Et voilà, c'est fait.
Les estimations sont à 22 heures de 52,7 % pour Sarkozy, 47,3 % pour Royal. Pas si loin de
ce qu'avait «prédit» la presse (les guillemets sont importants !) : 52,3 % - 47,7 %... A analyser calmement !
Ci-dessous les premières déclarations des deux candidats. On en parlera chez Colombe Schneck, demain matin (10h30 à 11h
France Inter, Emission
J'ai mes sources).
Et je viens d'enregistrer une réaction à chaud pour
Cathy Nivez (qui passera ça sur
Europe 1 à 6 h 45). En gros, je lui ai dit que ce qui me frappe tout d'abord chez Nicolas Sarkozy, le retour de la
rupture qui avait disparu depuis longtemps (
les Français ont choisi de rompre). Je note également qu'alors que son discours avait fluctué de gauche à droite au long de la campagne, on a ici un positionnement clair :
Je veux réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux remettre à l'honneur la nation et l'identité nationale. Voilà : la droite est «décomplexée».
Le discours de Ségolène Royal est évidemment beaucoup plus court, mais je note la phrase suivante : «
quelque chose s’est levé qui ne s’arrêtera pas». On dirait du Bayrou. «
La nouvelle politique est en train de naître, cette espérance est grande et juste, et personne, vraiment personne ne l’arrêtera», disait-il au soir du premier tour. Et Ségo ajoute : «
Vous pouvez compter sur moi pour approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles.» On ne peut être plus clair. Elle confirme la position qu'elle a commencé à afficher au soir du premier tour. Un peu tard. En 1988, Mitterrand avait été plus malin.
Le discours de Nicolas SarkozyMes chers compatriotes,
En m'adressant à vous ce soir, dans ce moment qui est, chacun le comprend, exceptionnel dans la vie d'un homme, je ressens une immense émotion.
J'éprouve depuis mon plus jeune âge la fierté indicible d'appartenir à une grande, vieille et belle nation, la France. Je l'aime comme on aime les êtres chers qui nous ont tout donné. Maintenant c'est à mon tour de tout lui donner.
Ce soir ma pensée va aux millions de Français qui aujourd'hui m'ont témoigné leur confiance. Je veux leur dire qu'ils m'ont fait le plus grand honneur qui soit à mes yeux en me jugeant. digne de présider aux destinées de la France.
Ma pensée va à tous ceux qui m'ont accompagné dans cette campagne. Je veux leur dire ma gratitude et mon affection.
Ma pensée va à Madame Royal. Je veux lui dire que j'ai du respect pour elle et pour ses idées dans lesquelles tant de Français se sont reconnus.
Ma pensée va à tous les Français qui n'ont pas voté pour moi. Je veux leur dire que par-delà le combat politique, par-delà les divergences d'opinions, il n'y a pour moi qu'une seule France.
Je veux leur dire que je serai le Président de tous les Français, que je parlerai pour chacun d'entre eux. Je veux leur dire que ce soir, ce n'est pas la victoire d'une France contre une autre. Il n'y a pour moi ce soir qu'une seule victoire, celle de la démocratie, celle des valeurs qui nous unissent, celle de l'idéal qui nous rassemble. Ma priorité sera de tout mettre en œuvre pour que les Français aient toujours envie de se parler, de se comprendre, de travailler ensemble.
Le peuple français s'est exprimé. Il a choisi de rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du passé.
Je veux réhabiliter le travail, l'autorité, la morale, le respect, le mérite. Je veux remettre à l'honneur la nation et l'identité nationale. Je veux rendre aux Français la fierté d'être Français. Je veux en finir avec la repentance qui est une forme de haine de soi, et la concurrence des mémoires qui nourrit la haine des autres.
