soir, ce n'est pas la victoire d'une France contre une autre. Il n'y a pour moi ce soir qu'une seule victoire, celle de la démocratie, celle des valeurs qui nous unissent, celle de l'idéal qui nous rassemble. Ma priorité sera de tout mettre en œuvre pour que les Français aient toujours envie de se parler, de se comprendre, de travailler ensemble.

    Le peuple français s'est exprimé. Il a choisi de rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du passé. Je veux réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux remettre à l'honneur la nation et l'identité nationale. Je veux rendre aux Français la fierté d'être Français. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi, et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres.

    Le peuple français a choisi le changement. Ce changement je le mettrai en ¦uvre parce que c'est le mandat que j'ai reçu du peuple et parce que la France en a besoin. Mais je le ferai avec tous les Français. Je le ferai dans un esprit d'union et de fraternité. Je le ferai sans que personne n'ait le sentiment d'être exclu, d'être laissé pour compte. Je le ferai avec la volonté que chacun puisse trouver sa place dans notre République, que chacun s'y sente reconnu et respecté dans sa dignité de citoyen et dans sa dignité d'homme. Tous ceux que la vie a brisés, ceux que la vie a usés doivent savoir qu'ils ne seront pas abandonnés, qu'ils seront aidés, qu'ils seront secourus. Ceux qui ont le sentiment que quoi qu'ils fassent ils ne pourront pas s'en sortir doivent être sûrs qu'ils ne seront pas laissés de côté et qu'ils auront les mêmes chances que les autres.

    J'appelle tous les Français par-delà leurs partis, leurs croyances, leurs origines, à s'unir à moi pour que la France se remette en mouvement.

    J'appelle chacun à ne pas se laisser enfermer dans l'intolérance et dans le sectarisme, mais à s'ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d'autres convictions.

    Je veux lancer un appel à nos partenaires européens, auxquels notre destin est lié, pour leur dire que toute ma vie j'ai été européen, que je crois en la construction européenne et que ce soir la France est de retour en Europe. Mais je les conjure d'entendre la voix des peuples qui veulent être protégés. Je les conjure de ne pas rester sourds à la colère des peuples qui perçoivent l'Union Européenne non comme une protection mais comme le cheval de Troie de toutes les menaces que portent en elles les transformations du monde.

    Je veux lancer un appel à nos amis Américains pour leur dire qu'ils peuvent compter sur notre amitié qui s'est forgée dans les tragédies de l'Histoire que nous avons affrontées ensemble. Je veux leur dire que la France sera toujours à leurs côtés quand ils auront besoin d'elle. Mais je veux leur dire aussi que l'amitié c'est accepter que ses amis puissent penser différemment, et qu'une grande nation comme les Etats-Unis a le devoir de ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique, mais au contraire d'en prendre la tête parce que ce qui est en jeu c'est le sort de l'humanité tout entière.

    Je veux lancer un appel à tous les peuples de la Méditerranée pour leur dire que c'est en Méditerranée que tout se joue, et que nous devons surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve de paix et de civilisation. Je veux leur dire que le temps est venu de bâtir ensemble une Union Méditerranéenne qui sera un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique.

    Je veux lancer à tous les Africains un appel fraternel pour leur dire que nous voulons les aider à vaincre la maladie, la famine et la pauvreté et à vivre en paix. Je veux leur dire que nous déciderons ensemble d'une politique d'immigration maîtrisée et d'une politique de développement ambitieuse.

    Je veux lancer un appel à tous ceux qui dans le monde croient aux valeurs de tolérance, de liberté, de démocratie et d'humanisme, à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures, à tous les enfants et à toutes les femmes martyrisés dans le monde pour leur dire que la France sera à leurs côtés, qu'ils peuvent compter sur elle.

    Mes chers compatriotes, nous allons écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire. Je suis sûr qu'elle sera grande et belle, et du fond du cœur ce soir je vous dis :

    Vive la République !

    Vive la France !



    Le discours de Ségolène Royal

    Le suffrage universel a parlé. Je souhaite au prochain président de la République d’accomplir sa mission au service de tous les Français.

    Je remercie du fond du coeur les 13 à 17 millions d’électeurs, de citoyens, de citoyennes, qui m’ont accordé leur confiance. Je mesure leur déception et leur peine. Mais je leur dis que quelque chose s’est levé qui ne s’arrêtera pas. J’ai donné toutes mes forces et je continue avec vous et près de vous.

    Je remercie tous les militants qui ont porté ce grand moment démocratique. Bien sûr les militants socialistes mais aussi tous les autres militants de la gauche et de l’écologie, ceux de Désirs d’avenir, et au-delà toutes celles et ceux qui se sont unis dans le mouvement.

    Gardons intactes l’énergie et la joie de l’immense rassemblement populaire vibrant de ferveur qui m’ont accompagnée tout au long de cette campagne, ici et dans les outre-mers.

    J’ai engagé un renouvellement profond de la vie politique, de ses méthodes et de la gauche. La forte participation traduit un renouveau de notre démocratie, et notamment pour les jeunes, partout dans le pays et en particulier dans les quartiers, qui se sont massivement inscrits pour voter. Bravo à tous ces jeunes pour cet engagement civique qui rappelle à la République le devoir de respect et d’égalité qu’elle a envers eux.

    Ce que nous avons commencé ensemble nous allons le continuer ensemble. Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles. C’est la condition de nos victoires futures.

    Je serai au rendez vous de ce travail indispensable et j’assumerai la responsabilité qui m’incombe désormais. Mon engagement et ma vigilance seront sans faille au service de l’idéal qui nous a rassemblé et nous rassemble et qui va, j’en suis sûre, nous rassembler demain pour d’autres victoires.

    Libellés :


    35 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    ouais.. sombre moment , et sombre moi depuis cet apreme.
    Pendant que j'y suis, car je ne poste jamais bien que je vous lise, merci pour votre blog :-)

    06 mai, 2007 21:06  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Voilà voilà... :-(

    Il parait que Bush lui a déjà téléphoné pour le féliciter... Un félé de plus comme chef d'état.

    Meuh

    06 mai, 2007 21:10  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    En tout cas j'attends avec impatience vos premières analyses des différents discours...
    Allez-vous continuer pour les législatives ? (bon d'accord, c'est plus difficile de suivre tout ces discours...)?
    encore merci pour votre blog

    06 mai, 2007 21:27  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Pardonnez-moi, le dernier mot de votre article me frappe comme un retour du refoulé. Je ne suis pas sûr que votre “clarté” rende un juste compte des intentions de Mme Royal dans le discours de ce soir : nulle malignité, nulle intelligence tardive non plus - sauf à lui reprocher de ne pas avoir entièrement réalisé en 5 mois avec sa propre équipe ce que le Parti socialiste n’a pas su faire en 5 ans. D’autres avaient de bien plus grandes naïvetés à croire que M. Bayrou révolutionnerait le monde politique français en 5 semaines… Quant à François Mitterrand, il dormait depuis deux ans d’un éternel sommeil en 1998, et ne fut jamais en situation semblable. Mais on lui a tellement prêté !
    A bientôt pour d’autres analyses.

    06 mai, 2007 23:35  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Il semble qu'un sondage IFOP (dont on risque de très peu parler ?) suggère que :
    - TOUTES les tranches d'âge de 18 à 64 ans ont voté majoritairement Ségolène Royal ;
    - les 65 ans et plus ont voté Sarko à 75% en moyenne.

    Les retraités seraient donc les plus grands adeptes de la France qui se lève tôt. Ca sent le mouvement dans la rue, tout ça...

    07 mai, 2007 00:04  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    C'est ce qu'on peut lire ici.. :
    http://www.ifop2007.fr/photo/File/IntentionDeVote/JDD-PRESI20-28-04-2007-16263A.pdf

    07 mai, 2007 00:22  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Toujours extrêmement intéressantes vos analyses.
    Merci.
    J'espère que vous allez continuer pour les Législatives.
    Cordialement,
    Pierre

    07 mai, 2007 00:25  
    Blogger Unknown a écrit...