Le peuple français a choisi le changement. Ce changement je le mettrai en ¦uvre parce que c'est le mandat que j'ai reçu du peuple et parce que la France en a besoin. Mais je le ferai avec tous les Français. Je le ferai dans un esprit d'union et de fraternité. Je le ferai sans que personne n'ait le sentiment d'être exclu, d'être laissé pour compte. Je le ferai avec la volonté que chacun puisse trouver sa place dans notre République, que chacun s'y sente reconnu et respecté dans sa dignité de citoyen et dans sa dignité d'homme. Tous ceux que la vie a brisés, ceux que la vie a usés doivent savoir qu'ils ne seront pas abandonnés, qu'ils seront aidés, qu'ils seront secourus. Ceux qui ont le sentiment que quoi qu'ils fassent ils ne pourront pas s'en sortir doivent être sûrs qu'ils ne seront pas laissés de côté et qu'ils auront les mêmes chances que les autres.
J'appelle tous les Français par-delà leurs partis, leurs croyances, leurs origines, à s'unir à moi pour que la France se remette en mouvement.
J'appelle chacun à ne pas se laisser enfermer dans l'intolérance et dans le sectarisme, mais à s'ouvrir aux autres, à ceux qui ont des idées différentes, à ceux qui ont d'autres convictions.
Je veux lancer un appel à nos partenaires européens, auxquels notre destin est lié, pour leur dire que toute ma vie j'ai été européen, que je crois en la construction européenne et que ce soir la France est de retour en Europe. Mais je les conjure d'entendre la voix des peuples qui veulent être protégés. Je les conjure de ne pas rester sourds à la colère des peuples qui perçoivent l'Union Européenne non comme une protection mais comme le cheval de Troie de toutes les menaces que portent en elles les transformations du monde.
Je veux lancer un appel à nos amis Américains pour leur dire qu'ils peuvent compter sur notre amitié qui s'est forgée dans les tragédies de l'Histoire que nous avons affrontées ensemble. Je veux leur dire que la France sera toujours à leurs côtés quand ils auront besoin d'elle. Mais je veux leur dire aussi que l'amitié c'est accepter que ses amis puissent penser différemment, et qu'une grande nation comme les Etats-Unis a le devoir de ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique, mais au contraire d'en prendre la tête parce que ce qui est en jeu c'est le sort de l'humanité tout entière.
Je veux lancer un appel à tous les peuples de la Méditerranée pour leur dire que c'est en Méditerranée que tout se joue, et que nous devons surmonter toutes les haines pour laisser la place à un grand rêve de paix et de civilisation. Je veux leur dire que le temps est venu de bâtir ensemble une Union Méditerranéenne qui sera un trait d'union entre l'Europe et l'Afrique.
Je veux lancer à tous les Africains un appel fraternel pour leur dire que nous voulons les aider à vaincre la maladie, la famine et la pauvreté et à vivre en paix. Je veux leur dire que nous déciderons ensemble d'une politique d'immigration maîtrisée et d'une politique de développement ambitieuse.
Je veux lancer un appel à tous ceux qui dans le monde croient aux valeurs de tolérance, de liberté, de démocratie et d'humanisme, à tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures, à tous les enfants et à toutes les femmes martyrisés dans le monde pour leur dire que la France sera à leurs côtés, qu'ils peuvent compter sur elle.
Mes chers compatriotes, nous allons écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire. Je suis sûr qu'elle sera grande et belle, et du fond du cœur ce soir je vous dis :
Vive la République !
Vive la France !
Le discours de Ségolène RoyalLe suffrage universel a parlé. Je souhaite au prochain président de la République d’accomplir sa mission au service de tous les Français.
Je remercie du fond du coeur les 13 à 17 millions d’électeurs, de citoyens, de citoyennes, qui m’ont accordé leur confiance. Je mesure leur déception et leur peine.
Mais je leur dis que quelque chose s’est levé qui ne s’arrêtera pas. J’ai donné toutes mes forces et je continue avec vous et près de vous.
Je remercie tous les militants qui ont porté ce grand moment démocratique. Bien sûr les militants socialistes mais aussi tous les autres militants de la gauche et de l’écologie, ceux de Désirs d’avenir, et au-delà toutes celles et ceux qui se sont unis dans le mouvement.