    Depuis plusieurs billets vous faite mention de "l'exactitude des prévisions de la presse", en vous basant sur une simple analyse statistique des citations. Mais si l'on peut mettre en relation les citations dans les grands quotidiens avec les tirages de ces journaux, ne pourrai t-on pas penser qu'en la matière la presse joue un rôle actif de propagande et non pas un simple rôle d'observateur ? Et qu'en est-il des citations dans les journaux TV et radio ?

    07 mai, 2007 01:43  
    Blogger Khrys a écrit...

    Merci pour ce site que j'ai eu le plaisir de suivre depuis quelques mois.
    J'attends avec impatience votre analyse des discours des autres leaders ... Bayrou, Le Pen, etc.
    Merci encore !

    07 mai, 2007 02:10  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    des mots de l'auteure Claire Legendre

    http://journaldelinsoluble.blog4ever.com/blog/lirarticle-55925-319803.html

    07 mai, 2007 06:50  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    J'éprouve depuis mon plus jeune âge la fierté indicible d'appartenir à une grande, vieille et belle nation, la France

    ... Patrie

    Ma pensée va à tous ceux qui m'ont accompagné dans cette campagne. (il manque dans votre retranscription un bout de la phrase qu'il a prononcée : "et tout d'abord à ma famille" je cite approximativement mais c'est quelque chose comme ca...

    ... Famille

    Je veux réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux remettre à l'honneur la nation et l'identité nationale.

    .. Travail

    il n'a pas encore parlé du déménagement du gouvernement à Vichy mais sans être dans la diabolisation extrème (je reste modéré et c'est pas demain que je me mettrai un couteau entre les dents ou que je brandirai un coctail Molotov "la violence [étant] le dernier refuge de l'incompétence (Asimov)") ca n'empèche que ca m'inquiète plutôt pas mal.

    nous verrons bien.

    07 mai, 2007 07:35  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Pas si loin de ce qu'avait «prédit» la presse (les guillemets sont importants !):52,3 pc - 47,7 pc
    A analyser calmement !

    Euh...
    Les Suisses , les Belges, les Russes, et certainement d'autres n'étant pas tenus par les contraintes légales avaient déjà donné les résultats avant 20h en provenance du Ministère.

    Donc,
    nos chers organismes de sondages qui brassent beaucoup de sous pouvaient aussi donner ces chiffres en faisant semblant de les avoir calculés...
    où ça ?
    avec quelles informations ?

    07 mai, 2007 08:06  
    Blogger Mikado a écrit...

    Aux enfants de sept ans, on répète: on ne dit pas "je veux", mais "je voudrais"... depuis le débat et sa réplique "il faut rester calme pour devenir président" (avec ce sourire narquois particulier), je ne peux pas m'empêcher de le voir comme un petit enfant gâté et espiègle... psychanaliste, s'il vous plait?

    07 mai, 2007 09:21  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour,
    merci pour tout pour cette campagne et pour cette vulgarisation sans heurt de la linguistique de corpus.
    Je me demande comment vous avez récupérez les discours d'hier soir et le débat de mercredi. Pour les discours, je note quelques divergences avec ce qui a réellement été dit. Est-ce les discours prévus et non pas prononcés?

    07 mai, 2007 09:32  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    pfff...... pour ce qui est de la citation je pense que la femme est l'égale de l'homme depuis le jour ou ...roselyne Bachelot a été nommée ministre !

    Bref sinon....
    Voilà voilà c'est fait !
    Maintenant on met un mouchoir dessus et on regarde pas trop car ça risque de sentir mauvais d'ici peu de temps ce "beau" pays.

    Ensuite on va assister au Hara-kiri du pasencorené Mouvement démocrate aux législatives et ensuite...

    07 mai, 2007 10:11  
    Blogger PatatoOor a écrit...

    @jean.lauriol :
    jerome.lauriol a dit...
    Je ne pense pas que l'on puisse dire que la presse à une rôle prépondérant de propagande lorsque l'on voit dans ces chiffres que les journaux de gauche parlent à 66% du candidat de droite au détriment de celle du PS.
    Les journaux de droite comme le Figaro sont plus neutres avec un un % de 55% pour Sarkozy, ce qui me semble logique et raisonnable pour un journal de droite.
    QUe les deux grands candidats aient étés privilégiés oui mais pas l'un au détriment de l'autre bien au contraire.

    07 mai, 2007 10:48  
    Blogger PatatoOor a écrit...

    @percy :
    sans qu'il ait explicitement cité les 3 mots que tu rapportes dans ton commentaire, est il si mal d'être fier et d'aimer son pays, de penser que le socle familial est important et que la France a besoin de sortir du marasme économique dans lequel elle est depuis des années ?
    Si c'était la devise du régime de vichy, ils n'en étaient pas propriétaires et ces mots ne sont pas synonymes de fascisme. Je ne pense pas qu'il faille les supprimer du dictionnaire pour autant.
    La fête des mères a été officialisée par le régime de Vichy, tous ceux qui la fêtent cautionnent ils ce régime ? Je ne le crois pas.
    Il ne faut pas faire de raccourci simplistes et occulter certains thèmes, les laisser aux partis extrêmes a permis l'émergence du FN et de la haine qui allait avec.

    07 mai, 2007 12:30  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    "Vers d'autres victoires" dit-elle. A analyser d'urgence.

    07 mai, 2007 14:02  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je viens de passer la video du discours de Sarkozy en lisant votre texte. Ils sont différents. Qu'analysez-vous? (Sans jeu de mot).

    07 mai, 2007 14:33  
    Blogger TOMHTML a écrit...

    Aixtal dans l'AFP, on aura tout vu =)

    "Sarcastique" mon cher Jean. =)

    PS : vous devriez regarder ça aussi. Comme quoi, la victoire est toute relative.

    07 mai, 2007 15:42  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Anonyme 7 Mai 00:04 > Pas TOUTES les catégories, car d'après l'enquête IPSOS/DELL du 6 Mai, la catégorie 25-34 ans a voté à majoritairement (57%) pour Sarko. Le vote des vieux pour Sarko augmente avec l'âge, (60-70%) et c'est très frappant. Le vieillissement de la population amène un effet innattendu. Mais entre jeunes et vieux, les motivations sont probablement différentes.

    07 mai, 2007 17:59  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    " ...de l’idéal qui nous a rassemblé et nous rassemble et qui va, j’en suis sure, nous rassembler demain pour d’autres victoires".

    Charles' a trouvé cela curieux, moi aussi. Grammaticalement parlant, elle aurait pu mieux faire et écrire par ex. " ... nous rassembler demain pour de futures victoires".

    A moins que dans l'esprit quelque peu messianique de notre Jeanne d'Arc, le fait qu'elle soit arrivée au second tour constitue une victoire éclatante (le pont d'Arcole préfigurant Austerlitz).

    Elle va avoir du mal à en persuader ses petits camarades du politburo si l'on en juge par la mine de vent debout qu'ils s'efforçaient de cacher hier soir à la télévision.

    PS : dans la marine marchande, on parle de "gueule à vent debout"; debout se prononce "deboutt"; un cordage se dit "bout" et se prononce "boutt". Cela vient sans doute du breton.

    07 mai, 2007 18:15  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci à JV d'avoir corrigé l'erreur de date dans son article. Ce qui ne change rien à l'erreur d'interprétation qui précède cette référence…

    Plus sérieusement, le rapport entre résultat électoral et occurrences de certains noms dans la presse relève de ces jeux interprétatifs auxquels prête aussi bien la mystique des nombres que certaines dérives scientistes. Des dizaines de protocoles peuvent permettre d'accréditer des thèses aussi hasardeuses. Je dirais même qu'au seul regard de la très médiocre influence des médias cités sur le corps électoral, on ne saurait être trop prudent en manipulant de telles hypothèses…

    > D.STROHL : le mot "politburo" est un terme désobligeant pour certaines personnes qui, à gauche et souvent minoritaires, conduisirent autrefois un combat antistalinien.
    Quant au mot "bout", le linguiste, qui eut quelques ancêtres dans la Royale, peut vous répondre qu'il s'agit d'une simple métonymie - et que l'origine de ce mot, apparu au XIIe siècle, est plutôt à chercher en Scandinavie.

    07 mai, 2007 22:15  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    D.Strohl à Port-Royal (message de 22:15 du 7.5.2007)

    1. Politburo : vous avez raison, je n'aurais pas dû utiliser ce terme. J'espère que je n'ai blessé personne.

    2. "Bout" : ma phrase n'était pas suffisamment claire - je ne voulais pas parler de l'origine du mot, que je ne connaissais pas, mais seulement de sa prononciation.

    Je ne suis pas du tout linguiste, mais je m'intéresse cependant beaucoup aux langues - anglais et allemand dans mon cas, sans parler bien sûr du français et de l'alsacien.

    A propos de linguistique, l'université de Strasbourg a fait, si j'en crois un récent article d'un journal local parcouru dans une salle d'attente, la traduction en alsacien d'un système d'exploitation Microsoft (Vista ?). Rude travail ! Microsoft aurait fait une subvention de 50.000 dollars - Sapristi, comme disait mon père ...

    L'alsacien est un dialecte peu euphonique mais savoureux (les Alsaciens sont en général assez malicieux sous des airs sérieux); il ne donne pas toujours dans la litotes et les euphémismes
    châtiés ... Malheureusement, il est en voie d'extinction lente, malgré des combats d'arrière-garde.
    Espérons que vos collègues strasbourgeois arriveront à redresser la barre ...

    08 mai, 2007 00:35  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    A Port-Royal :
    Bien sûr, il fallait lire "dans les litotes"

    08 mai, 2007 00:38  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    En réalité, Nicolas Sarkozy ne bat pas des records.
    En pourcentage des inscrits, il ne pointe qu’à …. 42,68%

    Soit moins que De Gaulle en 1965, que VGE en 1974, que Mitterrand en 1981 et 1988, et bien sûr que Chirac en 2002.
    Il fait donc mieux que Pompidou en 1969 et Chirac en 1995.
    Rien que cela ça calme.

    Quant au fameux de taux de participation ce n’est que le 5ème meilleur sur 8 élections présidentielles !

    La suite est développée à cette adresse :
    http://filoo1962.spaces.live.com/blog/cns!347E3F68126DD01F!985.entry

    Où je reviens - entre autre - sur cette phrase assez incroyable :
    "Je veux rendre aux Français la fierté d'être Français. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi."

    08 mai, 2007 17:44  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Ségolène a oublié de dire qu'elle a besoin de notre force et de notre tendresse. lol

    08 mai, 2007 18:22  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    P.Sage trouve "assez incroyable" la phrase de Sarkozy à propos de la repentance - je ne le contredirai pas - moi aussi, je me suis gratté la tête en la lisant ..

    Ceci dit, on en a entendu et lu de bien plus sévères durant la campagne électorale. Certain(e)s politicien(ne)s continuent de prendre les électeurs pour des enfants. Certains électeurs prennent la mouche.

    Lorsque l'on fait partie comme moi de la classe des anciens (72 ans), on choisit donc à 75 % le discours qui parait le moins infantilisant, au "détriment" du plus "sécurisant".

    08 mai, 2007 20:16  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Port-Royal> Mitterrand croyait aux "forces de l'esprit", mais, non, je ne parlais pas d'un message d'outre-tombe. Je parlais de sa campagne de 1988, pendant laquelle il a annoncé un "gouvernement d'ouverture", qu'il a d'ailleurs mis en place avec Rocard, avec divers centristes. Sans ça, il aurait probablement perdu... Et la France a survécu. Elle survit d'ailleurs à beaucoup de choses (ça me rassure, par les temps qui courent).

    08 mai, 2007 20:34  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Port-Royal> Sur fe fonds, pardon, j'ai cliqué trop vite :

    Je ne suis pas sûr que votre “clarté” rende un juste compte des intentions de Mme Royal dans le discours de ce soir : nulle malignité, nulle intelligence tardive non plus - sauf à lui reprocher de ne pas avoir entièrement réalisé en 5 mois avec sa propre équipe ce que le Parti socialiste n’a pas su faire en 5 ans. -- Je crois effectivement qu'on ne peut pas lui reprocher la défaite. Elle aurait (peut-être) pu gagner, comme Mitterrand en 1988, avec l'appui du centre-gauche, mais 1) il aurait fallu s'y prendre tôt et le parti n'était pas prêt 2) je ne crois pas que c'eût été l'intérêt de Bayrou ! Il est en bien meilleure posture dans l'opposition, avec un PS en risque de décomposition (les couteaux sont sortis sur les plateaux dès 20h15...). Enfin, à suivre en tout cas. Ca va être passionnant.

    08 mai, 2007 20:39  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Anonyme> Oui, il y a quelques divergences avec le discours prononcé par Sarkozy. Cette version est celle qui a été immédiatement distribuée par l'UMP, et Sarko a improvisé une ou deux choses et corrigé quelques autres...

    08 mai, 2007 20:40  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Le sondage qui done la répartition des électeurs par âge est disponible sur le site IPSOS : http://www.ipsos.fr/presidentielle-2007/ (sondage sortie des urnes).

    Il apparaît que les tranches d'âge au travail ont voté pour Sarko : les 25-34 et les 35-44 mais que les jeunes (les 18-24) et les proches de la retraite (les 45-59) ont pour Ségo et effectivement au-delà de 60 c'est Sarko.
    comme quoi c'est sûrement plus compliqué qu'il n'y paraît !!!

    08 mai, 2007 20:47  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Petit exercice de linguistique appliquée

    Dimanche, assesseur dans mon bureau de vote (assez à gauche : 72% au régionales) nous avons été confronté à plusieurs reprise à des erreurs de comptage, et toujours relatives aux bulletins de Segolène Royal.

    Pour moi, la faute incombe à la longueur du nom :
    Deux syllabes : Ro-Yal ; contre Trois syllabes : Sar-Ko-Zy

    Alors avec Ni-Co-Las et Sé-Go-Lène nous aurions pu nous en sortir mais il ne restait que trois centaines de nulletin et en plus étant en Provence cela ne marchait pas : Sé-Go-Lè-Ne

    Je suppose qu'il y'a eut d'autres dépouillements semblables.


    Y'a-t-il eut des études info-linguistique des titres proposé dans les actualités sur Google, j'ai l'impression que cela aurait montré une surprésentativité des 3 premiers du 1er tour et encore plus du 1er, mais ce n'est qu'une impression.

    Encore merci pour votre blog.

    Philippe

    08 mai, 2007 22:55  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    "Ce sourire si large derrière lequel
    il n'y avait rien" (à propos de
    Gaston DOUMERGUE)

    11 mai, 2007 06:10  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    La chine et l'Inde s'éveillent, alors croyez vous que la "petite" Europe pourra faire le poids ?
    Chine qui dès 2020 produira ses avions de ligne (pauvre Airbus), et Inde qui va devenir le plus grand pays du monde, et qui n'arrête pas d'acheter des entreprises de taille mondiale.

    02 juin, 2007 22:51  

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    Lexique: Président(e)

    Le futur probable président de la France qui se lève tôt et qui veut vivre debout sait-il que ce titre désigne celui qui reste assis ? Président vient de praesidere, formé de prae, « devant » (qui a donné pré-) et sedere, « être assis ». Le président, c’est celui qui, assis sur son séant, dirige la séance. Une image très IVè République. Mais l’étymologie est bien celle-là : le praesidens était au départ celui qui était assis devant l’assemblée, qui en dirigeait les débats. Le verbe sedere nous a donné, par des chemins divers, tout un tas de mots en français, dont on ne sait pas toujours qu’ils sont apparentés : seoir, messeoir, surseoir, asseoir ; siège, siéger ; séance, préséance ; séant

    Si le résultat est celui qui semble se dessiner, les Français se seront épargné un débat linguistique intéressant… Aurait-on dit «Madame le président de la République» ou bien «Madame la présidente» ? Nous avons entendu tellement souvent ce mot de présidente pendant la campagne qu’il nous semble acquis, mais c’est aller un peu vite en besogne.