Gardons intactes l’énergie et la joie de l’immense rassemblement populaire vibrant de ferveur qui m’ont accompagnée tout au long de cette campagne, ici et dans les outre-mers.
J’ai engagé un renouvellement profond de la vie politique, de ses méthodes et de la gauche. La forte participation traduit un renouveau de notre démocratie, et notamment pour les jeunes, partout dans le pays et en particulier dans les quartiers, qui se sont massivement inscrits pour voter. Bravo à tous ces jeunes pour cet engagement civique qui rappelle à la République le devoir de respect et d’égalité qu’elle a envers eux.
Ce que nous avons commencé ensemble nous allons le continuer ensemble. Vous pouvez compter sur moi pour
approfondir la rénovation de la gauche et la recherche de nouvelles convergences au-delà de ses frontières actuelles. C’est la condition de nos victoires futures.
Je serai au rendez vous de ce travail indispensable et j’assumerai la responsabilité qui m’incombe désormais. Mon engagement et ma vigilance seront sans faille au service de l’idéal qui nous a rassemblé et nous rassemble et qui va, j’en suis sûre, nous rassembler demain pour d’autres victoires.
Libellés : Politique
24 Commentaires:
Une limite aussi, c'est qu'après une si longue campagne commune des deux hommes, Sarko ait fini par aimer les anaphores, pour en remettre dans des discours à lui
Oui, un mimétisme est tout à fait possible !
PS: et un mimétisme des candidats entre eux est aussi tout à fait possible. J'ai été frappé de constater que Bayrou, qui était assez sobre en la matière au début de sa campagne, s'est mis à faire de l'anaphore en fin de campagne, particulièrement dans son discours au Zénith...
Analyse magistrale !
Bientôt Jean Veronis dans "Les experts", où comment la police scientifique pourra déterminer le commanditaire du meurtre en analysant le nombre d'anaphores qu'utilise le suspect...
Question HS : à quand une analyse du mot "logiciel" ? mot employé à tout va en ce moment.
Maxime> Les analyses de ce type sont déjà utilisées par "certains services"...
Oui, j'ai repéré ce mot "logiciel" et j'ai essayé de le "tracer", mais ce n'est pas si facile. Pour l'instant je vois surtout son utilisation dans un contexte socialiste: changer le logiciel socialiste, actualiser le logiciel socialiste, etc. Ma conclusion temporaire est que c'est Ségo herself qui a relancé l'expression ces derniers temps. Elle est dans livre "Maintenant": Elle propose "trops révolutions de front : une femme à la tête de la République (...), une actualisation du logiciel socialiste et une transformation radicale de la manière de faire de la politique".
Mais l'expression est plus ancienne. En 2002, les socialistes en parlaient déjà (Fabius, Vals, DSK). Et en 1999 (!) JP Chevènement voulait "incarner le logiciel républicain".
En tout cas, toutes les sources que je trouve tournent autour du logiciel socialiste — qui me semble un peu buggé si vous voulez mon avis...
un troisième contre exemple : Le premier meeting de Nicolas Sarkozy après sa désignation du 14 janvier est celui du 2 février à Maison Alfort. J'y étais. J'avais remarqué cette forme de figure rhétoricienne sans savoir comment on l'appelle.
Tu indiques que les discours en rouge, donc chargés en Anaphore, sont ceux de Henri Guaino et donc de politique générale. Cependant, le discours de 8 pages de Maison Alfort est 100% centré sur l'éducation, l'école, la formation. Or, son taux d'anaphore est sans conteste haut (tu l'indiques par ton algo, je me permets de le confirmer par ma lecture :
court extrait :
[...]
Nous savons tous qu’elle [...].
Nous savons tous qu’elle [...].
Nous savons tous qu’elle [...].
Cette unité elle [...].
[...]
Elle est menacée par [...].
Elle est menacée par [...].
Elle est menacée par [...].