    Pendant bien longtemps, président, dans le sens qui nous concerne était un mot purement masculin. Le monumental Trésor de la Langue Française (TLF), donnait encore :

    PRÉSIDENT, -ENTE, subst.
    A. Subst. masc. Celui qui préside une assemblée, une réunion, un groupe, un organisme en ce qu'il en dirige les délibérations, les débats, les travaux.
    ...

    Il faudrait chercher dans les archives quand le volume contenant l’entrée président a été écrit. Sans doute dans les années 80. C’est le moment où les choses ont commencé à bouger, du moins dans les commissions. Nous sommes champions du monde en la matière. En 1984, Yvette Roudy, alors ministre des Droits de la Femme, avait mis en place, une « commission de terminologie chargée de la féminisation des noms de métier et de fonction », présidée par Benoîte Groult. Les conclusions en avaient été rendues à Laurent Fabius en 1986, lequel s’est empressé de publier une circulaire au Journal Officiel, demandant de veiller à l'utilisation de ces termes dans l’administration. Las, comme souvent dans notre doux pays, rien ne se passe, et en mars 1998, Lionel Jospin… publie une autre circulaire : « Voilà plus de dix ans, dit-il, le 11 mars 1986, mon prédécesseur, Laurent Fabius, adressait aux membres du gouvernement une circulaire préscrivant la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre dans les textes réglementaires et dans tous les documents officiels émanant des administrations et établissements publics de l'État. Cette circulaire n'a jamais été abrogée mais elle n'a guère été appliquée jusqu'à ce que les femmes appartenant à l'actuel gouvernement décident de revendiquer pour leur compte la féminisation du titre de ministre. » etc. etc. Et il trouve la recette miracle pour accélérer les choses. Il crée… une commission, sous l’égide du ministère de la Langue, mais, prudent, il invite quand même les administrations à adopter les féminins courants sans attendre. Ce qu'elles s'empressent évidemment de ne pas faire.

    Un guide de la féminisation est finalement publié en 1999, portant le joli titre de Femme, j'écris ton nom... (disponible ici). Le rapport préconise bien présidente — on appréciera néanmoins la liste d’exemples : présidente d’association, d’une chambre régionale, de la chambre à la cour d’appel, du tribunal de grande instance…. Pas présidente de la République, tout de même !

    Bref, je vous épargne quelques épisodes et circulaires, mais grosso modo, on en est toujours là. Il est bien rare de voir la députée, la sénatrice ou la préfète (au grand dam de certaines, comme Dominique Voynet, qui explique son indignation dans notre livre, Les Politiques mis au Net). Je constate même que sur le site du ministère de la Défense, Michèle Alliot-Marie, dont je parlais il y a quelques jours, est nommée « Madame LE ministre de la Défense ». Alors, présidente de la République, pensez un peu !

    Sidérant (non, ça ne vient pas de sedere, mais de sidus, constellation : les astres étaient censés avoir parfois une influence funeste sur la destinée). En tout cas, nous serons sans doute sauvés d’un véritable dilemme. La présidente, dans l’ancienne école, c’était la femme du président : tante Yvonne, tatie Danielle, Bernie… Si Ségolène avait été à l’Élysée, comment aurait-il fallu appeler François ? (Hollande, ne confondons pas !) Le président ? Il aurait peut-être fallu créer une commission...

    Regardez quand même la télé ce soir. On ne sait jamais... Et puis, les premiers discours vont être intéressants à analyser ! Je vous donne rendez-vous chez Colombe Schneck, demain matin pour discussions et décryptages (10h30 à 11h France Inter, Emission J'ai mes sources).






    Pour réécouter l'émission

    • L'émission sera rediffusée sur le Web et en podcast (ici).


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    14 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci.
    P.S: Etat prend un majuscule.

    06 mai, 2007 11:18  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Exact ! Merci.

    06 mai, 2007 11:22  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Qu'importe le résultat, si l'élu(e) ne reste pas assis(e) à rien faire je pense que l'on en sera que plus satisfait

    06 mai, 2007 12:08  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Dans le cas d'Alliot-Marie, c'est un choix délibéré et sur lequel elle s'est déjà expliqué longuement au début de son ministère. Même remarque à propos de la secrétaire perpétuelle de l'Académie française qui se trouve plus digne en le secrétaire pertétuel, idem à la Comédie-Française où la doyenne ne voulait être que le doyen...

    06 mai, 2007 12:57  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Le français n'appartenant pas qu'aux Français, je voulais signaler que les Suisses, les Québécois, les Belges ont été plus rapide à féminiser les titres et fonctions.

    En Belgique, un décret (= une loi) oblige les administrations francophones à féminiser les titres et fonctions. Personne ne s'étonne plus du "Madame la présidente" qui accueille l'arrivée au Sénat de Mme Lizin, présidente de cette assemblée.

    Malgré les résistances du dictionnaire orthographique de MSWord et Firefox, les comptes rendus parlementaires font état des paroles des sénatrices et non des sénateurs (femmes?, etc.
    Voilà, à prendre en exemple.

    Pour les Belges, Madame la présidente de la République, s'imposerait légalement et dans l'usage sans problème, s'ils vivaient en république.

    06 mai, 2007 14:08  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Eh oui, en dépit des tentatives de législation le français de France reste bien conservateur (tout comme le Français de France ?) ... Par ici, en province, nous sommes "chef de département" ou même directeur (!), au collège elles sont "principal", à la ville elles sont "docteur" (Mme le chef de département, Mme le principal et Mme docteur, qui saluent l'avant-garde des autres pays francophones...)

    06 mai, 2007 17:16  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Si Ségolène Royal devient "président", M. Hollande se verra-t-il décerné le titre - honorifique - de "première dame de France" ?

    06 mai, 2007 17:52  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    dame donnerait aussi dom bien trop ecclésiastique! Un monarchiste proposerait consort, plutôt exact sémantiquement, mais bien chargé.

    07 mai, 2007 08:39  
    Blogger Blog des amateurs d'économétrie a écrit...

    Bonjour,
    cela a évidemment été dix et écrit de nombreuses fois (mais pas ici me semble-t-il). D'une part certaines titulaires d'un poste refusent farouchement la féminisation de sa dénomination (dévalorisante ?!), et par ailleurs, certains noms d'emplois, certes moins glorieux sont déjà féminins : une estafette, une ordonnance; faudrait-ils par souci d'équité les masculiniser ? Sans parler des majorettes ou des squelettes.

    08 mai, 2007 00:36  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je confirme que MAM a décidé de se faire appeler Mme LE ministre - même les projets de texte qu'elle fait préparer comportent "le ministre de la défense". En revanche, vous pourrez remarquer que ce masculin est transformé en féminin dans l'article d'exécution (le dernier d'un décret ou d'une loi).
    Je crois que l'élection de SR n'aurait pas posé de pb : comme vous dites, le féminin "présidente" est entré dans les moeurs depuis longtemps. D'autre part, la question de l'appellation du conjoint n'a plus aucune importance, dans une société où il est de plus en plus rare que le conjoint n'ait pas de fonction propre et qu'il n'existe socialement que par la fonction de son conjoint qui est président (général, ambassadeur...).
    Enfin, la féminisation de certains mots a du mal à s'imposer, car phoniquement imperceptible : procureur(e), professeur(e)...