Elle est menacée par [...].
Elle est menacée par [...].
Derrière il y a le problème de l’éducation. Il y a le problème de la culture. Il y a le problème de l’école.
[...]
)
Tu trouveras ce discours ici (pdf) (comme dans ta base j'imagine)
Vicnent> Au oui, merci de signaler ça. En fait, la division thématique/non thématique n'est sans doute pas la bonne. Il y a des thèmes comme l'éducation sur lesquels Guaino est à l'aise. Car ce discours de Maisons-Alfort, c'est du 100% Guaino. A part l'anaphore omnipresénte, on y trouve toutes les références habituelles au personnage: le gaullisme, le communisme, la résistance, l'histoire et tutti quanti !
Brillante démonstration. A quand la base de données permettant d'identifier la plume d'un discours donné pour chaque homme politique important ?
Gromovar> Ah... c'est un beau rêve. Le pb n° 1 est déjà d'engranger tous les discours, et c'est du boulot !
> En tout cas, toutes les sources que je trouve tournent autour du logiciel socialiste — qui me semble un peu buggé si vous voulez mon avis...
J'avais aussi souvenir d'un utilisation par Michel Onfray à propos de Lutte Ouvrière. De fait : "Je me vois mal donner ma voix à la candidate de Lutte ouvrière, restée bloquée sur un logiciel des années 1920."
(http://contreinfo.info/article.php3?id_article=340)
Il est remarquable que l'expression ressorte chez Onfray au moment où, justement, il se met à prôner le "vote utile" : y a-t-il un lien ?
Guaino, président ! (ou : Rendons à César...)
@Gromovar : allons plus loin...
Le Logiciel (DontBeEvil) :
- "Bonjour, veuillez rentrer votre ADN-Code"
[griiiziiziiizz]
- "À quelle élection êtes vous candidat ?"
J'en sais rien, moi...
- "Toutes !"
[griiiziiziiizz]
DontBeEvil :
- "Vous êtes Mr Robert Maxwell. DontBeEvil vous propose, dans le cadre de la présidentielle de 2012 un discours de 11 pages pour 5412 € HT, pour les élections générales, un discours de 2 pages pour 2111 € HT, pour les municipales de 2008, un discours de 4 pages pour 4651 € HT : veuillez sélectionner votre choix. Le paiement sera prélevé automatiquement. DontBeEvil vous remercie et vous signale que votre risque de cancer du colon est actuellement à 13%, vous devriez consulter. Au revoir."
Bonjour,
entendu ce matin sur France inter : Nicolas Hulot parler du "logiciel écologiste"... On peut sans doute encore l'écouter en ligne.
Bonjour,
Juste un petit commentaire : il serait peut-être intéressant que vous puissiez, à un moment donné, publier un billet consacré aux procédures statistiques et aux outils utilisés pour réaliser vos analyses...
Je sais que les considérations méthodologiques sont souvent barbantes pour le grand public mais comme on dit : "sans méthodologie publiée, pas de réplication possible, sans réplication possible, pas de science..."
Merci à vous
Paul, qui aime la cuisine ;-)
Quel homme ce Jean Véronis alors !
J'ai toujours été épaté par votre utilisation de l'informatique mais la je suis sur le cul.
Encore bravo !
Ça me rappelle la belle époque où un certain Pierre Encrevé (éminent linguiste) était la plume enlevée d'un non moins certain Michel Rocard (premier ministre) ... Jean Véronis a de l'avenir ...
Anonyme> La méthodologie n'est pas très compliquée. Je l'explique à peu pès dans ce billet: on découpe en phrase, on prend les triplets de mots initiaux, on calcule la proportion de triplets uniques... Pas de quoi fouetter un chat. Je crois profondément dans les choses simples...
Clément> Vous êtes gentil. Tout cela n'est pas très compliqué. Je crois que le problème c'est que d'habitude les informaticiens ne s'intéressent pas beaucoup aux lettres (et vice-versa). Sinon, ce n'est rien de très compliqué...