    08 mai, 2007 08:54  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour,
    je n'ai pas pu écouter en entier le "J'ai mes sources" d'hier, quelqu'un aurait-il par hasard téléchargé le podcast?
    Merci d'avance ;-)
    Arthur

    08 mai, 2007 14:23  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    L'émission est disponible pendant huit jours ici:

    http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/jaimessources/index.php?id=55489

    08 mai, 2007 16:01  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour (et merci pour ce billet très intéressant, comme d’habitude, Jean),

    Comme JCDeroubaix parle de la « résistance » du dictionnaire orthographique de Word, je ne peux m’empêcher de rappeler que nous avions parlé il y a quelques mois de la reconnaissance des formes féminines comme sénatrice, présidente, auteure, professeure, gouverneure, etc. dans la version 2003 du correcteur orthographique de Word (et bien sûr dans la nouvelle version d’Office 2007). On l’avait évoqué lors d’un billet de Jean Véronis sur ce même correcteur et je me permets de redonner le lien du blog où j’en avais parlé : http://blogs.msdn.com/correcteurorthographiqueoffice/archive/2005/10/24/484025.aspx
    Cela fait donc deux ans que le correcteur reconnaît toutes les formes relatives à la féminisation des noms de métiers et de professions (y compris sénatrice, donc). :-)

    Thierry

    Thierry Fontenelle [MSFT]
    Microsoft Natural Language Group

    09 mai, 2007 02:20  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour,

    Un certain nombre de formes féminines pour les noms de professions sont fabriquées par ajout d'un "e" au bout d'un terme en "eur", comme "professeure" ou "auteure".
    Ce "e" semblant être la marque indispensable et irréfutable du féminin, il conviendrait donc de l'enlever, quand il s'agit d'un homme, et d'employer un terme masculinisé, par exemple "journalist", "notair" ou "ministr" !
    J'en dis un peu plus sur mon propre blog...

    Cordialement

    Giangi

    23 avril, 2008 18:45  

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    samedi, mai 05, 2007

    2007: Citations de presse (Mise à jour)

    BVA a publié son dernier sondage après l'écriture de mon billet précédent. Ce sondage donne 45% pour Royal et 55% pour Sarkozy, soit un écart de 10 points ! A ma connaissance, LH2 n'a pas publié de nouveau sondage. Celui qui apparaît ci-dessus, et qui est le plus favorable à Royal date du 30/04. On note donc un net creusement de l'écart dans les derniers jours (effet du débat ?).

    Or, le calcul ci-dessus sur la presse concerne la semaine entière. Voici donc les citations dans la presse sur les deux derniers jours (dont je rappelle qu'elles n'ont ni caractère prédictif, ni valeur de sondage d'opinion) :



    On constate que la presse va aussi dans le même sens ! Très intéressant.

    A comparer, donc, avec les derniers sondages (j'exclus LH2, qui date du 30/04) :



    [mis à jour avec le dernier sondage IPSOS]

    Libellés :


    19 Commentaires:

    Blogger Benoît a écrit...

    Pas mal, ça correspond encore ! Avec une étude sur le long terme et sur d'autres votes, on pourra arriver à la conclusion que la presse reflète bien la population, ou le contraire (ce qui me paraît moins plausible, mais c'est possible), et pourquoi pas même les deux à la fois...

    Sinon j'ai trouvé très intéressante l'analyse du débat de mercredi par le professeur Zayan (expression non verbale) : http://tf1.lci.fr/infos/elections-2007/lexpress/0,,3441240,00-mimiques-gestuelles-autre-duel-candidats-.html

    Ca rentre dans le schéma que vous aviez expliqué.

    05 mai, 2007 11:05  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour Jean,
    Sur le billet :
    C'est ludique et toujours très intéressant, mais intrésinquement a-scientifique comme démarche ! D'autant que les résultats du corpus presse sont fortement induits par la règlementation en vigueur en période électorale. Euh... Avez-vous remis la main sur le corpus Humanité ? Une petite extrapolation au moins ?
    Sur votre commentaire "stratégique" : Peut-être que si vous battiez le pavé pour rencontrer un peu plus de France et un peu moins de chiffres, de journalistes et d'étudiants (condition que je partage, vous vous en doutez), vous auriez votre réponse quant à la capacité "stratégique" de nos chers vieux français, dont mes collègues Momo, Smaïl, Rachid, Zohra, Fathallah (et moi et moi) craignons fort de ne plus (avoir envie de) faire partie.

    Cela étant, toutes mes félicitations comme toujours pour ces travaux et continuez-vous votre blog avec Louis-Jean Calvet ? Je ne le trouve plus.

    05 mai, 2007 11:37  
    Blogger all a écrit...

    Ce ne peut être que l'effet du débat. Quoi d'autre ?

    05 mai, 2007 11:52  
    Blogger Benoît a écrit...

    leila > http://calveronis.blogspot.com/

    05 mai, 2007 12:09  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    @benoît,
    merci !

    05 mai, 2007 14:12  
    Blogger Jean-Philippe a écrit...

    Il y a une petite mise a jour a faire , IPSOS a donné un sondage vendredi
    45 55 16

    du coup ca écarte un peu plus:
    BVA IPSOS IFOP TNS-Sofres CSA
    45 45 47 45.5 47 = 45.9
    55 55 53 54.5 53 = 54.1

    La corrélation devient un peu hasardeuse la.

    05 mai, 2007 15:45  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Merci pour le lien Benoît sur cette analyse non verbale, mais malheureusement il y a de nombreuses coupures :(

    Quelqu'un aurait un lien vers l'analyse complète ? Ou une autre ?

    J'aurais aimé lire un décryptage des deux candidats, j'ai trouvé que l'attitude non verbale des deux candidats a beaucoup changé en quelques jours et une analyse technique aurait été intéressante.

    Je n'en ai pas besoin pour décider de mon vote, les derniers jours ont suffit à nous montrer la vraie personnalité des deux candidats. Les masques étant tombés, je sais contre qui je voterai dimanche !

    J'espère que nous serons nombreux à le faire ;)

    05 mai, 2007 15:52  
    Blogger all a écrit...

    Option 1 :
    Sarko dominant Ségo avec un écart de plus de 10% signifie que les commentateurs qui ont diagnostiqué un match nul au débat se sont dramatiquement trompés (le reconnaîtront-ils ?
    Option 2
    En dessous de ce seuil chaque point gagné sera autant de points de vie donnés à Ségo pour assurer son avenir dans le jeu politique.

    05 mai, 2007 17:24  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Jean-Philippe> Merci, j'ai mis à jour. Il y a effectivement beaucoup plus d'écart chez les sondeurs que dans la presse... On verra dimanche soir qui a raison !

    05 mai, 2007 19:02  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    All> Comme je l'ai dit après le débat dans diverses interviews, je pense effectivement qu'ils ont chacun atteint leur but. Sarko a réussi a éviter un dérappage qui lui aurait été fatal, Ségo voulait sortir avec des images fortes qui resteront dans les annales. Car je maintiens qu'elle savait que c'était plié. Tous les sondages de 2e tour ont toujours donné Sarko gagnant depuis janvier (sauf un à égalité). On peut toujours rêver, mais elle n'est pas idiote. Sa seule chance de survie après le 6 mai est de partir la tête haute, comme celle qui a tenu tête à Sarkozy...

    05 mai, 2007 19:06  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Leila> les résultats du corpus presse sont fortement induits par la règlementation en vigueur en période électorale. -- La presse écrite n'est pas soumise aux règles du CSA.

    Avez-vous remis la main sur le corpus Humanité ? -- non, je n'ai pas eu le temps d'y travailler, mais l'Humanité était de très lin le plus éloigné du résultat du scrutin du 1er tour, et on voyait qu'il était déjà le plus éloigné des autres dans l'étude du 30/04.

    Blog avec Louis-Jean -- Louis-jan continue à y écrire, mais moi j'ai un peu cessé, parce que ça faisait doublon, et c'est dur de maintenir le fil de discussion des deux côtés...

    05 mai, 2007 19:11  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonsoir M. Véronis.
    Je suis tombé sur votre site "par hasard" dimanche dernier en tapant "ségo-sarko" dans Google, alors que le Grand Débat commençait à trainer en longueur et à m'ennuyer un peu... J'écris "par hasard", car à la lecture de vos pages, il n'a pas tout à fait sa place dans le monde googlelien ( Orwellien ? ).
    Comme tous vos commentateurs, je suis à la fois amusé, étonné et perplexe devant les résultats des statistiques d'occurence des noms des candidats dans la presse.
    Etant physicien de formation ( à mon humble niveau, certes, je suis enseignant en lycée et pas à l'Université ) cela m'amène à faire la comparaison suivante:
    les particules microscopiques individuelles ont un comportement probabiliste ( comme l'électeur français lambda ), mais associées en très grand nombre leur comportement devient statistique et permet d'établir des lois permettant de prédire leur comportement d'ensemble ( comme la répartition des votes de millions d'électeurs ).
    En poussant à fond ce parallèle, les comportements des masses humaines ( étudiés en socio-anthropologie, économie, histoire etc... )ne pourraient-ils pas être modélisés par des méthodes habituellemnt dévolues aux sciences de la matière et permettre ainsi, comme ces dernières, de saisissantes prédiction ?
    Enfin, bon, des prédictions tout court, les résultats de la prévision météo ayant appris à Mme Irma à toujours savoir faire preuve de modestie quand elle regarde dans sa boule...
    J'ai aussi essayé votre Nébuloscope en y tapant le mot "vérité" et le résultat est plutôt amusant...

    Bonne continuation et au plaisir de vous lire bientôt à nouveau ,

    Laurent Picot.

    05 mai, 2007 20:03  
    Blogger Benoît a écrit...

    laurent picot > C'est vrai que c'est réellement impressionnant de voir à quel point l'infiniment petit peut être si ressemblant avec l'infiniment grand (et ici, le "moyen"...) !

    Toujours est-il que j'attends avec impatience le résultat officiel du scrutin pour savoir qui de la presse ou des sondeurs était le plus proche du score réel...

    05 mai, 2007 21:48  
    Blogger Unknown a écrit...

    M. Picot vient de réinventer la psycho histoire.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychohistoire

    Félicitations.

    06 mai, 2007 02:36  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Jean. Oops presse. Je ne pensais à ce que j'écrivais, vous l'aurez remarqué. By way of, le mot résistance semble promis à un bel avenir dans vos futures études entre incantation blessée et récupération techniquement parfaite...

    06 mai, 2007 10:37  
    Blogger luxaeternam a écrit...

    M Veronis,

    serait-ce possible que la "pollution" du débat Royal-Bayrou puisse expliquer, ne serait-ce partiellement, la différence entre les sondages et la presse ?

    06 mai, 2007 13:43  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    preuve que l'axiome journaux > sondages est faux.

    et qu'il faut se mefier des coincidences ;-)

    dommage pour la publi !

    06 mai, 2007 19:29  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Blop> Ai-je jamias posé un tel axiome ?

    06 mai, 2007 19:42  
    Blogger TeaMasters a écrit...

    Si l'on estime, à juste titre à mon avis, que l'homme a un libre arbitre qui n'est pas déterminé par ses gênes, alors on devra aussi convenir qu'il ne saurait y avoir une relation de cause à effet entre le nombre de citations des candidats dans la presse diversifiée d'un pays libéral et le vote des citoyens.

    Un bon contre-exemple vient d'ailleurs de l'extreme gauche. Malgré un journal acquis au PC de Mme Buffet et un nombre de citations de cette candidate anormalement élevé, c'est Besancenot qui s'est imposé dans ce courant politique. Un langage plus clair, une personalité jeune et plus sympa auront plus intéressés les journalistes des autres organes de presse et les Français en général.

    Le 'Non' au traité constitutionnel est un autre exemple qui montre que les Français ne font pas ce que les médias recommandent. Du coup, vos calculs montreraient que cette fois-ci, la presse a fait un assez bon boulot pour parler des candidats qui ont le plus intéressés les Français.

    Chapeau bas pour votre blog. Associer le langage aux mathématiques et à Internet nous ouvrent de nouvelles façons d'analyser le monde (des mots). Merci de nous livrer ces outils.
    Vos étudiants ont vraiment de la chance de vous avoir comme prof. Qu'ils en profitent, car je vous vois bien accepter un poste à Stanford (grassement payé par Google ou Yahoo) pour vous donner les moyens de développer vos recherches dans ce domaine!

    07 mai, 2007 17:27  

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    vendredi, mai 04, 2007

    2007: Citations de presse

    Voici où en est la presse pour la semaine qui vient de s'achever... Pour une raison inconnue, L'Humanité ne s'est pas archivée correctement. Il va falloir que j'examine ça à tête reposée.



    Les derniers sondages, au moment où je publie ce billet sont les suivants (les sondages de LH2 et BVA datent du 30/04) :



    Important : voir mise à jour ci-dessous (05/05)


    Si l'on prend le meilleur «indicateur» du premier tour (voir ici), à savoir la moyenne du Parisien, des Echos et du Monde, on voit qu'elle est assez proche de BVA, qui avait été le meilleur sondeur du premier tour. En tout cas, il y a belle unanimité sur l'ordre Sarkozy > Royal...

    A suivre !


    Mise à jour (05/05)

    BVA a publié son dernier sondage après l'écriture de ce billet. Voir la mise à jour ici.

    Libellés :


    20 Commentaires:

    Anonymous Anonyme a écrit...

    Peut-être peut-on croire que les chiffres parfoit se moque de nous. Peut-être une surprise est-elle encore possible et peut-être que notre défiance des sondages sera de nouveau prouvée.
    Bref, rêvons d'un autre monde, plus féminin, et faisons perdre leur crédibilité aux sondages !

    04 mai, 2007 19:08  
    Blogger PatatoOor a écrit...

    Les sondages sont ce qu'ils sont : l'opinion d'environ 1000 personnes à un moment donné.
    Un sondage en lui même n'a quasiment aucune valeur, ce qui peut etre intérressant c'est de voir l'évolutions de ces sondages sur la durée et de comparer les differents sondeurs entre eux.
    Et là on retrouve des tendances relativement crédibles.

    04 mai, 2007 19:22  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Esperons.
    Moi les sondages ca me fait peur. Qu'on le veuille ou non ca doit bien influencer les gens un petit peu. On se dit qu'on fait le bon choix et on n'y pense plus trop. Deja le soir du premier tour on nous en avait préparé. Meme sur les prétendants ca doit avoir de l'influence, et ca se voit sur les divers changement qu'ils operent durant l'élection à leurs discours. Je suis pas un spécialiste et j'aime encore à croire que les gens ont en eux de quoi les rendre indépendant de tout cela.

    04 mai, 2007 19:29  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je ne crois pas que les sondages influencent tant que ça les gens, mais je ne crois pas non plus qu'ils se trompent.

    Bref, je déprime...

    04 mai, 2007 19:59  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    J'espère que votre estimation sera juste et se transformera en prédiction, au nez et à la barbe de tous les astrologues et sondeurs de France. Linguiste, c'est bien, mais prophète, c'est quand même plus classe ! A moins que vous ne soyez l'initiateur de la psychohistoire ? :)

    04 mai, 2007 20:11  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je suis un fan de ce blog depuis que je l'ai découvert, il y a moins d'une semaine et je le conseille à tout le monde. Un grand merci pour tous ces éléments de réflexion que vous mettez à notre disposition
    -Manifestement je ne vote pas comme la majorité de ses lecteurs (et p-ê de son concepteur), mais ça n'a aucune importance, car je ne viens pas y chercher de consignes de vote !
    Et puis j'étais tout fier l'autre matin d'avoir développé, peu après le débat, avec des amis l'idée que la colère de Royal était préméditée et que le sujet choisi importait peu (d'autant moins que le fond du sujet ayant entraîné cette colère - je me suis cru regardant une adaptation de Cinémastock, la BD de Gotlib et Alexis, où Mme de Réan est toujours très colère... - ne devait pas être compris par plus de 0,1% des téléspectateurs), qd je me suis rendu compte, en vous écoutant le lendemain, que vous développiez la même analyse.

    Sur les sondages, ma foi, ils sont tjrs instructifs et ce blog montre qu'ils s'étaient assez peu trompés il y a deux semaines, certes plus que la collectivité des journalistes (mais qui sont infiniment plus nombreux que les sondeurs, comme vous le dites et c'est ce qui explique qu'ils se "trompent" moins, si je vous ai bien compris) mais plus encore que leur caractère prédictif, ce sont les études qui donnent des clefs pour comprendre qui sont le plus utiles et que nous devrions lire attentivement, plutôt que les enquêtes sur les intentions de vote.