Ldx> Tout sauf ça ! Je suis trop cynique. Ca ne marcherait pas...
A Jean Véronis
Le logiciel socialiste n'est peut-être pas trop buggé après tout, mais il s'agit d'une version qui avait été développée sous
MS DOS (et mise au point à l'ENA - promotion Voltaire 1980) et qu'ils essaient de faire tourner avec VISTA. Enfin, j'exagère un petit peu ... C'est mon côté méridional!
PS : sorry pour l'anachronisme - si j'en crois Google, MD DOS est apparu en 1981.
Jean> En tout cas, toutes les sources que je trouve tournent autour du logiciel socialiste
Moi je n'avais jamais entendu le mot hors de son sens informatique que dans les éditos de Claude Imbert dans Le Point qui en use et en abuse depuis des années. C'est presque aussi typique que l'anaphore pour Guaino ! Et cela concerne le plus souvent la marche de la société en général (voir quelques exemples sur http://www.lepoint.fr/search/recherche/resultats?keyword=%E9ditorial+imbert+logiciel).
Pourrait-on tenir là le "patient zéro" de la contagion ?
La montée récente du mot m'a frappé : j'y suis sans doute particulièrement sensible de par ma profession (je dois faire partie de ces quelques informaticiens sensibles aux lettres, vous étant resté fidèle après avoir été séduit par votre vista un soir d'hécatonchires).
Et ne soyez pas si modeste, si vos analyses aussi pertinentes qu'instructives ne demandent parfois que des statistiques élémentaires, vos outils prouvent l'étendue de vos talents ! Je suis personnellement bluffé par la dextérité avec laquelle vous associez linguistique et informatique.
Nono> Il faudrait cesser de croire que les linguistes ne manipulent que des mots et des dictionnaires, auj. ils savent parfaitement mettre à profit les outils informatiques pour offrir de belles analyses, il n'est que de voir, par exemple, ce que font la dialectométrie et la cladistique, pour ne citer que ces exemples. Sans parler des bases de données qui nous permettent de jongler sans complexe avec plus d'un million de data.
L’analyse est pro et dûment saluée. Je m’interroge toutefois -en toute naïveté- sur ce qui pourrait apparaître comme quelques points faibles (plutôt des points où le faire vite nous dépasse, où il se mue de créatif en ennemi du scientifique…). Je suis un lecteur lambda aucunement spécialiste, encore moins de lexico ou de stats complexes et par ailleurs je ne connais ni ce Guaino ni sa plume. Un tel lecteur se demande automatiquement d’où sort votre induction, ce recours à l’explication Gauino (données externes certes mais il doit y en avoir bien d’autres). En revanche, sans doute parce que travaillant dans les sciences humaines, je suis sensible à la validation. On a tout à fait le droit de supposer (hypothèse de travail) que la série Sarkozy 2 puisse correspondre à Guaino. Mais cela impose de valider l' hypothèse (« supposons que cela soit du à Guaino alors on devrait observer telle et telle caractéristique ») : la rigueur n’imposerait-elle pas alors comparer le nuage de points à celui que donneraient des textes (qui soient les plus proches du discours allocutaire) du fameux Guaino ?
Par ailleurs en approche intuitive, sur la seule configuration du nuage de points (pensant par ailleurs que les distributions en 2 classes bien séparées sont rares dans les phénomènes humains et qu’on doit toujours –dans le simple- tester au moins le ternaire) je me demande quasi automatiquement –devant la curieuse densité à droite, là où les 2 groupes se touchent à se fondre- si on n’aurait pas à faire à la superposition d’un 3è groupe (cf. mon image si elle passe).