    Ainsi, de BVA (http://www.bva.fr/sondages.php?id=560), cette étude sur le fait que 60 % des électeurs de Sarko voteront POUR lui, alors que 56 % des électeurs de Royal voteront CONTRE lui : bref, on ne gagne pas une élection en jouant sur le rejet d'un candidat (sauf 2002, mais c'est un cas particulier), mais en arrivant à faire venir à soi 50% des électeurs (+1...), ce que Ségolène R n'est pas arrivée à faire.

    04 mai, 2007 20:31  
    Blogger Balmeyer a écrit...

    Jean Véronis, j'ai une question : comptez-vous faire un "papier" dans une revue ou autre pour prolonger ces analyes très pertinentes ?

    04 mai, 2007 20:52  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    déprimant :-(

    04 mai, 2007 21:34  
    Blogger PatatoOor a écrit...

    Moi ce que je trouve assez révélateur c'est de voir qu'un journal comme Libération qui est ouvertement pour Ségolène Royal parle à 66.7% de Sarkozy !
    Ce qui pour moi siginifie qu'ils passent plus de temps à critiquer le candidat de droite qu'à expliquer ou défendre celui de la candidate du parti socialiste...
    Et c'est la même chose pour l'humanité et Marianne...
    Déontologie du journalisme et journalisme de gauche ça n'a pas l'air d'etre très compatible !
    Les journaux dits de droite sont bien plus équilibrés ou à peine en faveur du candidat qu'ils défendent à priori.
    Mais il semblerait que cette tatctique n'ait pas vraiment fonctionné...
    On verra bien dimanche !

    04 mai, 2007 22:45  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Elveinto> Les sondages sont ce qu'ils sont : l'opinion d'environ 1000 personnes à un moment donné. -- Hélas, même pas. Cette interrogation de l'opinion n'est qu'un paravent pseudo-scientifique... Ensuite, s'appliquent les "méthodes de redessement" des instituts, totalement opaques, et in fine une correction manuelle en fonction de l'"intuition politique" des sondeurs... Tout ça sous contrôle d'Etat (le CSA). Orwell, au secours...

    Un sondage en lui même n'a quasiment aucune valeur, ce qui peut etre intéressant c'est de voir l'évolution de ces sondages sur la durée et de comparer les differents sondeurs entre eux.
    Et là on retrouve des tendances relativement crédibles.
    -- dans ce cas précis, tous les sondages, sauf un (qui donne Royal et Sarkozy à égalité) donnent Royal perdante au second tour... Pourquoi les gens n'ont-ils pas voté de façon plus stratégique au 1er tour? Mystère. Il ne faudra pas pleurer lundi matin...

    04 mai, 2007 23:07  
    Blogger PatatoOor a écrit...

    Peut etre que ces corrections au vu des precedents sondages et des resultats qui ont ensuite suivi dans les urnes au fil des années deviennent nécessaire et efficaces ? On le voit à priori pour le fameux vote LePen souvent corrigé à la hausse.
    D'où l'interêt aussi de regarder les sondages des differents instituts sur de longues périodes pour avoir je pense une information relativement fiable.
    Par contre (peut-etre est-ce l'heure tardive) pourriez vous préciser pour le vote stratégique du 1er tour ?

    05 mai, 2007 00:40  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonsoir,
    C'est vraiment dommage que l'Humanité ne soit pas inclus dans le panel de cette semaine, d'après vous quel était le poids de l'Humanité dans le panel de la première experience, est-ce qu'ils citaient uniformément les deux candidats, est ce que cela réduit l'écart entre les deux nombres ?

    Bonne soirée,


    Djamé

    05 mai, 2007 01:06  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Pourquoi les gens n'ont-ils pas voté de façon plus stratégique au 1er tour?

    Peut-être parce que les gens ont des convictions, qui ne sont pas négociables même au nom de la stratégie ? ;)

    (J'étais initialement tenté de m'arrêter là mais je ne peux m'empêcher de poursuivre damned)
    Pour ma part, l'européisme béat de Bayrou en était un : j'entend par là des votes en presque aveugle au parlement européen sans la moindre critique sur la route vers laquelle nous emmène le dogme qui la régit, des votes en aveugle des élus UDF en faveur de dérégulations que nous subissons et subirons.
    Et puis, l'union nationale, ce n'était qu'officialiser l'état de fait depuis 1983 : que par les impératifs européens font la politique économique est sensiblement la même quelque soit le gouvernement.
    En somme à part l'homme, sympathique et cultivé, et la stratégie, il est des électeurs pour le vote Royal, aussi insatisfaisant soit-il, aussi vote par défaut et pis aller soit-il, Bayrou aurait été s'éloigner plus encore de leur conviction alors que le vote Royal signifiait déjà un bel effort : voter pour les quelques accents républicains, chevènementistes (dans la vision de la nation, de la relance industrielle et du social) en sachant le risque de se voir énormément déçu par une politique finalement fort sociale-libérale.

    05 mai, 2007 01:51  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Il est toujours assez déprimant (et un peu démotivant) de savoir qu'on peut prédire, par des sondages ou par la presse, ce que nous allons faire collectivement de nos libertés individuelles.

    Mais il me vient une idée encore plus déprimante...

    et si la corrélation entre le nombre de citations et le pourcentage de voix était non pas une prédiction mais une relation de cause à effet... ?

    plus on en parle (en bien ou en mal) et plus on votera pour lui...

    05 mai, 2007 07:17  
    Blogger bεRtuj a écrit...

    Pareil, je déprime à cette lecture.

    05 mai, 2007 08:48  
    Blogger Jean-Philippe a écrit...

    Aujourd'hui (Vendredi) BVA annonce Royal 45 Sarkozy 55 indécis 12

    Royal a 48 c'est pas souvent que c'est arrivé dans les sondages.
    BVA le 30/04
    CSA le 25/04
    sur les 13 derniers sondeurs (en incluant l'opportun Opinionway)
    La liste:
    http://blogandbug.blogspot.com/2007/05/parc-asterix-sondages-elections-2007.html

    05 mai, 2007 09:14  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    sur 20minutes tôt ce matin un sondage "maison" donnait 50.7 pour Royal et 49.3 pour Sarkozy sur la base de quelque mille réponses de lecteurs.

    Mais ce sondage a été retiré vers 8h ce matin!!

    05 mai, 2007 10:08  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour,
    Je viens de voir un article sur zdnet qui m'a frappe.

    http://www.zdnet.fr/actualites/internet/0,39020774,39369209,00.htm

    Il s'agit des requetes sur les moteurs de recherches concernant les candidats:

    "Avant le premier tour, Nicolas Sarkozy était le plus gros pourvoyeur d'audience, selon les mêmes mesures, avec 37% des visites, contre 22% pour Ségolène Royal, 18% pour François Bayrou et 12% pour Jean-Marie Le Pen."

    C'est moins precis que les citations de presses, mais il y a comme une correlation, non?

    plus bas, on trouve meme:

    "Si le gros des requêtes est sans surprise réalisé en tapant leur nom, soit 31,6% pour le leader de l'UMP et 26,3% pour son adversaire, les internautes ne sont pas intéressés par les mêmes sujets selon le candidat."

    Je n'ai pas tres bien compris la difference entre les 2 methodes de mesures, mais ce coup-ci, la prediction est vraiment tres bonne.

    Voila, si ca peut vous inspirer pour d'autres recherches sur les liens medias/opinion publique. Pour ma part je trouve ca passionant :-)

    05 mai, 2007 10:50  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Bonjour,

    peut-etre une bonne nouvelle pour les lecteurs déprimés (en tout cas surprenant):

    http://googlefight.com/index.php?lang=en_GB&word1=%22segolene+royal%22&word2=%22nicolas+sarkozy%22

    05 mai, 2007 11:52  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Ayrin> Je vois que nous partageons les mêmes lectures ;-)

    05 mai, 2007 20:52  

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    2007: Toujours prête

    D'une grande constance, MAM... Nous l'avions surnommée gentiment la «guidouille» dans Combat Pour l'Elysée, parce qu'elle se dit toujours prête aux plus hautes fonctions — mais on ne fait jamais appel à elle. Elle se rappelle gentiment aujourd'hui au bon souvenir de son ancien ennemi et possible futur patron (vendant quand même un peu la peau de l'ourse avant de l'avoir tuée) :
    PARIS (AP) - La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie a déclaré vendredi s'être "préparée" à la fonction de Premier ministre en cas de victoire de Nicolas Sarkozy. [...] "Il est évident que j'ai une carrière qui m'y prépare et je m'y suis aussi préparée", a souligné Michèle Alliot-Marie. "Cela me paraît être la moindre des choses, quand on est responsable politique, à un certain niveau, que d'être prêt à assumer toute responsabilité, y compris celle de Matignon".



    L'expression avait inspiré Plantu (et d'autres...)

    Moi, je l'aime bien. Faute d'une présidente, ce ne serait pas mal d'avoir une Première ministre. La précédente (la première Première ministre...) avait eu des soucis. Mais je n'y crois guère : comme on le raconte dans le livre, elle est, elle aussi, largement victime du machisme dans son propre camp (qui n'est guère un camp de scouts)...

    Libellés :


    15 Commentaires:

    Blogger Sophia a écrit...

    Oui mais je n'ai pas aimé sa remarque sur Ségolène: ''elle change d'opinion comme elle change de jupe''. Ce n'était pas digne d'une femme.

    04 mai, 2007 15:08  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Vrai. Louis-Jean s'était demandé si le féminin de "macho" pouvait être "macha"...

    04 mai, 2007 15:13  
    Blogger Sophia a écrit...

    Macha. Cela fait doux. En tout cas c'est le nom d'un délicieux thé japonais. Thé de cérémonie bu dans les temples fait avec une poudre de couleur vert/or.
    Il faudrait trouver un nom moins beau .

    04 mai, 2007 17:10  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Elle est prête à assumer la charge de 1er ministre, mais est-elle prête à faire face à la curée qui suivra son éventuel mandat? Une femme était 1er ministre, on a vu le résultat. Une femme est candidate, et les moqueries et les insultes commencent déjà à circuler. Lundi, ce sera un déchaînement.
    La victoire de Nicolas Sarkozy est aussi celle, symbolique, de l'homme sur la femme. Le débat aura à cet égard été un révélateur. L'agressivité très mâle de Royal, dans une inversion des rôles stupéfiantes, lui aura été fatale. Et une belle image pas si anecdotique de cette victoire aura été une Arlette Chabot écrasée par PPDA pendant le débat...

    Décidément, il y a encore du chemin à faire pour que le pouvoir puisse aussi se conjuguer au féminin.

    04 mai, 2007 17:51  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Une femme est candidate, et les moqueries et les insultes commencent déjà à circuler -- Hélas. Cresson a été explosée en vol quasi instantanément. Les "jupettes" aussi. Pourtant chez les hommes (je ne citerai personne...) il y a de drôles d'incompétents qui traînent de portefeuille en portefeuille.

    Décidément, il y a encore du chemin à faire -- Révoltez-vous, Mesdames ! (ah oui, mais il est vrai que le nouveau président n'aime pas Mai 68, donc la libération des femmes, je suppose...)

    Rendez-vous en mai 2008 ! J'ai en ce qui me concerne toujours la même révolte.

    04 mai, 2007 18:05  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    "Révoltez-vous , Mesdames!"

    Bof. J'ai sincèrement cru qu'une autre manière de penser le politique, de dire le politique, de faire du politique, était devenue possible. Il n'en est rien, et ce ne sera pas pour demain.

    04 mai, 2007 18:17  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Je l'aime bien aussi. Elle s'exprime fort clairement en bon français, sans pathos irritant - ce n'est pas toujours le cas de certains hommes(et femme) politiques. Elle est toujours élégante, ce qui est agréable pour les messieurs, et pour les dames comme mon épouse qui ne sont pas mesquinement envieuses.

    Sur un plan plus général : les femmes sont rarement lâches, les hommes assez souvent. Mais peut-être sont-elles par nature trop "bêtes" pour voir le danger ou pour penser à exiger les indispensables moyens sans lesquels on ne peut bien entendu rien faire.

    PS : je n'ai pas réussi à remettre la main sur mon exemplaire du Dictionnaire des Idées Reçues, mais je suis sûr qu'à MOYENS, on
    trouve : "manquent toujours".

    04 mai, 2007 18:42  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Macha est le diminutif russe (enfin, l'un des...) de Maria, Marie - il se prononce avec l'accent tonique sur le premier "a" et avec "ch" prononcé avec la mâchoire inférieure rentrée vers l'arrière, ce qui donne un son très doux. Mais ça n'a rien à voir avec le sujet, juste pour dire que Macha ne convient pas du tout à MAM - même si son nom de famille pourrait être "diminutivé" en Macha...
    Pour le reste, je crois que la première femme à avoir été chef du gouvernement a tout de suite permis que soit respecté l'adage qui veut que l'égalité est établie entre différents groupes non pas seulement lorsque les meilleurs du groupe minoritaire ou opprimé sont promus, mais surtout lorsque des branques atteignent enfin les meilleurs postes...
    N'oublions pas que Edith Cresson a donné elle même des verges pour se faire fouetter - et que Juppé ("le meilleur d'entre nous" selon le bientôt ex président) n'a pas mis bcp de mois avant d'être totalement cramé. Certes, il est resté, mais uniquement parce que Chirac ne sait pas juger les hommes et encore il n'a pas tenu bcp plus de 18 mois après les manifestations de l'hiver 1995, et encore, il aurait dû lui rester une année, pendant laquelle il n'aurait rien pu faire. D'une certaine façon, Villepin a eu raison de poussser à la dissolution, ça a évité ce calvaire supplémentaire à Juppé.
    Pour le reste, et pour l'avoir vue travailler en petit comité (je suis "haut fonctionnaire" comme on dit), je ne suis pas persuadé qu'elle n'ait pas déjà atteint son seuil d'incompétence. Certes, c'était le cas de Villepin, mais est-ce bien nécessaire de commencer un nouveau quinquennat sur la même lancée ? et avec les mêmes ?

    04 mai, 2007 20:03  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Sophia a écrit :
    je n'ai pas aimé sa remarque sur Ségolène: ''elle change d'opinion comme elle change de jupe''. Ce n'était pas digne d'une femme.

    Est-ce que cela aurait été pour autant digne d'un homme ? ;-)

    Sictransit > C'est une citation de Françoise Giroud :

    "La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente."
    (Extrait du journal Le Monde - 11 Mars 1983)

    05 mai, 2007 02:14  
    Blogger Sophia a écrit...

    Thierry,
    Est-ce que cela aurait été pour autant digne d'un homme ? ;-)

    Bien sûr que non. Je voulias dire par là qu'en tant que femme elle doit être plus sensibilisée que les hommes à ce genre de machisme puisque elle doit en être victime elle-même.
    Rassurez-vous cher Thierry, ce n'esy pas un mauvais jugement sur les hommes.

    05 mai, 2007 09:32  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Thierry : merci pour la citation de F. Giroud, mais j'ai souvenir d'avoir lu une citation d'une réponse faite à un ministre de la monarchie de juillet (pardon pour l'absence de précision) qui disait sensiblement la même chose sur l'accession des Juifs aux fonctions les plus élevés. De ce point de vue, on peut dire que depuis le président Jules Moch, les Juifs ont pris, en France, une certaine avance sur les femmes ! On aimerait toutefois être sûr qu'ils ne l'ont pas perdue depuis...

    05 mai, 2007 11:30  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    Si "macha" est trop joli pour désigner MAM, que diriez-vous de "machette" ?
    ;-)

    05 mai, 2007 21:48  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Tranchant !

    06 mai, 2007 09:08  
    Blogger Jean Véronis a écrit...

    Thierry> Merci de nous rappeler cette excellente citation !

    06 mai, 2007 09:15  
    Anonymous Anonyme a écrit...

    MAM est irrita(ble)/tante, rêche et à vrai dire on préfèrerait presque un homme..quant à sa compétence, je pense qu'elle l'a, tout comme ségolène royal l'avait je suppose...


    le coup des jupettes, n'est que du machisme, etje pense lui portera tort par la suite...
    de toute façon maintenant..

    07 mai, 2007 10:05  

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