Un tel 3è groupe pourrait alors, s’il était validé ou probable, correspondre à un 3è homme (Cannes n’est pas encore trop loin) dont la série de discours viendrait emprunter aux caractéristiques des 2 autres groupes. Ce 3è homme pourrait par hypothèse être (sinon une femme) d'abord Sarkozy lui-même, cette coalescence à la droite du nuage correspondant à des discours retouchés où sa patte augmenterait ou diminuerait la dose d’anaphore. Ce 3è homme pourrait aussi être virtuel : la pure résultante de retouches multiples qui auraient pour effet de lisser la dose d’anphore. Il me semble pour finir qu’une seconde procédure de validation devrait alors être envisagée, en 2 volets : A-examiner quelles anaphores caractérisent le groupe Sarko 1 et lesquelles caractérisent le groupe Sarko 2 (retour donc au qualitatif), B-examiner si la statistique lexicale (le comptage de mots en tant que signature possible d’un auteur) convalide Sarko 1 et Sarko 2 et s'il propose ou non un groupe Sarko 3… Suis-je sur la plaque ou complètement à côté ? Bien à vous.
Archéo> Merci pour ce long commentaire ! Vous avez raison : si je devais publier ce travail sous forme d'article scientifique, je complèterais l'étude. Mais le but ici est tout autre. Il est simplement pédagogique. Je devrais d'ailleurs écrire cela quelque part en exergue du blog : il ne s'agit pas de produire des résultats définitifs (hmm... de toute façon, la science en produit-elle ?), mais d'illustrer ce qu'on peut faire avec un certain nombre d'outils (volontairement) simples.
Si j'avais un peu plus de temps, et si nous pouvions entreprendre une discussion épistémologique, j'avancerais peut-être que les "sciences humaines" péchent parfois par excès inverse. Les analyses sont souvent si longues, qu'elles paraissent de nombreuses années après les faits, et si alambiquées qu'elles ne sont lues que par un parterre de quelques dizaines d'initiés, et donc soumises à une critique très faible. Il y a une vertu, me semble-t-il, à une publication plus rapide, soumise à la critique par le plus grand nombre. C'est évidemment un risque. Vous aurez remarqué que dès que j'oublie une virgule, je me fais immédiatement allumer (à juste titre). C'est moins confortable...
Sur le point que vous soulevez, de l'attribution de "Sarkozy 2" à Guaino, je me fonde évidemment sur des données externes, mais elles sont très sûres. De nombreux articles sont parus dans la presse sur la question, et il est établi que les grands discours (Agen, Périgueux, Porte de Versailles, etc.) sont de lui. J'ai eu confirmation par l'intéressé lui-même (ainsi que pour quelques autres, comme la substitution de plumes in extremis le 26/01 à Poitiers). J'ai eu également confirmation de sa bouche qu'il usait sciemment de l'anaphore.
On pourrait évidemment comparer avec d'autres textes de Guaino, mais ce serait biaisé, car, à ma connaissance, il n'écrit pas de discours. Les seuls textes que l'on trouverait serait par exemple des chroniques qu'il a écrites dans des journaux, et dans lesquelles l'anaphore n'a pas lieu d'être (mais ce serait intéressant pour étudier d'autres phénomènes linguistiques). Il faut faire très attention à cela: le "genre" littéraire apporte parfois plus de différences entre textes que le changement d'auteur.
Sur l'autre point, il est fort possible par exemple, que Sarkozy lui-même, par mimétisme, "fasse" du Guaino. C'est peut-être le cas du discours bref du soir du 1er tour. Par ailleurs, tous les discours sont probablement négociés, travaillés jusqu'à un certain point avec Sarkozy et éventuellement d'autres plumes. Poura ller plus loin, il faudrait 1) étudier d'autres caractéristiques textuelles 2) disposer d'autres données externes.
Mais ma petite étude simple et rapide, "quick and dirty" commme disent les anglophones, montre qu'elle joue son rôle, qui est un rôle purement heuristique. Elle nous permet de réfléchir, de contredire, d'apporter de nouvelles hypothèses. Mes petits outils ne sont rien d'autres que des instruments, comme on a des oscilloscopes en physique. On observe un signal. Il faut ensuite l'interpréter, bâtir de nouvelles expériences pour corroborer/contredire, etc.
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